Photo-graphies et un peu plus…

Vieux couple

Mêmes pattes fines et allongées, mêmes faces blanchies et plissées, mêmes postures légèrement de guingois en partie liées à l’inclinaison de la rue, mêmes fatigues sur les épaules, mêmes lassitudes dans les regards, mêmes classes un peu surannées… Pour sûr, ces deux-là ont fait un bout de chemin ensemble…

Share on Facebook

Plongée vespérale

Se hisser au sommet de l’Empire State Building à l’heure du goûter – c’est mon côté régressif -. Penser aux nuits blanches de Sam Baldwin et d’Annie Reed – c’est mon côté fleur bleue -. Se pencher vers le monde d’en bas – c’est mon côté casse-cou – dont l’écho s’arrête heureusement en chemin – c’est mon côté sensible -. Vérifier que tout y est, les taxis jaunes, les embouteillages, les piétons affairés, les toits chargés de toutes sortes de machineries – c’est mon côté inspectrice des travaux finis -. Suivre, pas à pas, l’inéluctable descente du soleil et ses retentissements sur la ville : d’abord, les ombres qui gagnent du terrain et plongent précipitamment les rues dans une nuit avant l’heure, puis la lumière jaune et chaleureuse qui se dépose sur les hautes façades comme de fines feuilles d’or et vient aussi miraculeusement arroser les bas fonds, là où la vie trépigne d’impatience, dès lors que ceux-ci ont le bon goût d’être bien lunés ! C’est mon côté contemplatif… Puis se laisser « transe-porter » par l’arrivée progressive des lumières du soir dans la cité, chargées d’accueillir sereinement la nuit, la vraie, scintillante, crépitante, cosmique. C’est mon coté rêveuse…

Share on Facebook

A l'aveugle

Parfois, il est de bon ton d’avancer les yeux fermés et de se faire confiance…

Share on Facebook

Verres progressifs

C’est parfois ainsi que naît une photographie, d’une rencontre fortuite entre deux éléments qui se télescopent en faisant des étincelles…

Share on Facebook

La vengeance de l'ombre...

ou, comment, à certaines heures de la journée, la fiction prend le pas sur la réalité…

Share on Facebook

La montée des marches

Des points, des lignes, des droites, des angles, des perpendiculaires, des parallèles, des surfaces, des cercles, des plans, et même des plans inclinés… Si certains se demandent si l’espace euclidien de la scène n’est pas une trop grande contrainte, personnellement, je la cueille avec bienveillance. Surtout lorsqu’il est magnifié par un corps humain échappant radicalement à ses règles de gouvernance.

Share on Facebook

category: Actus
tags: , , , , , , ,

Le prophète

Le photographe est une sorte de devin : il peut prédire les événements à venir avant même que leurs protagonistes principaux n’y soient confrontés. Ainsi cet homme et cette femme vont-ils se rencontrer dans les prochaines secondes mais ils ne le savent pas encore, et sont à mille lieues de l’imaginer. Il est en effet encore trop tôt dans la journée pour que leurs ombres projetées ne les trahissent et sèment des indices. Lui, avec sa grande foulée et son allure déterminée, avance vite. Elle, avec ses assiettes à la main et une maladresse chronique, use de beaucoup de précaution pour descendre les quelques marches qui la séparent du niveau où marche l’homme invisible. L’un dans l’autre, ils devraient mettre le même temps pour arriver au coin du mur, et être surpris par la présence respective et inattendue de l’autre…

Elle, instinctivement, va alors lâcher sa pile d’assiettes, en porcelaine, pile qui va bien naturellement exploser dans un fracas de mariage grec en une myriade de petits morceaux aux pieds du farceur, qui, à son tour, après les secondes réglementaires de cris d’effroi et de sursauts, va alors s’empresser de l’aider à rassembler les morceaux. Une fois un petit tas constitué, elle va alors faire demi-tour, tourner la clé de sa maison dans l’autre sens, l’ouvrir, disparaître dans la noirceur du couloir d’entrée et en ressortir à peine 2 minutes après avec un balai et une pelle. L’homme, se sentant un brin responsable de ce drame domestique, restera à ses côtés tout du long, et à l’issue de ce nettoyage à sec, chacun dans un sens, ils poursuivront leur chemin comme si de rien était…

Bien sûr, il suffit d’être placé au bon endroit et d’avoir deux yeux – voire un – pour faire le même récit… D’ailleurs, peut-être que rien de tout cela ne s’est réellement passé… Peut-être ne se sont-ils pas croisés, peut-être s’est-elle arrêtée à la dernière marche pour vérifier qu’elle avait bien sa lettre à poster dans son sac et, la tête baissée, peut-être n’a-t-elle même pas remarqué l’homme dans son champ de vision. Peut-être seulement…

Share on Facebook

Express yourself 1Express yourself 2Express yourself 3Express yourself 4Express yourself 5Express yourself 6Express yourself 7Express yourself 8Express yourself 9Express yourself 10Express yourself 11Express yourself 12

Il y a quelques années, j’ai eu l’occasion de passer un peu de temps à Berkeley, en Californie. La ville est connue pour sa prestigieuse université, la deuxième plus ancienne du pays après Harvard, dont le campus à lui seul donne envie d’être étudiant à vie. Génies et autres esprits libres y convergent depuis des décennies – 65 prix Nobel dans ses rangs, des Pulitzer, des Oscars… -, avant de faire rayonner leurs idées dans le reste du monde. Haut lieu historique de la contre-culture américaine, pacifiste – les premières manifestations contre la guerre du Vietnam sont nées dans ses artères -, Berkeley a vu s’épanouir, dans les révolutionnaires années 60, le Free Speech Movement, prônant notamment la liberté d’expression politique des étudiants, et, dans la foulée, fleurir les hippies par milliers.

Auréolée de cette tradition libertaire et de cet esprit contestataire incarnés par la chair en mouvement, même un demi-siècle plus tard, on imagine donc la ville grouillante, palpitante, active sur tous les fronts, revendicative, engagée. J’avoue avoir donc été assez surprise, en errant plusieurs jours d’affilée dans les rues adjacentes du campus, certes assez cossues, de ne croiser quasiment personne. Physiquement j’entends. Point de regroupement ni de manifestations non plus. En revanche, assez rapidement, j’ai rencontré des pancartes plantées dans des jardins, des affiches glissées derrière des stores, des calendriers politiquement étiquetés placardés aux vitres, des dessins fixés aux fenêtres, des banderoles accrochées aux perrons et façades des maisons. Autant d’appels à la paix, au dépôt des armes, au vote Obama (avant sa première élection : Berkeley est la ville la plus démocrate au monde…), à la tolérance… Absents des rues, les habitants de Berkeley annoncent la couleur malgré tout. Défiler dans ses paisibles avenues devient un festival de revendications silencieuses en tous genres.

Le contraste avec la façon dont chacun exprime ses idées et ses convictions en France me saute alors aux yeux, et illustre la différence de conception entre ce qui relève des sphères publique et privée de part et d’autre de l’océan, voire d’un monde à l’autre. Car avez-vous souvent vu ce type d’expressions aux fenêtres de vos voisins ? Connaissez-vous leurs idées politiques, leurs combats, leurs engagements ? Là où, là-bas, et sans vouloir faire de généralités, on semble s’exprimer individuellement, solitairement, sans se montrer, ici, nous nous montrons collectivement, solidairement pour nous exprimer avant de tout ranger et de regagner nos antres, d’où, a priori, rien ne s’échappe…

Share on Facebook

La lambda là

Ces deux-là ne le sont assurément pas… Tout est en fait parti d’une conversation avec un chercheur en mathématiques québécois, ou plutôt un chercheur québécois en mathématiques. Il s’amuse d’une expression que je viens d’utiliser dans une phrase banale et que je crois naïvement universelle, tout du moins, partagée dans toute la Francophonie, cette entité aux frontières mouvantes où l’on s’exprime majoritairement en français. « Vous me faites rire, vous les français, avec cette expression ! On ne l’utilise pas du tout icitte. »

En l’occurrence, j’ai fait surgir une « personne lambda » dans la discussion dont j’ai oublié le contenu. Quand on y réfléchit un peu – ce qui est rarement le cas avec les expressions que nous avons totalement intégrées au fil des années et que nous employons sans plus nous interroger sur leur origine –, il est vrai que cela sonne étrangement. Une personne lambda. Une personne en forme de lettre, grecque qui plus est…

Vous me direz, ce n’est pas la seule de cet alphabet antique à être passée dans le langage courant. Je vous laisse sonder votre esprit une microseconde. Hop, c’est fini ! Il y a « l’alpha et l’oméga », qui en sont respectivement les première et dernière lettre. Et qui, logiquement, sont associées aux notions de commencement et de fin de quelque chose. Cette brève explication combinée à votre maîtrise de ladite « personne lambda » devrait vous donner un indice quant à la place de cette lettre dans sa famille… Plutôt moyenne. Quelconque. Sans réelle envergure ni signe distinctif. A peu près au milieu. Normale quoi ! Ce qu’est, par extension, une personne lambda, que rien, ni physiquement ni psychiquement, ne distingue particulièrement des autres, de la masse, un monsieur ou madame Toutlemonde comme on dit aussi. Que l’on invoque pour parler du citoyen moyen, ni plus ni moins, juste « de base ». Evidemment, la normalité est une notion relative, subjective autant que culturelle.

Cela nous ramène à ma toute première phrase, toute, toute, que je complète tout de suite : « ces deux-là ne le sont assurément pas, des personnes lambda ! ». A mes yeux d’occidentale, lambda dois-je le préciser ?, la rencontre visuelle avec ces demoiselles habillées en …, en …, en quoi d’ailleurs ?, sans qu’elles aillent pour autant à un bal costumé ou une soirée à thème, est assurément surréaliste. Dans les faits, il me suffit d’élargir un peu mon champ visuel pour en croiser d’autres, et même beaucoup d’autres, et, par conséquent, réaliser que porter des habits d’écolière, de soubrette ou d’infirmière, que se déguiser en personnage de manga – et pratiquer donc le cosplay, « costumade » pour nos cousins québécois – n’est pas si original que cela. Et que c’est même plutôt banal au Japon ! Moralité, le lambda de l’un n’est pas forcément le lambda de l’autre.

Share on Facebook

Vroum vroum

Question bête et un rien moqueuse, mais la perche était largement tendue : ces parents, que j’ai vu se croiser à un carrefour, s’échangent-ils aussi, comme les motards aux feux rouges à propos de leur fidèle destrier, de précieuses informations sur leurs modèles respectifs sans se connaître pour autant : taille, âge, options je-commence-à-marcher, je-suis-encore-trop-petit-pour-intéresser-les-autres (celui à gauche par exemple, abandonné dans son coin sous son bonnet et sa couverture d’appoint), mes-dents-poussent ou encore je-dis-quelques-mots-et-d’ailleurs-j’en-profite-pour-te-signaler-que-j’en-ai-marre-que-tu-me-pinces-les-joues-et-que-tu-t’extasies-devant-moi-un-peu-de-tenue-tout-de-même (celle à droite par exemple dont on devine le regard dubitatif) ?

Share on Facebook