Photo-graphies et un peu plus…
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La terre est ronde et les routes sont droites

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Au départ, c’est le bruit qui attire. Celui de cris, répétés, aigus, empressés. Celui de la sortie de bain précipitée des mouettes du secteur, de leurs paires d’ailes battant frénétiquement l’air au risque de s’entrechoquer. De leurs déplacements coordonnés mais bizarrement anarchiques vers un point convergeant rapidement identifié : un buffet garni, gratuit, mais quantitativement limité, vient d’ouvrir. En l’état : des maquereaux frais. Le luxe, quotidien, à portée de bec ! Mais pas pour tous les piafs, même si tous tentent de s’en approcher… En lieu et place du civisme, de la générosité et du sens du partage que ces ailés faussement affamés et pas assez prompts espèrent, les plus viles stratégies se mettent rapidement en place pour récupérer un morceau de poisson ingurgité, régurgité, déchiqueté, partagé, explosé, disséminé. Coups d’ailes, coups de becs, prises d’assaut, squattage intempestif, oubliées les bonnes manières, les salamalecs et la solidarité aviaire, quand le maquereau arrive, c’est chacun pour soi ! Ce soir, j’étais à un vernissage, avec discours et petits fours. J’ai bien l’impression qu’il y avait des mouettes aussi…

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Certains se cachent, des heures durant, derrière des buissons en espérant qu’un cerf traverse majestueusement la plaine verdoyante arrosée par le soleil. Et souvent, au moment où ils renoncent et plient bagage, alors même qu’ils ont démonté leur matériel, le cerf apparaît et les toise, comme s’il avait lui-même patienté derrière un buisson jusqu’à ce que ses pacifiques observateurs ne se lassent… Il est des endroits où, à quelque heure de la journée que ce soit, le spectacle se joue devant nous, sans facétie. Comme là, à la sortie des arrivées d’un aéroport !

Côté extérieur, il y a ceux qui viennent avec un bouquet de fleurs, une fleur unique ou une grappe de ballons colorés ; il y a les fébriles, près des barrières, qui lancent leur regard le plus loin possible dans le couloir pour apercevoir les leurs un peu plus tôt, ; il y a ceux qui tapotent leur téléphone toutes les 10 secondes en espérant un signe de vie avant le signe de vue ; il y a ceux qui ne connaissent pas ceux qu’ils vont chercher et qui brandissent une petite affiche devant eux ; il y a ceux qui  ne peuvent attendre dans le silence et s’interrogent sur la tenue, les bagages, l’humeur de ceux qu’ils vont accueillir ; il y a ceux qui vont d’une sortie à l’autre et qui se disent qu’ils auraient dû se donner un rendez-vous plus précis… Côté intérieur, il y a ceux qui n’espèrent personne et qui filent droit sans jeter un œil à toutes ces âmes en attente ; et puis il y a ceux qui se savent attendus et qui cherchent, dans le magma humain impatient, un visage amical, amoureux, familial…

Le plus beau est évidemment quand les regards se croisent enfin, que les sourires illuminent les visages, que les petits sautent de joie et se mettent à courir en direction de leur père, mère, oncle, tante, que les bras se tendent et s’ouvrent à l’autre, que des petits cris de bonheur s’échappent de certains, que les premiers baisers et/ou mots s’échangent, que quelques larmes perlent sur les joues… Un bonheur simple, euphorisant et universel d’une forte intensité qui dure de quelques secondes à quelques minutes. Le petit groupe, discrètement observé par ceux qui attendent leur tour, abandonne alors la scène pour des échanges moins publics. Et à peine sorti du champ, il est remplacé par d’autres accolades, instillant à nouveau dans l’assemblée une telle plénitude que cela devrait être prescrit à tout être qui bat de l’aile…

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