Photo-graphies et un peu plus…

Coup de foudre au carré

Par nuit douce et tempérée, la lumineuse esplanade de la Pyramide du Louvre se peuple d’une faune copurchic, distinguée et radieuse valsant, par grappe de quatre personnes dont deux toujours tapies dans l’ombre, d’un point remarquable à l’autre de la place avec une telle agilité que jamais elles ne se croisent. De telle sorte que, toujours, elles s’imaginent seules au monde.

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tachycardie

Ce brasier tapi au fond de soi

Cette incandescence domestique

Et même domestiquée

Trépignant d’impatience

Et tambourinant sans répit

Comme un animal en cage,

Thoracique

Chérissant les soirs

De feux d’artifice

Où les frontières s’effacent

Les transferts s’opèrent

Pendant que les corps exultent

Et que l’âme souffle

Enfin.

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category: Actus
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Lumière intérieure

Encore gorgé du généreux soleil de la journée, il n’avait pas réussi à s’éteindre quand la nuit fut venue…

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ça penche grave !

On bloque parfois sur de petits détails… Personnellement, il m’arrive ainsi d’être extrêmement tatillonne, voire psycho-rigide, sur les lignes d’horizon, qui doivent être parfaitement droites, surtout si elles sont dégagées – en mer ou en rase campagne en particulier – et que l’intention du preneur d’images n’est pas d’illustrer un malaise ou d’accentuer une dynamique. C’est absurde, 1 ou 2° de travers n’ont jamais fait de mal à personne, et pourtant, rapidement, je ne finis par ne voir que cela : un horizon penché, qui, certes, pourrait être l’incarnation d’un problème d’oreille interne, mais n’est souvent qu’une question d’attention, ou plutôt d’inattention, heureusement aisément rectifiable a posteriori… Aussi, je me demande bien comment j’ai sérieusement pu prendre cette photographie sans me déclencher une crise d’urticaire carabinée. Manifestement, en forçant le trait pour me jouer des diagonales naturelles, celles-là même qui satisfont notre besoin d’ordre et de symétries…

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Tricoter 1Tricoter 2Tricoter 3

Cela vous est déjà forcément arrivé… Soit d’être totalement coincé dans votre voiture au milieu d’un embouteillage monstre et malheureusement quotidien, à pester dans votre cage et à envier, tout en les détestant, les gens marchant sans entrave sur les trottoirs adjacents (« pfffff ! mais pourquoi, mais pourquoi, mais pourquoi ? ») ; soit, au contraire, d’être l’une de ces personnes marchant librement sur les trottoirs adjacents à regarder les automobilistes inertes avec un mélange de pitié et de basse satisfaction (« Vous n’avez qu’à marcher, prendre le vélo ou les transports en commun ! »)…

Certains piétons – enfin, peut-être n’est-ce l’initiative que d’une seule et unique personne ? – ont poussé le vice un peu plus loin en prenant le temps de tricoter ces quelques lettres et en accrochant ce message gentiment moqueur sur les grilles d’un parc longé par une rue systématiquement congestionnée… Une bonne blague pour les arpenteurs de trottoir, modérément appréciée par ceux coincés derrière leur volant. Et, pour tous, la preuve, toute en finesse, de l’absurdité intrinsèque d’une telle situation dans laquelle plongent volontairement – car ils pensent ne pas avoir le choix – une portion de citadins…

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Corps à l'appel

J’en suis certaine, cela vous est arrivé à vous aussi et vous vous en êtes autant étonné que moi : reconnaître une personne dans la rue, alors qu’elle est encore très loin, qu’elle est entourée de parfaits inconnus, et que vous n’êtes pas en mesure, malgré vos 12/10 aux deux yeux, de distinguer les détails de son visage… C’est son corps qui parle pour elle sans qu’elle n’en aie réellement conscience.  Sa démarche en particulier, que vous reconnaîtriez entre mille, car vous avez précédemment enregistré ce léger balancement des épaules, cette tête qui dodeline discrètement, cette jambe gauche qui chasse un peu, ces bras qui se balancent nonchalamment, ce rythme à la fois assuré et vagabond, et que ce sont ces indices-là que vous cherchez puis repérez dans la foule car leur combinaison est unique. C’est alors que vous esquissez un sourire et que, pas à pas, alors que l’hypothèse se confirme 9 fois sur 10, que les détails s’affirment, que bientôt les traits du visage se dessinent, vous entrevoyez, chez l’attendue, cette même expression radieuse des lèvres et des yeux. Elle aussi vous a reconnu(e) de loin, alors que vous ne bougiez pas. Car votre silhouette, même gonflée et déformée par les vêtements d’hiver, est, elle aussi, singulière, au même titre que votre façon de patienter…

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Métamorphose

C’est Robert lui-même qui le proclame : « Changement de forme, de nature ou de structure, si considérable que l’être ou la chose qui en est l’objet n’est plus reconnaissable ». Exemple commun : la larve devenant papillon. Ici, contrairement aux apparences donc, un être humain. Etat initial. Une femme pour être plus précise. Ayant manifestement une sensibilité hautement chromatique, ce qui la rend très singulière à mes yeux, de photographe certes, mais pas seulement : car, assez trivialement, je suis irraisonnablement réceptive aux personnes prenant soin d’associer la couleur de leurs vêtements à celle de leurs chaussures (et, comble de l’élégance, de leurs chaussettes). J’y vois une salutaire, reposante et inoffensive quête d’harmonie là où le chaos règne. Ce que n’évoque pas Robert, en revanche, c’est la raison de ce changement de forme, son origine. De fait, tout devient possible. Et, présentement, si c’est bien le temps qui exalte le corps et le mouvement qui le transcende, c’est l’obscurité qui se charge de le révéler. Des conditions éphémères et maîtrisées qui, fort heureusement pour la luciole urbaine, rendent la métamorphose réversible… Il suffit de rendre son rythme au temps qui passe.

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Depuis la nuit des temps

Cela fait bien longtemps que je souhaite vous parler d’elle, et, par ricochet, du temps. De lui, en réalité, j’en parle tout le temps… « Depuis la nuit des temps » donc – environ 492 000 occurrences en 0,38 seconde dans un moteur de recherche dont l’ambition est de vous prouver qu’il peut répondre à toutes vos questions en un rien de temps, et même moins que ça – fait partie de ces expressions légèrement sur-évaluées à mes yeux et un brin démagogues. Elle est sublime, indéniablement poétique en plus de nous transporter dans les « confins des sphères étoilées » chers à Baudelaire, mais enfin, la nuit des temps, concrètement, c’est quand ?

Je vous taquine… J’ai bien conscience que ces quelques mots font écho à un événement, une action, un comportement qui se reproduit et perdure depuis très très longtemps, si longtemps en fait, que nous avons l’impression qu’il ou elle existe depuis toujours. C’est-à-dire, quoi, 14 milliards d’années ? Une vision bien réductrice de l’univers qui laisse entendre qu’il n’y avait rien avant le Big Bang, ce qui relève du même anthropocentrisme que de penser que nous sommes seuls dans cet incommensurable univers, même si, dans les deux cas, nous n’en savons fichtrement rien. Par ailleurs, cette impression de permanence induit aussi que le temps a lui-même toujours existé… alors même que les théories de la relativité restreinte puis générale ont conduit Albert Einstein – dont, petite parenthèse, le cerveau a été prélevé, subtilisé et caché des années durant par le Dr Thomas Harvey, le médecin légiste qui avait procédé à son autopsie, post-mortem je précise, et qui croyait y trouver les stigmates de son incroyable intelligence – à déclarer que le temps n’existait pas en tant que tel, c’est-à-dire indépendamment de l’espace. D’où la consécration du nouveau couple espace-temps. Je vous rassure immédiatement, cela ne remet absolument pas en question la réalité des rendez-vous que vous avez pris pour demain matin, ni celle, moins glorieuse, de vos retards récurrents.

Le plus déconcertant reste d’être obsédé – et je pèse mes mots : la perception du temps qui passe peut être une obsession, même si c’est inexact d’en parler en ces termes, car le temps lui-même a toujours la même durée, c’est simplement la façon dont nous utilisons cette durée qui évolue et crée cette impression de temps qui s’accélère – par « quelque chose », une entité impalpable, invisible, inodore, silencieuse qui n’existe pas « en vrai ». Mais encore faudrait-il ensuite s’assurer de ce qu’est le vrai. Difficile d’en sortir indemne…

Revenons donc à nos moutons. Ceux que l’on compte le soir dans l’espoir de s’endormir plus rapidement. Cette méthode a d’ailleurs un petit quelque chose de suranné en 2015, puisque, comme partout sur cette Terre, les populations ont opéré une profonde translation des campagnes vers les villes, où, comme chacun sait, nous avons plus de probabilité de croiser les moutons débités dans des barquettes sous film plastique que bêlant dans des champs qui ne sont plus qu’un vaste souvenir. Imaginez un peu le cauchemar : une côte, deux côtes, trois côtes… Pas très convaincant pour trouver le sommeil ! Et finalement, cette expression renvoie elle-même à des temps lointains, moins urbains, où compter les moutons avait un sens… Mais faisons fi des bouleversements planétaires et autres redistributions humaines… Que nous ne soyons plus entourés de moutons n’a pas de réelle importance, c’est une image. Ce qui lui suffit amplement à générer l’effet escompté. La preuve ? Depuis, la nuit détend.

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Hiverété 1Hiverété 2

Alors, en effet, cette rencontre inter-saison n’est pas une science complètement exacte : pour bien faire, il eut fallu que je fasse des tirages des photos hivernales et que, grâce à eux, je retrouve les points exacts où je m’étais postée en ce soir d’hiver neigeux pour reproduire exactement les mêmes cadrages un an et demi plus tard, en été donc. Au lieu de cela, j’ai préféré me fier à ma mémoire visuelle. Non pas du lieu, mais bien des photos elles-mêmes. Et finalement, je n’ai pas à rougir du décalage… Des ambiances diamétralement opposées, des couleurs, des atmosphères totalement différentes, mais un charme qui opère, été comme hiver.

  Hiverété 3Hiverété 4

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Que la lumière soit !Tout le monde, absolument tout le monde, peut être subjugué par un spectacle eau et lumière ! Mais, pour une raison qui m’échappe, ce genre de juxtaposition me fait toujours sourire. Il ne s’agit pas de moquerie, plutôt d’attendrissement. Comme si ces religieuses, qui ont choisi de consacrer leur vie à la lumière, pas verte certes mais plutôt divine, ne pouvaient se satisfaire de ces simples petits bonheurs terrestres !

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