Photo-graphies et un peu plus…

C’est une lapalissade, mais prendre un peu de hauteur nous permet souvent de voir les choses de la vie d’une autre manière. Au sens strict, comme au figuré. D’en bas, perdus dans d’étroites ruelles au charme pittoresque, on ne réalise pas vraiment à quel point les toits strasbourgeois sont pentus et percés d’autant de lucarnes, ni comment ces immeubles réussissent à s’enchevêtrer les uns dans les autres. D’en haut, cette fois-ci, d’étranges phénomènes se dessinent et se détachent de l’horizon. Ainsi en est-il de cette procession impromptue d’une colonie de fourmis noires, les phéromones en effervescence,  bouchant quasiment cette grosse artère centrale. Quelqu’un a dû faire tomber le pot de miel !

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Changer de « maison », autrement dit, déménager, n’est pas toujours simple. Tout dépend évidemment des raisons qui sont à l’origine du départ, mais, quoiqu’il en soit, c’est s’extraire d’un endroit que l’on connaît et maîtrise, où l’on a ses marques et ses repères. Un endroit où, si l’on entend un léger couinement pourtant indéfinissable par toute personne extérieure, on sait pertinemment qu’il vient de la quatrième latte du plancher du couloir qui n’a jamais été très bien fixée, et qui a tendance à craquer la nuit venue, alors que la température ambiante diminue… Arriver dans une nouvelle maison implique de tout reprendre à zéro, de trouver de nouveaux repères, d’être à l’écoute de la personnalité du lieu pour s’en faire un allier. C’est-à-dire, une place où l’on aura plaisir à vivre et à demeurer.

C’est un peu la même chose lorsque l’on change d’appareil photo après avoir baladé le même pendant des années. D’abord, on emporte les deux appareils, l’ancien et le nouveau, tout en continuant à n’utiliser que l’ancien. Il est encore trop tôt. Puis, petit à petit, on alterne une photo avec le nouveau, une autre avec l’ancien. On se convainc que telle image s’y prête mieux. De plus, on est encore persuadé que l’ancien fait mieux… Et puis, on finit par se lancer. On laisse l’ancien au placard en lui disant que l’on ne l’oublie pas pour autant, celui-là même que l’on chérissait, que l’on connaissait par cœur et dont on pouvait prévoir toutes les réactions, pour ainsi donner l’opportunité au nouveau de se faire sa place. Il le faut. On s’appréhende, on apprend à se connaître, à se lier l’un à l’autre. Cela commence donc par la prise en main, par la façon dont on va enrouler la lanière autour de l’avant bras pour faire corps avec lui… Toujours de la même manière… Et puis, viennent les tests… Comment réagit-il quand on le met dans telle ou telle condition ? Pourquoi cet horizon n’est-il jamais droit alors qu’il semble l’être dans le viseur ? Combien de temps lui faut-il pour déclencher ? Pourquoi cette bague de mise au point manuelle ne butte pas  l’infini ? Cet apprentissage, un réel apprivoisement en réalité, prend des mois… Et parfois, après une nième mise à l’épreuve, on se dit que l’on est dans la bonne direction et que l’on s’est peut-être enfin compris…

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Une petite coquetterie… Par souci d’économie et peut-être d’esthétisme, deux ordres – l’un verbal, l’autre imagé – ont été placardés sur un même support translucide mais suffisamment moiré pour garantir l’anonymat des personnes qui se posteraient devant ou derrière. Ainsi, le visiteur discret mais prompt à respecter les règles à la lettre peut-il les croire liés. C’est bien le problème ! Et cela explique cette file d’attente de personnes un brin déboussolées devant ces énigmatiques portes : que faire face à un panneau nous intimant l’ordre de tirer sur la cigarette tout en interdisant de fumer ?

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Comment suggérer un sens de lecture lorsque l’on compose une image, que celle-ci comporte peu d’éléments ou, à l’inverse, beaucoup, comme dans cette église reimoise ? Une des réponses que je défends avec verve se traduit par un passage au coin. Peut-être des réminiscences de lointaines punitions… Mais pas le coin qui coince le regard et l’enferme dans une semi-obscurité sensée aider l’exilé à réfléchir à sa bêtise, mais celui qui révèle et offre une nouvelle perspective. Le coin lumière en quelque sorte.

L’obsession des lignes dans les coins n’est pas toujours facile à assumer car elle oblige à se contorsionner. Il faut accepter d’être ridicule, et donc, d’être regardé bizarrement. Heureusement, lorsque l’on est atteint d’obsession angulaire, on fait abstraction de tout ce qu’il y a autour. Seuls les coins comptent. Au maximum, quatre. Mais pour les lignes, cela peut vite devenir bien plus impressionnant. Et à vrai dire, plus il y en a à faire converger dans les coins de l’image, plus le défi est grand, plus le jeu, qui pourrait s’apparenter à du billard photographique, est intéressant et jouissif. Ainsi en est-il de cette église à l’architecture gothique. Point d’entrée : en bas à droite. On monte, puis on descend le long de l’arc brisé, on emprunte une première nervure qui nous conduit au coin haut droit, une autre nous fait alors redescendre dare dare dans le coin opposé. Deux solutions se présentent alors à nous, la boucle en optant pour l’enchaînement des deux arcs brisés sur la droite, ou l’aventure en se dirigeant vers la gauche pour deux nouvelles séries d’arc. Malheureusement, la route s’arrête là. Aucun moyen de rallier le coin en haut à gauche à celui de droite. Le grand architecte a gagné ! Pour cette foi(s) !

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Il est des questions que l’on se pose chaque jour – hum, quelle cravate pourrait bien aller avec cette chemise ? (même si, soit dit en passant, ni l’une ni l’autre n’est nouvelle) – et d’autres que l’on ne se pose jamais (et qui, par principe, n’ont pas de réponse au moment où on se la pose). Si je donnais un exemple, je me contredirais puisque j’évoque cette famille de questions que l’on ne se pose jamais… Et le mot s’arrêterait là. Trop facile. Donc, un exemple. Prenons ce beau poisson aux reflets argentés. Raide mort sur une couche de glace que l’on devine épaisse, qui a aussi capturé quelques bulles  alors même qu’elles tentaient désespérément de remonter à la surface. De l’air ! Il y a même un sac en papier ! La glace est impitoyable. On ne le voit pas ici, mais il faut me faire confiance : cette portion de glace fait partie du lac Michigan. Il est là, tout autour, partiellement gelé.

Et sur les bords du lac, près de la marina, quelques poissons, surgelés, jonchent mystérieusement le sol. Comme surpris par la glace alors qu’ils faisaient un triple salto arrière. Le temps d’imiter leur ami Flipper (ils ont vu la série dans le bocal), la surface de l’eau gelait et les voilà qui tombaient à pic (à glace, ah ah ah) sur une masse fraîchement solidifiée, incapables alors de regagner les eaux encore liquides du lac. Congélation lente et sans douleur (poisson assommé au moment de sa chute) pour ces vertébrés aquatiques dont ne veulent même pas les mouettes. Elles savent bien qu’il ne faut pas consommer de produits  déjà congelés… D’où la question que l’on ne se pose jamais : comment font les poissons pour (sur)vivre sous une épaisse couche de glace, sans eau (en tout cas, moins), sans chauffage (aucun échange avec l’extérieur), sans électricité (le soleil ne peut plus passer à travers) et forcément moins de vivres ? Car c’est sûr, ils peuplent toujours le fond des lacs figés puisque certains les pêchent… Alors ? Des idées ?

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Comment ces deux-là ont-ils réussi à s’échapper de la couverture cotonneuse dont ils faisaient, sans aucun doute, partie, et ainsi accéder à leur rêve le plus fou de voler de leurs propres ailes ? A moins que cela ne soit l’inverse… Peut-être ces petits nuages plats navigant en parallèle, comme un couple d’inséparables, se sont-ils égarés, cherchant, depuis des milliers de kilomètres, un endroit où se reposer, une ouverture dans un sol ouaté ne laissant même pas passer la lumière, pour ainsi refaire partie de ce tout… Qui est à la fois rien. Rien qu’une mer de nuages à la houle légère et s’étendant à l’infini, comme si rien n’existait, en-dessous.

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Une bouture diraient certains, voire une transplantation… Céline Blin, qui avait activement participé à Objectif_3280 en décembre dernier et qui est professeur de français dans un collège toulousain par ailleurs, nous a contactées Coralie Vincent et moi, pour savoir si elle pouvait en lancer un avec deux de ses classes de 3e. Son projet ? Instaurer un dialogue photographique entre les élèves de ces classes partis en voyage scolaire à Barcelone et ceux, non hispanisants, restés sur Toulouse. Réponse immédiate : évidemment ! Après certains ajustements informatiques, son arbre, qui prévoit 5 générations, a donc pris vie hier et se porte bien pour le moment… La 2e génération est déjà complète. Merci à elle et à ses élèves de permettre à ce projet participatif de prendre une autre tournure ! C’est une réelle satisfaction pour nous ! Et pour information, une deuxième édition d’Objectif_3280 devrait être lancée en mai-juin…

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