Photo-graphies et un peu plus…

Qui eût cru qu’un cerveau en deux dimensions allaient devenir le terrain de jeu d’une horde de skaters tous coiffés d’un bonnet ou d’une casquette ? Flashback. Prenez un pot de peinture noire et un autre, orange. Dessinez quelques circonvolutions symétriques au sol selon une route faussement labyrinthique. Puis éloignez-vous. C’est tout. Pas de panneau, pas d’affiche, pas de règles. Rien. Après quelques minutes – ces nouvelles peintures sèchent vraiment très vite -, une personne s’arrête, balayant intensément du regard la zone bigarrée. Se gratte la tête – preuve qu’elle réfléchit – avant de lancer un regard désespéré à un congénère arrivant dans sa direction. Intrigué, l’autre marque le pas à son tour. Tous les deux, côte à côte, scrutent et se grattent la tignasse… pour en conclure que « l’art aujourd’hui, c’est à rien y comprendre », voire « c’est n’importe quoi ! » ou pire « à quoi ça sert ? ».

C’est alors que des jumeaux arrivent dans leur champ visuel accompagnés de leur grand-père et se placent au bord du précipice orange. Sans concertation télépathique, chacun pose alors les pieds dans la masse et se met à courir en suivant les courbes définies par l’artiste en veillant scrupuleusement à ne pas dépasser les limites, comme s’ils faisaient du coloriage. Leur ascendant, appelé sur la table d’opération, leur emboite rapidement, mais un peu maladroitement, le pas, à cause de cette fichue hanche qui lui joue des tours au crépuscule de sa vie… Les voilà tous les trois à faire des allers-retours sur une simple surface peinturlurée prenant autant de plaisir que s’ils faisaient des montagnes russes (une alternative pour les personnes sujettes au vertige peut-être ?). L’artiste a créé un mystère, les enfants lui ont donné un sens…

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Cette échelle, à un autre moment si engageante, passera l’hiver en solitaire. Deux pieds scellés dans la glace bleu iceberg, deux bras plantés dans le macadam torturé. C’est toujours pour mieux s’en éloigner que les plus curieux s’en approchent. En attendant le redoux, l’explosion des bourgeons et le retour des promeneurs, quand elle est fatiguée de tant de beauté et de silence, elle se repasse les cris de joie des enfants qu’elle a enregistrés, l’été dernier, en prévision de ces moments-là, et qui rebondissent, comme des boules de billard, dans les entrailles creuses de ses membres qui se font cathédrale

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J’ai longtemps cru qu’il s’agissait d’une légende, d’un conte que l’on racontait aux enfants agités pour avoir enfin la paix, tétanisés par cette peur qu’ils recherchent parfois. J’avais d’ailleurs fini par totalement oublier cette histoire ridicule jusqu’à ce que je ne tombe sur cette double empreinte ensablée, lors d’une errance banale sur un bord de lac suisse, un jour comme un autre, avec un « di » dans son nom. L’homme à la patte de chien… Je suis restée en arrêt devant pendant cinq bonnes minutes tout en cherchant, en vain, le mythe du regard.

Voilà ce dont je me souviens. Un jour d’hiver particulièrement rigoureux dans un village de montagne très isolé, un petit garçon, voulant rattraper le chiot que lui avait offert son père quelques mois plus tôt pour son anniversaire de 8 ans, avait glissé sur une plaque de verglas et dévalé un ravin rocailleux. Le choc avait été si violent qu’il en avait perdu connaissance. En se réveillant quelques heures plus tard, il était fiévreux et une affreuse douleur le lançait à sa jambe droite. Cassée en mille morceaux, plaies ouvertes… Un vrai carnage. Tandis que son père était parti chercher le médecin du village d’à côté (deux jours de marche dans la neige…), sa mère tentait de lui rendre l’attente supportable. Malheureusement, sa jambe s’était infectée de façon fulgurante et à l’arrivée du médecin, la seule option envisageable était l’amputation. Le père ne pouvant imaginer son fils unijambiste eut alors une idée un peu folle… Greffer une patte du chiot à son fils. Le médecin n’était-il pas aussi vétérinaire ? Et après tout, il lui en resterait trois, au chiot ! Passée la stupeur et n’ayant pas vraiment le choix – le père tenait une hache au-dessus de sa tête pendant toute l’opération -, le médecin s’était exécuté. Il avait greffé la patte avant droite du chien au petit. Et contre toute attente, la greffe avait pris. Tellement bien que la patte de chien, certes plus poilue, avait grandi au même rythme que la jambe gauche, humaine. Le garçon devenu homme s’était très bien accommodé de ce membre un peu particulier malgré une claudication on ne peut plus logique et son chien avait sautillé à ses côtés, avec ses trois pattes, pendant des années… Ils étaient restés dans la région, inséparables, un peu comme les deux doigts de la main, quand leur histoire l’avait quittée pour parvenir aux oreilles des parents parfois exaspérés… A vrai dire, ils n’y croyaient pas vraiment mais ils racontaient cette mésaventure avec tant de ferveur que les enfants ne bronchaient pas… Moralité : ne pas aller voir une rétrospective d’Otto Dix avant de se pencher sur le duo du jour !

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La lecture des magazines distribués dans les cinémas, pourtant très consensuels, fait parfois faire des bonds. Le dernier en date est provoqué par une banale brève sur une colonne de droite. On y comprend, à la deuxième lecture car ce n’est pas très clair, ou plutôt, on a du mal à y croire, qu’une banque de sperme américain(e) propose à ses clients (femmes célibataires et couples stériles) de la matière première issue de sosie de stars… Garantie sans trucage. Et que, dans le casting de sosie de sperme proposé, c’est celui de Ben Affleck qui est le plus demandé. Lui ou un autre, en réalité, peu importe. C’est l’absence de maturité des futurs parents qui me fait d’abord sursauter. Jusqu’où peut aller la bêtise humaine ?

Car, en regardant leur enfant grandir, ce n’est pas vraiment lui qu’ils regardent. Mais le petit, qui n’a rien demandé évidemment, sensé de plus en plus ressembler à Ben Affleck, ou n’importe quel autre acteur. C’est cela qu’ils vont scruter chaque jour. Et si jamais le petit ne ressemble pas à Ben Affleck, ou n’importe quel autre acteur, qu’adviendra-t-il ? Les parents auront-ils l’impression d’avoir été trompés ? Seront-ils déçus ? Iront-ils rendre leur fils à la banque de sperme ? Et lui, comment vivra-t-il le fait d’être aimé pour ce à quoi il ressemble et pas pour ce qu’il est. Evidemment, l’un n’empêche pas l’autre. Mais lorsque l’on fait ce choix de sperme, il faut s’attendre à tout… Les relations parents-enfants ne sont sûrement pas suffisamment complexes. Un coup marketing qui en dit surtout long sur l’aura de ces étoiles filantes.

Il y a quelques années, ce n’est pas une belle gueule que les parents ne pouvant avoir d’enfants naturellement cherchaient, c’était une tête bien pleine. L’exemple le plus significatif étant la banque de sperme de prix Nobel, d’artistes et d’hommes d’affaires créée par Robert Graham dans les années 1980 (et qui a inspiré le film Jumeaux d’Ivan Reitman, posant d’intéressantes questions sur l’eugénisme. Si, si…). Dans les faits, seuls trois (vieux) prix Nobel y ont participé, mais leur semence n’était pas suffisamment alerte pour aller plus loin que l’éprouvette. Intelligence versus beauté… L’éternel (et stupide) dilemme. Sinon, la société californienne rechercherait le sosie de George Clooney. Donc, si vous aimez  le café, n’hésitez pas à les contacter ! What else ?

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Vision totalement surréaliste pour la parisienne que je suis ! Des étals entiers de citrouilles de tailles variables – les plus grosses font 100 kilos ! -, aux couleurs multiples – orange, jaune, blanche, grise – ; de cucurbitacées en tous genres – potiron, courge musquée, courge patidou, courge galeuse d’Eysine, allongées, biscornues, boutonneuses… Les Montréalais ne sont pas tant amateur de soupe à la citrouille que ça ! Non, d’autant que toutes ne sont pas comestibles ! En revanche, ce qu’ils prennent très au sérieux, et particulièrement les enfants pour qui c’est LA fête de l’année devant Noël, c’est Halloween !

Dans un mois, lanceront les plus avertis. Certes. Mais le 31 octobre, c’est déjà demain. Donc, les citrouilles commencent à envahir la ville en des lieux stratégiques comme les marchés ; les premières décorations sont accrochées dans les rues, comme ce sera bientôt le cas pour celles de Noël à Paris ; les boutiques de costumes ont lancé leurs promos sur les derniers modèles de squelette phosphorescent ; les places dans les soirées déguisées les plus farfelues se réservent dès aujourd’hui ; les sacs de bonbons acidulés en forme d’araignées, de fantômes et de sorcières se remplissent en prévision du « Trick or treat » à venir…

La tradition a atteint les côtes françaises il y a quelques années (grâce, notamment, au téléphone orange Olaween d’Orange il semblerait (gros, gros esprit créatif sur le nom…). Fin octobre, toute la ville se transformait en orange et noir. Même débauche dans les vitrines. Même frénésie dans les cours d’école. Même folie dans les partys. Mais, la supercherie commerciale ayant retiré son masque – nouvel exemple de la globaméricanisation des cultures -, elle est tombée en désuétude aussi vite qu’elle avait été propulsée au 3e rang des fêtes commerciales à succès dans l’hexagone. Autre raison moins connue, le 31 octobre est la veille du 1er novembre. Toussaint, puis Fête des morts. Une juxtaposition jugée peu heureuse pour certains esprits pieux. Que ces considérations semblent lointaines de ce côté de l’atlantique. Rendez-vous donc dans quelques semaines pour la suite de l’événement !

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Cerf-volant, drôle de juxtaposition pour ce petit bout de tissu fan de haute voltige capable de virevolter magnifiquement selon la dextérité de celui qui tient les rênes. Ah, rêne, cerf… peut-être y a-t-il malgré tout un lien ? Ce serait évidemment mieux avec « renne » mais… En fait, l’origine du mot se trouverait plutôt du côté du serpent, serp… Le serp s’étant, au gré de l’évolution du français, transformé en cerf, pour leur homonymie. Dans la foulée, soucieux de conserver le son, les faiseurs de mots de l’époque en ont sacrifié le sens, même si l’objet reste fondamentalement animal.

Ceci dit, il est effectivement plus facile d’imaginer un serpent faire ce genre d’acrobaties aériennes qu’un cerf… Question de poids probablement. Et puis, les rennes, avec leurs bois, ce n’est pas très pratique. Rien de tel pour s’emmêler les fils… Et les fils, pour un cerf-volant, c’est fondamental : ils assurent la connexion entre la terre et l’air ! Pour ce classique spécimen losangique, deux suffisent. Gauche, droite. On tire, on lâche, on enroule, on recule, on avance, on écarte les bras… Mais si simples soient-ils, ils font rêver les plus petits pour lesquels l’envolée demeure magique ! Comment en effet interpréter autrement leur désarroi lorsque, faute de vent, le cerf-volant s’échoue tragiquement sur le sable, incapable de flirter à nouveau avec les nuages ?

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… ou l’installation d’une éducation à au moins deux vitesses. Papa et fiston en culottes courtes sur de petites voitures en pleine rue, à pédaler comme deux copains venant de fuguer pour mieux profiter du présent. Maman et fillette – et encore, c’est un grand mot vu son petit âge – en tenue de ville bien concentrées devant un ordinateur à préparer l’avenir !

Deux images de la parentalité diamétralement opposées, capturées dans la même journée. Deux images stéréotypées bien sûr, caractéristiques des rôles inconsciemment (ou naturellement) dévolus aux hommes et aux femmes mais aussi symptomatiques d’une société qui évolue. Une société dans laquelle les hommes se reposent sur leurs acquis compulsés des siècles durant, tandis que les femmes vont de l’avant pour se démarquer et réussir à s’imposer, par l’esprit, dans un monde massivement régenté par la testostérone… Oui, oui, c’est de la provocation ! On est d’accord, mais ce sont les images qui la font alors !

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L’écoute matinale de la radio conduit, de temps en temps, à se poser un certain nombre de questions, triviales parfois, ou à lancer quelques commentaires à la volée, désobligeants parfois… Quand, par exemple, un philosophe est convoqué pour ergoter très sérieusement sur le ballon rond et la catastrophe nationale qui se joue à l’autre bout de la planète, on se dit que, quelque part, le monde ne tourne pas rond, qu’on a manqué un épisode…

Evidemment, si ces philosophes engageaient autant leur pensée sur des choses plus sérieuses, l’équilibre serait respecté. Malheureusement, ce n’est pas toujours le cas… On en oublie qu’aujourd’hui, c’est le 1er jour de l’été, même si la météo nous y aide un peu ! Et que, comme chaque année en ce même jour depuis 28 ans, c’est aussi la Fête de la Musique ! C’est donc le bon jour pour se souvenir que la musique adoucit les mœurs même si l’envie serait plutôt de tout envoyer en l’air, comme le font ces enfants bien accrochés à cette balancelle défiant la pesanteur !

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Euro Disney, le Parc Astérix et la Foire du Trône n’ont plus qu’à mettre la clé sous la grille… Leurs montagnes russes hissant les inconscients à 50 mètres d’altitude tout en leur retournant l’estomac ne font plus le poids face à un simple amas de sable, seul relief d’une plage aux grains de silice éternellement damés par la marée ! Sur les planches, les familles se dispersent. « Je vais jouer » lance le petit dernier. « Où ? » lui répond sa mère. « Là-bas » lâche-t-il en lui montrant du doigt la masse qui dépasse. « Mais c’est juste un tas de sable ! » lui rétorque-t-elle.  A l’évidence, ce n’est pas « qu’un tas de sable », mais une véritable aire de jeux pour les enfants où ils courent, se pourchassent, se jettent sur sa surface meuble qu’ils dévalent sur le dos, s’envoient quand même quelques poignées de sable dans les cheveux, car sinon, ce ne serait pas des enfants, voire jouent à cache cache (jeu assez limité dans ce cas, je vous l’accorde) ! Indépendamment du fait qu’il faut des milliers d’années au granite pour se transformer en sable, et donc, infiniment plus de temps que pour concevoir des montagnes russes, ce n’est pas grand chose pourtant, un tas de sable. C’est plutôt rassurant à l’heure où les grands ne cessent de répéter que les enfants ne savent plus s’amuser simplement !

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