Photo-graphies et un peu plus…

Le flou artistique

Certains artistes aiment vous plonger dans l’inconnu. L’obscurité en est une des nombreuses formes. Il faut l’accepter et s’y tapir sans crainte pour, au bout de quelques instants, pouvoir y déceler la lumière résiduelle, et revoir, enfin. Pourtant, intimidés voire inquiets, certains visiteurs ne vont pas plus loin que le bord de cet autre monde, là où ils sont encore touchés par les photons, ceux-là même qui les guident au quotidien, éclairent leur chemin et, ce faisant, les rassurent. Ils tergiversent, ils scrutent, ils hésitent, ils s’interrogent… Forcément, en demeurant là, l’obscurité de ce cube gagne en profondeur et leurs doutes s’installent. Mais voilà que le jeu s’inverse : alors qu’ils voient de moins en moins ce qui se trame à l’intérieur, ils deviennent de plus en plus visibles pour ceux qui y sont déjà… et d’une certaine manière, leurs errements ainsi mis en lumière sont une oeuvre en soi.

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Black out

Et tout d’un coup, en un claquement de fusibles inattendu mais pas inhabituel, il a fait nuit noire dans cette ville où je n’avais absolument aucun repère. Et tout d’un coup, les phares mouvants des taxis, voitures et autres deux roues ont fait l’affaire, éclairant partiellement et par intermittence les trottoirs où piétiner, les bords de route à surveiller, les trous à enjamber, les marcheurs à éviter, les pavés à compter, les murs à longer et tous ces autres pièges que cache l’obscurité dans un lieu inconnu…

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FDM

Vous est-il déjà arrivé de penser à la fin du monde ? Statistiquement, la fin du monde – de ce monde incarné par notre planète bleue et de tout ce qui y vit – est assimilée à une catastrophe. A certains égards, c’en est effectivement une. Quant aux catastrophes, elles sont elles-mêmes associées à une iconographie purement imaginaire et conceptuelle très précise. J’insiste sur le « imaginaire ». Le contraire signifierait que la fin du monde a déjà eu lieu, que certains d’entre nous ont survécu, enfin, au moins moi qui écris ces lignes, qu’une connexion internet a miraculeusement résisté, mais que, comme Robert Neville dans I am a legend ou les héros père et fils de The Road, du roman de Cormac McCarthy, personne ne sait où sont les autres, combien ils sont et surtout, s’ils ne sont pas devenus complètement fous, barbares, zombies, cannibales, psychotiques, en résumé, totalement infréquentables.

Dans ces fins du monde là, les océans débordent, la Terre craque comme un puzzle jeté en l’air, les cieux sont plombés par de funestes nuages, des rafales de vent balayent tout sur leur passage, des murs de feu s’étendent sur des hectares, des déluges inondent les terres contaminées et s’abattent sur nous, petites choses vivantes totalement insignifiantes et désarmées face au déchaînement des 4 fantastiques – eau, terre, air, feu -, des super héros au sens propre puisque, assaisonnés d’un peu de poussières d’étoiles, ils sont à l’origine de toute vie sur Terre. Ce qui n’est pas une bagatelle, vous en conviendrez aisément ! Cette colère, nous l’avons peut-être déclenchée en nous mettant en sous-vêtement devant un volcan sacré, en épuisant les ressources naturelles de notre hôtesse, ou en étant incapable d’imaginer que tout cela – les oiseaux, les montagnes, la ligne 13 (parisian joke) – puisse vraiment avoir une fin parce que, nous avons beau passer notre temps à nous projeter dans le futur en permanence, nous vivons toujours comme si aujourd’hui était éternel…

Bref, voici donc les ingrédients classiques d’une fin du monde réussie. Je trouve cela un peu triste, banal et finalement assez prévisible. Me voilà donc à rêver d’une fin du monde ensoleillée, à déguster une boule de glace au sésame noir, en observant des coccinelles à 7 pois se poser sur des renoncules blanches. Personne ne s’y attendrait, personne n’aurait le temps d’avoir peur, la fin du monde passerait comme une lettre à la poste – ce qui n’est plus forcément une référence infaillible aujourd’hui, mais c’est un autre débat. Donc, soleil, sésame, coccinelles et renoncules. Et clap, fin du monde, ce serait fini ! Ni vu, ni connu !

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Filature

L’avantage, lorsque l’on se met l’étrange idée en tête de suivre un steward dans un train, c’est que, comme dans un avion, il n’y a pas réellement d’échappatoire ni d’alternative à la ligne droite (ce qui n’a jamais empêché les hôtesses de nous indiquer vaillamment le chemin pour rejoindre notre place). Par ailleurs, il y a tellement de bruit que l’on peut s’approcher de la cible sans se faire remarquer. Je le conseille chaudement à tous les apprentis en filature !

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Avant de commencer, j’appelle un ami : Robert. Il est petit, Robert, mais un peu gros et plutôt lourd quand même. Javel, pas assez loin, longueur, pas assez loin non plus, nystagmus, il est drôle ce mot, préconiser, trop loin maintenant, peucédan, première fois que je le lis celui-là, c’est quoi ? une plante vivace, peur ! Voilà, peur, c’est le mot que je cherchais. Oulala… Robert consacre une colonne entière à la peur. Les premières lignes en dressent un portrait suffisamment clair que je vous livre : « Phénomène psychologique à caractère affectif marqué, qui accompagne la prise de conscience d’un danger réel ou imaginé, d’une menace ». Viennent les synonymes : affolement, alarme, alerte, angoisse, appréhension, crainte, effroi, épouvante, frayeur, inquiétude, panique, terreur, frousse, trouille… Force est de constater qu’il y a des privilégiés dans la langue française : il est des mots pour lesquels nous disposons de bien moins d’alternatives… Viennent ensuite des citations d’illustres auteurs : « Notre faiblesse principale à nous Français : la peur de s’emballer, la peur d’être dupe, la peur de prendre les choses au sérieux, la peur du ridicule » (Romain Rolland) ou encore « Chez beaucoup de gens l’absence de peur n’est qu’une absence d’imagination » (Théodule Ribot). Théodule Ribot, philosophe, père-fondateur de la psychologie française…

C’est sûrement pour cette raison que la plupart des gens ont peur de se jeter à l’eau au beau milieu de l’océan, tout du moins, là où ils n’ont plus pieds, là où la mer se transforme en une encre noire au fond invisible… Pourtant, à y regarder de plus près, les premières dizaines de centimètres, d’une extrême pureté, sont accueillantes et même très tentantes. Malheureusement, le regard va sonder plus loin, plus en profondeur, et moins il trouve de prise où s’accoster plus il se monte des films, plus il imagine cette obscurité inquiétante remplie de créatures gluantes, vicieuses et carnivores qui s’empresseront d’abord de remonter à la surface pour frôler, puis goûter son propriétaire dès qu’il sera entièrement dans l’eau, hors de portée du bateau, totalement seul au monde, flottant maladroitement dans cette immensité qu’il sera à peine capable de concevoir… Il est vrai que, la plupart du temps, nous – êtres humains – vivons « au bord » et même « sur » quelque chose : le sol. Du sable, du carrelage, du bitume, de la moquette, de l’herbe, de la caillasse, du parquet, du métal, de la terre… Ainsi, nos pieds, alternativement en contact avec ces éléments compacts, nous assurent-ils un rapport au monde emprunt d’une sérénité toute inconsciente. Là, dans l’eau, sans repère, sans prise, sans rebord où les poser, c’est comme faire un saut dans le vide, à la différence près que ce vide-là est plein… Ce qui explique probablement pourquoi ce nageur, certes pourvu d’imagination mais aussi de suite dans les idées, s’est doté d’un masque et d’un tuba afin de voguer là où il n’avait pas pied et ainsi vérifier que ce plein était bien vide malgré tout, pour finalement couper court à toute fantasmagorie, donc peur, et profiter sans crainte de ce retour aux sources…

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