Photo-graphies et un peu plus…

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Je m’étais dit que le jour du déconfinement, j’irais dans un parc ou mieux, au bois, pour aller revoir les arbres. Ils me manquent terriblement. Mais ce matin, en ouvrant la fenêtre, l’odeur nauséabonde – mélange étrange de brûlé et de soufre – à l’origine toujours non identifiée qui m’avait déjà poussée à la fermer hier était toujours dans l’atmosphère. Ce n’est pas vraiment accompagnée de ces effluves que j’imaginais ma première sortie hors du kilomètre. Et si elles n’avaient pas été suffisantes pour me décourager, les fortes rafales de vent balayant tout sur leur passage, faisant vibrer les immeubles et s’affoler les platanes, allaient s’en charger. De fait, je ne suis pas allée au Bois. Peut-être demain.

Toutefois, une urgence « timbre » est venue s’immiscer dans mon début d’après-midi, même si l’usage du mot « urgence » peut sembler saugrenu par les temps qui courent. Avez-vous remarqué que les temps ne marchent jamais, ni ne traînent ? N’est-ce pas la preuve irréfutable que le temps, par nature, passe vite ? Et dans le même esprit, avez-vous tenté d’aller à La Poste ces derniers temps ? La file d’attente de la mienne était si longue que j’ai changé de ville pour aller voir si l’herbe était plus verte ailleurs. Elle ne l’était pas. Mais j’ai trouvé mon bonheur dans un bar tabac vide et la lettre est partie. Qu’elle arrive est un autre débat.

Sur le trajet, je suis tombée nez à nez avec cette signalétique nouvelle génération. Le pochoir, c’est le futur ! En tout cas, celui du monde d’après. Je l’aime bien celui-là. « Zone d’attente ». Grâce à la subtilité de la langue française, cette zone d’attente a au moins deux significations. Elle désigne un espace, un lieu, où ceux qui souhaitent entrer quelque part sont invités à patienter, provisoirement. Remarquez qu’il ne s’agit pas d’une salle d’attente, qui signifierait que nous sommes déjà à l’intérieur. Non, la zone d’attente précède l’éventuelle salle d’attente. Elle est à l’extérieur. C’est cela que nous sommes sensés comprendre ici.

Mais la zone d’attente, comme dans son registre la zone de confort, pourrait aussi désigner cet état psychologique dans lequel nous sommes actuellement : dans l’attente de voir se dérouler la suite, une suite à propos de laquelle nous avons beaucoup d’espoir, beaucoup d’attentes en somme – de la part des autres mais aussi de nous-mêmes, nous qui nous sommes peut-être promis de changer certaines choses dans nos vies.

C’est cela que je comprends, personnellement, en tombant sur ce tag autorisé, que nous sommes au cœur de la zone d’attente. La zone d’attente, cette abstraction spatio-temporelle où patience et impatience doivent cohabiter. Essayons de ne pas nous décevoir…

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La vie de silhouette à terre est finalement assez triste : son destin est déjà tout tracé, voire piétiné, avant même que son emplacement définitif ne soit déterminé. Elle me paraît même un peu cruelle à vrai dire quand, comme ici, elle doit suggérer le mouvement alors même qu’elle est clouée au sol, immobile, condamnée à regarder devant elle, à la verticale, et à voir les gens, autos et nuages défiler sans lui prêter la moindre attention. C’est un peu comme si on stoppait net une partie d’1, 2, 3 Soleil, laissant les joueurs dans une position instable jusqu’à la fin de leur existence. On aurait envie d’aller les bousculer pour, qu’au moins, ils puissent aller au bout de leur élan. Envie exacerbée avec cette silhouette faussement vagabonde prise dans une tempête de neige, artifice printanier qui lui confère un tout autre relief…

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