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N’est-il pas absolument fantastique de pouvoir autant s’approcher du soleil sans en subir les conséquences ?
N’est-il pas absolument fantastique de pouvoir autant s’approcher du soleil sans en subir les conséquences ?
Je serais exactement dans le même état de suspicion et d’expectative si je me retrouvais, sans avoir été prévenue, à délirer dans mes propres vaisseaux sanguins !
Cette situation a le goût des petits bonbons acidulés offerts par certains restaurateurs après un repas : une sucrerie, souvent superflue, que l’on attrape et glisse dans sa bouche avec la culpabilité d’un pickpocket débutant. Plus clairement, une dame dans un pot de yaourt à la fraise en pleine conversation téléphonique et arrêtée juste devant un trio de gendarmes préférant mater ailleurs… C’est bête mais la cocasserie m’arrache un sourire… Qui, comme un baiser, est une gourmandise qui ne fait pas grossir. Ainsi parlait Marilyn Monroe.
Oui, je sais, généralement, nous faisons plutôt des rêves prémonitoires : un phénomène toutefois très inhabituel, souvent dérangeant pour ceux qui les font car rarement positif, encore difficilement compréhensible scientifiquement et suggérant presque que le voyage dans le temps existe… Mais il ne s’agit pas de cela. Aujourd’hui, j’ai bien fait un rêve postmonitoire. Qui plus est, en plein jour. Là, je marchais tranquillement en pleine campagne quand, tout d’un coup, flash ! Je vous vois cogiter…
Si un rêve prémonitoire consiste à rêver de quelque chose qui va réellement se produire dans le futur sans que cela puisse être le fruit d’une quelconque anticipation, un rêve postmonitoire porte, en toute logique, sur un événement du passé – comme la grande majorité des rêves me lancerez-vous, et à raison – dont nous n’avions, jusqu’à lors, absolument aucune connaissance.
Bref, j’ai donc rêvé que la femme avait déjà posé le pied sur Mars il y a 39 ans, seulement une poignée d’années après les premiers pas de l’homme sur la Lune (petits joueurs…), et que cela ne s’était jamais ébruité pour plusieurs raisons, dont la concomitance semble tout bonnement invraisemblable : compte tenu du coût de l’opération et des énormes risques encourus – que d’aucuns auraient jugé inutiles -, tout avait été organisé dans le plus grand secret ; l’entièreté de l’équipe impliquée avait ensuite été victime d’un étrange virus, un microbe de charbon probablement, avant même de pouvoir annoncer au monde, forcément entier, l’exploit intragalactique fraîchement accompli ; enfin, un incendie – combustion spontanée manifestement – avait mystérieusement ravagé leurs locaux ne laissant aucune trace de cette aventure, assurément la plus extraordinaire de l’humanité depuis la nuit des temps ! Il ne me reste plus qu’à le prouver maintenant !
Voyez-vous, tout au bout de la rue, la masse beige s’intercalant entre des palmiers et un poteau électrique ? C’est un bout de dune. De dune comme on en croise dans les déserts. Rien d’anormal en l’occurrence puisque cette ville, Arica, certes portuaire, est cernée, côté terre, par le plus aride d’entre eux, le désert d’Atacama. Et il faut croire que le Père Noël, bien planté là, n’en a pas vraiment peur. Ni de lui ni des coups de chaleur inévitables qu’il s’apprête à vivre en restant ainsi accoutré pour faire ses livraisons locales… Pourquoi une iconographie de Père Noël en short et débardeur n’a-t-elle pas émergé là où 25 décembre rime avec été ou chaleur torride ? Et comment continuer à y croire face à un tel manque d’adaptabilité et de souplesse d’esprit ?
En avoir pleinement conscience en cadrant ne m’a pas empêchée de déclencher. Sans regret d’ailleurs. Donc, oui, je contribue à véhiculer un cliché du Vietnam avec ses rivières bordées de nénuphars en fleurs serpentant autour de pics karstiques et sur lesquelles on peut naviguer, tranquillement, à bord d’embarcations à fond plat en avançant à l’aide d’une longue tige en bambou protégés du soleil par un chapeau pointu… Enfin, inutile de vous faire un dessin. C’est juste au dessus. En même temps, ce cliché-là, authentique scène de la vie courante locale, est passé sous mes yeux des dizaines de fois (oui, j’exagère un peu). Et chaque fois, j’ai été saisie par sa beauté, par sa simplicité, par sa pureté. Et puis, quand bien même, rien n’interdit au photographe de prendre des clichés, si ?
Rien de plus banal, en apparence, que des ballons de baudruche… Quel drôle de nom d’ailleurs, quand on y pense, non ? A voix haute, c’est même pire : « bal-lon de bau-dru-che »… A en douter de l’exactitude de l’expression ! La baudruche étant originellement une membrane fine du gros intestin de boeuf ou de mouton, on comprend mieux son extension au ballon en caoutchouc. Mot à la musicalité singulière sur lequel je pourrais également m’étendre, à défaut de me détendre.
Revenons à nos moutons… Un ballon de baudruche donc. La banalité très finement incarnée soit. Belle et festive qui plus est. Ce qui n’est déjà plus si banal. En réalité, contrairement aux apparences donc, un ballon de baudruche, c’est extrêmement sérieux. J’en veux pour preuve la récente étude que leur ont consacré deux chercheurs du CNRS (si, si), qui se sont plus particulièrement penchés – mais de loin tout de même – sur leurs mécanismes d’explosion : il n’y en aurait d’ailleurs que deux, mais je vous laisse lire l’article pour que vous les découvriez par vous même. J’imagine parfaitement les journées d’expérience de ces deux-là : d’abord se faire livrer des centaines de ballons de baudruche, puis les gonfler (on espère, avec une mini-pompe), puis les faire éclater les uns après les autres soit en ne s’arrêtant pas de les gonfler soit en plantant une aiguille à leur surface. Le tout, bien sûr, devant des dizaines d’enfants retranchés dans une salle dotée d’une vitre teintée pensant, à tort, que tous ces ballons leur sont destinés. Ces derniers sont bien évidemment filmés pour les besoins d’une expérience sociologique portant sur l’attente forcée, le phénomène d’anticipation d’une joie et la gestion de la déception face à un objet convoité qui s’envole sous nos yeux chez les moins de 7 ans n’ayant ni frère ni soeur et idéalement monolingues francophones. Je suis d’accord avec vous, quel monde cruel que celui de la recherche ! Au bout de la 247e explosion, leurs collègues, fatigués de sursauter à chaque bang, leur ont aussi demandé d’emménager dans une chambre sourde. Ce qu’ils ont fini par faire (même si c’était quand même bien moins drôle…).
Mais revenons à nos boeufs… Un ballon de baudruche donc. Enfin, juste ceux-là, accrochés à cette maison en adobe hybride. On sent bien qu’ils sont fatigués et qu’ils ne pourront plus exploser dignement. Ce que l’on ne sent absolument pas en revanche, c’est l’effort qu’il a fallu pour les gonfler. Car, et c’est là où je voulais en venir, nous sommes à plus de 4 000 mètres d’altitude… Et à cette hauteur, souffler dans un ballon de baudruche est tout sauf un acte insignifiant…
Dans quelques semaines, nous allons tous, plus ou moins, devoir répondre à cette simple et anodine question, enfin d’apparence simple et anodine… – Alors, c’était bien tes vacances ? Il ne faut pas se leurrer, certains d’entre nous répondront, un brin amer : – Tu parles, on a eu un temps pourri ! Il a […]
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