Photo-graphies et un peu plus…

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Le jeu des 7 erreurs

En passant vite comme ça, à vélo par exemple, hormis pour leur couleur, on pourrait croire que ces deux maisons sont strictement identiques. (Je vous vois re-regarder l’image…) Des maisons jumelles en quelque sorte. Un prix de gros pour le contremaître. Cependant, en posant le pied à terre, en se postant exactement entre les deux bâtisses et en balayant du regard leur façade tour à tour – sans se faire remarquer par les caméras de surveillance -, porte d’entrée à gauche, porte d’entrée à droite, fenêtres du 1er à gauche, fenêtres du 1er à droite, dernier étage à gauche, dernier étage à droite…, de subtiles différences apparaissent progressivement. Des détails certes – des grilles aux fenêtres ou pas, un garde-corps ajouré ou plein, un balcon condamné ou préservé, une hauteur un iota supérieure pour la maison blanche et rouge (même si j’aurais naturellement tendance à écrire rouge et blanche plutôt) … – mais certainement significatifs aux yeux des propriétaires pour qu’ils aient le sentiment d’être chez eux et pas chez le voisin ! Un peu comme avec les jumelles ou jumeaux dont on finit, non sans peine parfois, par déceler la singularité.

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La double vie

Les habitants de cet immeuble ont une drôle de vie : après avoir traversé son immense hall d’entrée aux murs recouverts de miroirs, ils sont invités à s’arrêter dans un petit sas vitré où ils se scindent littéralement en quatre. Comme des cellules dans une boîte de Pétri. Chaque quart, une entité à part entière, dont le corps est la copie conforme de celui qui est entré dans le sas, emprunte alors l’un des quatre ascenseurs du bâtiment, disposés face à face.

Si les tous premiers mois à ce régime sont logiquement difficiles et déboussolants, les locataires finissent pratiquement tous par s’y habituer et s’installent dans quatre appartements similaires mais pas identiques pour les 3 ans et 10 mois maximum autorisés. Les rares qui abandonnent le navire précocément sont remplacés quasi instantanément tant la liste des postulants est longue.

Avoir l’opportunité de vivre, même seulement quelques heures par jour, quatre facettes de notre personnalité sans que l’une paralyse ou phagocyte l’autre, est en effet plus qu’exceptionnel. Et c’est toujours avec une joie et une sérénité palpables qu’au moment de s’extraire de cet univers singulier, les quatre quarts d’une même personne se retrouvent, en choeur, dans le même sas vitré qu’en entrant pour refusionner et n’en laisser sortir qu’une, nourrie de ces expressions de vie et de soi complémentaires…

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ça penche grave !

On bloque parfois sur de petits détails… Personnellement, il m’arrive ainsi d’être extrêmement tatillonne, voire psycho-rigide, sur les lignes d’horizon, qui doivent être parfaitement droites, surtout si elles sont dégagées – en mer ou en rase campagne en particulier – et que l’intention du preneur d’images n’est pas d’illustrer un malaise ou d’accentuer une dynamique. C’est absurde, 1 ou 2° de travers n’ont jamais fait de mal à personne, et pourtant, rapidement, je ne finis par ne voir que cela : un horizon penché, qui, certes, pourrait être l’incarnation d’un problème d’oreille interne, mais n’est souvent qu’une question d’attention, ou plutôt d’inattention, heureusement aisément rectifiable a posteriori… Aussi, je me demande bien comment j’ai sérieusement pu prendre cette photographie sans me déclencher une crise d’urticaire carabinée. Manifestement, en forçant le trait pour me jouer des diagonales naturelles, celles-là même qui satisfont notre besoin d’ordre et de symétries…

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Les faits miroirs

Petite, je rêvais d’être architecte. Et comme je suis restée petite, le rêve a lui-même perduré. Mais que faire d’un rêve qui insiste et qui n’est pourtant pas destiné à être réalisé ? Le contourner, ou le détourner, pour le vivre différemment.

Simplement, dans un premier temps. Avec les yeux donc. En arpentant les villes à l’affût de formes singulières, d’enchevêtrements détonants, de contractions temporelles, d’une ligne, d’une lumière, d’une couleur, d’une identité propre à chacune… Rapidement, j’ai voulu emporter avec moi des morceaux de ces cités glanés de ci de là : je les ai donc mis dans mes boîtes à images. La Nature s’est logiquement invitée dans la danse. Chez elle aussi, s’exprime une certaine forme d’architecture d’autant plus fascinante qu’elle est innée et ne doit rien à l’Homme. Et puis, plus récemment, j’ai eu envie de jouer à l’architecte, pour de faux, pour de vrai, en tout cas, sans être freinée par les contraintes fortes de la réalité ni de la réalisation. Ainsi, ai-je créé ces métastructures. De façon totalement compulsive, j’en ai généré plus de 150. En voici 65.

Elles sont déjà d’une grande diversité. Et pourtant, assez trivialement, c’est le même geste, indéfiniment et systématiquement réitéré, qui est à leur origine. Là où la symétrie simule une forme de perfection illusoire et inatteignable, la répétition d’un motif renvoie à une histoire qui se redit inlassablement… Je n’en suis pas moins envoûtée et captivée par la pureté, le mystère et la finesse décuplées de cette Nature autant que par la variété, l’étrangeté et l’élégance de ces constructions humaines ainsi assemblées.

Certaines de ces métastructures reflètent ainsi un besoin de maîtrise, d’ordre ou d’ordonnancement, dans un univers qui pourrait sembler chaotique. Directement ou indirectement, elles font écho à mes interrogations sur le temps qui passe irrémédiablement, sur le futur, sur l’évolution de notre société – tour à tour ouverte au monde, recroquevillée sur elle-même et quasi impénétrable, accueillante ou répulsive… –, et donc, à ma petite échelle, sur la place de l’Homme sur Terre… D’autres semblent anecdotiques et n’exister que pour flatter et célébrer ma quête d’esthétique. Je la revendique et ne veux pas en être gênée. J’aime être en mesure de me promener sur cette planète en n’ayant d’autre but que d’être sensible au Beau (à mes yeux bien sûr).

Toutes contribuent à imaginer un autre monde à partir de celui que nous connaissons, créant parfois un sentiment d’inquiétante étrangeté ou, au contraire, une atmosphère rassurante et réconfortante. Bref, ces images se contredisent. Comme moi entre un jour et le suivant, comme chacun de nous à un moment. Avec elles, je ne cherche pas la cohérence, simplement à illustrer un bouillonnement intérieur qui n’a d’autre modèle que celui de ce monde vertigineux et parfois insaisissable dans lequel nous vivons…

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Pour découvrir les 65 métastructures, c’est aussi ici.

Si vous êtes sur mobile ou tablette, ou si vous aimez les ebooks, vous pouvez aller là :

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