Photo-graphies et un peu plus…

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Quelques secondes après avoir intégré l’ascenseur, j’atteins le sommet. Le Nid. De loin, le point culminant de Nantes et de sa tour détonante… Dans ce travelling circulaire par le fond, mais parallélépipédique par la forme, mes yeux se perdent à l’horizon où l’on est susceptible, par temps clair, de déceler la mer. Ceux-ci n’étant pas assez perçants, je révise mes ambitions à la baisse et plonge mon regard à la verticale, dans les arcanes de la ville. Car, comme pour paraphraser Richard B., c’est beau, une ville, de haut. De nuit aussi. Se hisser sur les hauteurs est une figure imposée de mes déplacements pour la vision globale que cela donne… Peut-être une habitude née des westerns que je regardais étant petite (le mardi, c’était permis, mais la publicité ne disait pas que les enfants pouvaient aussi choisir le programme !)… Telle un Indien Navajo perché sur l’un des plateaux tabulaires de Monument Valley, je scrute les environs, prête à libérer quelques volutes de fumée à la moindre apparition suspecte !

Là, justement, devant moi, un bâtiment se démarque de tous les autres, néanmoins remarquables. Le polygonal. Il me renvoie à un autre, parisien, rasé depuis plus d’un siècle, découvert au Musée Carnavalet, en photo. La prison panoptique de La petite Roquette. La structure est, architecturalement, intrigante… Se pourrait-il qu’il ait la même fonction ? Je vérifie auprès d’un autochtone voisin qui me confirme qu’il s’agit bien là de la maison d’arrêt de Nantes. Enfin, de l’ex-prison de Nantes. Les détenus ont récemment été transférés dans de nouveaux locaux, modernes, plus grands, plus beaux, plus loin du centre ville surtout. Et de cette place gardienne de la paix elle-même en mutation où la présence de malfrats, même derrière des barreaux, ne coïncidait certainement pas avec son standing à venir. Jouxtant la prison, le bâtiment rectangulaire flambant neuf avec sa majestueuse entrée à colonnades sera bientôt un hôtel de luxe mais il s’agit de l’ancien palais de justice de la ville – le nouveau, commis par Jean Nouvel, tout de noir vêtu, est ancré sur l’île de Nantes. Et à gauche de la prison sur la photo, en lieu et place de l’ancienne gendarmerie nationale, un promoteur immobilier ayant pignon sur rue prépare son programme de logements « haut de gamme ». Si le trio gendarmerie-palais de justice-prison concentré dans un mouchoir de poche avait une cohérence certaine, son remplaçant hôtel de luxe-logements de luxe-prison est un peu boiteux… Qu’à cela ne tienne, malgré son originalité, la prison devrait bientôt subir le même sort que son aînée parisienne : la démolition ! Séjourner ou vivre dans un ancien palais de justice ou une ancienne gendarmerie ne provoque vraisemblablement pas le même émoi que se projeter dans une ancienne prison… La reconversion de ce quartier patrimoine national garant d’une justice certaine et d’un respect des règles n’en est pas moins étonnante !

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Bien sûr, je n’entends pas réellement répondre à cette question, qui compte quand même 3 490 occurrences sur le moteur de recherche omniscient, d’autant que la réponse change certainement au fil des âges… Je ne me souviens plus de ce que je pensais des zoos étant petite, mais comme les enfants d’aujourd’hui, j’imagine que je faisais le ouistiti en découvrant, en vrai, des animaux auxquels je n’avais généralement accès que par les livres ou la télévision. Maman, si tu me lis… Apostrophe inédite qui soulève une autre question : le zoo est-il une sortie de maman ou de papa ? A vrai dire, j’ai le sentiment qu’il s’agit plutôt d’une sortie de famille. Mais revenons à nos moutons… Enfant, je ne voyais probablement pas la cage, les barreaux, les enclos pour ce qu’ils sont en réalité – des privateurs de liberté, des incitateurs à tourner en rond – mais pour leur vertu protectrice : ils créaient une distance infranchissable, d’un côté comme de l’autre, me permettant, malgré une appréhension certaine, de m’approcher au plus près en minimisant ma peur, d’être impressionnée, et peut-être, déjà, de rêver de les voir en vrai de vrai. Dans leur habitat naturel. Par opposition au « en vrai » simple, relatif au passage de la 2D (livre, télé) à la 3D emprisonnée (zoo).

Je me doute que, comme dans tous les secteurs, il existe mille réglementations à respecter  quant à la taille des espaces de vie réservés aux animaux dans de classiques zoos. Mais une cage reste une cage par rapport à une plaine, à une montagne, à une forêt, à une rivière, où ces animaux pourraient évoluer librement, peut-être même en faisant des tours et des tours sur des périmètres réduits, mais par choix et non, par absence de choix. Je ne mets pas en doute, non plus, l’intérêt pédagogique et social que peuvent avoir les zoos pour les enfants. Mais, quand, un peu plus grand, accompagnant des plus petits, on se retrouve face à une volière où une chouette déploie ses ailes simplement pour se souvenir qu’elle en a, ou face à un babouin neurasthénique, littéralement prostré devant une vitre malgré les gesticulations simiesques d’homo sapiens sapiens de fait déçus par son manque de coopération que l’on pourrait interpréter comme une accusation – regardez, regardez bien ce que vous avez fait de moi ; il n’y a pas de quoi faire le paon ! -, l’interrogation liminaire prend malheureusement tout son sens… Comment se mesure le bonheur d’un animal en cage ? Cette question est, sans nul doute, très très bête !

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J’ai fait la maligne, il y a deux jours, avec cette histoire de pluie diluvienne à propos de laquelle j’annonçais fièrement que, non seulement, elle ne me dérangeait pas, mais qu’en plus, je lui trouvais beaucoup d’atouts ! Ma nuit passée m’oblige à revenir sur certains éléments…

Vous savez, c’est un peu quand on se dit : « Tiens, ça fait longtemps que je n’ai rien cassé ! » et que, le lendemain, on fait un faux mouvement en racontant une histoire, et que, porté par l’enthousiasme, on envoie valser un verre, qui se brise alors en mille morceaux sur le carrelage… Une partie de nous ne peut s’empêcher de se demander si le verre aurait pu être épargné si l’on n’avait pas eu cette pensée la veille. Ce soir, je me demande donc si l’inondation dont a été victime ma très charmante chambre amstellodamoise sous verrière poreuse par temps de pluie acharnée et gouttière bouchée aurait pu être évitée si j’avais écrit autre chose…

Donc, je complète mon propos : oui, j’aime les grosses pluies, mais non, je n’apprécie pas particulièrement qu’un goutte à goutte se transformant en filet d’eau continu me réveille en pleine nuit, m’obligeant à écoper, éponger, déménager… Donc, dans l’hypothèse où la fiction a une certaine prise sur la réalité, je voudrais également préciser ce soir que j’adore les vacances au soleil, même si ça fait un peu cliché !

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En temps normal, je n’apprécie guère être surprise par la pluie. Enfin, tout dépend du type de pluie… S’il en est une qui m’insupporte particulièrement – si je puis être tout à fait franche avec vous -, c’est bien le crachin. À mes yeux, un crachin, c’est un nuage qui n’a pas réussi à choisir entre s’abstenir et se manifester réellement. Un crachin, c’est une pluie qui fait du chichi ! Un crachin me donne la bizarre impression d’avoir un Brumisateur braqué sur moi en continu, ce qui peut être très appréciable et apprécié en été lorsqu’il fait 38°C mais pas en hiver, après plus de deux vaporisations, sous un ciel gris-blanc lui-même indécis. Le crachin, avec ses minuscules gouttelettes d’eau est surtout un calvaire pour les porteurs de lunettes non équipées d’essuie-verres, c’est-à-dire toutes ! Leur diamètre est si petit et leur concentration si élevée que leur présence occulte rapidement les verres, obligeant les bigleux à transformer leurs index en cet outil rêvé au risque de paraître ridicule ou à remiser leurs binocles pour poursuive à l’aveugle, dans la limite des dioptries disponibles…

À l’inverse, je suis une grande fan des déluges, des trombes d’eau, des cascades, en somme, des pluies bien sûres d’elles, voire passablement énervées, bien décidées à livrer tout ce qu’elles ont sur le nuage. Vêtue de façon adéquate ou pas – donc, protégée ou trempée jusqu’aux os -, peu importe, cette pluie-là me plaît. Ce qui me plaît ? Le claquement sec des grosses gouttes sur le sol ou tout autre élément intermédiaire ; la panique qui s’empare des piétons, courant dans toutes les directions en quête d’une place au sec comme des fourmis sur lesquelles on soufflerait ; le rid’eau qui se forme devant soi et métamorphosant la ville en d’éphémères lavis ; l’embarras des automobilistes ralentis pas le manque de visibilité, les martèlements répétés des gouttes sur leurs carcasses de métal, les yeux grands ouverts, les phares allumés ; les rigoles se transformant en torrents idéaux pour une session mémorable de canyoning ; le sentiment que quelque chose nous échappe et nous dépasse totalement, que le ciel nous tombe sur la tête ; cette autre vie qui se crée où la nature tumultueuse se manifeste, prend le dessus et nous rappelle qui est le plus fort…

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J’aime beaucoup lorsqu’un peintre s’extrait des confins de son atelier, pose son chevalet en extérieur, à la lumière naturelle, face à un paysage suffisamment remarquable pour que d’autres le prennent en photo, laissant ainsi croire aux curieux voyeurs aux alentours qu’il va le reproduire à l’identique alors qu’en réalité, il a, dès le premier coup de pinceau, décidé qu’il ne ferait que s’en inspirer. Ce que l’indiscret réalise rapidement et non sans étonnement en s’approchant un peu plus de lui… Pourquoi – peut se demander ce dernier – se placer sciemment à cet endroit stratégique si, finalement, le but est de ne faire que de l’approximatif ? Indépendamment du fait que prendre l’air est bon pour la santé, a fortiori peindre à l’air, cet exemple illustre le fait que si nous voyons bien tous la même chose – une scène bucolique comprenant verdure, village, haut clocher argenté et rivière en contrebas -, et que si beaucoup d’entre nous ne voient pas autre chose, pour certains, ces éléments factuels ne sont que le point de départ d’une nouvelle aventure, d’un nouveau voyage vers une autre vision, un ailleurs qui s’est imaginé entre le moment où les yeux ont « vu » et où le cerveau a réinterprété… Personnellement, je trouve cela captivant. Que l’on aime, ou pas, le résultat…

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