Photo-graphies et un peu plus…

Wander in Tokyo

Les journées sont courtes, le froid est sec mais le soleil est là. Et la lumière, intense, réussit à trouver son chemin dans ce monde aux contrastes exacerbés donnant une aura instantanée à ceux qui la traversent. Ainsi en est-il de ce vieux chauffeur de taxi au volant de son inoxydable Toyota Crown qu’il conduit certainement depuis des décennies avec la même abnégation et le même sérieux…

Pour être honnête, je dois avouer qu’en marquant une courte pose à cet endroit, persuadée qu’il s’y passerait quelque chose, j’espérais que débarquerait dans cet interstice lumineux un col blanc en manteau noir et borsalino. Cela allait bien avec l’ambiance, certes un peu cliché mais de l’ordre du possible à Tokyo. Il n’est pas venu et c’est presque mieux car cette photographie, au-delà de son attrait esthétique, reflète deux réalités qui m’ont sauté aux yeux lors de ce premier séjour au coeur de la mégalopole japonaise : l’omniprésence des taxis – 50 000 parcourent les rues de la capitale nippone contre 18 000 à Paris – et le travail des seniors dans des proportions que nous ne connaissons pas de ce côté du monde – 1 personne de plus de 65 ans sur 5 travaille encore alors que le départ à la retraite des fonctionnaires volontaires vient de passer à 80 ans -, situation qui m’avait déjà interpelée lors de ma rencontre liminaire avec le pays du soleil levant… 

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Plongée vespérale

Se hisser au sommet de l’Empire State Building à l’heure du goûter – c’est mon côté régressif -. Penser aux nuits blanches de Sam Baldwin et d’Annie Reed – c’est mon côté fleur bleue -. Se pencher vers le monde d’en bas – c’est mon côté casse-cou – dont l’écho s’arrête heureusement en chemin – c’est mon côté sensible -. Vérifier que tout y est, les taxis jaunes, les embouteillages, les piétons affairés, les toits chargés de toutes sortes de machineries – c’est mon côté inspectrice des travaux finis -. Suivre, pas à pas, l’inéluctable descente du soleil et ses retentissements sur la ville : d’abord, les ombres qui gagnent du terrain et plongent précipitamment les rues dans une nuit avant l’heure, puis la lumière jaune et chaleureuse qui se dépose sur les hautes façades comme de fines feuilles d’or et vient aussi miraculeusement arroser les bas fonds, là où la vie trépigne d’impatience, dès lors que ceux-ci ont le bon goût d’être bien lunés ! C’est mon côté contemplatif… Puis se laisser « transe-porter » par l’arrivée progressive des lumières du soir dans la cité, chargées d’accueillir sereinement la nuit, la vraie, scintillante, crépitante, cosmique. C’est mon coté rêveuse…

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Contrainte forte

Le panneau est on ne peut plus clair : ne peuvent monter dans ces taxis jaunes que des hommes chauves arrivant de profil à la portière. En plus d’être contraignant, c’est très sexiste et discriminatoire !

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En bandes

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Le taxi jaune

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La première rencontre visuelle avec les taxis kyotoïtes est assez réjouissante. Les suivantes aussi à vrai dire. Tout commence par les apparences, donc l’extérieur. Même s’il existe plusieurs compagnies de taxi et plusieurs couleurs, le modèle de voiture est constant : de belles et un peu pompeuses Toyota Crown Comfort ou Royal Saloon aux portes s’ouvrant automatiquement mais dont le design et la taille font presque figure de contresens au regard des voitures « modernes » circulant autour, bien plus petites et un peu plus fuselées. La petite enseigne lumineuse fixée sur le toit et à la forme parfois très surprenante – un cœur, un éléphant, une fleur… – ajoute au dépaysement et surtout à ce sentiment d’être, à certains moments, dans un jeu vidéo réel. Mais c’est sans nul doute en se penchant un peu pour découvrir le chauffeur et son environnement intérieur que le spectacle est le plus fascinant. Les voir ainsi, vêtus de costumes noirs, coiffés de casquette (et si elle n’est pas sur la tête, elle est toute proche), dotés de gants blancs immaculés, royalement assis sur des sièges recouverts de fines housses en dentelle, le tout en affichant un flegme soleil-levant génère deux sentiments contradictoires : la douce moquerie face à un décorum que l’on qualifierait aisément de kitsch mais aussi le respect face au sérieux avec lequel ils interprètent leur rôle de chauffeur des affairés et des égarés…

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