Photo-graphies et un peu plus…

Les portes du désert

Les premières heures passées dans un pays dont on vient juste de fouler le sol sont précieuses. C’est souvent au cours de celles-ci en effet que les plus grands étonnements surviennent, car c’est tout simplement la première fois que l’on y est confronté. Par exemple, je me souviens parfaitement de ma toute première traversée du désert en Namibie et de ces questions – une seule en réalité – qui ne m’ont pas quittée des kilomètres durant : « Pourquoi clôturent-ils le désert ? Pourquoi délimiter ces zones infertiles avec autant d’application ? Pourquoi, face à cet infini de sable, par ailleurs mouvant, vouloir à tout prix marquer son territoire ? Pourquoi l’homme ne peut-il s’empêcher de s’approprier une terre qui n’est finalement pas la sienne ? »

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En chemin

Il est certaines images que l’on fait et refait des centaines de fois, année après année, sans s’en rendre vraiment compte. Pas celle-ci en particulier, mais ce qu’elle dit, ce qu’elle montre, ce qu’elle laisse transparaître de soi, de ses préoccupations et de sa perception du monde. Comme un motif que l’on transporterait avec soi, en soi et parfois hors de soi. Je rectifie ce que je viens d’écrire – je pourrais l’effacer et vous n’en sauriez rien, mais c’est déjà là et je n’aime pas revenir en arrière – : ce n’est pas vrai que l’on ne s’en rend pas compte. On a parfaitement conscience, lorsque l’on y est confronté, volontairement ou pas, d’être en présence d’une scène incarnant nos pensées les plus intimes, donc essentielle car rare. C’est instinctif, tout en nous entre en vibration avec bonheur, tandis qu’une boule invisible se met à jouer du yoyo entre notre gorge et notre ventre, et qu’il devient extrêmement pénible d’avaler ne serait-ce qu’une seule fois sa salive. En réalité, quelque chose d’étrange et souvent d’imperceptible de l’extérieur se produit : par le simple fait d’exister, cette scène-là fait tomber murs, réserves et autres verrous pour nous mettre totalement à nu, car cette scène-là n’est ni plus ni moins que l’image, certes un peu déformée mais d’une formidable pertinence et justesse, que renverrait un miroir extralucide posé juste en face de soi…

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Sur la voie

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category: Actus
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La terre est ronde et les routes sont droites

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L'appel de l'ailleurs

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De façon générale et quasi universelle, les panneaux de signalisation ont, par définition, pour fonction d’indiquer, je dirais même plus, de signaler, la proximité ou l’entrée d’un site : une ville, un parc, une aire d’autoroute, une gare, une forêt, un musée, un hôpital, une grotte, un département, une réserve naturelle… En somme, quelque chose de concret, de solide, de palpable, de réel. Pourvu d’un contenu, des immeubles des gens, des arbres des fleurs, des voitures des toilettes, des trains des passagers, des arbres des animaux, des tableaux des gardiens, des malades des soignants, des insectes des stalactites, des villes des champs, des girafes des éléphants… Je trouve donc plutôt réjouissant et puissant que, une fois n’est pas coutume, un tel panneau se fasse non pas l’écho de ce qui existe mais de ce qui n’existe pas : une ligne purement imaginaire, située dans un désert qui plus est ! Prenons-en de la graine et allons planter, dans nos contrées un peu trop conventionnelles, les marques de nos rêves et utopies !

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… cet endroit est fascinant ! N’allons pas pour autant dire qu’il est perdu au milieu du désert, même si c’est un peu le cas ; ni qu’il n’est pas très connu, même si Kolmanskop remporte certainement moins d’écho que Tataouine… Ce village fantôme est situé à quelques encablures ensablées de Lüderitz. Le point d’interrogation est toujours là ? Windhoek est la capitale de ce pays où, autrefois, on allait à la pêche au diamant. Certains mineurs croient d’ailleurs toujours au miracle à Kolmanskop, officiellement abandonnée au mitan des années 50 après 42 ans de vie plus ou moins intense, ou plus précisément, après 10 ans de rêve éveillé et 32 années de désenchantement continu. A l’époque faste, la ville a même été la première de l’hémisphère sud à équiper son hôpital d’une machine à rayon X et la première d’Afrique à se doter d’un tram.

Passé ultra moderne. Solitude présente. Entre les deux, le Namib a fait son chemin. Et quand le désert avance, c’est la vie qui s’en va. (!) Et qui revient, parfois, des années après, sous une autre forme, avec d’autres rêves. Non pas celui de trouver une de ces précieuses pierres mais de pouvoir découvrir avec ses propres pieds, avec ses propres yeux, avec son propre cœur curieux cet univers qui s’effrite, s’effondre, se craquelle de tous côtés, se fait engloutir, avaler par le sable, et même transpercer par les rayons du soleil, qui, lui, comme demain, ne meurt jamais. Contrairement aux diamants, faussement éternels…

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