Photo-graphies et un peu plus…

L'épuisette solaire

Pour réchauffer vos longues et froides soirées d’hiver, voici une solution à la fois facile à mettre en oeuvre et ultra efficace : l’épuisette solaire. Calquée sur le modèle du filet de pêche, elle a pour avantage non négligeable de ne pas devoir avoir la taille du Soleil pour fonctionner, l’idée étant non pas d’attraper l’astre brillant lui-même pour le conserver chez soi (imaginez un peu le chaos que cela provoquerait dehors !) mais simplement de capturer quelques-uns de ses rayons, ni vu ni connu. La chaleur vient alors s’accumuler dans les mailles du filet, qu’il suffit de mettre en boule à la fin de l’été puis de ranger dans un coffre en pierre hermétiquement fermé jusqu’à l’arrivée de l’hiver et de sa chute de température. Vous n’aurez alors plus qu’à rouvrir le coffre, en extraire le filet encore tout chaud et l’étendre sur l’un de vos murs d’appartement ou de maison pour profiter pleinement et grâcieusement de cette douce chaleur venue du passé !

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Les dissociables

« Détachez-vous, détachez-vous, détachez-vous… » Je me répète ces deux mots à voix basse comme s’ils avaient le pouvoir d’une formule magique, l’oeil droit rivé derrière le viseur, l’index en position optimale pour déclencher en moins d’une seconde une fois les conditions attendues réunies. Ou, susceptibles de l’être. Mieux vaut d’ailleurs être patient car cela peut durer un certain temps… Ou comment diraient Dupont et Dupond, un temps certain.

Ainsi, sur cette plage d’Iquique plantée face à l’Océan Pacifique (mais cela aurait pu être sur celle d’Hourtin face à l’Atlantique), j’attendais que les silhouettes mouvantes et aux trajectoires erratiques donc difficilement anticipables de ces douze joueurs de football balnéaire se détachent une à une à l’horizon. Ce n’est pas que je n’apprécie pas les amas indistincts d’êtres humains, mais je préfère pouvoir les discriminer. Pour des raisons esthétiques. Pour le micro défi photomathématique. Pour le test de patience enfin.

Attention spoiler : j’ai bel et bien réussi à les capter dans cette configuration hautement improbable (cf photo ci-dessus !) ! Pour ce faire, j’avais le choix entre deux stratégies, élaborées sur la base de ma très fine expérience des Vélibs parisiens et en particulier des stations pleines : dans de telles circonstances, soit vous roulez vers une autre station après avoir vérifié au préalable qu’il lui restait des places, soit vous attendez là quelques minutes en espérant qu’une personne viendra récupérer un vélo (et libérer un emplacement dans la foulée). Mobilité versus immobilité, j’ai testé les deux options (qui en disent long sur vous par ailleurs), elles fonctionnent.

Retour à la plage : j’aurais pu choisir de bouger – courir en fait – et tenter de suivre les allées et venues des joueurs sur ce terrain bosselé pour réussir à faire cette photo, mais cela m’a paru plus complexe, plus dangereux (notamment pour l’appareil) et surtout plus fatiguant que d’enfoncer mes pieds dans le sable et d’attendre que cette conjonction de coordination nécessitant une attention sans faille, une réelle maîtrise des vitesses relatives et absolues des joueurs les uns par rapport aux autres, une vision périphérique optimisée ainsi qu’un zeste de chance se produise devant moi… Ce qui est effectivement arrivé ! Moralité, dans la vie, tout vient à qui sait attendre !

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Zen (ou pas)

C’est une sorte de marronnier… Vous savez, ces sujets que la presse recycle à des fréquences variables et qui vous donnent l’impression qu’elle ne sait pas se renouveler ou qu’elle vous prend pour des Alzheimer précoces, voire des poissons rouges : les meilleures techniques de bronzage ou les derniers régimes avant les vacances d’été, les prix de l’immobilier dans votre région, le palmarès des lycées ou des hôpitaux, les francs-maçons et bien d’autres encore…

Dans ce cas précis, il s’agirait plutôt d’un MCRR, un Marronnier Comportemental Régulièrement Reporté. Vous savez, ces choses que vous vous répétez chaque année en vous disant « cette fois-ci, c’est la bonne, je m’y mets sérieusement (ou tout court) ! », mais que vous finissez toujours par différer pour une raison que vous estimez valable sur le moment et qui, objectivement, ne l’est pas du tout. Cela peut être d’apprendre enfin à jouer du pipo, d’aller faire du tir à l’arc chaque semaine ou de vous mettre au javanais… Ces petits enseignements qui changent une vie mais qui requièrent un minimum d’investissement.

Ainsi, sans réellement m’en rendre compte, cela doit bien faire une petite dizaine d’années que je réussis à me persuader que je vais enfin m’inscrire à un cours de yoga. Ce n’est pas compliqué, le yoga, ce n’est pas comme si je m’étais réveillée un matin avec l’envie d’apprendre à voler ! Et pourtant ! De fait, récemment, prenant enfin conscience d’être bel et bien atteinte du syndrome MCRR, j’ai changé mon fusil d’épaule. J’ai décidé de mettre à la médidation, pensant naïvement que ce serait plus simple – notamment car je pourrais commencer sans avoir à sortir de chez moi – et que cela ne pourrait me faire que du bien – ça frise l’entropie là-haut !.

Un matin, juste après ma dose de caféine, je me poste donc devant mon écran en quête d’une technique de méditation pour débutants-ignares-profanes… J’en choisis une dans la centaine de résultats recensés. Je me sens prête ! J’avale l’introduction, j’acquiesce au terme de chaque phrase, je suis au bon endroit, je me sens prête pour le premier exercice, présenté comme un test pour déterminer si le petit scarabée l’est vraiment ou pas, prêt : ne rien faire pendant 5 minutes ! Et là, c’est le drame, tous les espoirs que je fondais sur ce nouveau futur moi hyper calme et serein s’effondrent net : vraiment, ne rien faire pendant 5 minutes, là, tout de suite maintenant ? Mais vous ne vous rendez pas compte, ce n’est absolument pas le moment ! Et voilà comment, en quelques secondes, la méditation est à son tour devenue un MCRR…

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Contre-poids

Comment ne pas penser, en voyant cet homme ainsi chargé, à ces fourmis parfois croisées sur les grands chemins charriant une feuille immense, une longue tige, voire un animal largement plus lourds qu’elles ?

La comparaison s’arrête pourtant là car, alors que les fourmis sont en mesure de porter 60 fois leur poids – et, selon une étude d’ingénieurs en mécanique et aérospatiale américains dont je tairai l’horrible protocole expérimental, de résister à une force de 5000 fois leur poids – l’homme le plus fort du monde, Hafþór Júlíus Björnsson, alias La Montagne pour certains, n’a réussi à soulever « que » 640 kilos, soit seulement 3,37 fois son poids. Cela en fait tout de même un gringalet de 190 kg, ce qui n’est sûrement pas de tout repos.

Il n’empêche, face aux fourmis (et plus encore aux bousiers qui peuvent soulever jusqu’à 1140 fois leur poids : quelles drôles de recherches que de vérifier cela, soit dit en passant !) et à leurs 15 milligrammes de gras pour les plus communes, La Montagne peut aller se rhabiller ! Quelles forces de la nature tout de même !

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Que la lumière soit !Tout le monde, absolument tout le monde, peut être subjugué par un spectacle eau et lumière ! Mais, pour une raison qui m’échappe, ce genre de juxtaposition me fait toujours sourire. Il ne s’agit pas de moquerie, plutôt d’attendrissement. Comme si ces religieuses, qui ont choisi de consacrer leur vie à la lumière, pas verte certes mais plutôt divine, ne pouvaient se satisfaire de ces simples petits bonheurs terrestres !

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La vie de travers

Garanti sans trucage ni montage malgré l’improbabilité mathématique de ce qui, de loin, ressemble malgré tout à des habitations… Je me suis simplement postée au milieu de la cour, puis j’ai visé au zénith – pluvieux par ailleurs – et tout ça est entré naturellement dans le cadre, me donnant la sensation d’être le ballon ovale convoité par des colosses aux épaules larges au cœur d’une mêlée ou, bien plus agréable, de scruter la cime des arbres en plein automne. Telle était d’ailleurs l’intention de l’architecte Piet Blom en créant cette forêt de quarante maisons-cubes inclinées à 45° au mitan des années 1980… 45°, vous avez bien lu… Assurément un exercice d’équilibriste à la conception, une expérience gravitationnelle en soi pour leurs habitants, même si les planchers sont bien parallèles au sol, et bien sûr, un spot de rêve pour le photographe…

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C'est la jungle !

Finalement, nous avons tous quelque chose en nous de…, non, pas de Tennessee !, de Johnny… Weissmuller, aka Tarzan, lorsque nous lançons une recherche sur Internet. Et que, sans pour autant pousser le moindre cri (le sien – un yodel autrichien inversé passé en accéléré pour les uns, un montage incroyable de voix humaine, d’aboiement de chien, de rugissement de hyène, de blatèrement de chameau et de son de violon pour les autres – a marqué des générations entières de tympans et je suis quasi sûre que vous l’avez déjà mentalement reproduit depuis que vous avez commencé à lire ce texte), donc de lien en lien, comme lui de liane en liane, nous nous éloignons petit à petit, non seulement de notre point de départ, mais parfois même, souvent pour être tout à fait honnête, de notre quête initiale jusqu’à ne plus savoir réellement où nous sommes ni comment ni pourquoi nous sommes arrivés là, passant, en quelques clics, d’une simple vérification sur ce cri primal du premier autrichien célébré à Hollywood au top 10 des labyrinthes en France (cri > oreille > pathologie > labyrinthite > labyrinthe…). Fort heureusement, comme l’a dit en son temps Christophe Colomb, qui s’y connaissait fort bien en détours : « On ne va jamais aussi loin que lorsque l’on ne sait pas où l’on va ». Voilà qui devrait réjouir les vagabonds numériques que nous sommes devenus. Mais, pour boucler la boucle for et rassurer les moins aventureux d’entre vous, je serais tentée de combiner cette pensée d’explorateur à un proverbe sénégalais : « Quand tu ne sais pas où tu vas, retourne toi et regarde d’où tu viens »… Dans la jungle dense, ce peut être confus, même pour Tarzan. En revanche, en langage informatique, c’est déjà plus facile : reculer d’une, de deux, de trois, de six pages, ou consulter directement l’historique pour revenir au point de départ !

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La boîte de PandoreAvant d’aller plus loin, je dois vous avouer quelque chose : j’ai failli appeler ce duo « La boîte de Pandore ». Par acquis de conscience, j’ai malgré tout vérifié que je ne me faisais pas d’illusions à son sujet. Bien m’en a pris ! Comme cela arrive parfois avec ces expressions que l’on répète en perdant de vue leur sens originel, j’avais une idée fausse de ce à quoi renvoyait réellement, enfin « mythiquement », cette fameuse boîte de Pandore (en fait, une jarre, mais il est vrai que « la jarre de Pandore » sonne nettement moins bien). Et pas totalement fausse non plus, plutôt édulcorée… Ainsi, pour que les choses soient claires pour tout le monde, je rappelle qu’en ouvrant la boîte-jarre, Pandore, première femme terrestre déjà bien trop curieuse, libéra tous les maux de l’humanité – maladie, vieillesse, guerre, vice, folie, passion (un mal ??)… -, l’espérance, un peu plus lente, ne réussissant à s’échapper que dans un second temps (ou pas, selon certains). L’ouvrir, c’est donc s’exposer aux pires catastrophes…Dans mon esprit naïf, il ne s’agissait que de surprises, qui peuvent être bonnes ou mauvaises par ailleurs.

Alors, partiellement ignorante, ce duo devait donc commencer ainsi : « Avant que je ne la taxe de boîte de Pandore, elle n’était qu’une simple boîte ». Compte tenu de ce qui précède, je me vois dans l’obligation de tout changer. Voilà ce que je propose, pour que nous puissions passer rapidement à l’objet de ce duo : Avant que je ne la taxe de boîte de Pandore par erreur, elle n’était qu’une simple boîte. En carton. Avec un contenu. Un scanner en l’occurrence. Le révélateur de notre passé en négatif ou positif. Je parle de films. Argentiques donc. Vous souvenez-vous ? Déjà de l’archéologie pour les digital natives de la Génération Z ! Nul ne sait réellement à quoi il s’expose lorsqu’il entreprend de scanner ses archives. Une fois la méthodologie arrêtée – choisir la face par laquelle aborder cette montagne de négatifs et de diapositives ? -, le voyage peut débuter. Un voyage dans le temps en premier lieu qui illustre parfaitement l’un des multiples rôles de la photographie : celui d’être un support d’un présent destiné à devenir passé, et parfois, à être oublié. La photo souvenir… C’est le but même de cette manœuvre chronophage : avoir, au même endroit, à savoir la quasi infaillible mémoire d’un ordinateur, le récit lumineux de ces années révolues à côté de celui en cours d’écriture. Se donner ainsi l’occasion d’avoir sa vie devant soi.

Jour après jour, car l’activité devient vite une drogue, on replonge dans son passé, et subséquemment, dans sa propre vie, dans celles de ceux qui ont gravité autour – parfois encore, parfois plus depuis bien longtemps -, on voit le temps marquer les visages, on retrouve ceux qui ne sont plus, on revisite les contrées traversées, on revoit le chemin parcouru, on revit les moments forts immortalisés à bon escient même si cela reste parfois un peu flou… Il y a quelque chose d’étrange à se repasser ainsi les films de sa vie en accéléré : logiquement, on ne s’y voit pas – hormis quelques autoportraits au miroir ou autres surfaces réfléchissantes -, même si tout ce que l’on re-voit l’a été par nos yeux. Comme si tout cela, finalement, n’était qu’un rêve, qu’une construction, une expérience extra-corporelle. Autant dire que c’est plutôt décontenançant.

Et puis, il y a autre chose que révèle en filigrane cet exercice compulsif de réanimation du passé, et qui s’avère tout aussi passionnant avec le recul : l’évolution d’une pratique photographique – qui ne s’envisage pas forcément comme telle au départ – avec ses hésitations, ses maladresses de débutant mais aussi de belles surprises avec des images que l’on ne renierait pas aujourd’hui et que l’on regarde désormais avec une vraie tendresse doublée d’une certaine nostalgie – suis-je encore capable de cela ?… Parallèlement à cela, cette méta-photographie fait office de révélateur et met en évidence des tendances, des thèmes clés, voire fondateurs ou directeurs, devenant progressivement conscients donc travaillés. Elle trace ainsi la formation d’un regard, son affirmation également. En résumé, de l’auto-poïétique par excellence !

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Le carrefour de tous les dangersCette banale scène de la vie quotidienne kyotoïte me semble totalement surréaliste pour un Français, voire, plus globalement – osons les généralités -, un latin… D’où mon empressement à la photographier, comme si je devais en ramener une preuve à mes petits camarades. Les mi-bas sous short de la demoiselle à pois blanc sur fond noir n’y sont pour rien. Pas plus que la tenue bleue électrique impeccablement repassée, les gants d’un blanc immaculé, la casquette bien vissée sur la tête des agents de la circulation, quand bien même je ne peux nier que l’ensemble impressionne. Non, ce qui me fascine littéralement ici est la présence, naturelle, de trois personnes pour gérer cette toute petite intersection, alors même que les rues sont en sens unique, qu’il y a déjà deux passages piétons latéraux et qu’a priori, le danger est extrêmement limité.

Bien évidemment, dans de telles conditions, la pensée, fut-elle furtive, qui consisterait à s’imaginer traverser sans y être expressément invitée par le trio d’hommes bleus n’atteint même pas les cellules pyramidales de mon aire de Brodmann, celle-là même qui est aux manettes de chaque muscle de notre corps. Postée sur le trottoir à devoir attendre le go officiel au lieu de braver les interdits et/ou le danger comme je pourrais le faire en un terrain plus familier, plusieurs questions sérieuses me traversent alors l’esprit (sans bouger pour autant), sur le taux de chômage au Japon (3,4% fin 2014), sur l’âge de la retraite (il passe progressivement de 60 à 65 ans, même si travailler jusqu’à 70 ans est déjà très courant, âge dont doit d’ailleurs être proche l’agent de gauche), mais également sur la proportion de seniors dans la vie active (9% avaient plus de 65 ans en 2012) et dans les emplois peu qualifiés, pseudo « petits boulots » comme ici, et enfin – ou plutôt surtout -, sur l’intérêt, réel, de telles fonctions. Sans doute cette ultime interrogation reflète-t-elle une façon purement occidentale de raisonner… Force est de constater que traverser sauvagement la route n’aurait pas conduit aussi loin dans la réflexion !

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Question d'échelle

En se concentrant sur son cœur, l’on pourrait croire que cette photographie a été prise, les pieds dans l’eau, à proximité de sa surface, à ce moment précis où les vagues s’étirent sans fin sur les plages, comme un grand gaillard sortant de sa sieste post-prandiale… Jusqu’à ce que le regard s’égare et remonte l’étroite frontière mouvante d’écume et tombe sur ces deux frêles silhouettes, au nord-ouest de l’image, ramenant alors la scène à sa juste et incroyable dimension. Pardonnez cette trivialité nocturne, mais je serai toujours fascinée par ces confrontations d’échelle entre l’homme et la nature. Regardez-les, si vulnérables et pourtant si confiants alors qu’une simple vague suffirait à les faire disparaître…

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