Photo-graphies et un peu plus…

La poule ou l'oeuf ?

Il faut imaginer, un peu comme lorsque vous renversez une boîte de puzzle devant vous – que, personnellement, je prononce [pœzœl] et non [pœzl] contrairement à certains -, que ceci n’est qu’une pièce, qu’une infime partie d’un gigantesque banyan, composé d’un vaste réseau de racines aériennes toutes connectées les unes aux autres desquelles filent d’interminables branches horizontales. Si longues et si lourdes à vrai dire qu’elles ont besoin d’être soutenues, comme le font des béquilles auprès des accidentés, afin de ne pas s’effondrer et plier sous leur propre poids. A ceci près qu’il ne pousse pas un 3e bras ou un 3e tibia à ces malheureux, alors qu’ici, tout vient de l’intérieur !

Comment ne pas penser que le banyan réfléchit et définit une stratégie de survie ? Ainsi, comment décide-t-il, alors que la branche s’échappant du tronc central est encore courte, d’en faire émerger un nouveau tronc-racine sur lequel elle pourra à la fois se reposer et s’appuyer pour se propulser plus loin encore et explorer l’inconnu en toute sérénité ? Connaît-il, à l’avance, la taille finale de la branche ? Fait-il de savants calculs mathématiques pour déterminer où sera situé le barycentre de cette portion de son corps et, par conséquent, à quel endroit précis il doit stimuler la pousse de l’assistance à branche en danger potentiel ? Et comment choisit-il la branche qui bénéficiera de cette aide parmi toutes celles qui émanent de lui ? Ces troncs-bis – et la métaphore qu’ils nous invitent à faire avec une poignée de valeurs humaines telles la solidarité, l’entraide, la compréhension, l’empathie, le respect… – sont fascinants, et par extension la nature elle-même, éternelle inspiratrice et guide…

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L'apparition

Tout d’un coup, alors même que je n’étais ni en train de rêver, ni d’halluciner, ni sous l’emprise détonante d’un cocktail mangue – poire – cranberries, ni même dans un parc d’attractions, alors que j’étais tranquillement en train de déambuler dans la grande pomme, cet EPNI – être poilu non identifié – a sauté dans mon champ visuel ! J’ai juste eu le temps de prendre cette photo au passage, me doutant bien que mon témoignage serait facilement remis en question sans preuve formelle !

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We are here!

J’ai retrouvé une étrange carte intersidérale holographique dans une boîte de chaussures – des chaussures montantes apparemment, que je n’ai jamais connues par ailleurs -, au fond d’une malle en métal bleu – ma valise pour aller aux Iles Kerguelen il y a quelques années, rien à côté de ce que je m’apprête à vous dévoiler – que j’avais oubliée dans la grange d’une de mes maisons imaginaires. Elle m’a laissée plus que perplexe. Je vous ai scanné le recto (voir ci-dessus). Laissez-moi vous retranscrire le verso :

« Chère Lou,

Nous voici bien arrivés sur Kepler-452b après un voyage de plus de 25 millions d’années. Autant te dire que nous sommes exténués, quand bien même nous avons dormi la plupart du temps. Nous regagnons couleurs et force en reprenant nos bonnes habitudes de terriens : un bain de mer aux couchers des soleils !

Nous t’embrassons bien fort en espérant que tout va bien pour toi,

Lulu et Berlu »

Voilà, c’est tout. Le plus étonnant dans cette affaire est que je ne connais personne s’appelant Lulu ou Berlu, a fortiori Lulu et Berlu, hormis un couple de poissons rouges – enfin, ils n’étaient peut-être pas en couple… ça peut vivre à deux, des poissons ? – que j’avais offert à un couple d’amis – eux l’étaient vraiment – il y a des années de cela et qui sont morts – les poissons – peu de temps après avoir été transvasés dans leur nouvelle maison arrondie – comme quoi, parfois, mieux vaut rester chez soi. J’ai vaguement entendu parler de Kepler-452b aussi… La première fois, il y a quelques mois, lors d’une conférence de Frédéric Ferrer, et plus récemment, dans la presse, la nouvelle de la découverte de cette exoplanète aux allures de Terre, bien qu’un peu plus grosse, gravitant dans la zone d’habitabilité de son propre Soleil s’étant officiellement ébruitée. Qui plus est, si mes souvenirs sont bons, Kepler-452b n’avait qu’un soleil et pas deux ! Bref, que d’imprécisions… Enfin, je vois difficilement comment on pourrait déjà m’avoir envoyé cette carte intersidérale, comment j’ai pu la cacher sans m’en souvenir, et surtout comment je peux être en mesure de la lire aujourd’hui sans être morte depuis belle lurette… A moins, peut-être, que le voyage dans le temps n’existe déjà et que je ne m’en sois pas encore rendu compte !

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La remplaçante

Enfonçons une porte ouverte : une photographie est une rencontre entre une scène extérieure et    des préoccupations ou des intérêts personnels voire intimes. Parfois, plusieurs éléments sensibles convergent en une scène unique et, pour le preneur d’images, cela s’apparente un peu à une pêche miraculeuse. Encore faut-il, bien évidemment, ne pas se laisser submerger par l’émotion fulgurante de cette rencontre fortuite pour assurer l’image imaginée… Cette image peut d’ailleurs naître bien en amont, avec le risque que, dans le laps de temps s’écoulant entre ce que l’on pré-voit et ce que l’on s’apprête à photographier, les éléments se soient dispersés, et, avec eux, l’image espérée.

J’avais donc repéré cette silhouette recourbée et posée sur ce poteau une quinzaine de mètres plus tôt. Au même moment, je réalisais qu’elle était subtilement éclairée par ce lampadaire altier et fendant le ciel, et que, si je me mettais à tel endroit et à telle hauteur, l’un et l’autre se détacheraient sur la mer et le ciel en arrière plan, éclairés par les dernières lueurs de notre étoile préférée. Et qu’enfin, avec un peu de chance – il en faut toujours un iota -, personne d’autre ne viendrait s’immiscer dans ce face à face unilatéral. Le temps de parcourir ces 15 mètres, j’avais ainsi construit et fantasmé mon image, tout en accélérant un peu la cadence, pleinement consciente qu’il suffisait que le jeune homme descende de son piédestal pour que le charme s’effondre instantanément. Ce qu’il n’a pas fait… J’allais donc cueillir mon image… Sauf que je n’avais pas anticipé cette présence végétale à droite, que, pour des raisons de respiration verticale, je n’ai pas pu extraire du cadrage initial. Un intrus sur la forme et le fond qui dit cependant quelque chose d’essentiel : une photographie ne montre qu’une partie d’un tout, et ce tout commence justement là…

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L'atour de verre

J’ai d’abord cru à deux tableaux abandonnés dans la rue, leurs propriétaires ne pouvant plus les voir en peinture, avant de réaliser, en les voyant se métamorphoser au fur et à mesure que je m’approchais d’eux, qu’il s’agissait là de bouts de verre…

 

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Cet autre enfoui

Je veux bien croire que ce soit instinctivement effrayant les premières fois, d’avoir cette masse sombre collée à nos pieds revenant chaque jour, et ne se fatiguant pas de nous tourner autour, de nous suivre presque partout, devant, derrière, sur les côtés, et même en dessous. Cette masse inconstante et insaisissable passant de très élancée à affreusement difforme selon l’heure de la journée, dont nous n’avons pas encore totalement saisi et intégré le cycle et ses conséquences. Cette masse évanescente oscillant entre les ténèbres et la transparence selon la couche nuageuse, que nous n’avons pas encore le réflexe d’analyser. Cette masse qui lève un bras quand nous en levons un, qui se détache miraculeusement de nous quand nous quittons le sol… J’aimerais pouvoir revivre ce moment assurément incroyable où, pour la première fois, j’ai compris que cette masse était mon ombre et que cette ombre m’appartenait, et que, dès lors, je ne devais plus en avoir peur, et mieux, que je pouvais jouer avec, voire me jouer d’elle…

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L'homme descend...

… de l’arbre, et non pas du singe comme certains ont pu l’apprendre à l’école et comme on l’entend parfois encore pour aller vite et faire simple. Non, l’homme est un singe. Est-ce à dire que le singe est un homme ? En observant celui-ci, bien assis sur sa branche coupée, j’oserais même écrire perdu dans ses pensées et légèrement mélancolique, je suis troublée et tentée de forcer le trait de la logique. Je l’imagine donc déjà debout et prêt à engager la conversation pour expliquer ce qui le tourmente à ce point.

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Au cas où...

Voilà qui est rassurant : même au paradis, les autorités locales ont prévu une issue de secours ! En revanche, mieux vaut n’être ni claustrophobe ni allergique à la chaleur si vous devez fuir et décidez d’emprunter cet interminable couloir étroit : filant droit sans faiblir de l’autre côté du monde, il débouche en effet en Namibie, et s’ouvre en plein enfer du désert du Namib…

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Mitigée

Lorsque l’on se retrouve malencontreusement confronté à ces espèces de robinets en voie de disparition – superbes au demeurant -, on a beau être un fervent défenseur de la robidiversité et de toutes les formes de tuyauteries en général, on ne peut s’empêcher de penser que celui – ou celle (cela ne m’étonnerait d’ailleurs pas qu’une femme soit à la source d’une solution aussi pratique (et hop là !)) – qui a inventé l’eau tiède, celui, ou celle donc, qui a eu cette idée simple et géniale de mélanger l’eau très chaude, intouchable, à l’eau très froide, pas moins fréquentable, n’était pas, contrairement à ce que charrie la légende urbaine, si sot… ni sotte !

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Corps à l'appel

J’en suis certaine, cela vous est arrivé à vous aussi et vous vous en êtes autant étonné que moi : reconnaître une personne dans la rue, alors qu’elle est encore très loin, qu’elle est entourée de parfaits inconnus, et que vous n’êtes pas en mesure, malgré vos 12/10 aux deux yeux, de distinguer les détails de son visage… C’est son corps qui parle pour elle sans qu’elle n’en aie réellement conscience.  Sa démarche en particulier, que vous reconnaîtriez entre mille, car vous avez précédemment enregistré ce léger balancement des épaules, cette tête qui dodeline discrètement, cette jambe gauche qui chasse un peu, ces bras qui se balancent nonchalamment, ce rythme à la fois assuré et vagabond, et que ce sont ces indices-là que vous cherchez puis repérez dans la foule car leur combinaison est unique. C’est alors que vous esquissez un sourire et que, pas à pas, alors que l’hypothèse se confirme 9 fois sur 10, que les détails s’affirment, que bientôt les traits du visage se dessinent, vous entrevoyez, chez l’attendue, cette même expression radieuse des lèvres et des yeux. Elle aussi vous a reconnu(e) de loin, alors que vous ne bougiez pas. Car votre silhouette, même gonflée et déformée par les vêtements d’hiver, est, elle aussi, singulière, au même titre que votre façon de patienter…

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