« De la photo de parkinsonien ! » C’est un commentaire qui m’a été fait indirectement, un jour, suite à la présentation, par une tierce personne, d’une sélection de photos « légèrement » mouvementées sur Paris. Certaines ont pris ici dans Des fils de lumière… L’image ci-dessus n’en faisait pas partie. Je l’ai captée après. Un soir de pluie. Comme quoi, certains commentaires glissent sur nous comme une goutte d’eau sur une peau bien lisse… Et puis, je ne sais pas pour qui il était le plus désobligeant. Les parkinsoniens ou moi ? Montrer ce que l’on fait expose évidemment à toutes sortes d’avis. C’est la règle du jeu. Et faire la part des choses s’apprend… Mais où ?
Quoi qu’il en soit, j’aime la photo bougée. J’aime – même si, du fait du principe même de l’image fixe, cela peut sembler être une aberration – prendre des photos en marchant, tout en portant malgré tout une réelle attention à ce que je mets dans le cadre. J’aime la danse des lumières sur le macadam luisant, la convergence des courbes colorées ou au contraire, leur fuite organisée, les métamorphoses des éléments capturés. Au final, le nouveau monde qui se crée en secret dans la petite boîte noire, irréel, et que l’on découvre, a posteriori, au sec, avec empressement, telles des friandises dans une pochette surprise. J’aime le côté indéfini de ces images, prises dans la précipitation (c’est de circonstance…) ou pas (certains bougés sont très réfléchis…), comme s’il s’agissait de photos volées. Volées à qui ? A quoi ? A l’instant, je crois.
Assurément, cet ouvrier perché au sommet de son échafaudage particulièrement esthétique (des tiges donc, et un voilage blanc rayé de vert…), assis sur une poutre à contempler le vide, ne l’a pas. Le vertige. Il est étonnant de voir à quel point, d’un pays à l’autre, la facture de ces aides de construction diffère. Si certains, en métal, semblent inébranlables, d’autres, en bois, donnent évidemment l’impression inverse. C’est un abus de pensée bien sûr, directement imputable au confort et à la haute technicité auxquels nous habitue la vie occidentale… Si les uns, comme ici, semblent concourir pour le prix de l’échafaudage le plus original, les autres sont particulièrement laids… Ils sont si laids que de plus en plus, on voit de gigantesques bâches peinturlurées (de la pub en général) ou trompe-l’œil couvrir cette misère métallique accrochée aux bâtiments en rénovation.
Mais revenons à notre funambule… En le regardant, même si le point de vue est totalement différent, même si cette image est en couleur et l’autre est en noir et blanc, même s’il est seul alors qu’ils sont une brochette, je ne peux m’empêcher de penser à la photo de Charles Clyde Ebbets (Lunch atop a skyscraper) d’ouvriers assis sur une poutre, prenant leur pause déjeuner, les pieds dans le vide, au 69e étage de l’immeuble du Rockfeller Center alors en construction. C’était en 1932. 88 ans plus tard, les travers des ouvriers du ciel n’ont vraisemblablement pas beaucoup changé…
Il aura fallu moins d’un jour, contre les 4 prévus, pour que la 4e génération soit complète ! En attendant la nouvelle carte des trajets des échos, une petite annonce : le lancement de la génération 5, pour laquelle il faudra proposer 81 échos, est avancée à jeudi 9 décembre à 1 pm GMT (14h à Paris, 8h à Montréal…). De précieux jours récupérés depuis le début qui seront probablement utiles pour les dernières générations où il faudra collecter 729 (en 5 jours) et 2 187 photos (en 6 jours) !
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The 4th generation has been completed in less than one day, whereas 4 were planned. Before the map update, a short announcement: the launch of the 5th generation, with its 81 echos, is scheduled on Thursday, December 9 at 1pm GMT (14h in Paris, 8h in Montreal…). Additional days that will be probably usefull for the last generations when we need 729 pictures (in 5 days) and 2 187 pictures (in 6 days)!
C’est parti pour la 4e génération d’Objectif_3280 ! 27 photographies sont à proposer en écho aux 9 images de la génération 2, qui nous ont conduits, comme le montre l’une des cartes ci-dessus, et après le Japon, Malte et Zanzibar, au Canada, aux Etats-Unis, en France, en Espagne, au Maroc et en Angleterre ! Avec des associations d’idées par les formes, les couleurs, les thématiques, les ambiances ! Côté écho-munauté, on reste majoritairement en France. Dès demain, je lancerai la promotion d’Objectif_3280 sur des groupes et forums internationaux. Pour les prochaines générations, 81, 243, 789 puis enfin 2 187 échos seront attendus, en quatre jours à chaque fois ! Mais, pour l’heure, vous pouvez déjà choisir la photo à laquelle vous ferez écho en vous rendant sur l’arbre écho-photographique.
Merci pour votre participation à cette aventure écho-logique !
Objectif_3280 : une idée originale de Lou Camino développée par Coralie Vincent
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The fourth generation of Objectif_3280 is now open! 27 pictures have to be suggested to answer to the 9 echos of the second generation, who took us, as shown on the map above, after Japan, Zanzibar and Malta, to Canada, United States, France, Spain, Morocco and England. With associations of ideas guided by forms, colors, themes, atmosphere! As for the echo-munauty, it is predominantly in France. Tomorrow, I will mention Objectif_3280 on groups and discussion groups. For the next generations, 81, 243, 789 and finally 2 187 echos are expected, within 4 days each time! But, for the meantine, you can already choose the picture to wich you want to give an echo : visit the echo-photographic tree!
Thanks for your participation to this echo-logical adventure !
Objectif_3280, an original idea of Lou Camino, developed by Coralie Vincent.
Avez-vous déjà fait l’expérience d’écouter du brouhaha ? Il est vrai, que d’une manière générale, le brouhaha, on ne fait que l’entendre. On ne peut d’ailleurs faire que ça… Sans gêne, il s’incruste au restaurant, dans les salles de spectacle, les stades, les manifestations, les classes, les cours de récréation. Une sorte de rumeur à laquelle chacun participe inexorablement par le seul fait d’ouvrir la bouche et d’émettre un son. Ce qu’il y a de fascinant lorsque l’on écoute le brouhaha – et donc, que l’on se plonge soi-même dans un silence d’or -, c’est que, comme dans un épais brouillard, les phrases, les mots, les syllabes, les lettres perdent totalement leur identité, leur relief. Et dans la foulée, leur sens. Tout se fond en un magma indistinct de sons et de bruits, constituant, bizarrement, une ambiance sonore uniforme. Seul un éclat de rire, un tintement de couverts sur une assiette, deux verres qui s’entrechoquent, un larsen viennent rompre la monotonie bruyante de cette espèce de langage que personne ne serait en mesure de parler seul, bien que le maîtrisant parfaitement en groupe. Car, dans cette langue légèrement surréaliste, chaque phrase est le fruit de mots prononcés par plusieurs personnes et n’a de sens pour aucun d’entre eux.
Mais est-ce vraiment le plus étonnant ? Que vous soyez à Paris, à New York ou à Rome, cette langue semble résonner de la même manière. Quelle que soit la langue parlée, le brouhaha la dépouille de ses intonations, ses accents, sa musique qui en font son unicité. Quelles que soient les différences, celles-ci sont gommées par la superposition. Superposition, c’est ce mot qui m’est venu à l’esprit lorsque je me suis demandé comment transposer cette expérience sonore en photographie. Superposition d’images donc, n’ayant rien à voir les unes avec les autres, comme les conversations télescopées de différentes tables, donnant un ensemble indéterminé, indéfini, incohérent, improbable, irréel dont on peut, malgré tout, reconnaître certains éléments, des taureaux, des lumières, des arbres, des parasols, des lettres, du ciel, de la terre. Et si l’on continuait à multiplier les couches sur cette esquisse, si l’on réitérait l’expérience avec une autre série d’images, le résultat serait probablement tout aussi universel qu’avec les sons. Ces parties encore discernées s’effaceraient pour se transformer, petit à petit, en des traits puis, des points. Et, alors que les sons continueraient à s’imposer, oppressants, l’image, elle, décomposée, disparaîtrait.
« Ecrire, ce doit être une souffrance », m’avait-il dit. Sur le coup, cette petite phrase m’avait fait mal. Je ne comprenais, en effet, pas pourquoi faire ce que l’on aime devait être douloureux. D’une manière générale, pour tout être normalement constitué (mais, est-ce qu’il existe vraiment ?), lorsqu’une action nous fait souffrir, on évite d’avoir à la faire… On me rétorquera peut-être que l’on n’a pas toujours le choix. De quatre choses l’une, soit ce qui m’a été asséné comme une vérité irréfutable est faux et je suis soulagée, soit c’est vrai et c’est malheureux. Pourquoi l’écrivain, le peintre, le sculpteur, l’artiste en général, traîne-t-il cette maudite image de torturé ? Ne peut-on créer dans la joie, la paix et la bonne humeur ? Faut-il alors, lorsque l’on désire être l’un ou l’autre (là, encore, est-ce vraiment un désir, ou quelque chose qui s’impose à soi, et donc, qui n’est pas forcément de l’ordre du conscient… encore que le désir peut être inconscient…), s’autoflageller pour être certain de créer quelque chose de profond ? en tout cas, qui soit pris au sérieux ?
Ce qui me conduit à évoquer un questionnaire conçu par une unité de recherche en littérature de l’Université Sorbonne nouvelle pour préparer une table ronde sur notre rapport à la littérature. Il y a notamment une question liée aux raisons pour lesquelles un écrivain écrit et des réponses si diverses et variées de leur part, que l’on peut imaginer qu’elles sont franches. C’est vrai, on est sensé savoir pourquoi on fait ce que l’on fait ! Donc, en vrac, parce qu’on a à dire ce que personne n’a dit, parce que c’est comme une sorte de jeu pour adulte, par terreur vaniteuse de disparaître complètement, parce que je ne sais pas parler, parce que ça me donne plus d’argent et d’une façon gratifiante, pour devenir célèbre et être libre, parce que j’aime mentir, par amour des mots, pour ne pas devenir fou, pour mettre en accusation l’humanité, pour qu’on m’aime davantage, bon qu’à ça et enfin, pour créer de l’ordre, de la beauté, de la vie. J’aime bien cette dernière raison, même si, spontanément, je n’associe pas l’ordre à la beauté et à la vie. Pour créer de la beauté, de la vie, idéalement pour partager une vision, un univers, réel ou inventé. Pour voir le monde autrement et montrer ce que l’on ne voit pas toujours. Comme avec l’image. Pour le plaisir surtout. Le bonheur que cela procure de jouer avec les mots, les idées, les sons, les lignes, les couleurs, les formes… la vie. Voilà. Ceci était le 300e duo de ce site…
Après le succès fulgurant d’Objectif_3280 à son lancement – les trois échos à ma photo ont été postés en moins de 30 minutes ! -, l’aventure continue ! Dans moins de 12h maintenant, la troisième génération sera ouverte pour trois jours : 9 échos seront à proposer pour apporter une nouvelle suite au trio de la deuxième génération ! Vous pouvez d’ores et déjà réfléchir à l’écho que vous proposerez en jetant un œil à l’arbre écho-photographique. Par ailleurs, une petite carte nous permet de suivre la localisation de l’écho-munauté et bientôt, de celle des images envoyées ! Tout le monde, au sens propre, peut participer !
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After the lightning success of Objectif_3280 on its launching day – the three echoes have been posted within 30 minutes! -, the adventure goes on! In less than 12 hours now, the third generation is going to open and will stay so for 3 days: you will have to suggest 9 echoes to give a sequel to the second generation trio! You can already think about the echo you will upload by glancing at the echo-photographic tree. Moreover, a small map allows us to follow the echo-munity’s location and soon the sent pictures’ origin! Everyone, literally speaking, can participate!
Objectif_3280, qu’est-ce donc que cela ? Une nouvelle lubie ? Un peu oui ! En fait, une expérience artistique collaborative inédite et utopique à laquelle je vous invite à participer !
Un peu à la manière d’un cadavre exquis, il s’agit d’ériger, sur 8 générations et en 26 jours, un arbre écho-photographique à 3 280 feuilles. Les plus concentrés d’entre vous se demanderont comment on passe de 8 à 3 280 en 26 jours, quand les plus matheux répondront : « C’est facile : pour chaque photo, il y a 3 échos possibles ! ».
Donc, je poste la première photo (celle ci-dessus), vous inventez la suite ! Nous découvrons les histoires de l’écho-munauté en direct sur www.loucamino.com !
Plus les jours avanceront – et le temps passe très vite -, plus le nombre de photos nécessaires pour faire pousser l’arbre sera grand. Que vous participiez est une excellente chose, mais n’est donc pas suffisant : il faut transmettre ce mail, relayer l’information, utiliser ses réseaux, les bleus, les jaunes, les rouges, faire passer le message à la radio, dans les journaux, et aussi sous l’eau ! Le rêve éveillé : que les photos arrivent des quatre ronds du monde… Donc, si vous avez des amis à Java, Irkoutsk, Santiago du Chili ou Bamako, c’est le moment de leur dire bonjour !
Si tout cela vous semble un peu obscur, si vous êtes déjà conquis, si vous voulez en savoir plus, si vous voulez vous lancer dans l’aventure, vous êtes au bon endroit ! Les entrées sont multiples : via le cadre rouge à droite, dans le menu au-dessus, ou en cliquant là directement.
Alors, merci d’avance pour votre collaboration !
PS : il se peut que des petits problèmes techniques surviennent dans les premiers jours. Merci de nous en informer !
Objectif_3280 : une idée originale de Lou Camino développée par Coralie Vincent.
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Hi everybody,
Objectif_3280, what is that exactly? A new whim? Yes, a little bit! Indeed, an unheard-of and utopian collaborative artistic experience to which I invite you to participate.
In the manner of an exquisite corpse, the aim is to erect, on 8 generations and 26 days, an echo-photographic tree of 3 280 leaves. The most concentrated of you will ask how we get from 8 to 3 280 in 26 days, when the most mathematicians of you will answer : « Easy : there is three possible echos for each picture! ».
So, I post the first picture (the one above). You invent the next ones. We discover the stories of the echo-munity live on www.loucamino.com
With days – and time goes by so fast -, the need of pictures to make the tree grow increases drastically! So, your participation is great but not sufficient: you have to transfer this email, share the information, use the networks, the blue, the yellow, the red ones, put the message on the radio, in the newspapers, and also under water (in french, words rhyme)! The awakened dream: receiving pictures from all over the world. So, if you have some friends living in Java, Irkoutsk, Santiago de Chile or Bamako, it is time to say hello!
If this looks strange to you, if you are already an appreciative audience, if you want to know a little bit more, if you want to participate to the adventure, you are at the right place! Or, you can enter through the menu above, the red frame on the right or just here.
Thanks in advance for your collaboration!
PS: technical problems may occur in the next days. Thank you for letting us know!
Objectif_3280, an original idea of Lou Camino, developed by Coralie Vincent.
C’est le nom de l’agence de voyage temporel qui a le vent en poupe en ce moment. Peut-être parce que, contrairement à d’autres, plus anciennes et plus généralistes, celle-ci a osé la spécialisation et choisi un créneau bien particulier : les années 20. Avec le recul, les voyagistes du temps, tout aussi touchés par les modes que leurs homologues seulement géographiques (sans que cela ne soit péjoratif), ont remarqué qu’il y avait toujours beaucoup de postulants pour cette décade de l’entre-deux guerre. Le music hall, les belles tractions, les débuts de la haute couture, le charleston, les arts déco, les cheveux courts à la garçonne, la prohibition, les chapeaux cloche et autres borsalinos à la Eliot Ness, tout cela est effectivement très cinégénique… C’est d’ailleurs sur les films que ces clients du futur, mais du passé, s’appuient pour déterminer leur époque de destination. « Des films d’époque », comme on dit.
Ainsi en est-il de cette photo de tournage de l’un des films de démonstration mis à la disposition des clients à l’agence. Je m’en souviens comme si c’était hier, puisque c’est moi qui l’ai prise. La nuit venait à peine de tomber et j’entrais tout juste dans le Vieux Montréal, où les premiers gratte-ciels du Canada ont été érigés et où l’architecture néo-classique à l’anglo-saxonne domine avec fierté. Les ampoules des réverbères n’étaient pas encore allumées. C’est une heure un peu étrange, où il fait encore un peu jour mais plus vraiment, mais pas encore nuit non plus. Photographiquement parlant, une heure sans relief dont on attend la fin avec impatience. Bref. Place des Armes, des ventouses. Et qui dit ventouse, dit parfois tournage. C’était effectivement le cas. Il y a quelque chose de magique à tomber, par hasard, sur un tournage, a fortiori, lorsque c’est un « film d’époque ». Le voyeur qui est en nous nourrit toujours le secret espoir de voir « quelqu’un de connu », une star quoi !, ce qui, en réalité, est extrêmement rare. Il attend, il attend, et réalise finalement, qu’un tournage, c’est long. Ceux-là se passent souvent dans des petites rues, dans de vieux quartiers, à l’abri des regards indiscrets. Pour les pavés, les vieilles bâtisses… Un film d’époque tourné à Dubaï serait pour le moins déroutant en effet… Et d’ailleurs, s’il n’y avait pas eu cette succession immanquable de tractions lustrées comme un camion tout neuf – une petite trentaine au moins -, j’aurais sans doute poursuivi mon chemin, la pellicule étant vraisemblablement rangée pour la journée, la ruelle étant enveloppée d’un calme post-combat. Débarquer dans ces espaces-temps filmiques, comme dans toute reconstitution historique sérieuse, nous extrait instantanément de notre présent et nous propulse dans un temps que nous n’avons, souvent, pas connu. Un voyage dans le temps, en quelque sorte… Sans attendre qu’il n’existe réellement.
Non, non, ce n’est ni une erreur, ni un oubli, ni une blague… Ce rectangle, qui accueille habituellement une image, une vraie, est vide, blanc comme la neige pas encore foulée ou comme une feuille sans inspiration. Il ne s’agit ni de lune ni de loutre. Ce cadre est vide mais, en réalité, il est plein. Plein d’une catégorie très particulière de photographies : celle des photos pas faites (ou PPF, prononcer ppf comme un pff de dépit). Les raisons sont aussi nombreuses que les pétales d’une rose rouge : appareil oublié ou laissé sur la table du salon pour une fois, manque de réactivité, lumière insuffisante, panne de batterie, plus de pelloch (dans l’ancien temps), manque de courage, d’audace, respect de l’autre, que sais-je.
La ppf, c’est un peu comme la malédiction du coup de genou dans le coin gauche de la table basse décidément très mal placée. C’est un truc qui nous arrive inévitablement sans que l’on puisse prévoir quand exactement, qui ne fait pas toujours trop mal sur le moment, mais qui, au bout de quelques secondes, déclenche une douleur aiguë qui se propage dans tout le corps. Pour résumer, on déteste. Car forcément, cette photo pas faite est celle que l’on aurait aimé faire, celle qui aurait été hissée dans le top 5 des photos de l’année en cours.
La photo pas faite est une photo parfaite, parce que, justement, on ne peut que l’imaginer. Ce qui révèle un autre avantage de la ppf : elle ne s’oublie pas, contrairement à toutes celles que l’on a faites, que l’on a quelque part, sur un support virtuel ou réel, et que l’on s’autorise à effacer de notre mémoire car on sait que l’on peut la réactiver en ouvrant un album ou un dossier. La photo pas faite, on la garde en soi comme un coffre dont on serait le seul à avoir la clé, on la préserve comme un tableau de maître, on la regrette comme un match injustement perdu, et lorsque l’on réalise que l’on est en train de ne pas faire une photo, toutes les photos pas faites viennent défiler sur un écran virtuel situé à 5 cm de nos rétines éplorées.
Là, présentement, j’ai trois ppf derrière mes yeux clos. Ce qui signifie qu’il y a eu un récent épisode de ppf. Cet après-midi en fait… La première du trio du jourremonte à quelques années. Direction le Sri Lanka, sur la côte sud. L’océan indien à quelques mètres. Le village vient d’être lessivé par une grosse averse. Les gros nuages, vêtus d’un camaïeu de gris, sont progressivement chassés du village par le vent, tandis qu’un soleil bas, mais plus fort que jamais, réussit à se faire une place dans ce ciel encore chargé. Ses rayons viennent faire briller les feuilles arrosées des palmiers, miroiter le bitume des routes, éclater le blanc des murs, réfléchir les pare-brises des tuk-tuk, vaciller les couleurs des saris… Une splendeur. J’ai laissé mon appareil sur la table. Une deuxième, il y a quelques mois. Paris. Dans un bus, dans la circulation à Saint Michel. Il y a du monde, je suis coincée debout, près d’une vitre. Regardant en direction de la cathédrale Notre Dame, je vois arriver une voiture décapotée, avec, religieusement posé à cheval entre les sièges arrière et avant, un grand crucifix, renvoyant des petites étincelles de lumière à cause du soleil, et le Christ tourné vers le ciel, quand même. Et au volant, un homme en noir, un abbé médiatique, le plus médiatique d’entre eux. Là, devant moi, une décapotable, un crucifix, un abbé au volant, la cathédrale en arrière plan. Une conjonction d’éléments tellement parfaite que photo pas faite. Ppf. Manque de réactivité. Et là. Vieille ville. Où l’on offre, moyennant finance hein, des tours du quartier à bord d’une calèche tractée par deux beaux chevaux. Bien assis dans le fauteuil, un couple de personnes âgées regardant distraitement à gauche et à droite. C’est surtout lui qui accroche mon regard : bien portant, visage rougi, cheveux blancs et surtout une très longue et touffue barbe blanche. Calèche (ou traîneau, c’est un peu pareil), instantanément, je pense au Père Noël (que dis-je, je dis « Père-Noël ? » à voix haute), en repérage incognito avec Mère Noël. Mais je l’ai reconnu ! C’était tellement flagrant que … photo pas faite. Plus assez de lumière ! Ppfffffff….
En pratique, toutes les photos figurant sur ce site sont en vente. N'hésitez pas à me contacter pour plus de renseignements !
Un tour du Soleil en duos : 6e année en cours
Pour (re)découvrir en un clin d’œil et sur une seule page les micro-histoires photographiques publiées en ces lieux virtuels :
- entre le 22/02/2010 et le 22/02/2011, voici Un tour du Soleil en duos…