Photo-graphies et un peu plus…

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« Je fais remonter l’information » me lance-t-elle très sérieusement au téléphone alors que je lui fais part d’un dysfonctionnement du service. N’est-ce pas étrange, comme expression, « faire remonter l’information » ? Comme si, pour l’heure, ladite information n’était qu’en bas. Est-elle tout simplement en train de me dire qu’elle travaille en sous-sol et que ceux qui sauront quoi faire de cette précieuse information sont à des étages plus élevés ? Et en quoi le fait d’être en hauteur les aidera à la traiter mieux qu’elle ? Mon information, je l’imagine déjà griffonnée sur un bout de papier, roulée en boulette – ce n’est pas un roman non plus – et mise en boîte par l’opératrice qui la pose délicatement sur un siège de remontée mécanique à informations, au côté d’autres boites, afin qu’elle soit récupérée, à l’issue d’un parcours assurément kafkaïen, par les hautes sphères décisionnaires. Et maintenant que mon information est bien remontée, j’espère surtout que personne ne se mettra en colère !

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La ville se couche

Il faut presque côtoyer les nuages pour pouvoir être témoin de cet étrange spectacle où les géants de verre des cités modernes, plutôt discrets par nature malgré leur taille, tirent leur révérence, troquent la verticalité pour l’horizontalité et se détendent de tout leur long quelques heures durant avant de se remettre au garde à vous…

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Les boites mystère

La première boite mystère croisée dans ce parc était seule, isolée, au pied d’un arbre. Je l’ai remarquée immédiatement, la trouvant étrange instantanément. Il y en avait deux autres un peu plus loin de part et d’autre d’un chemin de terre. C’est sûrement à ce moment là que j’ai commencé à m’interroger sur leur fonction, me demandant en premier lieu ce qu’elles pouvaient bien cacher. Des caisses en bois, grises, toutes, ou presque, de taille identique, sécurisées, souvent disposées de façon symétrique et en tout cas, très ordonnée… Ma lente progression dans le parc s’accompagnait, virage après virage, allées après allées, de nouvelles rencontres avec ces boites intrigantes disposées dans des configurations différentes à chaque fois. Il m’a fallu un temps fou rempli de mille questions pour arriver à la conclusion que ces caisses n’étaient pas si mystérieuses et qu’elles n’étaient là que pour protéger du froid hivernal glacial les classiques sculptures du jardin, fragiles même si au coeur de pierre… C’est incroyable comme certaines évidences peinent, parfois, à trouver leur chemin vers la conscience quand celle-ci n’y est pas préparé et cherche plutôt la complexité…

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Coup de froid sur l'aventure

L’autre matin, en surfant sur la toile, j’ai eu une petite joie inattendue qui, passée la satisfaction instantanée et, je l’avoue, spontanée, m’a plongée dans un profond désarroi. Après avoir dormi dans une grotte au coeur d’une colonie de manchots (et m’être fait frapper par l’un d’eux), pêché la truite saumonée sur une île perdue au milieu de l’océan indien (pas vraiment perdue, c’est une façon de parler), atteint le sommet du Mauna Kea (et vu le soleil se coucher au dessus des nuages et s’étoiler le ciel le plus pur sur Terre), foulé le sol du Macchu Picchu (et repensé aux cérémonies sacrificielles qui s’y déroulaient jadis), chassé les lucioles dans les forêts taïwanaises (et fondu une énième fois face à la magie de la nature), vu une relique de la dent de Bouddha à Kandy (et pensé que j’avais fait la queue pour pas grand chose), arpenté le Salar de Uyuni (et slalomé entre les cactus géants de l’île du poisson), été la cible de lémuriens facétieux dans la forêt primaire malgache (et mangé des cigales grillées), admiré des aurores au presque sommet du monde norvégien (et rêvé d’en revoir encore et encore), traversé un lac glacé à pieds dans le grand nord canadien (et vu un type faire du vélo dessus), escaladé parmi les plus hautes dunes du monde à Sossusvlei (et eu du sable rouge dans mes chaussures pendant des semaines), traversé la Vallée de la Mort sans climatisation (et bu 6 litres d’eau sans avoir eu besoin de trouver un endroit propice), campé dans le Sahara avec des chameaux (et chanté autour d’un beau feu de bois et d’un thé à la menthe), traversé le coeur de Chicago en kayak (et pris une bonne grosse averse), bref, après tout ça et bien d’autres choses époustouflantes encore (merci la vie, dirait Marion), étais-je réellement devenue cette fille heureuse d’apprendre l’inauguration d’un magasin Picard à 50 mètres de chez elle alors même qu’elle ne s’y rend qu’une fois tous les deux mois et encore ? Vraiment ? Tout ça pour ça ?! Autant vous dire que je ne suis pas prête d’y aller !

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Littéralement

… cet homme va droit dans le mur. Dans le muret si vous préférez, mais fondamentalement, cela ne change pas grand chose, et par ailleurs, cela altère légèrement l’expression consacrée… A le voir courir ainsi, sans ralentir d’un iota à l’approche de l’obstacle, on se dit même qu’il y met beaucoup d’entrain, d’élan et de volonté. Ce n’est manifestement pas le type à se laisser enfermer entre quatre murs. Et même si, là, présentement, il est au pied du mur, croyez-vous pour autant qu’il va réellement se prendre le mur ? Non, bien sûr ! Et, déjà, ses mains sont prêtes pour la prochaine étape libératrice : s’appuyer dessus sans chercher à le contourner et faire le mur. C’est le rebondissement salvateur !

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Wander in Tokyo

Les journées sont courtes, le froid est sec mais le soleil est là. Et la lumière, intense, réussit à trouver son chemin dans ce monde aux contrastes exacerbés donnant une aura instantanée à ceux qui la traversent. Ainsi en est-il de ce vieux chauffeur de taxi au volant de son inoxydable Toyota Crown qu’il conduit certainement depuis des décennies avec la même abnégation et le même sérieux…

Pour être honnête, je dois avouer qu’en marquant une courte pose à cet endroit, persuadée qu’il s’y passerait quelque chose, j’espérais que débarquerait dans cet interstice lumineux un col blanc en manteau noir et borsalino. Cela allait bien avec l’ambiance, certes un peu cliché mais de l’ordre du possible à Tokyo. Il n’est pas venu et c’est presque mieux car cette photographie, au-delà de son attrait esthétique, reflète deux réalités qui m’ont sauté aux yeux lors de ce premier séjour au coeur de la mégalopole japonaise : l’omniprésence des taxis – 50 000 parcourent les rues de la capitale nippone contre 18 000 à Paris – et le travail des seniors dans des proportions que nous ne connaissons pas de ce côté du monde – 1 personne de plus de 65 ans sur 5 travaille encore alors que le départ à la retraite des fonctionnaires volontaires vient de passer à 80 ans -, situation qui m’avait déjà interpelée lors de ma rencontre liminaire avec le pays du soleil levant… 

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Cette semaine-là, j’ai préféré marcher, pour photographier, au rythme de mes pas et de mon souffle court, cette montagne que je ne connais pas tant que ça, qui me fascine de plus en plus, et dont le blanc immaculé, sur lequel tout peut s’imprimer, me fait partiellement oublier qu’elle bouche l’horizon. Aussi imposante, massive et proche soit-elle, elle disparaît pourtant la nuit. Comme par magie. Aussi, lorsque la neige se met à tomber et que la dameuse apparaît miraculeusement dans mon champ, je me dis que mon regard est encore trop dans le réel, que la montagne m’a offert plus de poésie ces derniers jours et que là encore, elle fait de même avec cette chute d’étoiles et ce soleil qui sort de Terre.

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On croit toujours qu’une grosse fera mieux le job. Que plus elle est longue, large voire épaisse, plus on sera satisfait. Bien. Au chaud. C’est effectivement ce que je pensais lorsque je suis entrée dans cette échoppe de Hoï An – au Vietnam, soit à 18 444 km à vol d’oiseau de la ville de Coquimbo, au Chili, où j’ai pris cette photo, ce qui ne l’empêche pas d’être pertinente compte tenu de ce qui va suivre, vous allez voir – vendant (l’échoppe) des écharpes que personne, évidemment, ne porterait là-bas pour la simple et bonne raison que la température moyenne annuelle dépasse les 20°C. Je le sais, une moyenne ne veut rien dire, mais croyez-moi, les écharpes vendues à ces latitudes sont pour les touristes (que je suis donc), ce qui leur permet, de retour au bercail, de répondre fièrement à un : « Elle est super belle ton écharpe ! » : « Merci 🙂 ! Elle vient d’Hoï An, au Vietnam ! ». Bla bla bla.

Bref. Il n’est jamais facile de choisir une écharpe, surtout quand il y en a des dizaines et des dizaines différentes face à vous. Cette lapalissade vaut pour tout – remplacez « écharpe » par « yaourt », « voiture », « téléphone », « basket »… – et illustre un mal de notre civilisation occidentale trop gâtée : la difficulté croissante à faire des choix, générant cette sensation extrêmement désagréable d’être « prisonnier » d’une trop grande liberté faisant de nous des insatisfaits chroniques inaptes à gérer le trop de possibilités qui s’offrent à nous. Car chacun le sait, choisir, c’est renoncer au reste, ce dont nous n’avons clairement pas envie, car, dans notre infinie sagesse et humilité, nous avons juste envie de tout ! Si vous avez 19m34s devant vous (une autre lapalissade sauf si vous voyagez dans le temps), je vous invite à écouter un psy en short en parler.

Donc, mon écharpe, je l’ai d’abord choisie pour ses couleurs, vives, très vives, des couleurs primaires diraient certains. Une gamme chromatique me garantissant, de retour au fameux bercail, une pluie de perspicaces commentaires : « Dis donc, c’est bariolé ! », « On doit te voir de loin, c’est pratique », « Oula, ça flashe », « J’oserais pas »… Je l’ai choisie aussi pour ses dimensions – 30 cm de large, 120 cm de long, une maille épaisse – lançant intérieurement à l’Hiver : « tu peux bien débarquer, je suis parée ! ». Ah ah ah ! Et c’est là où je souhaite en venir depuis le début mais je ne sais pas faire court : quand l’hiver fut venu, il en fut évidemment tout autrement. Cela vaut pour aujourd’hui aussi, au figuré. J’ai beau faire deux voire trois tours de cou avec mon anaconda coloré en laine, certes sans grande attention, il y a toujours un moment où je sens un léger courant d’air s’infiltrer, réussissant bon an mal an, mais globalement assez facilement, à se faufiler entre les mailles en points de riz pour atteindre les 2,5 cm2 de chair que mes tours et détours n’ont malencontreusement pas couvert. Et là, voyez-vous, c’est un peu comme ce rouleau de papier toilette que vous faites tourner comme un hamster dans l’espoir d’en attraper le bout, vous n’arrivez jamais à remettre votre écharpe correctement. A l’issue de la 3e tentative infructueuse, exposant chaque fois à l’air frais de nouvelles parcelles de votre petit cou fragile, totalement désespéré et passablement énervé (car vous avez beau avoir vécu cette scène plusieurs fois, l’information ne rentre pas !), vous vous résignez à faire ce que vous vouliez éviter à tout prix : retirer votre veste, manteau, parka, imper, duffle coat, blouson, bomber, Canadienne, ciré, caban, redingote, cache-poussière, paludamentum, raglan, pardessus ou houppelande pour vous envelopper convenablement, donc efficacement… Moralité : avoir le bon outil, c’est bien, savoir l’utiliser, c’est mieux. Quant à être bien entouré, c’est vital ! Voilà, c’est tout !

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Les montagnes russes

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En attendant le printemps

… la sirène est en stand-by et le corbeau, à l’affût !

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