Photo-graphies et un peu plus…

Lors de la 2e édition d’Objectif3280, j’avais proposé aux participants de répondre à 3 questions sur la place de la photographie dans leur vie, l’histoire de l’image qu’ils partageaient et sa connexion avec celle de la génération précédente. 34 d’entre eux ont eu la gentillesse de répondre et j’ai eu envie de réunir leur témoignages dans un ebook que vous trouverez en cliquant .

C’est aussi pour moi l’occasion de vous annoncer le lancement imminent de la 3e édition d’Objectif3280 (anciennement Objectif_3280), 2 ans et 1,5 ans après les deux premières éditions qui avaient réuni 400 personnes dans 36 pays et plus de 1000 photos chacune : cela se passera ici dès samedi 16 novembre, c’est-à-dire demain, dans l’après midi.  Si vous n’étiez pas dans le coin en 2010 et 2011, petit flash-back : Objectif3280 est un projet photographique participatif, mondial, en ligne, en temps réel et limité (1 mois) où toutes les photos sont, de génération en génération, liées les unes aux autres par des associations d’idées (couleur, forme, atmosphère, légende…).

J’initie l’histoire avec une première photo (la Génération 1 ou G1, que je vais poster sur mon site samedi via une interface créée par Coralie Vincent spécialement pour ce projet). Trois personnes vont pouvoir lui donner une suite, puis 9 personnes y répondront, puis 27, puis 81… et ce jusqu’à la 8e génération qui comptera au maximum 2187 photos (chiffre que nous n’avons encore jamais atteint) !

Je poursuivrai cette rubrique « Sur une branche, perchée avec… » pour cette 3e édition.

Rendez-vous samedi pour participer ! Mais en attendant, si vous voulez en savoir plus sur ce projet, découvrir le rétroplanning et autres petites infos précieuses, la page de présentation est ouverte.

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category: Actus
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Pourquoi la rue que l’on cherche se trouve-t-elle toujours dans le pli des plans-livres, de telle sorte que, d’une, on a du mal à la trouver malgré la partie de bataille navale assez simple à laquelle nous invite l’index, et de deux, il nous est aussi difficile de savoir d’où elle part et où elle va car il y a souvent un décalage entre les pages de gauche et de droite entraînant des recoupements malheureux de rues qui se chevauchent, qui ne se croisent plus et autres incongruités urbaines ? Cela s’est encore vérifié aujourd’hui alors que je souhaitais localiser la rue Legouvé. Ce n’est bien sûr pas la première fois, sinon, ce duo n’existerait pas. A croire que toutes les rues se passent le mot quand le propriétaire d’un guide s’essaye à l’utiliser : « Pssst, Legouvé, va te mettre dans le pli fissa fissa ! Lou va bientôt te chercher et c’est quand même plus drôle si ça lui prend un peu de temps ! » Ah ah ah !

Comment ? Oui, j’ai un smartphone, ce qui fait d’ailleurs de moi une récente PAFIL. Oui encore, je dispose, sur cet outil intelligent, d’une appli Plan, carte ou GPS. Et oui enfin, malgré tout, je persiste à utiliser des plans en papier, avec des pages qui se tournent, se cornent, et un vrai investissement personnel pour définir le chemin à emprunter une fois que j’ai repéré l’endroit où  j’étais et celui où je désirais aller.

De loin, cela peut sembler contradictoire (accepter la technologie d’un côté, la rejeter de l’autre), mais à force d’être dépendant de ces outils qui remplacent notre cerveau, nous nous retrouvons sur des petites routes de campagne, des pistes presque, parce que la dame du GPS (je n’ai jamais entendu de GPS avec une voix masculine) à qui nous avons demandé d’aller au plus court nous a fait tourner à droite puis à gauche puis à droite puis à gauche et que, lui ayant délégué le sort de notre route depuis le début, nous n’avons pas d’autre choix que de lui obéir, et ce, tout simplement parce que nous ne savons fichtre pas où nous sommes ! Imaginez que la dame du GPS soit possédée par une étrange force maléfique et nous conduise, bon an mal an, directement à la maison des fous sans que nous puissions rejoindre le droit chemin, ou nous fasse faire trois fois le tour d’une région en empruntant différentes routes sans que nous nous en rendions compte ! Honnêtement, même s’il a ses inconvénients, je préfère le papier ! C’est moins dangereux…

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En un peu moins de 10 minutes, aidé par un vent vif et bien décidé à faire le ménage, le ciel était passé d’une couverture nuageuse blanche et clairsemée à une impressionnante fronde grisâtre puis noirâtre ultra-dense. On – tous ces gens qui étaient dehors à vaquer à leurs occupations du moment – avait pressenti le changement, porté d’abord par les rafales puis par une baisse soudaine de la luminosité, comme si quelqu’un avait appuyé sur l’interrupteur. On – les mêmes – s’étaient tous tournés vers la masse céleste sombre et galopante avec un sentiment mêlé d’effroi et de fascination : il allait falloir, et plus vite que ça encore, trouver un endroit où se retrancher car elle allait certainement se délester de milliards de molécules d’eau en phase liquide.

D’en haut, le spectacle devait être amusant… A l’instant i, des petits humains déambulant calmement en suivant une direction précise même si indéfinie au moment de poser le pied au sol. A l’instant i + nuage monstrueux, les mêmes humains plutôt catastrophés, balayant les environs et filant précipitamment (et un peu anarchiquement il faut le dire), parfois en courant comme si leur vie était en danger, vers des abris plus ou moins pérennes.

Cela me fait penser à des fourmis… Je m’explique. Enfant, vous avez sûrement observé la vie d’une fourmilière. Stupéfait par l’organisation sans faille qui semblait la gouverner et encore marqué par vos récents cours de chimie sur les réactions en chaîne, vous aviez, à plusieurs reprises, tenter de briser cet équilibre interne en obstruant l’entrée de la fourmilière ou en laissant tomber quelques gouttes (d’eau je vous rassure) sur les lignées imperturbables de fourmis. Mais c’est définitivement quand vous souffliez sur elles et que, complètement surprises et décontenancées, elles fuyaient dans toutes les directions, goûtant par la même occasion à ce que l’on appelle le chaos et l’individualisme, que vous étiez le plus fier de vous. Et bien, à une échelle bien plus grande, avec des cieux pareils, j’ai l’impression que quelqu’un me prend pour une fourmi et fait de drôles d’expériences sur mon espèce…

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Je l’ai réalisé tout à l’heure et j’ai bien dû recompter à deux reprises pour l’admettre : cela fait 44 jours que je ne vous ai pas amenés à la mer… La dernière fois, c’était le 28 septembre, à Hawaii, le détour joyeux. Je vous l’accorde, il y a pire. Mais 44 jours ! Une éternité en temps de coccinelle. Pour moi également. Même si elle n’existe pas, l’éternité. Cela se finit toujours un jour, on ne sait jamais trop quand. Parfois calmement, parfois avec pertes et fracas. Comme cette vague un peu mégalomaniaque, qui au lieu de s’éteindre discrètement en se laissant absorber par le sable détrempé du littoral, à l’instar de ses sœurs d’eau, a, dans un dernier sursaut d’énergie, préféré faire son show, sa star en se jetant de tout son corps sur ce rocher à fleur de plage et éclabousser sa mère nourricière de son originalité tapageuse.

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Il y a quelque chose d’étrangement trompeur dans cette photographie. Tout semble être irrésistiblement attiré vers le ciel par une sorte de gravitation inversée s’exerçant sur chacune de ses composantes. Une force si puissante qu’elle déforme, qu’elle étire tout, buildings, tour, sculpture, arbres… Rien n’y résiste. Tout devient élastique et malléable. On s’attendrait presque à les voir s’arracher de terre, déracinés, littéralement aspirés par cette force invisible.

Ce n’est pourtant qu’une illusion, une impression conditionnée par la forme élancée de tout ce qui se retrouve dans notre champ de vision et ce, sans qu’un quelconque élément de l’image vienne apporter de repère habituel et ainsi alerter nos sens. Cette sculpture de dos, une tête en fait, au visage parfait, c’est elle qui, dès le premier regard, jette le trouble. Du fait de ses proportions, anormalement allongées, bien sûr, mais surtout de la sérénité qui s’en dégage, sérénité que le tumulte enivrant de la ville qui ne s’arrête jamais ne parvient pas à altérer…

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… ou la salle d’attente d’un cabinet médical. En poussant la porte, la première question que vous vous posez est : combien y a-t-il de personnes dans la pièce ? C’est-à-dire, à passer avant vous, quand bien même vous avez un rendez-vous et qu’il est pile poil l’heure, ce qui vous fait réaliser, soit dit en passant, que ce sont là les seules occasions où vous êtes ponctuel (à méditer). Trois, quatre, cinq ? La journée est finie ! Vous lancez un bonjour à l’assemblée, qui répond proportionnellement au retard pris par le médecin. En gros, ceux qui attendent depuis 1h30 vous ignorent totalement ou vous regardent avec des yeux désespérés « ça fait une heure que je suis là, j’ai autre chose à faire et encore moins envie d’être poli ! ». Vous vous posez donc sur une chaise, libre de préférence, et c’est à ce moment précis que point la deuxième question : qu’est-ce qu’ils ont  ? En gros, pourquoi vont-ils voir le médecin ? Pour vous, vous savez, mais eux, c’est quoi leur problème ? Elle, en face, elle a une grosse enveloppe à la main, des radios, et un bras bandé… Une chute ? Lui, juste à côté, il n’arrête pas de tousser, tout comme son voisin… Oh, celui-là n’a vraiment pas l’air bien en point, tout rouge, avachi sur sa chaise… Vous pensez à tous ces microbes qui flottent dans ces 8 m2, des microbes que vous n’aviez pas en arrivant, et que vous emporterez peut-être avec vous en sortant, histoire de vous donner une bonne raison de retourner voir le médecin dans 3 jours, le temps d’incuber tout ça…

Conscient de l’inutilité de votre paranoïa microbienne, vous vous tournez alors vers la table. Il y a toujours une table dans une salle d’attente. Il n’y a d’ailleurs pas grand chose d’autre, en plus des chaises. Et sur cette table, où que vous alliez, c’est-à-dire, quelle que soit la spécialité du médecin, il y a des magazines. Souvent, des titres que vous ne lisez pas habituellement, ou alors sans le clamer haut et fort. Vous les scannez du regard, en soulevez un, deux, trois, avant d’en extraire un de la pile et de l’ouvrir… Vous avez une impression de déjà-lu ou entendu, vous refermez le magazine, regardez la date. Novembre 2012. Normal. Vous reposez l’exemplaire, repiochez dans la pile comme si vous étiez en train de faire une partie de loto, vous en exhumez un. Cette fois-ci, avant de l’ouvrir, vous vérifiez qu’il est récent. Mars 2010. Wouah ! Voyage dans le temps… D’un autre côté, ça vous amuse de voir comment on s’habillait il y a 3 ans (si, si, ça change), de redécouvrir les tendances ou les actus de l’époque en sachant ce qui s’est passé après toutes les théories plus ou moins fumeuses développées dans les diverses feuilles de chou, mais bon, vous refermez la bête, bien décidé à trouver un magazine récent, un magazine d’aujourd’hui, un magazine de votre temps. C’est reparti pour un tour de loto, cette fois-ci, vous ne faites que jeter un oeil sur les couvertures à la recherche de la perle rare, vous creusez un peu en sous-sol pour voir si les magazines ne sont pas empilés du plus récent au plus ancien (ce ne serait pas très pratique, je vous l’accorde : le matin, le médecin entrerait dans la salle, déposerait tous les magazines sur sa moquette grise, poserait le dernier numéro de Modes & Travaux sur la table avant de le couvrir de toute la pile passée… tordu !). Mais non, tout est daté, tout est obsolète, tout a déjà été feuilleté, peut-être par d’autres patients d’autres cabinets. C’est parfait si vous avez 2 ou 3 ans de retard dans les nouvelles du monde. Mais où sont les numéros du présent ? Et pourquoi ne pas les mettre à disposition, comme les autres ? Par crainte du vol ? Qui irait, en effet, emprunter (restons innocent) un numéro vieux de 2 ans ? Les questions sans réponses se multiplient, vous êtes perdu dans vos pensées mais quelque chose, un son, vous ramène à la réalité… C’est votre tour ! Le médecin est à la porte et vous appelle. Pendant que vous tergiversiez avec ces feuilles d’un autre âge, la salle s’est vidée (quid des microbes ?), la nuit est tombée (ce n’est définitivement plus l’été), vous n’avez rien lu et le temps a filé, presque sans que vous ne vous en rendiez compte, et alors même que le contenu de votre attente a été de constater que le temps était déjà passé…

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Il est des phénomènes naturels cycliques – un coucher de soleil en est un parfait exemple – que je ne me lasserai jamais d’admirer, a fortiori, de prendre en photo, quand bien même il s’agit d’un sacré cliché…

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Les goûts changent avec les modes, mais aussi avec l’âge. Il paraît. C’est logique en même temps – nous ne sommes pas, à 60 ans, la personne que nous étions à 40, encore moins à 20, et pouvons donc, à ce titre, être attiré par des choses différentes selon ces périodes de notre vie – mais c’est aussi inquiétant – en fonction de quels critères ces goûts évoluent-ils et vers quoi ?

En fait, je me pose une question très précise et très sérieuse : suis-je condamnée à aimer les motifs à fleurs voire les tableaux avec des « petits chats » appelés encore chatons ? Non que cela soit un mal… Pour tout dire, je n’éprouve aucun ressentiment négatif envers les fleurs ni les « petits chats » (encore que…) mais j’ai parfois l’impression, en voyant mes congénères plus âgées s’enthousiasmer devant ce type d’incarnations, que c’est un passage obligé dans la vie, indépendant de notre volonté, un peu comme la mort. Et surtout, je ne vois absolument pas comment je vais passer de « Ce sont juste des fleurs ! » et d’une indifférence totale à l’égard des chats à « Regarde comme il est mignon ce petit chat tout tigré ! » ou « Pas mal, cette nappe à pâquerettes ! ».

Pourtant l’évolution est bel et bien en marche, sans que je n’en ai réellement conscience… sauf lorsque je décide d’écrire un temps sur les goûts et les couleurs. Par exemple, il y a quelques années, je n’aurais jamais pris cette photo de parterre floral. Qu’il se trouve à Osaka – « oh, regardez les fleurs qu’ils ont au Japon ! » – ne joue qu’un rôle mineur dans cette réalité. Je serais passée à côté, en le regardant néanmoins, mais pas plus. Heureusement, je ne suis pas encore capable d’énumérer les fleurs qui le compose. Je me contente d’en apprécier la composition, la variété des espèces et des couleurs. Une partie de moi essaye de se rassurer en se disant qu’un tel feu d’artifice de couleurs relève presque de l’art. L’autre me lance sadiquement : « Tu vieillis ma fille… La prochaine fois, ce sont les petits chats que tu prendras en photo ! »

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