Photo-graphies et un peu plus…

(English version below : please, scroll down)

C’est parti pour la 4e génération d’Objectif_3280 ! 27 photographies sont à proposer en écho aux 9 images de la génération 3 très vite complétée à nouveau. Côté écho-munauté, on reste majoritairement, pour ne pas dire exclusivement, en France mais cela devrait vite s’ouvrir aux voisins proches ou lointains ! Mais, pour l’heure, vous pouvez déjà choisir la photo à laquelle vous ferez écho en vous rendant sur l’arbre écho-photographique.

Objectif_3280 : une idée originale de Lou Camino développée par Coralie Vincent

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The fourth generation of Objectif_3280 is now open! 27 pictures have to be suggested to answer to the 9 echos of the second generation who, once again, was completed very quickly. As for the echo-munauty, it is predominantly in France but should open itself to close and far neighbours. But, for the meantine, you can already choose the picture to wich you want to give an echo : visit the echo-photographic tree!

Objectif_3280, an original idea of Lou Camino, developed by Coralie Vincent.

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« Sur une branche, perchée avec… » ou 3 questions posées à un membre de l’écho-munauté… Pour ouvrir la série, Laurence Serfaty.

Quelle est la place de la photographie dans ta vie ?
J’ai eu mon premier Instamatic Kodak à 12 ans, un cadeau de mon père pour mon anniversaire, je crois. Je n’avais pas du tout le sens du cadre. J’ai commencé à comprendre comment composer une photo en visitant les châteaux de la Loire. C’est là que j’ai réalisé qu’il fallait chercher des angles originaux, des points de vue différents et ne pas se contenter de faire “clic” face au monument. Je ne prends pas de photos régulièrement, je ne pars pas en chasse à la bonne photo et je n’ai jamais eu un excellent matériel. D’ailleurs, l’envie d’acquérir un meilleur équipement commence à me démanger. Aujourd’hui, je fais pas mal de photos avec mon Iphone et avec un petit Canon numérique. J’ai du mal à prendre des photos quand les émotions que je ressens sont intenses parce que je préfère vivre le moment plutôt que de chercher à en préserver une trace en image. L’autre jour, je suis allée voir Anish Kapoor au Grand Palais, et la sensation, à l’intérieur de son œuvre, était si forte que je ne pouvais me résoudre à prendre mon appareil pour la transformer en cliché. Une fois sortie des “entrailles de la bête” dans la Nef du Grand Palais, l’aspect graphique a pris le dessus et j’ai pu faire quelques clichés. Quand j’observe les gens et leur appareil photo, je me demande souvent combien de photos sont prises chaque jour dans le monde, surtout depuis l’invention du numérique. Je me demande ce que deviennent ces clichés, s’ils sont regardés au retour des voyages. Je me demande aussi parfois sur combien de photos de touristes nous figurons puisqu’il nous arrive si souvent de passer dans le champ d’un appareil. Les photographes que j’aime dans le désordre : Salgado, Reza, les deux photographes qui ont provoqué les émotions les plus fortes et Riboud, Dorothea Lange, Depardon, Capa. Même si je suis sensible à la composition graphique d’une photo, ce sont toujours les photos de gens qui me touchent le plus.

Quelle est l’histoire de cette photo (Graphisme, matières et couleurs, G2-3) ?
Lors de mon tournage à Pittsburgh pour mon documentaire sur le neuromarketing, nous avons fait quelques extérieurs, ce que nous appelons dans notre jargon des « Dallas ». Ce sont des plans de situation extérieurs pour situer le lieu où se déroule l’action, comme dans la série Dallas…, donc à Houston, à Pittsburgh ou encore à Trifouilly les Oies, on fait des Dallas. L’expression vient du temps où Capa TV produisait le magazine 24 heures entre les années 89 et la fin des années 90 pour Canal. Plusieurs équipes de tournage filmaient un même événement depuis des points de vue différents. Chacune devait penser à « faire des Dallas » pour que l’on puisse facilement passer d’un lieu à l’autre en sachant toujours où on est… J’en ai profité pour faire cette photo. Pittsburgh n’est pas une très jolie ville. Dynamique sur le plan universitaire, elle est encore très marquée par son passé industriel, sidérurgique. L’enchevêtrement des lignes, entre la voie de chemin de fer, le pont, la route, le fleuve et les buildings m’a pourtant paru d’une grande poésie.

Quelle association d’idée t’a poussée à choisir cette photo ? J’ai hésité un très court instant avec deux ou trois autres clichés, du fait des couleurs (le bleu intense), des lignes horizontales et verticales, des courbes. La photo de Pittsburgh, néanmoins, a été ma première intuition quand j’ai vu celle de Vancouver. Difficile à expliquer, c’est comme une évidence. Je pense que le cerveau associe des images comme il associe des mots. Je relis ta question et je me dis : c’est davantage une association d’images que d’idées, l’aspect géométrique des deux clichés, les lignes qui s’entrecoupent, et les couleurs.

Demain, ce sera au tour de Sébastien Gonnet de s’asseoir sur la branche…

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A l’occasion de cette 2e édition d’Objectif_3280, j’inaugure une nouvelle petite rubrique, série, que sais-je ?, pour permettre à ceux qui participent à la croissance de l’arbre, s’ils le souhaitent, de s’exprimer sur la photo, leur photo et les associations d’idées… C’est une chose que je fais chaque jour sur ce site depuis plus de 15 mois et qui prend une autre dimension avec ce projet collaboratif. Concrètement, c’est un « 3 questions à », toujours les mêmes, que j’appelle « Sur une branche, perchée avec… » Les réponses pourront être courtes, longues, précises, évasives, l’important est de poursuivre le moment de partage initié par chacun en montant sur l’arbre… Laurence Serfaty est la première à s’être prêtée à l’exercice… Solide branche d’Objectif_3280, elle est la seule à avoir participé à toutes les générations (hormis la 1re bien sûr) de la première édition et est bien partie pour rééditer l’expérience. Et je l’en remercie. Donc, voilà, c’est parti… C’est sûrement un peu fou, mais bon…

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(English version below >>> scroll down please)

Comme lors de la 1re édition, la Génération 2 a été remplie en moins de 30 minutes… La génération 3, avec 9 échos possibles, est désormais ouverte ! Vous pouvez donc poster votre photo sur l’arbre écho-photographique. Et je reprends la carte qui nous permettra de suivre la localisation de cette nouvelle écho-munauté ! Tout le monde, au sens propre, peut participer !

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As for the first edition, the second generation was completed in less than 30 minutes… Generation 3, with 9 echoes, is now open! You can already post your picture on the echo-photographic tree. And I keep doing this map to follow the new echo-munity’s location! Everyone, literally speaking, can participate!

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– Dis, tu ne l’avais pas celle-là ?

– Quoi « celle-là » ?

– Et bien, cette ride-là ?

– Où, une ride ?

– Là. Sous l’œil gauche. Bien marquée.

Tout le monde se marre

Il n’y a pourtant rien de drôle à découvrir une nouvelle ride chez quelqu’un. C’est beau, une ride. Et il faut bien que le temps qui passe et ce qui s’est passé pendant qu’il passait laisse sa trace d’une manière ou d’une autre. Comme un miroir déformant de nos vies, autant de stigmates de nos bonheurs, de nos douleurs, de nos tics, de nos frustrations, de nos fous rires, de notre enfermement, de nos éclats, de notre folie, et aussi, au fur et à mesure, de la somme de tout cela. Rides montantes ou descendantes, profondes ou légères, symétriques ou pas, on les interprète en croisant leurs porteurs comme si on était un devin à rebours. En fait, ce qui faire sourire, c’est de réaliser que l’autre vieillit aussi, comme si le temps pouvait nous oublier. « Oups, tiens, je suis passé à côté de celui-là ! Allez, hop, je lui mets tout d’un coup ! Y a pas de raison ! » Effroi au réveil ! Parce que le temps, on le voit plus passer sur les autres que sur soi.

– J’ai compris !

– Tu as compris quoi ?

– J’ai compris d’où venait cette ride.

– D’où ?

– Quand tu fermes l’œil gauche en prenant une photo…

Je la baptise « la ride du photographe », asymétrique donc. Une ride prestigieuse, en fin de compte, qui va continuer à creuser son sillon, et faire rire les voyeurs, pour mieux marquer les leurs…

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Il y a quelques mois, je ne me serais pas autorisée à mettre cette photo en ligne. Cette remarque est totalement indépendante du fait qu’il y a quelques mois, cette image n’existait pas. En tout cas, les éléments qui la composent. Je précise ma pensée : ces éléments existaient bel et bien, mais en dehors de mon champ de vision. De fait, ils n’existaient pas encore pour moi. Je ne me serais pas autorisée à mettre cette photo en ligne car elle est retouchée. Si, si… Je n’ai malheureusement pas été la témoin privilégiée d’une invasion de lampes échappées d’un vaisseau mère arrimé à une tour en perte de contrôle, invasion à laquelle je ne sais donc pas comment elle m’aurait affectée, et avant cela, comment je l’aurais vécue. Ce n’est pourtant pas la première image que je fais passer par les lames avisées du cloneur-sécateur… Toutefois, je me suis toujours dit que, sur ces pages, ne devraient être présentées que des images « réelles », à défaut, parfois, d’être réalistes. Pas de trucage, pas de manipulation, rien. Une photo, un point c’est tout. Il est des règles que l’on se donne comme ça, un peu à la va-vite, en début de mission, et que l’on finit par traîner comme des boulets au bout de quelques mois… Cela s’appelle tout simplement de l’autocensure. Et l’autocensure, dans quel que domaine que ce soit, est une vraie plaie. Ce qui, en soi, est paradoxal puisque cette plaie-là obstrue tout, une vraie paroi rocheuse qui viendrait s’écraser sur une route étroite, sinueuse et ascendante de montagne. Heureusement, il y a l’escalade.

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Si l’apparition du numérique a fait exploser le nombre de photographies prises dans le monde… Que dis-je, exploser… Quel terme pourrait être approprié pour évoquer les quelque 600 à 800 milliards de photos numériques créées chaque année (difficile à croire mais la source est officielle) ? Je poursuis… Si donc, l’apparition du numérique a fait ?fgjhr?x+! le nombre de photographies créées dans le monde, un autre phénomène a conduit à celle d’un certain genre de photo : l’autoportrait. Pas l’autoportrait travaillé, recherché, réfléchi, avec mise en scène, travestissement, démultiplication voire transformation, à la, au hasard, Cindy Sherman, Dali, Claude Cahun ou Gilbert Garcin, non, le simple et classique autoportrait pris à bout de bras. Une main sur l’appareil ou deux, c’est selon.

On lui sourit, on se donne l’air heureux, on arrange un peu ses cheveux, on fait attention à l’arrière plan… Vraiment, on fait au mieux pour se mettre à son avantage et on déclenche. Clic clac. Instantanément, on retourne l’appareil et on visualise la photo réalisée. Si ce premier essai n’est pas à la hauteur de nos espérances (totalement indépendantes du mieux que l’on peut faire avec soi-même), ce n’est pas grave, on recommence – les ratés ne coûtent pas cher en numérique – jusqu’à ce que nous montre l’écran nous satisfasse. Ils sont partout, les adeptes de ces autoportraits, à faire les yeux doux à leur boîte à images… Dès que le soleil se lève, leur bras accompagne le mouvement… Sous cet angle, c’est pas mal aussi… Allez une autre !

Evidemment, ces zozoportraits ne sont pas destinés à dormir et à se laisser oublier dans un coin d’un disque dur externe qui lui-même, bientôt, ne sera plus lisible… Ce qui nous conduit au second phénomène : le boom des réseaux sociaux, en tête desquels l’inévitable Facebook. Facebook et ses photos de profil (souvent de face d’ailleurs), que d’aucuns s’amusent à changer régulièrement au gré de leurs humeurs, de l’évolution de leur coupe de cheveux, de la météo, de leur dernière destination de vacances… Facebook et les photos que chaque membre du club le moins élitiste de la terre peut télécharger, livrant aux amis, amis d’amis, amis d’amis d’amis que l’on ne connaît déjà plus (car, avec FB, c’est un peu comme dans Tintin, « les amis de mes amis sont mes amis ») des photos initialement personnelles… Un autre chiffre donne d’ailleurs le ton : 6 milliards de photos sont téléchargées sur FB chaque mois, et d’ici cet été, le site pourrait constituer une photothèque de 100 milliards d’images !

Tout s’explique ! Ainsi des milliards de bouts de vies défilent-ils devant nos yeux, comme une histoire du monde à lire en continu. Evidemment, ces autoportraits facebookiens ne peuvent se passer de commentaires « amicaux ». Ils les appellent même comme la terre sèche attend la pluie… « L’histoire de l’autoportrait est longue et séduisante » proclame la 4e de couverture de L’art de l’autoportrait (Omar Calabrese, Citadelles). Un révélateur (sans jeu de mot) des pratiques artistiques et sociales d’une époque. La nôtre ? A un cheveu près, un poil narcissique !

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En fait, la formule exacte est : « ça ne rend pas bien en photo mais c’était vraiment splendide ! » ou, le cas échéant, « On ne s’en rend pas compte sur la photo mais c’était vraiment gigantesque ! ». Comme si la représentation du réel pouvait être différente du réel lui-même… (Bien sûr !) Comme si le réel résistait à la mise en boîte… (Pourquoi pas ?) Comme si l’appareil photo, avec l’humour qu’on lui connaît, se disait : « Tiens, si je changeais un peu l’image. Elle est vraiment trop belle ! Je ne vais pas lui laisser croire qu’elle peut tout prendre comme ça, facilement ! » (Limite impossible…) Evidemment, cela fait naître une véritable frustration, voire déception, à la découverte des photos, que nous ne nous arrêtons pas de prendre pour autant même si, avec l’expérience, nous parvenons à anticiper les images qui ne seront pas à la hauteur de la réalité et qui ne nous ferons donc pas vibrer de satisfaction lorsque, des années après, nous parcourrons l’album dans lequel nous les aurons malgré tout conservées. Car, même « si cela ne rend pas » –  une étiquette qui leur restera collée au papier toute leur vie -, elles suffisent à raviver des souvenirs ! Et c’est parfois le plus beau cadeau que peut nous faire une photographie…

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Question récurrente en ville lorsque l’objectif est de mettre en exergue la géométrie d’un espace et de jouer avec les lignes et les formes : avec ou sans personnes dans l’image ? Sans, n’est-ce pas un peu trop froid ? Et avec, un peu gênant ? Telles de petites figurines figées dans leur mouvement et collées sur une maquette d’architecte, ce trio de mère-filles arrivé sans prévenir dans l’angle droit du cadre, venant habillement l’habiller et humaniser la composition me pousse à répondre à cette question par un assuré « avec évidemment ! ».

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Les petites filles ne sont manifestement plus ce qu’elles étaient. Enfin, c’est la conclusion, certes sûrement un peu hâtive, qui vient d’emblée à l’esprit en étudiant ces deux spécimens version 2011. Hautes comme trois pommes toutes les deux, sans avoir aucun lien de parenté avec Tom Sawyer. La première déambulant dans la rue en talons, jupe à froufrou, petite veste cintrée, et se passant nonchalamment la main dans les cheveux. La seconde prenant naturellement quelques photos avec l’appareil numérique de maman : la petite famille assise sur le sable, les gens s’amusant sur la plage, les bateaux à l’horizon… Un trio de photos exécuté promptement, juste le temps de pivoter dans les trois directions visées, et l’appareil est rangé soigneusement dans sa pochette. Une rapidité qui n’empêche pas l’apprentie photographe, qui connaît vraisemblablement ses classiques, de cadrer ses images, à bout de bras, car c’est ainsi que l’on prend des photos désormais. A distance. Heureusement, tous nos repères n’ont pas encore vacillé sous le poids de la modernité et de la tentation de certains parents à faire pousser des mini-eux plutôt que des enfants. Ainsi, certaines valeurs sûres (au grand désespoir de quelques uns) persistent-elles, résistant aux sirènes des nouvelles technologies et aux envies de grandir trop vite : le rose ! Quand les petites filles ne porteront plus de rose, alors, il faudra commencer à s’interroger sur l’équilibre du monde…

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