Photo-graphies et un peu plus…

L'injustice visuelle

L’autre jour, une étrange pensée m’a traversé l’esprit : sauf pathologie ophtalmique particulière, les êtres humains ont tous – modulo quelques degrés – le même champ visuel horizontal. 180 degrés au maximum en vision binoculaire. Presque rien ne devrait nous échapper… Enfin, si, tout ce qui se passe derrière… Bref, à cet égard, ce champ de vision fait donc partie des constantes intrinsèques du corps humain, avec, dans le meilleur des cas, deux bras, deux jambes, une tête, deux yeux, deux oreilles, un nez, une bouche… vous voyez le topo !

Une autre pensée étrange est alors venue s’immiscer dans mon fil interrogatif : pourquoi le champ visuel ne serait-il pas corrélé à l’ouverture d’esprit des gens ? Cela pose évidemment une troisième question : comment se mesure objectivement l’ouverture d’esprit de quelqu’un ? Car, en l’espèce, il n’y a pas réellement de référentiel universel. Nous naviguons dans le subjectif, à comparer des ODE relativement à la nôtre ou à celles de personnes que nous connaissons, et que nous avons de toute manière tendance à comparer à la nôtre. Mais, mettons cette question d’échelle d’objectivité de côté pour le moment. Elle n’empêche en effet pas de continuer à s’interroger théoriquement. Aussi, si je vais au bout de l’idée sous-jacente de cette deuxième question, pourquoi donc une personne étroite d’esprit voit-elle à 180 degrés alors que, manifestement, cela ne lui sert pas à grand chose ? Pourquoi n’a-t-elle pas physiquement un champ visuel restreint, l’obligeant à tourner la tête pour embrasser le reste du panorama ? Parce qu’il y a toujours de l’espoir ? Parce qu’un champ visuel réduit la conforterait assurément dans sa vision partielle du monde (ce qui est finalement assez logique) ? Ou tout simplement parce que le cahier des charges était déjà suffisamment complexe pour, en plus, introduire ce genre de paramètres ? Evidemment, aucune réponse sensée à ces questions spéculatives… Quoiqu’il en soit, cela reste toujours moins désagréable et moins frustrant de ne pas avoir de réponses à des questions qui n’ont pas à se poser !

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Des courbes et des lignes

Jamais je n’aurais cru mon moi de 2017 s’il était venu me voir en 2001 pour me dire, alors même que je refusais d’aller nager dans les piscines parisiennes car je trouvais que cela n’avait aucun sens d’enchaîner les longueurs pour enchaîner les longueurs – c’est comme si vous faisiez des allers-retours sur un trottoir pour marcher, sans autre but que de marcher ; d’ailleurs, pourquoi personne ne fait cela alors que des gens font le tour de parcs en courant, qu’ils font des longueurs en piscine ? -…

Oups, mayday, mayday, on a perdu Lou dès la 2e ligne ! Pardon, je reprends… Donc, jamais je n’aurais cru mon moi de 2017 s’il était venu me voir en 2001 pour me dire que seize ans plus tard, non seulement je ferai des longueurs dans des piscines, mais qu’en plus, je ferai le tour de stades en marchant vite… Vous vous dites que mon moi de 2017 n’est pas très charitable et qu’il aurait pu me donner des informations plus utiles, un peu à la Retour vers le futur 2 ? Oui, moi aussi, mais la vie est ce qu’elle est au moment où elle l’est. Ce qui n’est pas aussi fataliste qu’il n’y paraît. Je me remets dans le couloir de ma pensée sinon, je vais encore être rappelée à l’ordre.

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et je change d’avis donc… Bref, une migration désirée peut justement être l’occasion de prendre de nouveaux rythmes, que l’on aurait rejetés dans son cadre habituel de vie. De fait, un jour, en explorant ce campus de la banlieue de Taipei où j’allais passer quelques mois, je suis tombée sur ce terrain de sport, entouré, comme il se doit, d’une piste d’athlétisme. Si je n’ai jamais vu quiconque sur le terrain, en revanche, les couloirs avaient leurs habitués, en tenue de ville, de sport, des jeunes, des vieux, des marcheurs, des coureurs, des silencieux, des chahuteurs, des solitaires ou des groupes… Ils se retrouvaient ainsi en fin de journée pour faire un peu d’exercice. En l’occurrence, quelques tours du stade à des allures variables et, en tout cas, en phase avec l’objectif qu’ils s’étaient fixé. J’avoue avoir trouvé étrange de préférer faire le tour d’un terrain alors que le campus, bien plus grand, était arboré et offrait donc d’agréables balades. Pourtant, un jour, après les avoir observés une énième fois, je me suis lancée et mise sur la piste. Et j’ai commencé à marcher. Sans réfléchir. J’ai alors fait un tour, puis un autre puis un autre… Et c’était plutôt agréable. Alors, j’y suis retournée le lendemain puis le surlendemain, et de couloir en couloir, c’est devenu une habitude post-prandiale quasi quotidienne, une sorte de rendez-vous informel. On pourrait penser qu’il n’y a aucune surprise possible à faire en boucle le même chemin, jour après jour. Et bien, c’est vrai, et c’est aussi ce qui repose… enfin, sauf quand deux étudiantes se présentent en pull rayé sur les bandes de la piste… et quand des étudiants répètent une chorégraphie… et quand un escargot traverse les pistes… et…

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La spirale

Les escaliers sont comme les ponts, les premiers verticalement, les seconds horizontalement permettent à ceux qui les empruntent de passer d’un monde à l’autre. De la rive gauche à la rive droite, d’un pays à son voisin, du 3e au 4e étage certes, mais également, plus métaphoriquement, d’un état de conscience à un autre. Ainsi en est-il de cet escalier aux vertus hypnotiques pour qui le descend, lentement, marche après marche, main droite glissant sur la rampe, sans jamais quitter du regard l’œil carré central en contrebas affichant la couleur opaque de l’inconnu et vers lequel l’avide d’introspection foncera malgré tout tête baissée avec l’espoir de s’y croiser.

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L'oeil de chat

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La nuit est claire

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I'll be back

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Convergence de coeur

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Fuite en avant

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Enfermement relatif

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Grille de lecture urbaine

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