Photo-graphies et un peu plus…

Les voyages, à leur manière, nous amènent systématiquement à nous poser des questions sur ce qu’ils nous livrent. C’est notamment en cela qu’ils nous grandissent. Si tant est que l’on trouve les réponses, évidemment. Autant dire que le face-à-face avec ces chaussures rivées à des fils électriques situés à des milliers de kilomètres les uns des autres a alimenté des heures et des heures de conversation.

Mais à quoi servent-elles ? Conduisent-elles mieux le courant ? Hypothèse totalement farfelue. Une installation artistique en plein air ? Un jeu entre voisins ? Un marquage de territoire ? Un quartier de Madrid pour l’image de gauche ; un quartier de San Francisco pour celle de droite (où ce sont d’ailleurs de fausses chaussures, en bois peint visiblement). Rien de bien particulier a priori, le quartier san-franciscain en question étant par ailleurs connu pour les fresques politico-artistiques murales qui égayent ses rues et ruelles. A bien y repenser, ces dernières se trouvaient au cœur du quartier hispanique de la cité américaine, Mission District. Un indice culturel donc. Peut-être pas. Car j’en ai vu ailleurs, sans me souvenir exactement où. Comme souvent, de nombreuses hypothèses circulent sur la raison de cette tendance baptisée shoetossing ou shoefiti. D’après ces spécialistes, cela pourrait avoir un lien avec la drogue, ou être un symbole pour des quartiers défavorisés, ou simplement être un courant (ah ah) d’art (double ah ah), un peu comme les cadenas accrochés aux ponts, qui eux, avaient une raison que le cœur n’avait pas !

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Ocean Beach, San Francisco. Venant du cœur de la ville par Fulton Street, c’est déjà le bout du monde. La route se termine et de l’autre côté, on se retrouve seul face à l’infini de l’océan. Une langue de sable interminable désertée en semaine, probablement bondée le week-end, fait la transition. Ocean Beach… Avant même d’y poser le pied, je suis renvoyée vers la fiction. Un film. Dark City. Et cette plage dont tout le monde est capable de dire où elle se trouve, mais qu’il est impossible d’atteindre – le train ne s’arrêtant pas à la station. Un mirage, résidu de la mémoire de l’humanité en cours de manipulation. Shell Beach. C’est son nom. Ocean Beach a cet air de Shell Beach quand on sort du bus 38. A la différence près qu’on y arrive…

Et finalement, une fois les pieds bien ancrés dans les grains de silice, l’illusion s’efface, aussitôt remplacée par une autre impression à la vue de ce couple contemplatif. Celle d’être au Japon. Voyage tout aussi fictionnel que le premier, qui l’était par nature, puisque pays demeurant pour l’heure inconnu. Cela ne tient pas à grand chose. L’origine hypothétique du duo et puis, surtout, l’ombrelle. Cette ombrelle me rappelle quelque chose. Je creuse. En direct. Une image me revient. Une vieille femme, japonaise, s’accrochant à son parapluie, que la force du vent et de la pluie a pourtant retourné. C’est une affiche de film. J’en ai conservé une reproduction pendant des années, fascinée par ce face à face entre l’homme (la femme en l’occurrence) et la nature… Rhapsodie en août d’Akira Kurosawa. Même pas vu. C’est bien cette image que réveille la vision de cette ombrelle, même si les conditions climatiques sont ici plus clémentes. Et finalement, après Dark City, la fiction aura conditionné ma découverte du lieu du début à la fin… Etrange comme toutes ces images, réelles ou imaginées, se mêlent pour ne former plus qu’un magma sans cesse alimenté de représentations du monde.

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Notre mémoire est-elle faite d’images partielles comme celle-ci, de foules de souvenirs s’effaçant avec le temps et remplacés progressivement par du vide, par du blanc ? Et que reste-t-il, finalement, de ce blackout inéluctable mais salutaire ?

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Je ressens toujours une petite gêne lorsque je suis prise en flagrant délit de photographier un ou une inconnue, comme si j’avais été saisie la main dans le pot de confiture, de fraises. Deux stratégies s’imposent alors rapidement : soit baisser maladroitement l’appareil et tourner le dos à mon forfait (pas la plus courageuse), soit rester cachée derrière l’objectif et changer de cadre en attendant que l’observé se lasse (pas très courageux non plus). Le face-à-face involontaire m’indispose, alors, j’essaye d’être rapide lorsque d’aventure, j’humanise mes images.

Personnellement, je n’aime pas me retrouver dans le champ d’un objectif, d’appareil photo ou de caméscope. Je tourne machinalement la tête, remonte mon journal au niveau du visage, fais un détour, voire une grimace… bref, j’esquive. Je respecte donc tout à fait l’agacement potentiel des photographiés d’où mon exigence de discrétion, d’autant plus nécessaire que je ne suis pas équipée d’un téléobjectif d’invisibilité. Reste que lorsque, à mes yeux, le personnage prend le dessus sur la personne, j’ai du mal à ne pas déclencher.

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Les larves inertes et suantes que nous sommes en ces jours de fortes chaleurs nous feraient presque regretter l’évolution. Si seulement nous étions encore des poissons ! Mais c’est fini depuis belle lurette, ce temps-là. Alors, à défaut, on se prend à rêver d’avoir une douche froide qui nous suit en permanence. Certes, difficilement réalisable et pas du tout développement durable. Plus simplement alors, avoir les pieds dans l’eau ? Un pédiluve privé sous le bureau ? Mieux, c’est la maison qui doit avoir les pieds humides. Une petite chaleur ? Et hop, en nage, on se jette par la fenêtre sans craindre de s’échouer sur un sol bétonné se délitant sous l’effet des rais ardents de l’astre brillant sans pitié. On se fond dans l’eau, on batifole, on s’éclabousse, on se régule, puis on se réveille, car ceci n’est pas une maison. Ceci est un ponton désaffecté déguisé en maison avec fenêtres, toit pointu et cheminée. Désillusion optique. Bon, revenons aux fondamentaux : qui a pris la bassine ?

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Il arrive parfois que l’on vive des instants inédits sans s’en rendre compte… J’ai ainsi mis un étage et demi à réaliser que cet escalator, ensemble de métal et de verre banal en apparence, épousait la forme de la lumineuse rotonde qui l’accueillait et était donc circulaire ! C’est peut-être un détail pour vous, mais pour moi, ça veut dire beaucoup. Une grande première est toujours un événement dans une petite vie ! Certains font des vœux, comme au premier abricot de l’année…

Passé l’étonnement mêlé de joie, l’escalator circulaire a surtout fait émerger un flot d’interrogations, essentiellement techniques je dois l’avouer. La marche, quand elle entame sa descente comme le fait toute marche d’escalator rectiligne, n’a forcément pas la même forme que lorsqu’elle est à mi-parcours, au beau milieu de la courbe, où logiquement, son bord intérieur est plus petit que son bord extérieur au risque de casser. Bien conscient d’avoir les pieds sur quelque chose d’extra-ordinaire, on se met alors à scruter ces marches espérant assister à leur métamorphose en direct. Que nenni ! Elles restent impassibles. Ce qui est impossible ! Et comment se passe la remontée des marches ? Dans un escalator droit, c’est facile, elles se replient, comme des chaises de jardin, et font le chemin inverse par en dessous, avant de refaire un tour de manège. Mais là ? Il y a vraiment de quoi tourner en rond !

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Grande nouvelle : le premier cœur artificiel totalement implantable pourrait être disponible dès 2013, c’est-à-dire demain dans l’espace-temps de la médecine ! Un espoir, sûrement, pour les 17 millions de personnes qui meurent chaque année d’insuffisance cardiaque. Et l’aboutissement d’une carrière dédiée à notre pompe interne pour Alain Carpentier, qui, pour ce projet, s’est allié à l’avionneur EADS. Le cœur, moteur de la vie. Jusque là, tout est logique ! Cet artefact en matériaux bio-synthétiques a été conçu sur le modèle de l’original de chair et de sang. Pour fonctionner, et donc pour que son porteur vive, il doit être connecté à un système de raccordement électrique par batterie externe… Cette dernière a une autonomie de 4 à 5 heures ! Comme si on vivait par tranches de 4 à 5 heures, sans pouvoir faire de pause pour autant… D’ici 2 ans donc, l’expression « recharger ses batteries » prendra un tout autre sens !

C’est là que l’exploit – réel – se meut légèrement en ironie… Cette batterie est rechargeable sur le réseau électrique, mais aussi sur l’allume-cigare de la voiture… Or, le tabagisme est un facteur de risque important d’infarctus, d’accident vasculaire cérébral et d’athérosclérose, autrement dit, de maladies cardiovasculaires… celles-là même qui justifient en partie la nécessité de développer cette alternative cardiaque ! Autant dire que le cœur n’est pas rancunier ! Mais ce n’est que passager… A terme, le cœur artificiel fonctionnera grâce à une pile à combustible, multipliant par 2, 3 l’autonomie. Les DVD d’Iron Man seront alors livrés avec le mode d’emploi… Trêve de plaisanterie : il ne reste plus que 2 ans pour faire comprendre que le cœur n’est pas le siège des sentiments, comme c’est communément admis en occident ! Ensuite, nous pourrons réfléchir à une nouvelle définition de l’humanité : un être humain devant sa survie seconde après seconde à une machine est-il toujours un être humain comme nous l’entendons aujourd’hui ?

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… au rayon chaussures, décidément très à l’honneur cette semaine ! Le chaos d’une banale fin de journée dans un grand magasin ! Spectacle désolant de paires démembrées, hécatombe de sandales, de mules, de ballerines et autres escarpins à talon abandonnés à même le sol faussement duveteux et réconfortant… Le matin même, tout le monde était parfaitement aligné, en rang deux par deux, bien au garde à vous, prêt à être happé par des mains théoriquement douces mais en réalité malmené pendant de nombreuses heures au cours desquelles le répit ne sera, pour certaines, que de courte durée.

Chaque samedi, chaque jour de solde, en particulier le premier, je me pose la même question : pourquoi certaines femmes et/ou filles, très respectables au demeurant j’en suis certaine, se transforment-elles en véritable tempête lorsqu’elles s’introduisent dans une boutique de vêtements, de chaussures, de sacs… à en oublier le b-a-ba de la vie en société, le respect des uns pour les autres, en particulier pour les jeunes vendeuses qui, après leur passage halluciné dans un état second, devront retrouver les duos éparpillés, reboutonner mardi avec mardi, remettre les chemisiers oubliés au rayon lingerie à leur place, replier les gilets amoncelés à un bout du présentoir, ramasser tout ce qui a été donné en pâture aux moutons qui se sont constitués dans la journée du fait des allées et venues charriant leur lot de poussière ?

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Les étages élevés amènent parfois les observateurs à plier leur dos en deux, afin de voir ce qui se trame là où le verre tutoie les nuages. Les étages élevés amènent les preneurs de photos à faire de même. Avec une légère angoisse en prime, totalement imperceptible par tout élément extérieur : comment faire entrer tout cela dans ce petit rectangle qui sert de cadre ? Cela se corse lorsque ce même preneur d’images souhaite emporter avec lui un peu de ce sol sur lequel il se meut. La contorsion se fait douleur. Mais elle fait aussi apparaître d’étranges signes. Triple zéro. 000. Une  flèche vers la droite. Le début d’une rue. Pine Street même. N’est-ce pas étonnant de commencer quelque chose par du rien ?

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Il aurait en effet été dommage de risquer de prendre un coup de soleil

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