Photo-graphies et un peu plus…

Oui, mais laquelle ? La vie serait vraisemblablement totalement différente avec quelques centimètres de plus… Certes, d’en bas, le point de vue est tout autre, mais sans doute plus amusant… Carpe Diem !

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La photo de route, un genre en soi, que l’on soit conducteur ou passager ? « Faire de la route » peut en effet conduire à voir des paysages qu’en d’autres circonstances, par exemple pédestres, l’on immortaliserait. La route. Parfois véritable tranchée dans un paysage uniforme dont on se lasse assez rapidement (ou pas). Parfois chemin serpentant à travers des espaces vallonnés laissant, à chaque virage, entrevoir de magnifiques et inédites perspectives. Le paysage. Parfois, il nous accompagne des kilomètres durant, laissant à chaque observateur, le temps de bien s’en imprégner. Parfois, ce qui attire l’œil est furtif, presque subliminal. Une petite rivière gelée en contrebas s’enfonçant dans des bois épars, des chevaux dont la silhouette se dessine au sommet d’une colline… Le temps de les montrer aux autres et il a déjà disparu.

Trois solutions se présentent à soi : avancer et garder en mémoire ces espaces admirés ; s’arrêter – ce qui peut difficilement se faire sur une autoroute sauf si l’on se trouve au Nouveau Brunswick notamment – pour rattraper au vol cette image filante – une opération qui peut se répéter un certain nombre de fois dès lors que l’on s’est auto-autorisé à le faire une fois ; et enfin, déclencher, tant bien que mal, depuis derrière la vitre, soit en confiant le volant au copilote pendant quelques secondes lorsque l’on est conducteur (si, si) tout en veillant à ne pas accélérer car la scène est vraiment exaltante, soit, plus simplement, parce que l’on est passager et porté par un flux sur lequel on n’a aucun pouvoir. Ce qui est le cas de cette image, prise derrière une vitre teintée et striée de traces de poussière orientées dans le sens du mouvement d’un bus nécessitant 72 heures pour traverser un seul et unique pays…

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Elle avait son charme cette petite buée sur la vitre de la voiture, l’objectif de l’appareil photo, les verres de binocles branchées, qui donnait à notre perception du monde un charmant côté approximatif et suranné. J’écris « avait » car des chercheurs québécois – c’est vrai que nous n’en entendons pas souvent parler en France, mais ils existent – ont mis au point un revêtement anti-buée permanent à base d’alcool polyvinylique (oui, oui, le même vinyle que nos vieux disques noirs à microsillon). L’information est passée à la radio, j’étais en voiture, il pleuvait et il y en avait un peu sur le pare-brise. De la buée. Que j’ai, de fait, regardée avec une certaine nostalgie anticipée.

Tout porteur de lunettes a, en effet, un jour, espéré qu’une personne bien inspirée inventerait le revêtement anti-buée. Il y a même fort à parier que cette pensée lui a traversé l’esprit à chaque fois qu’il a été soumis à une basse température, qu’il  est entré dans un lieu normalement tempéré et que, dans l’instant, ses verres se sont parés d’une micro couche de fines gouttelettes d’eau tellement serrées les unes contre les autres que cela lui a donné la désagréable sensation de se retrouver face à un mur. Ecran gris instantané provoquant souvent l’hilarité d’un éventuel voisin non appareillé, quand bien même il a déjà vu cent fois le même sketch. Comme quoi, le comique de répétition a encore de l’avenir. « Bientôt », ce ne sera plus qu’un souvenir ! Le bigleux n’aura plus à retirer ses lunettes pour re-voir plus rapidement, ni à chercher une matière absorbante pour essuyer les verres, ni à pester car forcément, cela laissera des traces et le gênera pendant quelques minutes encore… Bientôt, le flou thermique n’existera plus pour le bigleux. Ni pour le photographe…

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Avec l’hiver, les buissons ardents séparant le chemin du fleuve se sont mus en de frêles brindilles. Des petites tiges caduques et figées s’extrayant tant bien que mal d’une neige légère mais envahissante, et signalant, par leur présence, tel un acte de bienveillante résistance, une frontière désormais invisible et impalpable entre la terre et l’eau claire.

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50 mètres. C’est la longueur du premier « vol » effectué par Clément Ader le 9 octobre 1890 à bord d’Eole, l’engin qu’il a fabriqué en s’inspirant de la chauve-souris. Sans doute n’imaginait-il pas, à ce moment, que son invention allait, deux siècles plus tard, révolutionner notre appréciation de l’espace, du temps et au final, du voyage.

Aujourd’hui, l’avion, mot bizarrement créé après celui d’aviation, nous mène à l’autre bout du monde en quelques heures (ce qui, soit dit en passant, semblerait dire que le monde a un début et une fin, alors que nous avons déjà vu dans Et pourtant, elle tourne qu’il n’avait même pas de sens). Bref. Ainsi, très rapidement et sans transition, il est possible de se retrouver à un endroit où la langue, la culture, la température, l’heure, les coutumes sont totalement différentes de celles que l’on connaît. Un jour, vous êtes piégé dans les embouteillages à cause de la pluie qui ne cesse de tomber depuis 2 jours, et quelques heures plus tard, vous êtes sur une plage de Bali en train de siroter un cocktail de fruits frais sur un air de java… D’un certain point de vue, c’est de la magie. Une magie qui a largement contribué à démocratiser, voire banaliser, le voyage. Aussi bien le fait d’être ailleurs que le déplacement en lui-même.

Ainsi, lorsque, las de cette instantanéité, on se prend à préférer le train à l’avion, tout semble rentrer dans l’ordre. Qu’importe s’il faut 12 heures pour parcourir 263 kilomètres ! Pour une fois, ce n’est pas le ratio temps / action qui compte, mais le moment, l’instant. Que gardons-nous en mémoire d’un vol de 12h ? Les trous d’air, effrayants ; la nourriture, mauvaise ; la clim’, trop froide ; le film, nul ; le petit derrière, exaspérant… Que gardons-nous en mémoire d’un trajet en train de 12h ? Des paysages splendides, riches et variés ; une rencontre inédite avec des personnes différentes et avec leur culture ; des découvertes culinaires à chaque station vendues par les habitants des villages traversés ; une autre perception de notre temps et de celui des autres. L’un comme l’autre sont fatigants, mais, entre les deux, quand on a le choix, y a pas photo !

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Quelque part sur des rails. En mouvement. Temps en suspens. Une libération en quelque sorte. On se laisse transporter avec la conscience de n’y être pour rien. Temps à soi. Un paradoxe : le temps s’arrête alors que tout bouge autour… Occupations passagères : lecture, écoute partagée de musique, visionnage de film, écriture, discussion, sieste, méditation, ou encore, contemplation du paysage qui défile plus ou moins vite selon l’endroit où se porte le regard…

La vitesse uniformise tout, transforme ce qui est proche en lignes dansantes, mais épargne les formes lointaines qui demeurent des arbres, des maisons, des tracteurs, des vaches… Le soleil aveugle, le rideau abaissé limite ses ardeurs. Nouvelle transmutation. Après les traits monochromes, les points irisés. Redécouverte d’un monde en pointillé.

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C’est terrible comme certaines images peuvent, dans l’instant, nous envoyer à des milliers de kilomètres de l’endroit où elles ont été prises… Ainsi en est-il de ce paysage aux trois éléments capté depuis le siège arrière gauche d’une voiture roulant à 142 km/h sur une autoroute française. Sur le moment, rien de « plus » qu’un soleil couchant, une éolienne en contre-jour, quelques nuages épars et un horizon hoquetant. A posteriori, un air de déjà vu. Un air de Nevada. Un vendredi soir sur la deux fois six voies menant à Las Vegas. Un cliché en somme. A l’allure finalement universelle. Une image générique donc. The end.

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