Photo-graphies et un peu plus…

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C’est une lapalissade, mais prendre un peu de hauteur nous permet souvent de voir les choses de la vie d’une autre manière. Au sens strict, comme au figuré. D’en bas, perdus dans d’étroites ruelles au charme pittoresque, on ne réalise pas vraiment à quel point les toits strasbourgeois sont pentus et percés d’autant de lucarnes, ni comment ces immeubles réussissent à s’enchevêtrer les uns dans les autres. D’en haut, cette fois-ci, d’étranges phénomènes se dessinent et se détachent de l’horizon. Ainsi en est-il de cette procession impromptue d’une colonie de fourmis noires, les phéromones en effervescence,  bouchant quasiment cette grosse artère centrale. Quelqu’un a dû faire tomber le pot de miel !

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Pendant quelques secondes, j’ai bien cru qu’un seul et unique architecte était à l’origine de cet immeuble hybride où se côtoient cariatides et colonnades faussement anciennes et balcons bétonnés flanqués de quelques traces de patriotisme réellement récents. Heureusement  – car l’ensemble ne me semble pas très heureux -, il s’agit de deux bâtiments différents, même si l’on a l’étrange impression que le clair s’est intercalé entre la route, son arrêt d’autobus et la barre, comme une enveloppe glissée dans une boîte aux lettres.

Ceci dit, le soulagement est de bien courte durée : qui a bien pu autoriser cette juxtaposition et proximité entre ces deux édifices aux styles si opposés ? Opposés vraiment ? L’un comme l’autre fonctionne en effet par la symétrie et la répétition d’un même motif : un triptyque balcon, fenêtre et porte-fenêtre pour le plus récent, un triptyque de fenêtres intercalées de sculptures ou de colonnes pour le plus ancien. Et entre ces motifs, des montants de pierre lisse découpant les façades en parties égales.  Ainsi, même si emprunts d’époques différentes dotées de ses propres codes, ces deux-là sont bien plus proches que l’on voudrait le croire au premier regard… Ce n’est pas une raison suffisante pour en faire des voisins. Mais est un exemple parmi tant d’autres dans cette ville de Winnipeg, centre géographique du Canada, où les belles constructions érigées en des temps plus prospères sont tristement abandonnées aux caprices du temps et doivent coexister avec une architecture plus modeste…

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Il n’y a rien de plus banal que de regarder par la fenêtre. De loin, tout semble absolument normal et simple. Il y a un intérieur, et de l’autre côté, un extérieur. Mais, au fur et à mesure que l’on se rapproche, l’étrange apparaît. L’extérieur paraît lui-même habité d’un intérieur protéiforme et tourmenté. Un intérieur qui se débat dans un volume confiné comme un fou dans une cellule. Une magnifique singularité prend alors le relais, générant une nouvelle perception d’une même réalité. Laquelle faut-il suivre ?

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De quoi a-t-on réellement besoin pour vivre ? D’un toit au-dessus de la tête qui saura nous rassurer dans les moments de doute, d’une fenêtre sur l’océan qui ouvrira à l’infini le champ des possibles ? Faut-il vraiment choisir entre l’un ou l’autre ?

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Le téléphone sonne. Il est à peine 12h01. Grandement l’heure d’aller se remplir la panse pour mieux penser. On se retrouve en bas ? Il est 14h33. Il est quelle heure déjà ? 14h33 ! Ah, zut, j’ai pas vu le temps passer, il faut aller se chercher un truc à manger ! Tu me prends un coca ? Il est 13h26. Aujourd’hui, je déjeune correctement. J’en ai marre de manger devant mon écran ! A table. T’as fait quoi ce week-end ? On est lundi. J’ai bossé sur le dossier machin chouette. Je suis allé marcher dans les bois. C’est vraiment bon ici, on devrait venir plus souvent. Ciné, expo, amis, comme d’habitude. Oh, pas grand chose. Tu me fais goûter ? Je me suis remis de la veille. Il a fait un sale temps. Lessive, ménage, rangement, les trucs du dimanche quoi. Je n’ai r-i-e-n fait et bon sang, ça fait du bien pour une fois. T’as vu le match ? Bon, pour la réunion de demain matin, t’as pu avancer ? On peut en parler maintenant si tu veux. Non, moi, je ne vais jamais au cinéma. Ah. Et ? Ni au musée. Mais tu ne pourrais pas parler de choses que l’on connaît ? Alors, ce match ? Au prix où ils sont payés, ils pourraient au moins taper dans la balle ! Même mon fils ferait mieux qu’eux ! Hum, hum… Bon, il faut qu’on  s’organise une réunion pour parler de la prochaine réunion. Tu cales ça ? Dis, t’as entendu ce qui s’est encore passé avec bidule truc ? Non, raconte ! Chut, elle arrive… Cela tombe quel jour le 1er mai cette année ? Un dimanche ? On se fait toujours avoir. T’as l’air étrange ces derniers jours… Quelque chose ne va pas ? Ah, ah, ah ! C’était drôle quand même… A certaines heures de la journée, la vraie solitude, même si elle peut sembler légèrement pathétique vu de l’extérieur, est, parfois, la meilleure des compagnes.

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Il semblerait que regarder chez « les gens » soit une spécificité française. Je précise : ce n’est pas regarder les gens, et donc faire preuve de voyeurisme, qui importe mais plutôt voir comment ils ont décoré leur bien ! Avec goût ou pas. Tout cela étant bien évidemment très subjectif ! Cette curiosité vis-à-vis de l’aménagement intérieur serait donc culturelle. Et une activité exclusivement nocturne, les habitations devant être rétro-éclairées pour être visitables, comme dans La métamorphose, la mienne, loin d’être kafkaïenne.

Ceci dit, cette manie ne s’applique pas uniquement aux antres des particuliers, mais à toute fenêtre donnant sur un monde nouveau et se donnant à voir. Ainsi en est-il de cette fenêtre de bureau moderne au faux plafond banal blanc tacheté de gris, aux néons aveuglants et grésillants et où l’on imagine sans peine des dizaines de personnes retranchées derrière des petites cases-bureaux ne se distinguant que par le numéro qui est plaqué dessus. Face à cet a priori négatif, voir ces ballons de baudruche colorés accrochés à la vitre grâce à du bolduc et à la porte d’une armoire métallique,  preuve d’une fête passée voire en cours, donne instantanément une note d’humanité au lieu. On entend alors les éclats de rire, les chœurs de « Joyeux Anniversaire », la musique d’ambiance mise par l’un des membres de l’équipe sur son PC en fête, les échanges de potins sur le gars du 6e qui s’est enfermé avec… Bref… Tout d’un coup, en un clin d’œil, tout cela prend vie… Et on se dit que cette manie, d’où qu’elle vienne, n’est pas forcément un défaut !

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C’est fou à quel point nous sommes marqués par les paysages fictionnels… Ainsi en est-il du fameux Motel, miteux ou pas, l’ensemble venant assez facilement à la bouche même s’il n’est pas forcément justifié, bien amarré en bordure de route américaine et s’annonçant aux gens de passage par des néons clignotants parfois un peu trop kitchs. On les a vus mille fois, nos héros récurrents, s’y arrêter en plein roadtrip ou s’y réfugier en pleine cavale. Comme si ces endroits si impersonnels, montés sur un ou deux niveaux, enfilades de chambres clonées devant lesquelles on peut garer sa voiture, les transformaient en John Doe. Effaçaient leurs délits et les rendaient invisibles. Jusqu’à ce qu’ils soient finalement rattrapés et que la similitude des chambres serve justement à faire monter la tension chez le spectateur. Perdu dans un décor qui se répète.

De prime abord donc, ces motels ne font pas envie. Pas de charme. Glauque parfois. Alors, pourquoi désire-t-on à ce point s’y poser lorsque l’on foule soi-même ce territoire où la fiction se mêle inextricablement à la réalité, à un moment où un autre ? Car justement, on veut aller à la rencontre de ce mythe. On veut pouvoir garer sa voiture devant sa chambre et pouvoir la voir à tout moment, juste en écartant un peu le rideau ; on veut s’asseoir sur cette chaise plastique à côté de la porte pour voir arriver les voisins d’un soir ; on veut pouvoir admirer le couvre-lit à grosses fleurs et s’affaisser sur le matelas de 40 cm ; on veut pouvoir se faire du jus de chaussette le matin et croquer dans deux crackers sous plastique… Ces lieux n’ont absolument rien de ce qui fait un classique « bon souvenir », et pourtant, ils en sont malgré tout. Est-ce cela aussi, la magie du cinéma ?

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Les gens habillent leurs rebords de fenêtres avec toutes sortes de choses. Généralement, il s’agit plutôt de fleurs, de plantes, de sculptures, de cadres, voire, de rideaux, artifice leur permettant d’être protégés du regard intrusif des badauds. Ces agencements de babioles sont souvent faits pour eux, donc tournés vers l’intérieur. Leur intérieur. Ils n’ont, en effet, que faire de ce qui se trame de l’autre côté. Dehors.

Cette fenêtre californienne fait donc office d’excellent contre-exemple. Ces deux mains, n’appartenant pas à la même personne et n’appartenant d’ailleurs à personne ; ces petites figurines de bois, échappées d’un cours de dessin et d’une vieille malle en carton, ont été sciemment coincées entre la vitre et le double rideau. Elles ne sont pas offertes aux yeux des maîtres des lieux mais bien à ceux des autres, qui traînent à l’extérieur. Un bonjour à l’arrivée, un au-revoir au départ, à cet instant précis où l’on se retourne, espérant un dernier signe de la main de notre hôte. Un clin d’œil amical assurément, qui arrache un sourire au passant, touché par l’attention, quand bien même les habitants de cette demeure sont de parfaits inconnus.

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Voyage organisé

… à tous ceux qui visitent régulièrement ce site, qui regardent avec plaisir les photographies, remontant parfois le temps assez loin, tout en avouant ne pas avoir toujours l’opportunité, la liberté, le loisir, le temps à nouveau, de vraiment lire les textes, qu’ils parcourent, malgré tout, « en diagonale »…

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