Photo-graphies et un peu plus…

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Trouver le toit plat, trouver l’endroit sur le toit d’où voir les alentours, repérer les triangles rouges puis s’approcher du bord, viser, un pas à droite, viser, un pas en arrière, viser, se hisser un peu, viser, un demi-pas sur le côté tout en restant hissé, viser, tout s’emboîte presque à merveille, viser, un triangle fait encore de la résistance, là bas au fond, se pencher un peu pour lui, viser, tout le reste a bougé, revenir en arrière, viser, c’est mieux, mais il y en a toujours un qui ne veut pas jouer, le forcer, viser, bon tant pis, ce doit être fait pour quelqu’un d’un poil plus grand, viser, ça y est, ce n’est pas parfait parfait mais tout concorde ! J’ai l’impression d’avoir fait un puzzle en 3D où ce ne sont pas les pièces que l’on bouge, mais soi, pour qu’elles se rangent toutes seules…

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Que vous soyez en avion, en bus, en train ou en bateau, si le placement est libre, un chaos certain s’empare instinctivement du troupeau d’humains qui cherche à l’intégrer. Le voilà qui trépigne à l’entrée dudit véhicule comme si sa vie en dépendait. Le Français est particulièrement doué dans cette indiscipline perçue comme un manque d’éducation à l’étranger. « Vous êtes arrivé avant ? Et alors ! Que c’est petit de s’attacher à ce point à ces détails chronologiques… Tout le monde finira par entrer ! ».

Entrer oui, certes, mais l’ambition de l’amnésique des bonnes manières aux propos nonchalants va forcément au-delà du simple fait d’avoir une place, puisqu’il a déjà payé pour cette dernière. Le but, c’est d’avoir une bon-ne place. Mêlée à l’entrée, croche-pieds, bousculades, dénigrement, pression sont les travers les plus avouables du « premier arrivé, premier servi ». Une fois dans le ventre du véhicule, on se presse lentement vers celle que l’on estime être sa place idéale. Heureusement, la bonne place de l’un peut être considérée comme mauvaise par l’autre… C’est parfois ce qui nous sauve du duel à l’épée à l’orée de la forêt encore pleine de sommeil.

Sur un bateau par exemple, à la belle saison, on a presque tous envie de squatter les ponts extérieurs, où, comme ailleurs, les places sont limitées. Tout le monde s’y presse au début, au sens propre, maudissant son voisin et le sien également d’éprouver la même envie. Heure de pointe sur la plate-forme, le tableau doit sembler ridicule du haut de la cabine de pilotage. Mais petit à petit, au fur et à mesure que le bateau s’éloigne des côtes protégées, qu’il navigue seul dans un immense courant d’air, le vent et le froid s’engouffrent, poussant une partie des passagers à se déporter vers l’intérieur, à l’abri. Petite joie sur le visage des résistants dont l’espace vital croît proportionnellement à l’exode des plus frileux. Et pour entériner définitivement cette victoire par forfait, les plus courageux d’entre eux n’hésitent pas à marquer leur territoire en s’allongeant et en se prélassant sans complexe au soleil comme si plus rien d’autre n’existait…

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Le temps, a dit le physicien Richard P. Feynman un beau matin, c’est ce qui se passe quand rien ne se passe. Un Prix Nobel ne doit pas dire que des bêtises… Même si d’autres empêcheurs de tourner en rond le définissent d’une manière diamétralement opposée, j’aime bien cette idée, que, quoi que l’on fasse, que l’on s’affole ou que l’on s’affale, pour le temps, objectivement, c’est du pareil au même… Il s’écoule, imperturbable, imperméable aux douceurs comme aux coups, même s’il en réserve à tous ceux qui le vivent. Et donc, vivent.

On a pourtant parfois l’impression qu’il triche un peu, qu’il cherche à casser le rythme, et se pose, de temps en temps, en des lieux très particuliers, un peu à l’écart du tumulte, à l’abri des regards, pour mieux se ressourcer… Comme sur ce carrelet accroché à l’estuaire de la Gironde, toujours debout et fier malgré les tempêtes, les crues, les passages et les années… Regardez-le, assis sur le banc, bercé par le bruissement des feuilles ballotées par le vent et le craquement du bois sous son poids, celui des années. On s’attendrait presque à voir les poissons se jeter directement sur le ponton, tant la sérénité y est palpable…

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