Photo-graphies et un peu plus…

Chacun a dans un coin, rond, de sa tête les fameux dessins alambiqués d’Escher. Maurits Cornelis pour les intimes. Vous savez, ces images très graphiques et d’une grande maîtrise mathématique, de constructions architecturales impossibles et obsédantes car de vrais labyrinthes pour l’esprit. L’analogie paraîtra sûrement un poil tiré par les cheveux à certains, mais, parfois, les distributeurs de papier toilette dans les WC publics me semblent être du même acabit : difficile de savoir où commence et où se termine le rouleau !

Osons… Vous avez bu trois thés coup sur coup, vous ne tenez plus, vous devez « faire vos besoins » comme l’on dit étrangement ou vous rendre dans « un endroit propice » comme le sifflait une ancienne prof de français. Direction le cabinet d’aisance public le plus proche. Le soulagement est total jusqu’à ce que vous n’approchiez la main du distributeur pour lui soutirer quelques feuilles. Malheureusement mais un classique du genre, rien ne pend. Vous faites faire un tour au rouleau, puis deux en quête de la petite feuille libre… Celle sur laquelle vous allez pouvoir tirer, souvent de façon trop énergique, pour récupérer plus de feuilles que nécessaire… mais ce n’est pas grave, vous n’êtes pas chez vous ! Ceci dit, en réalité, vous n’en êtes pas encore là : vous cherchez toujours le début du rouleau à qui vous avez déjà fait faire quatre tours, non sans une pointe d’énervement et un début de crampe dans les cuisses, la position tenue étant proprement inconfortable. Voilà que vous pestez contre les petites économies : si au moins, le papier était plus épais, vous arriveriez sans problème à l’attraper ! N’ayant cependant pas envie de rester plus longtemps dans cet espace communautaire et fatigué de jouer au hamster avec le rouleau de PQ, vous cédez à la facilité : vous agrippez un bout de papier sur le côté et le déchirez, créant ainsi un début de rouleau artificiel. Ce dernier ne ressemble plus à rien, mais vous êtes sauvé ! Quelle aventure !

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sophette

février 11th, 2012

Une longue expérience de la pratique quotidienne DU lieu (public/collectif) m’a permis de développer une théorie -toute personnelle, certes, mais à laquelle d’aucun(e)s souscriront sans hésiter: le problème ne vient pas tant de la qualité du papier, de sa couleur, son parfum, sa texture ni du nombre de ses épaisseurs. Moins encore du fait qu’il soit bio ou recyclable. Non, le problème vient bien d’ailleurs! D’où? Point besoin de chercher très loin… Tout bonnement de l’ingénieur concepteur du distributeur de papier. Ledit distributeur, pauvre chose sans conscience, n’y est, lui, pour rien. Le coupable désigné est bien celui qui a perversement décidé que 3 feuilles suffisaient, au mépris de toute différence anatomique, habitué qu’il est à n’en utiliser (au)qu’une!
Celui qui se baladait à poil à la télé armé de son interminable serpentin en appelant fièrement sa « Maamaaaannn », devenu écolo intégriste après une culpabilité réfractaire à 30 ans de psychanalyse? Non, l’homme, le mâle! Celui qui dirige et décide de tout, de ce qu’on doit et ne doit pas penser, dire, boire, fumer, mettre, montrer, et… du nombre de feuilles qu’on doit utiliser!
Celui qui ne voit pas pourquoi créer un distributeur à quadruple roulement à billes en titane anodisé inoxydable enrobé de PUR, lubrifié automatiquement 4 fois par jour pour une meilleure glisse en toutes circonstances (se donner du mal des rasoirs, oui, mais pour du PQ, pour des pisseuses, quel intérêt? Pourtant, avoir autant de feuilles que nécessaire en UNE SEULE FOIS est faisable. Le « môme » l’a prouvé il y a presque 40 ans!)

C’est vrai. Pourquoi attribuer –tradition séculaire?- à un homme la conception d’un lieu qui sera utilisé par une femme? Qu’il s’agisse:
– du nombre de cabines, toujours inversement proportionnel au nombre de personnes qui souhaitent les occuper, au temps qu’elles ont à y consacrer (cinéma, spectacles, restos, stations d’autoroute, pause en séminaire…) et vont y consacrer (vestimentairement nous ne sommes pas à armes égales)
– de leur superficie (logez manteau, sac d’ordinateur, sac à mains et… votre corps plié en accordéon dans 1,5 m2 sans porte-manteau…)
– de leur configuration (le mètre étant souvent plutôt « long mais court » que vraiment « carré », quelle femme ne connaît pas des portes de WC de beaucoup plus près qu’elle ne le voudrait ou n’est pas dans la périlleuse position consistant à ne pas entrer en contact avec la très contaminée, et crainte, faïence tout évitant d’avoir la tête écrasée dans l’attirail décrit précédemment, suspendu au providentiel porte-manteau ci-avant regretté?)
– sans parler des lieux sans abattant, de ceux que les turcs auraient inventés pour les transformer en pataugeoire (bonheur de la sandalette marinée et du bas de pantalon trempé…), de ceux où ledit concepteur fait des trous pour mater…

En revanche, c’est sûrement bien une femme –lasse de 2000 ans de vicissitudes hygiéniques– qui a pensé à mettre un distributeur de désinfectant ou de protège-siège dans ces incontournables cabines. Merci à elle! Nous lui en sommes toutes reconnaissantes!

Mais, qu’il soit conçu par un homme ou par une femme, le pire n’est-il pas finalement qu’après avoir glissé la main dans ce trou noir et cherché, cherché, cherché comme le hamster de Lou, il ne reste plus que… ô horreur… le mandrin de carton! De papier? Nada, nichts, niente, nothing, peau d’balle! Dépit, embarras, dégoût, sueurs froides, rage, fouille frénétique du sac à main… Les crampes dans les jambes ne sont plus le seul problème à gérer!…

Pour terminer, une autre question sur laquelle les scientifiques devraient se pencher: la « confiance en l’abattant ». Pourquoi ce sentiment de « chute » quand -à 4h du mat’ toutes lumières éteintes- on rencontre la froide et inamicale faïence du réceptacle et non l’abattant, que l’on pensait à sa « place naturelle » ? La différence n’est pourtant que de 2-3 cm…

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