Photo-graphies et un peu plus…

Ce qui a d’emblée attrapé mon regard, en voyant grandir cette tour de La Défense dans mon champ de vision, ce sont ses formes, inversées, sa finesse. Et ses rondeurs si élégamment réparties et si inhabituelles dans ce quartier, où l’histoire a privilégié les angles droits et les courants d’air. Et surtout cet immense auvent circulaire aux pièces métalliques détachées, venant protéger ceux – et ils doivent être nombreux – qui s’apprêtent à s’y introduire.

A dire vrai, cette extension légèrement inclinée vers le ciel me fait penser à une combinaison entre une soucoupe volante que les propriétaires chercheraient à dissimuler dans de l’architecture moderne (le plus approchant par rapport à leur technologie avancée) et le labret d’un membre de la tribu Kayapos (ce disque de bois ou d’argile que ces indiens d’Amazonie se glissent dans la lèvre inférieure). Ce plateau labial peut mesurer jusqu’à 24-25 cm, ce qui est en fait assez disproportionné par rapport à la taille d’un visage standard. Pour information, nos deux oreilles sont, en moyenne, distantes d’environ 13 à 16 cm. C’est presque une constante comme celle de Planck. En tout cas, la valeur utilisée pour la modélisation informatique des visages. D’ailleurs, le labret peut aussi s’installer au niveau du lobe de l’oreille. Fin de la digression.

Si le rôle du labret des Kayapos était d’effrayer les ennemis, je doute que celui-ci, tout aussi disproportionné par rapport à ce building, ait la même fonction. J’écris « était » car visiblement, cette tradition est progressivement abandonnée par les jeunes générations que les tentacules du monde moderne n’ont pas épargnées. Et étrangement, c’est sous la forme de piercings qu’ils renaissent aux oreilles des jeunes occidentaux en quête de tribu… Ce qui nous éloigne définitivement de la tour de la fée électricité. A moins que cet auvent de 24 mètres de diamètre ne fasse office de paratonnerre !

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… ou l’installation d’une éducation à au moins deux vitesses. Papa et fiston en culottes courtes sur de petites voitures en pleine rue, à pédaler comme deux copains venant de fuguer pour mieux profiter du présent. Maman et fillette – et encore, c’est un grand mot vu son petit âge – en tenue de ville bien concentrées devant un ordinateur à préparer l’avenir !

Deux images de la parentalité diamétralement opposées, capturées dans la même journée. Deux images stéréotypées bien sûr, caractéristiques des rôles inconsciemment (ou naturellement) dévolus aux hommes et aux femmes mais aussi symptomatiques d’une société qui évolue. Une société dans laquelle les hommes se reposent sur leurs acquis compulsés des siècles durant, tandis que les femmes vont de l’avant pour se démarquer et réussir à s’imposer, par l’esprit, dans un monde massivement régenté par la testostérone… Oui, oui, c’est de la provocation ! On est d’accord, mais ce sont les images qui la font alors !

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Ballet de feux croisés devant une assemblée conquise d’avance. Les dompteurs de feu ont le don d’envoûter à tout âge. On nous a en effet appris, tout petit, que s’en approcher était dangereux.  Obéissante, la majorité d’entre nous a donc gardé ses distances avec les flammes. Ce qui ne peut qu’accroître notre fascination envers ceux qui ont choisi de faire fi du risque, ou plutôt, qui ont appris à le maîtriser. Ainsi en est-il face à ces troubadours des temps modernes qui, pendant quelques minutes, sont hissés au rang de héros incontestés et incontestables.

Je pourrais m’arrêter là. Mais bon. Une autre chose se dit en effet sur cet élément à l’origine de toute matière et donc de notre existence. A trop jouer avec le feu, on finit par se brûler… Certains en ont même perdu leurs ailes, nous a-t-on dit. C’est ce qui vient à l’esprit quand on écoute tranquillement – quelle utopie ? – les informations matinales. Et bang, retour à la réalité ! Et que l’on sent, commentaire après commentaire, notre sang s’échauffer face à tant d’inepties. Politiques, pouvoir, argent, complaisance, obscurantisme. Un grand classique qui fait toujours son effet, particulièrement brûlant en ces temps de cohabitation cosméto-photogra-fiscale sur fonds d’espionnage de majordome. Et puis il y a aussi cette tragique affaire que l’on se passe de bouche en bouche, d’onde en onde, de cet homme tué de sang froid le jour de son départ en vacances suite à un léger accrochage sur l’autoroute avec une jeune femme ne voulant pas établir de constat et appelant, pour toute réponse, ses potes du coin pour qu’ils lui montrent de quel bois ils se chauffent. Et là, on se dit que c’est la société elle-même qui joue trop avec le feu, on se dit que l’on assiste à son auto-combustion. Et ça fait froid dans le dos…

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Dieu a dit : sape toi bien ! « Dieu a dit : sape toi bien » dit l’affiche ! C’est ce qui saute aux yeux quand on s’approche de ce mur situé à proximité du très parisien Canal Saint-Martin. Un large et haut mur qui invite à l’expression, à l’art éphémère. Ou au street art comme on dit maintenant. Et il en a véhiculé, ce mur, des images, des messages, des dessins, des graff… En attestent ces coups maladroits de peinture jetés à la va-vite par les services de la ville pour en faire disparaître la trace ; en attestent ces points blancs, autant de résidus d’affiches collées puis décollées par ces mêmes représentants de l’intégrité murale… Des expositions temporaires en permanence avec une équipe de décrochage gratuite ! La seule inconnue, c’est la durée de l’exposition…

Mais revenons à cet étrange message – Dieu a dit : sape toi bien ! – et à cette étonnante mise en scène – trois crucifix parallèles… Humour ? Je ne parle pas du monsieur qui passait par là au moment crucial… Non, de la publicité ! Pour une boutique de vêtements ne s’adressant qu’aux croyants vraisemblablement. Ce qui ne fait pas beaucoup finalement, un français sur 4 seulement déclarant que la religion occupe une place importante dans son quotidien. Une information supplémentaire que l’on ne voit pas ici : juste à côté de ce mur, à gauche, se trouve une école. Si elle avait été privée, cela aurait eu une autre portée ! Elle est laïque, dans la limite de l’exercice… L’injonction n’en a pas moins de sens. Car la tyrannie des belles fringues ou de marque a remonté le temps et s’exprime malheureusement dès le plus jeune âge, à en faire regretter la disparition de l’uniforme par les parents… Mais subitement, un doute m’occupe… De quel Dieu s’agit-il en réalité ? Naïveté avouée. Le Dieu d’aujourd’hui n’est-il pas cette sacrée société de consommation ? Et là, nous sommes tous croyants !

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Les plus observateurs auront peut-être remarqué l’apparition discrète d’une nouvelle et petite icône bleue sous chaque article… Un « f » minuscule suivi d’un laconique « Partager sur Facebook ». Et oui, Lou Camino est désormais sur Facebook… Des jours, des semaines, des mois que j’en entends parler : « Tu devrais te créer un compte Facebook et faire un lien vers ton site ! » Sous-entendus : il y aurait potentiellement beaucoup plus de monde qui s’y rendrait, et, puis, ceux qui connaissent s’y rendraient peut-être plus régulièrement…

Bref, après avoir résisté des mois, des semaines, des jours, j’ai cédé et ai pris le taureau par les cornes (voici le lien avec la photo pour ceux qui s’interrogeaient et attendaient l’arrivée de la connexion). D’abord, la résistance : c’est un peu comme les téléphones portables au début. J’étais persuadée de ne pas en avoir besoin et freinais des deux fers. Au bout du 24ème « Quoi, t’as pas de téléphone portable ?! » et de la prise de conscience que, compte tenu de mon activité, un tel outil serait malgré tout pratique, j’ai mis mes a priori au placard et me suis équipée d’un appareil binaire. En 10 ans, j’en suis à mon 3ème. Autant dire que ce n’est pas avec moi que les opérateurs de téléphonie mobile font leurs bénéfices !

Année après année, le téléphone portable – désormais accroché comme une moule à un rocher aux mœurs françaises : au 31 mars 2009, près de 52 millions de lignes de portable étaient ouvertes en France -, a été remplacé par d’autres outils et gadgets hi-tech, rendus tous plus indispensables les uns que les autres par nos sociétés hyper-technologiques. Les réseaux sociaux sont arrivés : tout le monde devait avoir un MySpace, même ceux qui n’avaient rien à dire. Ce qui amène une autre question : à partir de quand et de quoi décrète-t-on que l’on a quelque chose à dire ? Bref… Ne refaisons pas l’histoire… Venons-en à Facebook. Même réserve liminaire qu’avec le téléphone portable. Des questions classiques : “c’est quoi cette histoire d’amis et ce truc selon lequel les amis de mes amis sont forcément mes amis ?”, “à quoi ça sert réellement de savoir ce que font tes “amis” au mieux, des inconnus (pas au pire) s’ils ne te le disent pas eux-mêmes directement (ce qui est plus difficile pour les inconnus, je vous l’accorde) ?”, “je préfère les contacts directs aux échanges virtuels même s’ils sont moins fréquents”, “je n’ai pas le temps de faire tout ce que je veux faire alors pourquoi prendrais-je du temps à écrire ce que je fais ?”… Il est toujours plus facile de juger quand on ne connaît pas et il faut vivre avec son temps ! Donc, allons-y et laissons Lou Camino entrer dans la dimension Facebook !

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