Photo-graphies et un peu plus…

C’est la troisième utilisation totalement différente que je fais de cette image, prise à New York il y a 4, 5 ans peut-être, la première étant dans le cadre de Viva Cites. A chaque fois, l’image revêt une nouvelle signification. Aujourd’hui, radiographie d’une cité, jadis radieuse, irradiée par une explosion solaire intense, promise par tous les films apocalyptiques qui inondent les salles obscures ces derniers temps et qui donnent l’occasion aux cinéastes de nous éblouir par leur capacité à utiliser sans compter les effets spéciaux. Pour s’en persuader, voir ou revoir la comédie de Roland Emmerich, 2012. Heureusement, ils ne sont pas tous ainsi : voir ou revoir La Route par exemple, dont la sobriété de l’image et du propos sont justement facteurs d’angoisse.

Bref,  le cinéma s’inspire de la vie réelle, en ayant un avantage indéniable sur cette dernière, celui de pouvoir mettre en images l’irréel. Ainsi la perte de repères, la sensation d’être dans un monde insensé, aux valeurs perdues (dans ce cas, le passe est toujours meilleur…), s’accélérant un peu plus chaque jour et donc, mettant dans le même temps un peu plus de monde de côté, dont nous nous nourrissons inlassablement comme si c’était une fatalité, donne envie à certains de tout raser, de tout annihiler pour tout reprendre à zéro. Comme si l’homme apprenait de ses erreurs…

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Se promener dans les rues de Berkeley, comme dans beaucoup d’autres rues de villes américaines peut-être, peut réserver quelques surprises. De la lecture accrochée aux portes, aux fenêtres, plantée dans le jardin ou encore fixée aux grilles… Une lecture citoyenne où les habitants, par ailleurs invisibles, affichent leurs convictions politiques, morales, religieuses… En somme, leurs avis, quels qu’ils soient : « La lecture est sexy », « J’ai voté Obama », « On l’a fait » (qui est aussi le slogan de l’Armée des 12 singes mais pas ici), « Pour la proposition 8 », « Pour un système de santé équitable pour tous  » (ceux-la ont peut-être retiré leur panneau depuis cet été…), « Contre la guerre en Irak », en Afghanistan, la guerre tout court. Comme en atteste ce dessin vraisemblablement réalisé par une petite fille bien éduquée. En France, sur les portes, on trouve plutôt : « Attention, chien dangereux ! »… Oui, c’est facile… Non, en France, les opinions se clament lors de manifestations, en public, en groupe, avec force, sur des rails, devant des ministères, dans des champs, aux portes des écoles… En revanche, sur les fenêtres, rien, ou si peu. L’union fait la force… C’est, en tout cas, une manière totalement différente d’affirmer son existence et sa liberté de pensée, et de le dire !

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Aujourd’hui, je ne pourrais plus faire cette photo… Ce n’est pas une question de condition météo, de disponibilité ou d’envie, mais une simple question de faisabilité. Un mur de béton anti-bruit (et donc anti-photo) a été déposé entre la rue et le chantier de ce parking souterrain dont j’ai déjà dévoilé les mystères il y a quelques jours, de telle sorte que les machines sont désormais tronquées aux deux-tiers. Aucun intérêt. La succession de dalles sera bientôt recouverte d’une « fresque urbaine », histoire de transformer le gris brut en couleurs vives. C’est sûrement préférable pour les voisins dont les murs doivent, malgré tout, jouer la samba, comme certains rétroviseurs de Vespa… Bref, il ne s’est écoulé qu’une poignée de jours entre le moment où je me suis décidée à photographier ce chantier – après être passée un certain nombre de fois devant en me disant, « la prochaine fois, je m’arrête » -, et celui où il est devenu invisible pour le curieux rivé au trottoir… Cela aurait été fâcheux, à mes yeux, que je me réveille trop tard, que je me heurte à un mur et passe à côté de cette image que j’ai eu plaisir à retravailler ensuite pour lui faire dire ce qu’elle n’avouait pas spontanément. Ce n’est qu’une photo, pourtant. Mais toute photo n’est-elle pas une opportunité que l’on saisit ou pas ?

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Il n’est pas évident, de nos jours, de prendre les inconnus en photo tout en ayant l’intention de rendre leur image publique… Le droit à l’image, dont nous sommes tous heureux de pouvoir bénéficier individuellement, a sensiblement changé la donne de la photo « humaniste » ou de l’instant. L’image animée n’est, bien sûr, pas en reste. Rapidement, des parades ont été trouvées pour pouvoir utiliser ces images, malgré ce droit de chacun à disposer de la représentation de lui-même : des zones de flou ou pixelisées sont apparues sur des visages reconnaissables, puis ont été rajoutées sur les logos ou toute évocation de marque pour limiter toute suggestion publicitaire inconsciente aux « regardants »…

La stricte application de la loi a conduit à des images entièrement floutées, donc totalement absurdes car dépouillées de leur signification. A quoi sert l’image si elle ne montre plus rien ? A contrario, pouvoir lire sur certains réseaux sociaux que untel a été identifié sur telle photo, dont il ne connaît peut-être pas l’existence, est tout aussi angoissant. « Identifié », un mot qui relève clairement du vocabulaire policier, comme si un méfait avait été commis, comme si la traque était lancée… Mais la traque de quoi ? De la vie des autres ? Finalement, le droit à l’image a peut-être du bon… Et ce n’est pas ma baigneuse volontairement étêtée pour éviter tout litige qui s’en plaindra !

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Quel autre animal pour symboliser la lenteur et la nonchalance que l’escargot, lointain cousin de la tortue par leur maison-carapace qu’ils traînent où qu’ils aillent ? Souvent juste de l’autre côté du chemin, voire de la rue pour les plus égarés, mais toujours ailleurs ! De fait, contrairement à ce que l’on pourrait croire, la vie d’un escargot est tout sauf paisible… L’escargot est téméraire : il risque sa vie chaque fois qu’il se traîne, menacé en permanence par des pieds immenses qui lui tombent dessus et l’écrasent dans un crissement désagréable car leurs propriétaires regardent peu l’endroit où ils les posent, leurs pieds ! L’escargot est résistant : il peut faire des centaines de mètres sans s’arrêter ni boire ni manger ! L’escargot est surtout patient : quand les parents en trouvent un dans l’herbe, l’extraient de son milieu naturel pour le montrer à leur petit dernier qui n’a pas encore conscience du bien et du mal, tout en lui disant, en croyant bien faire évidemment : « touche ses antennes, tu vas voir, elles vont rentrer tout de suite ! »… Le petit s’exécute sans attendre ! Pour une fois qu’il a le droit de toucher quelque chose ! Mais vous aimeriez, vous, que l’on vous mette le doigt dans l’œil, juste pour vérifier que vous les fermez bien quand le danger s’approche ? L’escargot est un véritable warrior, un héros des temps modernes ! Bref, à l’instar de Kiki, respect l’escargot ! Ce n’est absolument pas ce que je pensais développer en commençant ce mot – j’avais cette idée d’éloge de la lenteur pour amorcer doucement la semaine -, comme quoi, rien n’est jamais écrit !

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Perspective heureuse… Oui, oui, c’est facile… un brin romantique, voire fleur bleue pour rester polie, mais assumons ! Toujours est-il que ces deux-là se sont bien trouvés. Etonnant d’ailleurs que les propriétaires du premier n’aient pas voulu mettre l’accent sur le nom de leur hôtel, et, qu’au contraire, ceux du second aient choisi d’occulter le fait que leur bien soit un hôtel ! Etonnant aussi qu’ils aient choisi des couleurs aussi stéréotypées que le bleu pour l’hôtel et le rose pour l’amour… Comme si le lieu était masculin et le sentiment, féminin. Ce genre de correspondance met systématiquement mes capteurs, sensoriels comme électroniques, en émoi…

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Pourquoi faut-il toujours sourire quand on nous prend en photo, et spécialement sur les photos de famille ? La photo de famille… Il semble toujours y avoir deux catégories de personnes : celles qui acceptent volontiers d’être sur ces photos et qui arborent un sourire franc et naturel, et puis, celles pour qui ces moments font partie des simulacres de la vie et qui ne peuvent offrir qu’un sourire pincé au bout du troisième « Madeleine, s’il te plaît, fais un effort ! »… Ce qui est remarquable, avec les photos de famille, et c’est le deuxième effet clic-clac, est que l’on a toujours l’impression, en les regardant quelques années après, que la famille était heureuse et très unie. L’espace de quelques dixièmes de secondes, et la magie s’opère : toutes les tensions qui peuvent exister sont gommées du fait de la seule présence de cet appendice de bras. Est-ce à dire que la photo de famille est potentiellement un mensonge transmis de génération en génération ?

Quoi qu’il en soit, cette dame-là, japonaise, prise en photo par son mari, ne feignait pas son sourire, qui ne traduisait qu’une chose : j’y étais ! Ce qui, parfois, semble ne pas être la conséquence logique de l’existence même de la photographie. Il faut être « sur » la photo. Au pied de la Tour Eiffel, le bras tendu ; à la base de la pyramide de Gyzeh, le bras tendu ; devant la cage des gorilles au zoo, le bras tendu… Quel est le rôle de la photo dans ce cadre ? Une anti-sèche pour les vieux jours, une preuve pour les autres d’être bien allé là où on a prétendu être ?

Je m’égare… Cette dame, comme des milliers de ses compatriotes, était venue exceptionnellement gonfler les rangs de Longchamp pour une course tout aussi exceptionnelle. Un Grand Prix d’Amérique où concourait un cheval japonais, Deep Impact, ce qui, vraisemblablement était chose rare. A tel point que 200 journalistes japonais avaient fait le déplacement… Une ferveur sans précédent, diront les habitués. Drapeaux nippons flottant au vent, tension extrême dans les gradins quand arrive la course, cris incessants quand le cheval s’élance puis mène. Combien de photos ont été prises à cet instant ? Un jour de fierté nationale pour cette dame, et pour tous les autres, malgré la défaite. Deep Impact avait fini 3eme. Une grande déception pour ceux qui le voyaient déjà sur la première marche du podium. Une seconde est tombée quelques jours plus tard quand Deep Impact a été déchu de sa 3eme place pour cause de contrôle anti-dopage positif. La claque ! Le déshonneur ! Qu’est-ce qui reviendra en premier à l’esprit de cette dame lorsqu’elle compulsera son album dans quelques années ? La formidable journée que cela a été ou le sentiment d’avoir été trompée par un équipage qui, fasciné par lui-même et l’attention qu’on lui portait soudainement, a voulu offrir à ses fans exactement ce qu’ils attendaient, en faisant fi des règles élémentaires de l’éthique(-ation) ?

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Il peut arriver au faiseur de photo d’être frustré de ne capter « que » l’instant lorsqu’il déclenche. Qu’il achète une caméra, pourrait-on lui lancer ! Oui, sauf que, le faiseur de photo ne veut pas forcément enregistrer le mouvement pour autant… Ce qui l’intéresse parfois, c’est de capturer la trace laissée par le temps qui passe, comme des rides sur le visage ou la lumière se faufilant un chemin à travers le feuillage sur un plan d’eau. Temps de pause. Des canards qui batifolent hors champ, une eau qui se met à onduler, des reflets qui dansent de façon anarchique. L’expectative. On ne sait jamais quelle image va découler de ces concours de circonstances ou rencontres hasardeuses d’éléments issus de mondes parallèles et au cours desquels le faiseur de photo accepte de perdre la main.

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Euro Disney, le Parc Astérix et la Foire du Trône n’ont plus qu’à mettre la clé sous la grille… Leurs montagnes russes hissant les inconscients à 50 mètres d’altitude tout en leur retournant l’estomac ne font plus le poids face à un simple amas de sable, seul relief d’une plage aux grains de silice éternellement damés par la marée ! Sur les planches, les familles se dispersent. « Je vais jouer » lance le petit dernier. « Où ? » lui répond sa mère. « Là-bas » lâche-t-il en lui montrant du doigt la masse qui dépasse. « Mais c’est juste un tas de sable ! » lui rétorque-t-elle.  A l’évidence, ce n’est pas « qu’un tas de sable », mais une véritable aire de jeux pour les enfants où ils courent, se pourchassent, se jettent sur sa surface meuble qu’ils dévalent sur le dos, s’envoient quand même quelques poignées de sable dans les cheveux, car sinon, ce ne serait pas des enfants, voire jouent à cache cache (jeu assez limité dans ce cas, je vous l’accorde) ! Indépendamment du fait qu’il faut des milliers d’années au granite pour se transformer en sable, et donc, infiniment plus de temps que pour concevoir des montagnes russes, ce n’est pas grand chose pourtant, un tas de sable. C’est plutôt rassurant à l’heure où les grands ne cessent de répéter que les enfants ne savent plus s’amuser simplement !

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Pris en flagrant délit de production de bulles de pensées et d’idées en pleine descente d’escalier ! Ce n’est pas chose courante, et quand cela nous arrive, évidemment, impossible de s’en rendre compte ! On ne peut pas voir son dos en se regardant dans le miroir… il y a, normalement, quelque chose qui cloche. Avec les bulles, c’est pareil ! Quand on bulle, souvent, on ne voit rien passer. Essayez de le souffler au « bulleur » et elles disparaissent automatiquement ! La photographie est le seul moyen de les capturer, ce qui oblige l’opérateur à adopter une certaine discrétion, car ces bulles éclatent dès qu’elles se sentent observées… Je dois avouer que cet homme à rayures est un beau spécimen, il phosphore plutôt bien, probablement inspiré par les toiles du musée : regardez les, ces bulles en essaim, elles réussissent même à atteindre le plafond tant ses pensées sont légères… C’est fascinant !

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