Photo-graphies et un peu plus…

Et voilà « Murmures d’ailleurs », la nouvelle production éditoriale du collectif de photographes Les 4 Saisons dont je fais partie avec Alexandra de Lapierre, Elodie Guignard et Sophie Triniac.

Comme des millions de personnes il paraît, nous avons ressenti le besoin de poser des mots et des images sur cette étrange période qu’a constitué ce confinement historique et inédit. Chacune avec sa voix, chacune sur sa voie.

Pour ma part, j’achevais paisiblement un séjour en Nouvelle-Zélande lorsque le confinement a été décrété en France. Répit de courte durée puisque le pays du long nuage blanc s’est peu après lui-même coupé du monde extérieur, avec, pour conséquence directe, de différer mon retour en France de presque un mois, faute d’avions motivés pour traverser la planète dans l’autre sens.

Certains d’entre vous ont d’ailleurs suivi le cours de mes réflexions partagées quotidiennement du 18 mars au 11 mai ici-même et sur ma page Facebook. Les voilà transmutées en encre et papier dans ce livre, « Murmures du monde – Je n’irai pas à Buenos Aires », que je suis très heureuse de vous présenter.

Concrètement :
Format A5, 222 pages, 53 photographies, Reliure dos carré collé, papier recyclé 120 g en intérieur et 300 g en couverture
Prix : 20€ plus frais d’envoi éventuels (6€ en FR ; 1,5€ en Europe ; 2,5€ dans le reste du monde)

Si vous souhaitez un exemplaire, n’hésitez pas à me contacter par mail.

Murmures d’ailleurs – Je n’irai pas à Buenos Aires de Lou Camino from Lou Camino on Vimeo.

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Je m’étais dit que le jour du déconfinement, j’irais dans un parc ou mieux, au bois, pour aller revoir les arbres. Ils me manquent terriblement. Mais ce matin, en ouvrant la fenêtre, l’odeur nauséabonde – mélange étrange de brûlé et de soufre – à l’origine toujours non identifiée qui m’avait déjà poussée à la fermer hier était toujours dans l’atmosphère. Ce n’est pas vraiment accompagnée de ces effluves que j’imaginais ma première sortie hors du kilomètre. Et si elles n’avaient pas été suffisantes pour me décourager, les fortes rafales de vent balayant tout sur leur passage, faisant vibrer les immeubles et s’affoler les platanes, allaient s’en charger. De fait, je ne suis pas allée au Bois. Peut-être demain.

Toutefois, une urgence « timbre » est venue s’immiscer dans mon début d’après-midi, même si l’usage du mot « urgence » peut sembler saugrenu par les temps qui courent. Avez-vous remarqué que les temps ne marchent jamais, ni ne traînent ? N’est-ce pas la preuve irréfutable que le temps, par nature, passe vite ? Et dans le même esprit, avez-vous tenté d’aller à La Poste ces derniers temps ? La file d’attente de la mienne était si longue que j’ai changé de ville pour aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Elle ne l’était pas. Mais j’ai trouvé mon bonheur dans un bar tabac vide et la lettre est partie. Qu’elle arrive est un autre débat.

Sur le trajet, je suis tombée nez à nez avec cette signalétique nouvelle génération. Le pochoir, c’est le futur ! En tout cas, celui du monde d’après. Je l’aime bien celui-là. « Zone d’attente ». Grâce à la subtilité de la langue française, cette zone d’attente a au moins deux significations. Elle désigne un espace, un lieu, où ceux qui souhaitent entrer quelque part sont invités à patienter, provisoirement. Remarquez qu’il ne s’agit pas d’une salle d’attente, qui signifierait que nous sommes déjà à l’intérieur. Non, la zone d’attente précède l’éventuelle salle d’attente. Elle est à l’extérieur. C’est cela que nous sommes sensés comprendre ici.

Mais la zone d’attente, comme dans son registre la zone de confort, pourrait aussi désigner cet état psychologique dans lequel nous sommes actuellement : dans l’attente de voir se dérouler la suite, une suite à propos de laquelle nous avons beaucoup d’espoir, beaucoup d’attentes en somme – de la part des autres mais aussi de nous-mêmes, nous qui nous sommes peut-être promis de changer certaines choses dans nos vies.

C’est cela que je comprends, personnellement, en tombant sur ce tag autorisé, que nous sommes au cœur de la zone d’attente. La zone d’attente, cette abstraction spatio-temporelle où patience et impatience doivent cohabiter. Essayons de ne pas nous décevoir…

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