Photo-graphies et un peu plus…

Pas la chanson mémorable de Babs, le jeu, le Memory, celui qui a inévitablement bercé l’enfance de toute personne née après 1959 ! Un double jeu de cartes aux images identiques, carrées, que l’on mélange et puis étale religieusement sur une table bien plane (pour ne pas voir ce qu’il y a de l’autre côté). A chaque tour, un joueur retourne deux cartes, d’abord au hasard. Si, par chance, ce sont les mêmes, il les emporte avec lui. Si, au contraire, elles sont différentes, il les repose tout en mémorisant bien leur position… Et cela passe à quelqu’un d’autre. L’objectif étant de retrouver les paires au fur et à mesure que les cartes sont soulevées et dévoilées par les uns et les autres. D’où l’importance d’être extrêmement concentré à tout moment. Un véritable exercice de mémoire dont j’ai abusé et qui, j’en suis fondamentalement sûre, a contribué  au développement d’une certaine mémoire… photographique. Celle-là même qui, notamment, me permet de me repérer facilement dans n’importe quelle ville inconnue, mais, étrangement, de me perdre allègrement dans un parc, comme Central Park. Tous ces arbres…

Bien. Extraire une photo d’une base de données en comptant plusieurs milliers pour la mettre sous le feu des projecteurs et lui donner vie aux yeux des regards étrangers, relève du même exercice ou jeu de mémoire. Celui de savoir, toujours un peu plus à chaque fois qu’elle est parcourue, ce qu’il y a dans cette base. On finit par se balader mentalement entre les images et les dossiers comme dans les rues d’une ville imaginaire qui s’étendrait au fur et à mesure que le stock de photos s’agrandit. « A droite, tu trouves les photos de Malte ; là, si tu continues tout droit jusqu’au troisième dossier à gauche, il y a quelques essais d’ombres à la galerie du Jeu de Paume. Juste derrière, on s’envole vers l’Italie. Et là-bas, tout au fond, il y a les photos d’enfance… » Cela ferait une belle installation ! Mais j’en perds le fil… Fichue mémoire. Avoir toutes ces images à l’esprit amène forcément à faire quelques connexions en temps réel. « Cela me fait penser à … ou à … » Un jeu de Memory, légèrement plus élaboré, se crée inconsciemment sous nos yeux. Le but n’est alors pas de retrouver deux images identiques (encore que cela pourrait être instructif) mais plutôt similaires. Ainsi en est-il de ces deux-là que tout oppose mais dont la filiation saute aux yeux. Par cette verticalité symbolique, par ce trio de lignes coupant l’espace en trois, trois chemins de terre bien découpés dans un parc royal suédois ; trois tours identiques se découpant dans un ciel bleu new-yorkais. J’avais, pendant quelques jours, retourné la photo du bas. Comme si les buildings n’étaient autres que les racines des arbres… Mais alors, ce qui précède, pensé en léger différé, ne fonctionnait plus. Or, une question se pose chaque jour : qui, du texte ou de l’image, l’emporte sur l’autre ? Suivie d’une autre : faut-il que cette question ait une réponse ?

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