Photo-graphies et un peu plus…

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J’ai dû adapter mon titre pour coller à mon actualité géographique… Pour être tout à fait exacte, il faudra d’ailleurs que je modifie les 28 précédents en spécifiant « en Nouvelle Zélande » avant « confinement ». Je ne sais combien de personnes dans le monde auront eu la chance de le vivre dans deux pays différents et si différents l’un de l’autre à tous points de vue, mais voilà qui me fait sentir un peu spéciale aujourd’hui.

Dans quelques années, au coin du feu de ma maison en bois nichée au cœur de la forêt, je pourrai raconter aux oiseaux de passage que j’ai traversé Le Grand Confinement d’abord en Nouvelle Zélande, où le virus a été éliminé en un bon mois, pour le finir en France, où il a circulé des années durant, avec et sans masque… The Great Lockdown, voici donc le nom qui a été choisi pour qualifier cette période particulière, qui signe, selon l’historien Jérôme Baschet, le vrai début du 21esiècle (1), au même titre que la 1reguerre mondiale avait, a posteriori, lancé le 20esiècle. Si je comprends bien la logique, un nouveau siècle doit commencer par une catastrophe planétaire. Voilà qui est encourageant ! Notons qu’entre ces deux événements majeurs, les 100 années sont presque respectées. Est-ce à dire que les bouleversements à l’échelle mondiale surviennent à une fréquence régulière ? Et si oui, qu’ils sont donc prévisibles ?

Etrangement, « Le Grand Confinement », expression inventée par le FMI pour faire écho à La Grande Dépression des années 1930 et à La Grande Récession post-crise financière de 2008, ne renvoie pas à la situation sanitaire mondiale mais à la crise économique sans précédent qui découle de cette pandémie de coronavirus. C’est une façon très anglée, très partielle et, en même temps, très révélatrice de notre époque et de « nos » priorités d’aborder cette situation touchant des milliards de personnes, et dont les conséquences sont loin de n’être qu’économiques.

Toutefois, mon premier réflexe en apprenant l’existence de cette dénomination a plutôt été de penser, à nouveau, aux films d’anticipation. En particulier aux dystopies que j’affectionne depuis de nombreuses années pour leurs vertus visionnaire et pédagogique. Ces films nous plongent dans le chaos dès leurs premières minutes, mettent en scène des mondes totalitaires et sclérosés dans lesquels toute personne sensée ne voudrait pas mettre ne serait-ce que le petit orteil gauche. Figure récurrente de ces fictions dont il fait régulièrement l’introduction, un montage vidéo d’images d’archives – sans doute en partie réelles – montrant, comment, progressivement, la situation – économique, sociale, politique, sanitaire, écologique dans tel pays, sur tel continent, dans le monde entier même si ça ne se dit pas selon l’une de mes anciennes prof de français de lycée – a irréversiblement dégénéré, devenant, au bout d’un temps plus ou moins long, totalement incontrôlable. Un magma d’images saccadées, de déchaînement de haine, de montée des inégalités… devant expliquer, si ce n’est justifier, a posteriori – car au présent, on ne voit pas ou on ne veut pas voir, on ne connecte pas les faits entre eux ou si, mais sans y croire –, l’origine du chaos liminaire présenté, dès lors, comme un état de fait.

Il me semble que nous pourrions, dès aujourd’hui et sur la base d’images glanées ça et là dans le monde au cours de ces quatre derniers mois, produire de tels montages, qui, dans ces univers fictionnels, sont rarement suivis d’une embellie. De fait, parfois, nourrie par cette mythologie-là – qui ne l’est que faussement –, je m’imagine que ce que nous vivons actuellement n’est en fait que le premier épisode d’une série que nous avons déjà vue mille fois. Le deuxième épisode ne se profile déjà t-il pas à l’horizon ? Il a même un nom : « La deuxième vague ».

En attendant, je découvre la subtilité des règles du confinement à la française, et dans le même temps, saisis mieux le désarroi évoqué par certains ces dernières semaines, en comprenant, par exemple, que mes promenades quotidiennes – mon « activité physique » – ne sont autorisées que dans un rayon d’un kilomètre au départ de mon domicile et pendant 1h, mais que, paradoxalement ou bizarrement, je peux aller faire des courses – alimentaires, j’ai bien compris ; de toute façon, en temps normal, je n’achète presque rien d’autre – bien au-delà de ce territoire restreint et sur une durée pouvant dépasser l’heure… Que je peux même cocher ces deux cases sur une même dérogation tout en étant en règle. Tout d’un coup, j’ai l’impression que le monde s’ouvre un peu plus. Et aussi que tout cela n’est pas très logique ni cohérent, mais ça, c’est encore autre chose, et je crois en avoir fait le deuil temporairement suite à notre expérience néo-zélandaise – où, pour le coup, le pragmatisme primait – et à ce qu’elle nous a permis d’apprendre en vivant cet événement depuis un autre point de vue… Anyway, il ne me reste plus qu’à trouver une poissonnerie à 5 kilomètres !

 

(1) https://www.lemonde.fr/idees/article/2020/04/02/jerome-baschet-le-xxie-siecle-a-commence-en-2020-avec-l-entree-en-scene-du-covid-19_6035303_3232.html

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Grille de lecture

Il paraît que lorsque l’on nous interdit de faire quelque chose – n’importe quoi, traverser la rue, croquer dans le quignon d’une baguette chaude, sauter du 3e étage d’un immeuble, tapoter le bras de son voisin… -, il est impossible de ne pas se voir en train de désobéir, et donc de traverser la rue, de croquer dans le quignon, de sauter du 3e étage ou de tapoter le bras de son voisin… Le seul fait d’y penser suffirait en effet à créer cette vision mentale.

Un peu comme ici : j’ai beau me heurter à ce maillage noir totalement opaque et devoir admettre, par conséquent, qu’il ne me donne qu’une vision parcellaire de la scène se déroulant derrière lui, j’ai la sensation de voir à travers et, en me concentrant plus spécifiquement sur chaque portion de cette matière noire énigmatique, de redessiner et de reconstituer virtuellement les chaînons manquants – l’eau du lagon, les gondoles, les vaporetto, les immeubles et autres palazzo… – alors que ceux-ci, invisibles, pourraient même ne pas exister…

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Cela vous est déjà forcément arrivé… Soit d’être totalement coincé dans votre voiture au milieu d’un embouteillage monstre et malheureusement quotidien, à pester dans votre cage et à envier, tout en les détestant, les gens marchant sans entrave sur les trottoirs adjacents (« pfffff ! mais pourquoi, mais pourquoi, mais pourquoi ? ») ; soit, au contraire, d’être l’une de ces personnes marchant librement sur les trottoirs adjacents à regarder les automobilistes inertes avec un mélange de pitié et de basse satisfaction (« Vous n’avez qu’à marcher, prendre le vélo ou les transports en commun ! »)…

Certains piétons – enfin, peut-être n’est-ce l’initiative que d’une seule et unique personne ? – ont poussé le vice un peu plus loin en prenant le temps de tricoter ces quelques lettres et en accrochant ce message gentiment moqueur sur les grilles d’un parc longé par une rue systématiquement congestionnée… Une bonne blague pour les arpenteurs de trottoir, modérément appréciée par ceux coincés derrière leur volant. Et, pour tous, la preuve, toute en finesse, de l’absurdité intrinsèque d’une telle situation dans laquelle plongent volontairement – car ils pensent ne pas avoir le choix – une portion de citadins…

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L'arbre à trouvailles

Je suis certaine que cela vous est déjà arrivé… De ne pas mettre la main sur votre magazine de voyage, votre stylo rouge, votre super recette de scones, votre pull bleu pétrole, votre objectif à décentrement, votre brosse à dents de lait, votre ampoule de 50 W, votre trousseau de clés rondes, votre tapis persan, votre paire de chaussettes jaune, votre élastique en plastique, votre poésie préférée de Verlaine, votre jouet en bois, votre gant de soie… alors que vous étiez persuadé qu’ils étaient sur la table basse du salon, sur le bureau de la chambre, dans une chemise posée sur le frigo, au fond du sac à linge sale, dans vos rêves, dans le verre à côté du lavabo de la salle de bains, dans le carton sous votre table de chevet, dans le tiroir de l’entrée, sous vos pieds, autour de vos pieds, dans la petite boîte à pois rouges sur votre bureau, dans les arcanes insondables de votre mémoire, sous le lit du petit, dans la poche de votre jogging… Parfois, ce que nous croyons être à tel endroit n’y est pas ou plus. Il a tout bonnement mystérieusement disparu. Souvent, c’est plutôt parce que nous ne cherchons pas assez que nous ne le retrouvons pas… Parfois aussi, même si c’est rare, nous avons vraiment perdu ces choses-là. Et à défaut de grille à trouvailles arborant fièrement ces effets égarés par mégarde et ramassés par d’autres, nous avons toujours la possibilité d’appeler à l’aide. Ce qui, dans ce genre de circonstances, se résume souvent à un unique mot, voire cri désespéré, notre dernier espoir en quelque sorte : « Mamaaaaannnn ! » « Ouiiii ? » « Tu sais où est mon magazine-stylo-recette-pull-objectif-brosse-ampoule-clés-tapis-chaussettes-élastique-poésie-jouet-gant dont j’ai absolument besoin là tout de suite maintenant sinon je fais un malheur mais je n’ai pas cherché ? » C’est bien connu, les mamans, c’est encore mieux que la NSA, ça sait vraiment tout. Car, comme le dit ce dicton entendu il y a peu et que tout le monde a inconsciemment intégré : « Tant que maman n’a pas cherché, rien n’est vraiment perdu ! ».

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Une fois n'est pas coutume

Pour créer cette photo (avais-je vraiment besoin d’aller jusque là pour constater que ce grillage était infranchissable et qu’il n’y avait rien de l’autre côté ?), je me suis forcée à faire ce que, souvent, je m’interdis, à savoir demi-tour. Ou remarcher dans mes pas, qu’ils soient motorisés ou pas. La question n’est pas tant de ne pas accepter de se tromper (ce qui peut-être le cas quand on doit faire marche arrière) que de ne pas s’ennuyer à reparcourir un même chemin. De fait, quand le cas se présente, je préfère changer de route ! On a tous des bizarreries plus ou moins cachées…

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Le pensif en Marcel blanc

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Les Chicago Bulles

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Enfermement relatif

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category: Actus
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