Petit cliché estival sur la côte atlantique… San Sebastian, une fin de mois d’août au temps mitigé. Les courageux sont à l’eau. A attendre le bon moment pour prendre la vague. Je suis sur la plage, à attendre le bon moment pour déclencher. A espérer la synchronisation de quelques éléments clés : les vagues, les surfers sur et hors de l’eau, les planches, le vent dans les drapeaux…
Il n’y a pas que les petits qui aiment se perdre dans les dédales de miroirs convexes et concaves pour s’offrir une nouvelle silhouette ! Autant dire que cette façade aux vitres bien rangées et que l’on imagine parfaitement planes prend quelques libertés avec les formes. Et du coup, avec le fond, qui parade innocemment.
Incitation au départ. Initiation… Vagabondage de l’esprit. Pourquoi vouloir toujours partir si loin ? En quête de quoi ? De liberté ? D’une histoire ? C’est l’histoire d’une coccinelle s’envolant de l’autre côté de l’océan, dans cette contrée où l’on parle espagnol. Et si c’était un être humain ? Et si c’était une femme ? Et si c’était elle. Après quoi court-elle ? L’oiseau vole. Il défie l’espace plus que n’importe quelle autre espèce. L’homme, lui, est astreint à une évolution horizontale. Le mouvement vertical ne lui est permis que parce qu’il a créé des objets susceptibles de le faire monter puis descendre. Il ne peut pas, d’un simple coup d’aile, virer à gauche ou à droite. Il a besoin d’aide. L’oiseau est libre. Son vol peut être désordonné, sans but. Vraiment ? L’oiseau a-t-il toujours une « idée » de l’endroit où il veut aller, et comment il faut y aller ? Face à cette formation victorieuse de pélicans, on est en droit de se poser quelques questions sur la notion d’ordre et de désordre chez ces bêtes ailées…
Notre mémoire est-elle faite d’images partielles comme celle-ci, de foules de souvenirs s’effaçant avec le temps et remplacés progressivement par du vide, par du blanc ? Et que reste-t-il, finalement, de ce blackout inéluctable mais salutaire ?
Un œil de bœuf emprisonné qui donne sur un mur, un escalier torsadé qui commence à la huitième marche et qui n’en compte que six, c’est totalement surréaliste… Mais n’est-ce pas normal quand, soi-même, on se trouve dans une annexe du Musée Dali de Figueras ?
En ville, je ne peux pas résister à faire foncer les lignes dans les coins, à découper l’espace en zones bien distinctes, à orienter voire à faire fuir le regard, à chercher la forme détonante du panorama, à jouer du reflet et de la réflexion, à créer l’illusion… Le pont se poursuit-il vraiment dans l’immeuble à la façade de verre ?
Voilà ce qui se passe parfois… Parfois, on continue à garder notre parapluie ouvert ou au-dessus de notre tête alors qu’il ne pleut plus depuis quelques minutes ou que l’on est sous un pont. Parfois, on met autant de temps à réaliser qu’il n’y a plus de musique au bout de notre casque et que le seul bruit que l’on entend est, en fait, notre cogitation intérieure.
L’instant où l’on réalise cette incongruité est singulier : le monde sous lequel on s’abritait et qui nous préservait des autres se fendille. On se sent alors un peu bête comme si l’on émergeait d’un profond sommeil au beau milieu de la foule.
C’est un peu comme le jeu « 1, 2, 3 Soleil ». Une personne compte, face contre un mur, tandis que les joueurs, dans son dos, tentent de s’en approcher par petits ou grands pas. Quand ils entendent le mot « soleil », ils s’arrêtent machinalement et deviennent de véritables statues. Enfin, c’est l’objectif. Un mouvement et ils sont éliminés par le compteur qui vient les titiller.
Et bien, là, c’est à peu de choses près les mêmes règles… C’est la fête, tout le monde s’agite, on parle, on boit, on se détend, on profite du soleil, on se relâche… Tout d’un coup, l’orchestre entame un hymne national. Instantanément, les guerriers du pays chanté se mettent au garde à vous. Même au beau milieu de rien. Même avec une bière à la main. Comme un signal qui indiquerait la fin d’un rêve… Ils sont alors seuls au monde, entourés de gens qui continuent à vivre comme si de rien était, comme s’ils n’entendaient pas la même chose.
Construction extraordinaire fruit d’une agitation ordinaire. Occupation parfaite et complète d’un volume restreint ! Pour faire nos valises, nous devrions tous prendre des cours avec des bulles de savon ! Au sens large, les polyèdres enchevêtrés les uns sur les autres élaborés par Dame Nature ici ressemblant à tout sauf à l’image que nous avons des bulles. Ces globes parfaits irisés flottant librement dans l’air car ils n’y sont soumis à aucune pression. Enfin, temporairement… Les histoires de bulles finissent mal, en général.
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Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…
… la belle neige de Mont-réal, ainsi fond, fond, fond, trois p’tits mois et puis s’en va ! Montréal fond. Littéralement. Et soudainement. La ville goutte et s’égoutte de partout dans un clapotis symphonique orchestré par le ciel lui-même. Les bouts de glace, fragilisés par un redoux temporaire, se disloquent, tombant sur le trottoir dans […]