Photo-graphies et un peu plus…

Share on Facebook

Share on Facebook

Vous vous dites peut-être que je n’ai absolument rien compris à cette œuvre de Felice Varini, dont la force est de (réussir à) nous faire croire qu’une figure bidimensionnelle flotte dans l’air alors, qu’en réalité, elle est partitionnée et savamment répartie (c’est-à-dire mathématiquement) sur des volumes, la perspective se chargeant de parfaire l’illusion. Evidemment, comme tout le monde, j’ai cherché ce point, au sol mais invisible, depuis lequel tous ces morceaux épars allaient magiquement se rejoindre et ne faire qu’un, un peu comme lorsque Mars, Vénus, Saturne, Mercure et Jupiter se retrouvent exceptionnellement alignées dans le ciel (la dernière fois, c’était en 2002 et la prochaine est pour 2040).

Comme tout le monde, après l’avoir trouvé, le fameux point V, j’ai hissé ma boîte à images à la hauteur de mon œil droit et j’ai déclenché. Et, sans surprise, j’ai capté l’illusion et ai obtenu l’image que j’avais vue partout avant de venir, dans les médias, qu’ils soient réels ou virtuels. Mais aussitôt après, j’ai eu un étonnant réflexe, plus, une envie irrépressible : faire trois pas sur le côté pour (d)étendre les formes (et aussi me décoller du point où tout le monde se pressait un peu mécaniquement) et voir à quoi ressemble le monde avec un regard un poil décalé… C’est pas mal aussi !

Share on Facebook

Dès les premiers éclats et éclairs de couleurs lointains, ils ont commencé à arriver de tous les côtés, seuls, à deux ou par petites grappes recueillies. Ils se sont postés ici et surtout là où le spectacle du ciel était le plus observable, même partiellement, et n’ont plus osé en bouger jusqu’à l’extinction des boules de feux. Les agoraphobes aiment aussi les feux d’artifice. Mais pas à n’importe quel prix…

Share on Facebook

Coup de génie – un peu limite quand même – de l’inventeur de cette attraction étonnante puisqu’il a trouvé comment faire pour que les enfants s’arrêtent de jouer sans avoir à le répéter 36 fois… Il les fait entrer dans une bulle – jusque là, tout va bien même si c’est un peu étrange -, il gonfle la bulle à l’aide d’une machine bruyante qui pulse l’air à la vitesse de la lumière – les petits sont tout ébouriffés mais ce n’est rien comparé à ce qui les attend – puis il les envoie valdinguer dans un bassin de 60 cm de profondeur (rempli d’eau bien sûr, sinon ce serait vraiment cruel). Les voilà donc à tournebouler dans leur bulle, à tenter de se redresser – en vain souvent – pour avancer, à faire des bonds sur l’eau sans se mouiller, à rire aux éclats, à s’essouffler à force de pédaler dans le vide comme des hamsters dans leur roue… Cela pourrait durer des heures ! Et c’est là que l’inventeur est brillant donc : la dose d’air qu’il envoie dans la bulle au début correspond plus ou moins – cela dépend de l’ardeur des enfants – à 15 minutes. Au-delà, après s’être ainsi dépensés, ils commencent à suffoquer, à manquer d’air, à paniquer et donc à se diriger naturellement vers la sortie ! Certes, c’est un peu radical mais c’est très efficace !

Share on Facebook

Le problème avec les avantages est qu’ils sont souvent accompagnés de leur corolaire, les bien-nommés inconvénients. Avant de prendre une décision aux conséquences potentiellement importantes en effet, n’avons-nous pas tendance à dresser une liste des « pour » et des « contre », des « avantages » et des « inconvénients » donc ? Et ainsi à justifier notre décision finale sur la base d’une simple opération mathématique : additionner les +, faire de même avec les – et suivre la voie du plus grand nombre. Comme ça, sans état d’âme. Le calcul peut aussi être un peu plus subtil (et de fait complexe), avec l’instauration d’un système de coefficients, un peu comme au baccalauréat. Tel avantage compterait 6 points, tel inconvénient – juste un petit, y a pas mort d’homme – 1 point etc… On aborde alors un autre point important que sont les priorités. Evidemment, si un choix ne pouvait être accompagné que d’avantages ou d’inconvénients, la vie serait bien plus facile. Il n’y aurait d’ailleurs peut-être pas de mauvais choix ! Encore que les avantages des uns sont parfois les inconvénients des autres… Toujours est-il que, dans la vie réelle, il faut souvent composer avec les deux.

Par exemple (c’est important d’illustrer ce que l’on avance avec des exemples, c’est plus parlant), par exemple donc, Paris. Paris est une ville qui cumule les avantages. Ses loyers modérés, ses habitants aimables, son climat tempéré, son bruit maîtrisé, ses cafés crème à 4€, ses automobilistes bienveillants, ses trottoirs propres, son air pur, ses espaces verts… J’arrête là sinon, tout le monde va débarquer ! L’avantage que l’on ne peut ôter à la capitale, indépendamment de toute ironie, est qu’il est impossible de s’y ennuyer. Et je parle plus spécifiquement du bouillonnement culturel qui saisit presque chaque quartier. Ce foisonnement (qui est aussi un inconvénient, il ne faut pas se leurrer : chaque soir, vous avez le choix entre 572 films, 1 745 pièces de théâtre, 839 concerts… je vous laisse statuer maintenant !), c’est ce qui retient certains parisiens pourtant prêts à quitter la ville lumière : « j’peux pas quitter Paris… le cinéma, le théâtre, les musées, ça m’manquerait trop ! » Etant entendu que parmi ceux-là, il y en a une proportion non négligeable qui ne va ni au ciné, ni au théâtre, ni au musée… mais qui aime l’idée d’avoir toute cette offre à portée de mains. Au cas où.

Pour ceux qui en profitent, la tâche n’est pas forcément plus facile. Il y a la profusion sus-mentionnée d’une part, et le succès de certaines opérations d’autre part qui transforme le plaisir fantasmé en calvaire avéré. Quelques souvenirs de Nuit Blanche, de Paris Plage, de Fête de la Musique, de Journées du Patrimoine, pour ne citer que les plus institutionnelles et récurrentes, remontent à la surface avec leurs rues congestionnées, l’attente indéterminée, les bousculades, les agacements et finalement, les reculades… C’est aussi valable pour les expositions temporaires exceptionnelles qui font faire des nuits blanches, des vraies, aux gardiens pour permettre à une foule en délire avide de culture de découvrir Nighthawks d’Edward Hopper ou L’âne pourri de Salvador Dali…

Ces derniers jours, c’est le street art qui aimante les foules avec la Tour Paris 13, immeuble promis à la démolition dont une trentaine d’appartements a été reconvertie en temple temporaire du graff par une centaine d’artistes venus des quatre ronds du monde. Une belle initiative malheureusement victime de son succès imputable à l’écho médiatique qui a entouré l’événement (« la Tour 13, la plus grande expo de street art du monde ! ») : y accéder requiert une abnégation totale. Il y a d’abord la jauge, pour questions de sécurité, qui limite à 49 le nombre de personnes présentes dans l’immeuble simultanément, invitées, par décence et pitié pour les autres, à ne rester qu’une heure à l’intérieur. Résultat : le succès + la jauge + l’heure que personne ne vérifie = des heures d’attente ! Et pas 1, ni 2 sauf pour ceux qui pointent à 6h du mat alors que les portes n’ouvrent qu’à 11h, mais, 5, 6, 7 voire 8 heures sans, parfois, la certitude de pouvoir entrer… C’est absolument inhumain !

Certains s’y sont repris à deux voire trois fois avant de passer la porte de l’immeuble ; d’autres arrivent la bouche en cœur à 18h en pensant que ça suffit et se heurtent à une petite pancarte leur annonçant qu’à ce panneau, il faut compter 4h d’attente… l’immeuble avalant ses derniers explorateurs à 19h15, vous faites le calcul, c’est raté, ce qui engendre des séances de pleurs insupportables… On capte des stratégies qui s’élaborent entre des petits groupes de personnes qui s’y sont pris trop tard comme s’ils se préparaient à partir à l’assaut du château de l’ennemi : « Moi, je suis prête à revenir demain matin à 7h s’il le faut et à attendre toute la journée ! »… Balèze Blaise ! Et puis il y a ceux qui ont décidé de rester coûte que coûte – en l’occurrence du temps -, qui finissent par sympathiser avec leurs voisins de queue – 8 h d’attente, ça rapproche -, qui ont apporté sandwich et boisson, qui croisent les doigts chaque mètre passé espérant des désistements, des évanouissements, des crises d’hystérie devant pour libérer un peu de place prématurément, et qui finissent par atteindre le palier dans un état de folie avancée, folie qu’ils immortalisent par un clic clac dispensé par les responsables sécurité couleur mandarine avant de disparaître à jamais dans les arcanes de l’art…

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook

Share on Facebook