Photo-graphies et un peu plus…

A l’origine, l’idée n’est pas vraiment mauvaise. Elle est plutôt bonne d’ailleurs, tout du moins amusante, un petit clin d’œil de voyageur à celui qui l’accompagne pendant son séjour : son guide. Celui de papier. Et l’idée ? Retrouver le lieu et l’angle exact sous lequel a été faite la photo de sa couverture et la faire à son tour. Identification rapide pour celui de l’Ouest américain : le mythique Golden Gate Bridge fait la Une. La photographie est prise quasiment à ses pieds, au sud de la baie, côté Baker Beach, décrite comme une petite plage très agréable dans ledit compère d’errance. Rien de plus facile a priori !

Il suffit de remonter cette longue plage, où une Californienne, que l’on veut croire typique, plonge ses pieds dans les eaux glacées de la célèbre Baie. Dix-quinze minutes de marche à tout casser et l’image est dans la boîte ! Sauf qu’à mi-parcours, les choses se corsent. Tel un mirage, j’ai l’étrange pressentiment que les gens se promenant un peu plus loin sur la plage sont nus comme des vers. L’hypothèse se confirme en avançant. Je marque une pause, ouvre le guide, retrouve le paragraphe consacré à Baker Beach. On n’y parle pas de plage naturiste… Ce qui n’est pas un problème en soi dans la mesure où la tolérance est à double sens et que personne ne réclame aux habillés de se dévêtir pour traverser cette portion de plage où le bronzage intégral est de rigueur. Cela pimente juste un peu le chemin jusqu’à l’objectif de la promenade. Et encore plus lorsque l’un de ces adeptes du simple appareil s’approche avec le sien – photographique – pour demander à ce qu’on le prenne en photo devant le pont. Passée la surprise de la requête – le type n’est pas d’ici, il veut ramener un souvenir de son passage à Baker Beach et évidemment, préfère solliciter quelqu’un en tenue normale car, forcément, c’est bien plus drôle ! -, une question cruciale se précipite rapidement aux portes de l’esprit : à partir de quelle hauteur veut-il être cadré ? Comme çà ? Non, non… Ah, plus bas ! Bien, très bien… Alors, attention, un, deux, trois, le petit oiseau va sortir ! Ah, non, pardon, c’est déjà fait ! Moralité : vouloir reproduire la photo de couverture de son guide de voyage, c’est bien, mais il faut avoir à l’esprit que le hors champ peut réserver quelques surprises !

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Parfois, j’ai du mal à choisir entre des images à la fois similaires et totalement différentes. Ainsi en est-il avec ces volatiles avec ou sans moteur. La pureté du ciel et des nuages, le parallélisme des trajectoires, versus le même type d’équipée sauvage un peu plus massive relevé d’une pointe d’urbanisme et d’un clin d’œil à la lumière, celle intense du soleil couchant répondant à celle, éteinte, du lampadaire debout.

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Après avoir frôlé maintes fois la crise cardiaque, revu en accéléré les pires scènes des Oiseaux en voyant ces hordes de pigeons fondre insolemment sur lui comme s’il n’existait pas, Bastien avait décidé, à son corps défendant, d’utiliser les grands moyens. Il n’en était pas très fier, mais c’était la seule solution qu’il avait trouvée avec les moyens dont il disposait. Un matin bien remonté, il s’était rendu à la droguerie résistante de son quartier et en était ressorti, le sourire en coin, avec une grande vitre translucide en plexiglas épais. Certes, il avait rencontré quelques difficultés à se déplacer dans les rues avec ce morceau d’1m50 sur 1m20, mais rien, à ce moment précis, ne pouvait l’arrêter. Et il avait ainsi filé, presque tête baissée, vers cette maudite place où les pigeons avaient pris l’habitude de le narguer en faisant du rase-motte par dizaines à chaque fois qu’il se mettait à lire la rubrique nécrologie de son quotidien.

Il s’y était planté, au même endroit que la veille et l’avant-veille, avait dressé sa paroi invisible devant lui et s’était mis à compulser sa feuille de chou. Un œil sur les lignes de texte, un autre vers le ciel, il n’attendait qu’une chose : que ses visiteurs ailés zélés, dans leur élan d’aviateur, viennent s’écraser lamentablement sur cette surface qu’ils ne pouvaient voir et y glisser jusqu’au sol… Mais, les bêtes avaient senti le piège, elles avaient soigneusement contourné l’obstacle au dernier moment par des loopings rivalisant avec ceux d’un Spitfire SuperMarine, et, désormais de l’autre côté de la vitre, formant une escouade resserrée, elle s’étaient propulsé vers un Bastien tétanisé… qui avait eu, malgré sa peur, le réflexe de passer de l’autre côté de la vitre, chose que les pigeons, qui ne sont que des pigeons, n’avaient pas vu. Et ce que Bastien attendait arriva finalement…

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Stupeur et tressaillement ! Le Pont des Arts, jadis léger comme l’air, croule désormais sous le poids de l’amour cadenassé. Il aura donc suffi d’une année et un peu plus pour que la mode lancée au Pont de l’Archevêché descende le courant et prenne d’assaut son cousin grillagé, QG reconnu de contemplation des beautés de la ville lumière. Les cadenas de l’amour s’y sont donc multipliés, comme des petits pains, côté promenade et parfois même côté Seine quand la place venait à manquer. Mais, parmi ces preuves de bons sentiments laissant entrevoir un monde rose bonbon, la réalité reprend parfois du terrain, donnant ainsi raison aux Rita et à leur chanson… Car, oui, « les histoires d’amour finissent mal, en général »… Deux mots sur lesquels se cristallisent tous les espoirs des amoureux malgré une introduction décourageante, que reprendra peut-être en chœur ce jeune homme à la barre.

Pour lui, l’amour n’est plus. Les traces de cet amour doivent de fait disparaître. A l’instar de ce cadenas qu’il avait accroché avec sa dulcinée en pleine lune de miel. Mais le bougre avait anticipé la potentielle tempête et, contrairement à beaucoup de couples pétris d’illusions, et avait opté pour un cadenas à combinaison. Ainsi se disait-il que lorsque les mauvais jours annoncés viendraient, il n’aurait pas à se procurer une pince disproportionnée pour briser les fers de l’amour. Quatre petits chiffres lui suffiraient à se libérer de ce qui serait désormais un boulet. Encore fallait-il les retenir… Ce qui n’était visiblement pas le cas au vu des dizaines de tentatives de décodage qu’il venait d’enchaîner… Voilà ce qui arrive lorsque l’on veut rayer un peu trop vite de sa mémoire une partie de son passé…

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Question récurrente en ville lorsque l’objectif est de mettre en exergue la géométrie d’un espace et de jouer avec les lignes et les formes : avec ou sans personnes dans l’image ? Sans, n’est-ce pas un peu trop froid ? Et avec, un peu gênant ? Telles de petites figurines figées dans leur mouvement et collées sur une maquette d’architecte, ce trio de mère-filles arrivé sans prévenir dans l’angle droit du cadre, venant habillement l’habiller et humaniser la composition me pousse à répondre à cette question par un assuré « avec évidemment ! ».

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Ce n’est pas l’image que nous avons habituellement des photos de couples fraîchement mariés… L’image que nous avons tous en tête, pour l’avoir vécue ou vue de près ou de loin, c’est celle un peu kitsch – si, si, quand même un peu – d’un homme et d’une femme se mettant dans des positions qu’ils ne reproduiront probablement jamais, devant une fontaine à se regarder amoureusement sur commande, assis sur une herbe bien verte à s’échanger quelques pétunias, ou rejouant la scène du prince faisant sa demande en mariage, un genou à terre, sur une plage de sable fin… Les combinaisons ne manquent pas, contrairement au naturel. Il est malgré tout une constante dans l’immortalisation du supposé plus-beau-jour-de-sa-vie, c’est le choix de l’environnement, du fond. Beau. Et au cœur de la nature, même si ce n’est qu’une reconstruction. La photo de mariage a lieu dans un endroit remarquable idéalement proche de la mairie et/ou de l’église.

Evidemment, tout le monde ne peut pas se marier en été et se dire oui avec l’astre solaire pour témoin. Ceux-là s’unissent à New York, ce qui suffirait à beaucoup. Malheureusement, le ciel est gris, les nuages sont bas, une tempête de neige est passée par là quelques jours auparavant laissant quelques congères ça et là, le pont de Brooklyn – qui, on l’imagine sans peine, a sûrement été l' »endroit remarquable » de milliers de jeunes mariés – est en travaux, la promenade est en chantier à ses pieds, gâchant une partie de la vue sur la skyline de Manhattan, le sol est jonché de rochers recouverts d’algues noirâtres, l’eau est marronnasse… Ainsi, pour une fois, New York n’est pas photogénique. Et pour une fois, une photo de mariage, dans sa quête d’alternative – se prendre finalement devant l’outsider, le Pont de Manhattan – en devient touchante…

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