Photo-graphies et un peu plus…

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C’est bien beau de philosopher sur le temps qui existe ou pas, le savoir et l’ignorance, les icebergs et les albatros, revenons-en aux faits ! 1106 cas de COVID-19 en tout en Nouvelle-Zélande, dont 39 nouveaux et 28 probables depuis hier. Sur ces 67 cas, 20 concernent des clusters déjà identifiés et surveillés de près. Rien depuis 2 jours dans la région Capital & Coast qui intègre Wellington, ladite capitale. Hier, la Première Ministre Jacinda Ardner, qui a des fans par-delà les frontières de son pays 😉, mentionnait qu’au début du confinement, les experts envisageaient 4 000 cas potentiels dès ce week-end. Ce chiffre dépassait à peine les 1000. Réalité +1 – Projection 0. De quoi se féliciter d’avoir instauré précocement le confinement (il y a 10 jours), même s’il ne faut pas vendre la peau du covid avant de l’avoir terrassé, et aussi féliciter les kiwis de leur observance malgré les contraintes et les effets collatéraux, ce qu’elle n’a pas manqué de faire.

Je me permets un aparté sur le terme kiwi – mais rien n’est réellement gratuit – et une anecdote culturelle linguistique. Dans le contexte de ma phrase, le kiwi est évidemment un habitant de Nouvelle-Zélande. Mais le kiwi est aussi un oiseau nocturne forestier endémique et symbolique de l’île-double (nom absolument pas officiel), dont l’absence de prédateurs pendant des siècles a progressivement atrophié les ailes. En fait, jusqu’à ce que les Européens ne débarquent (pour rappel, au 18e siècle, si vous ne vous souvenez plus des épisodes précédents), pratiquent une déforestation massive du pays (donc détruisent son habitat – un air de déjà vu non ?) et introduisent rats, furets, possums, chats, chiens and co (qui les tuent d’autant plus facilement que les kiwis ne peuvent plus voler, ce qui est plutôt lâche de leur part). Les kiwis, très timides, sont de fait menacés d’extinction et désormais protégés – en plus d’être présents sur le verso de toutes les pièces de 1 $NZ, même si vous vous demandez comment je peux savoir quelle face est le verso d’une pièce – grâce à un ambitieux et radical programme d’éradication : pièges et panneaux pédagogiques un peu partout dans le pays, dispersion (controversée) de poison, obligation de tenir son chien en laisse dans les zones où il y vivent, et d’enfermer son chat la nuit, chasse aux possums… Deuxième aparté – j’écris, je pense comme si je faisais des ricochets mais le caillou revient toujours au point de départ – : le possum (ou opossum), ramené d’Australie pour sa fourrure et exploité encore aujourd’hui pour cela (même si personnellement, je n’aimerais pas porter de la peau de nuisible sur moi), est l’ennemi public n°1 des kiwis (habitants et oiseaux confondus) et des arbres natifs dont ils aiment les feuilles et les bourgeons. Ils seraient encore 30 millions sur les deux îles (contre 5,5 côté homo sapiens) et certainement l’animal le plus volontairement écrasé sur les routes (ce qui fait aussi le bonheur des faucons de Nouvelle-Zélande – le karearea en Maori – n’ayant plus qu’à se servir sur l’asphalte chaude et ensanglantée). Fin du ricochet, retour au kiwi…

Le kiwi est enfin un fruit – l’un des rares à la chair verte – très riche en vitamine C – plus que l’orange dont le nom porte la couleur – que nous connaissons tous. En débarquant à Auckland en janvier, nous nous réjouissions à l’idée de pouvoir enfin manger des kiwis de Nouvelle-Zélande – deuxième producteur mondial – en Nouvelle-Zélande. Que nenni ! Les kiwis vendus en supermarché – le concept de marché est moins développé qu’en France – venaient d’Italie – premier producteur mondial… La NZ exporte 90% de sa production, l’Italie 70%. Pire, au Chili, c’est 95% a priori (chiffres tirés de planetscope.com). L’illustration parfaite du non-sens de la mondialisation et des traités d’échanges économiques internationaux nous disions-nous alors en faisant l’impasse sur ce fantasme frugivore (je ne suis ni économiste, ni marchande ni diplomate, mes guides seraient plutôt la logique et le bon sens dans ce contexte et ces dernières semaines et mois nous ont permis à tous de constater à quel point ces accords-là avaient leurs limites…). En creusant un peu, nous avons trouvé des kiwis locaux dans une enseigne bio, les avons précautionneusement et joyeusement déposé dans un sac en papier kraft puis tendu au caissier (dans ce temps-là, on pouvait encore s’échanger des choses sans prendre de gants) qui nous a alors demandé ce qu’il y avait dedans. « Kiwis » avons-nous répondu, « Sorry? », « Kiwis » (ce n’est pas un mot que l’on peut mal prononcer quand même, kiwi !), « Sorry again? », « Euh, kiwis »… Interdit, il a alors ouvert le paquet pour dire « Ah, kiwi fruits ! ». Bah oui, « kiwi fruits »… comme s’il était possible de rétrécir des néo-zélandais et de les mettre en sachet pour en faire une salade ! Bref… C’était drôle, quand même.

Voilà voilà… Sinon, pour finir sur l’update de la situation : 37 000 personnes cherchent actuellement à quitter la Nouvelle-Zélande pour retourner chez elles. Et la France organise un premier vol de rapatriement ce soir depuis Auckland vers Paris, à 850€ par personne, avec, à son bord, a priori, les cas prioritaires : personnes très âgées, mineurs, personnes malades, soignants appelés par leur direction, jeunes pvtistes en galère. Nous ne savons pas du tout s’il y en aura d’autres et quand, ni à quel horizon sont susceptibles de reprendre les vols commerciaux. Nous ne sommes pas pressées de rentrer dans ce que nous percevons comme un « petit » chaos mais si l’Ambassade nous appelle pour nous proposer un vol, il nous sera malgré tout difficile de le refuser. Mais chaque chose en son temps, n’est-ce-pas ?

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Les boites mystère

La première boite mystère croisée dans ce parc était seule, isolée, au pied d’un arbre. Je l’ai remarquée immédiatement, la trouvant étrange instantanément. Il y en avait deux autres un peu plus loin de part et d’autre d’un chemin de terre. C’est sûrement à ce moment là que j’ai commencé à m’interroger sur leur fonction, me demandant en premier lieu ce qu’elles pouvaient bien cacher. Des caisses en bois, grises, toutes, ou presque, de taille identique, sécurisées, souvent disposées de façon symétrique et en tout cas, très ordonnée… Ma lente progression dans le parc s’accompagnait, virage après virage, allées après allées, de nouvelles rencontres avec ces boites intrigantes disposées dans des configurations différentes à chaque fois. Il m’a fallu un temps fou rempli de mille questions pour arriver à la conclusion que ces caisses n’étaient pas si mystérieuses et qu’elles n’étaient là que pour protéger du froid hivernal glacial les classiques sculptures du jardin, fragiles même si au coeur de pierre… C’est incroyable comme certaines évidences peinent, parfois, à trouver leur chemin vers la conscience quand celle-ci n’y est pas préparé et cherche plutôt la complexité…

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