Photo-graphies et un peu plus…

Face à cette prise de vue, je ne sais plus trop si le remplacement des enjoliveurs pleins par des enjoliveurs percés est un progrès de l’industrie automobile ou une régression ? Esthétiquement, assurément une régression. Mécaniquement, il y a sûrement des raisons très pratiques à cette disparition. Une météorite peut-être ? Gain de temps au nettoyage ? Parce que ces enjoliveurs, qui portent bien leur nom dans ce cas, n’enjolivent les choses que s’ils sont rutilants !

Autre explication : diminuer les accidents de la route aux abords des voitures auxquelles ils appartiennent. Imaginez un peu la scène : vous vous promenez tranquillement, avec votre boîte à images bien sûr ; comme ça, par hasard, vous tombez sur cet enjoliveur ! Grand sourire intérieur : vous voyez déjà la scène. Vous vous accroupissez, côté rue, pour prendre quelques clichés de piétons déformés sur le passage zébré (autre apport de notre styliste Van Wong). Position perçue de façon étrange par les automobilistes roulant à côté. Incapables de faire comme si de rien était, ils tournent la tête pour voir ce qui se trame en bas : êtes-vous en train de crever le pneu de la voiture ? en plein jour ? quel intérêt à photographier un enjoliveur ? Grosse énigme. Bref, en un éclair de secondes, une foule de questions vient assaillir leur cerveau, de telle sorte qu’ils en oublient qu’ils sont dans une voiture (un peu comme avec les publicités Aubade…), avec certaines règles à respecter… dont celle de regarder devant ! Et c’est le choc, léger. Mais, rassurez-vous, vous n’y êtes absolument pour rien !

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Les premières fois, quelles qu’elles soient, ont toujours un petit goût particulier. Pour certaines, on se demande d’ailleurs comment l’instant n’a pas pu se présenter avant. C’est vrai, un orage, finalement, c’est assez courant ! Même en ville. Ce qui l’est moins, c’est de pouvoir le photographier. Les villes habitées étant souvent peuplées d’immeubles hauts, seuls les plus chanceux ont un ciel ouvert offert à leurs yeux. Cette hauteur oriente notre regard, souvent stoppé net par une façade lorsqu’il s’aventure à se projeter à l’horizon. Lever la tête pour avoir droit à une étroite fenêtre sur le ciel.

Montréal est une ville basse. Avec beaucoup d’habitations de 2, 3 étages principalement. A tout moment, le ciel est présent, dans sa globalité. Il s’étend nonchalamment comme s’il était chez lui, au lieu de se frayer un chemin entre les briques arrangées. A fortiori, un soir d’orage. Ce qui rend plus faciles certaines premières fois, donc. Enfin, moins difficiles. Car, réussir à capturer un éclair dans sa boîte noire relève, pour le néophyte, d’un lumineux coup de chance ! On tente de raisonner, on croit pouvoir définir un cycle, prévoir leur manifestation, on compte le temps entre le tonnerre et l’éclair pour évaluer la distance au son et lumière gratuit, et après plusieurs échecs, on finit par cadrer large et mettre un temps de pause suffisamment long en se disant qu’il y tombera bien « quelque chose ». Le plus souvent, un halo lumineux, comme s’il faisait jour en pleine nuit. Et dans le tas, miraculeusement, un éclair. Qu’on manque d’effacer dans la précipitation. Un bel éclair torturé mais bien décidé, venant s’échouer dans une zone pas si lointaine. Une magie. Qui ne se reproduit pas. Le résultat n’a rien d’extraordinaire. Seulement, le seul fait d’être la première image de ce genre la rend extra-ordinaire… L’orage se déplace, des trombes d’eau balayent les rues désertées, les premières feuilles jaunes tombent au sol, les flashs se détournent, le tonnerre gronde toujours, mais il est déjà plus sourd. La tempête se poursuit ailleurs. Avec sûrement, à d’autres fenêtres, d’autres admirateurs…

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J’ai trouvé la solution à une déconvenue photographique survenue il y a quelques jours… Petite pause dans un grand parc de la ville. Des bruits de percussion. Et devant les musiciens, un groupe de danseuses. Elles sont six, sept, prof comprise. Cours de danse africaine. Très sportif, et, de fait, très impressionnant. Il y a deux photographes très équipés à côté d’elles. Au bout de quelques minutes, je sors naturellement mon petit appareil photo et prends quelques images. Cadrage lointain, des silhouettes en premier plan, des buildings en arrière plan. Quelques minutes plus tard, je m’approche un peu plus. Je suis à 10 mètres, 15 mètres peut-être. Et continue à faire quelques clichés. Un peu plus serrés, mais sans plus. A la fin du cours, une des danseuses me rattrape alors et me demande d’effacer toutes les photos prises. Me dit que je n’ai pas le droit. Que des photographes professionnels sont là , avec leur  autorisation. Je m’exécute et efface une à une toutes les photos. Elle reste à côté pour vérifier que je n’essaye pas d’en conserver une ou deux…

Bon. Que stipule la loi pour le droit à l’image dans un lieu public ? Agacement saisi mais je pense que les images au cadrage large n’enfreignaient aucune loi, les danseuses n’étant pas reconnaissables et faisant partie d’un ensemble incluant d’autres éléments graphiques. Et quid du reporter ? Dans le feu de l’action, fait-il signer une autorisation de diffusion aux personnes qu’il photographie ? Bref, en attendant d’en savoir plus, j’ai trouvé une parade : ne pas montrer de visage ! En l’occurrence, ce guitariste au corps gaston-lagaffien m’a facilité la tâche : il joue tête baissée. Ce qui aurait pu être à nouveau problématique s’il avait été chauve. Ce n’était, heureusement, pas le cas. Loin de là.

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La promenade photographique peut avoir plusieurs buts. Celui de recueillir de nouvelles images. Ou encore d’alimenter une série pré-existante. Dans les faits, tout cela à la fois… C’est ensuite que s’opère le tri. En balade, mes yeux sont donc notamment à l’affût de jeux de lettres opportuns même si fortuits. Le fait qu’ils le soient, fortuits, est d’ailleurs encore plus jubilatoire… La fenêtre d’observation est très courte à chaque fois. L’étrangeté ne se remarque en effet que le temps d’un clin d’œil. Trois exemples récents de ces amuse-rues !

Je n’ai vu le duo voiture – église que 5 secondes et pourtant, le AT de la plaque d’immatriculation m’a sauté aux yeux ! Une voiture affichant son athéisme devant le temple de la religion, j’ai trouvé cela très cocasse. En prenant la photo, j’ai même pensé transformer le M en H. Cela aurait été parfait. Mais un mensonge… J’ai donc décidé que la voiture s’auto-(ah ah ah)-proclamait athée. AT-ME. Bref.

J’ai passé autant de secondes devant cette vitrine, d’abord attirée par l’aquarium coloré, puis, rapidement, par les images qui passaient en boucle sur les téléviseurs tapissant les murs de la boutique. Un documentaire sur les poissons ! Océans. Ô c’est beau ! Là aussi, immanquable. Même si l’appareil photo se trouve au fin fond du sac…

Enfin, la dernière. Une magnifique erreur de fabrication au rayon « Images et évavion » d’un Relais H. C’est évidemment « Images et évasion » qu’il faut lire et c’est ce qu’on lit si l’on ne fait pas vraiment attention… Sauf que là, nous sommes dans un aéroport et que le mot « évavion » peut alors prendre une toute autre signification. Un mot valise (ça tombe bien, à l’aéroport) ? L’évavion devient donc l’évasion qui se fait par avion ! Alors, à quand la prochaine évavion ?

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Voilà une boîte aux lettres bien accueillante ! Autant avoir un bon objectif pour venir frapper à la porte de son propriétaire, amateur de photo visiblement. En tout cas, collectionneur de vieux appareils… Les argentiques, comme on dit. Avec des pellicules. Déjà, une antiquité pour un enfant de 5 ans ! Tous les caches ont été retirés des preneurs de vue. Autant d’yeux suivant la trajectoire des passants sur le trottoir…

Un peu comme les araignées qui ont colonisé les lieux auxquels sont accrochées quelques feuilles d’automne (encore)… Lorsqu’une personne, intriguée, s’arrête devant la boîte, le flash se déclenche en plusieurs fois : clac ! Le curieux sursaute ! L’expression affolée est dans la boîte, l’autre ! De l’autre côté de sa fenêtre, le joueur pense déjà au nouveau portrait qu’il va pouvoir afficher sur l’un des murs de sa chambre noire. Il reste encore un peu de place.

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Dans la file d’attente pour l’exposition photographique de Martin Parr, la tentation était trop grande. Le regardeur regardant le regardeur regardant et les regardés regardant le regardeur… La galerie commence dès les jardins, rendant l’attente moins longue (et distrayante donc) tout en ayant un effet aimant sur les promeneurs du dimanche passant par là.

Aimant mais un peu trompeur aussi. Ce qu’il y avait à l’intérieur n’ayant « rien » à voir avec ce qui brillait à l’extérieur… C’est d’ailleurs une (récente ?) petite manie d’exposant de faire du teasing avec ce qui est susceptible d’attirer le quidam au tiroir caisse. Passé ce cap, la moitié du chemin est déjà franchie.  Dernier exemple en date : l’exposition sur la peinture italienne au Musée des Beaux Arts de Caen avec, en premier sur l’affiche, le nom, rassembleur, de Botticelli. En fait, de Botticelli, il n’y avait qu’un seul et unique tableau, et encore, pas des plus représentatifs de son portfolio… Alors, art-naque ou pas ?

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Le défi, quand on s’impose – par pur plaisir je précise – de mettre un duo photo / texte par jour, c’est d’une, d’avoir des photos à exploiter – pas de problème de ce côté là -, deux, des choses à dire ou le temps de les dire – avec des hauts et des bas, il faut le reconnaître. Et trois, une connexion internet chaque jour, ce qui a été le cas depuis le 22 février dernier. Non sans mal parfois car depuis cette date, j’ai bien sûr eu l’occasion de découcher. Non sans passer pour une monomaniaque asociale de temps en temps aussi, car évidemment, « je dois faire ma photo du jour avant minuit ce soir » ne dit pas forcément quelque chose à tout le monde.

Et même après explication, l’importance de ne pas rater un jour n’est pas toujours intégrée à sa « juste » mesure, enfin, à la mienne… Bref, j’ai bien cru qu’aujourd’hui allait être celui de la rupture. Un hôtel dans la ville de Barbey d’Aurevilly sans Internet. Un espoir, le château de Crosville avec Internet. Mais en panne. Et, le pompon, aucun iPhone dans l’assemblée (si, si, c’est possible !). Enfin, j’y suis. Je m’apprête à publier ce duo d’un texte et d’une photo qui n’ont, a priori, rien à voir l’un avec l’autre. En apparence seulement car des grains de sable vus de très près peuvent rapidement devenir des montagnes…

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Je ressens toujours une petite gêne lorsque je suis prise en flagrant délit de photographier un ou une inconnue, comme si j’avais été saisie la main dans le pot de confiture, de fraises. Deux stratégies s’imposent alors rapidement : soit baisser maladroitement l’appareil et tourner le dos à mon forfait (pas la plus courageuse), soit rester cachée derrière l’objectif et changer de cadre en attendant que l’observé se lasse (pas très courageux non plus). Le face-à-face involontaire m’indispose, alors, j’essaye d’être rapide lorsque d’aventure, j’humanise mes images.

Personnellement, je n’aime pas me retrouver dans le champ d’un objectif, d’appareil photo ou de caméscope. Je tourne machinalement la tête, remonte mon journal au niveau du visage, fais un détour, voire une grimace… bref, j’esquive. Je respecte donc tout à fait l’agacement potentiel des photographiés d’où mon exigence de discrétion, d’autant plus nécessaire que je ne suis pas équipée d’un téléobjectif d’invisibilité. Reste que lorsque, à mes yeux, le personnage prend le dessus sur la personne, j’ai du mal à ne pas déclencher.

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Mais laquelle ? Celle scotchée à tout œil de touriste moderne qui se respecte (oui, oui, je ne suis pas très bien placée pour écrire cela…), ou celle qui siège au dessus de notre cou et nous fait réciter La cigale et la fourmi 40 ans après l’avoir apprise ? La première, caméra ou appareil photo, nous permet de capter et d’immortaliser tout ce que nous voyons, sans aucune sélection. On enregistre, on compile, on ne loupe rien, dans l’espoir de pouvoir « y retourner » plus tard, comme si on y était à nouveau. Mais, dans ces conditions, y est-on vraiment allé ? La machine – si noble soit-elle – se pose comme un filtre au champ réduit entre la vie et ce que l’on pourrait ressentir en se laissant traverser par les émotions, en la vivant vraiment. Pas de mémoire vive, mais une mémoire fictive. Virtuelle.

Les modes d’enregistrement, de captation, de recherche et de conservation des informations – images, sons, textes, numéros, adresses, moteurs de recherche… – ont tellement explosé que solliciter sa mémoire devient obsolète. A l’opposé, il y a ceux qui ne se fient qu’à leur deuxième boite. C’est le cas dans cette librairie malouine, une institution. De prime abord, un véritable capharnaüm : il y a à peine de quoi se faufiler entre les piles et étagères de livres… Un chaos total dans lequel on n’imagine rien retrouver sans au moins une lampe frontale, une bouteille d’oxygène et quelques heures de patience. Et pourtant, demandez un ouvrage quelconque, mais pas quelconque, et les maîtres des lieux vous l’apporteront après quelques secondes. Juste le temps nécessaire pour localiser le livre dans la topographie tentaculaire qu’ils ont bâtie au fil des années et qu’ils maîtrisent à la page près. Ce sens aigu de l’orientation mêlé à une mémoire visuelle exceptionnelle impressionne. Et méritait bien une photo, pour se souvenir qu’il est beau de se souvenir sans artifice…

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Je ne parle pas de celui devant lequel certains se recueillent derrière ces immenses portes en train d’être lavées des pêchés de la ville qui s’y sont incrustés, mais bien de ce petit homme en combinaison blanche, posté au sol, les deux mains sur les hanches, la tête rivée vers les hauteurs, à observer ses camarades à l’ouvrage, peut-être même à leur donner des instructions voire des ordres. Le boss quoi, dans tout ce qu’il a de plus caricatural. On en a tous croisés des comme ça.

Bien entendu, qu’il le soit ou pas vraiment importe peu ici… L’image n’est qu’un prétexte. Elle pourrait être interprétée totalement différemment. En fait, ce petit homme en combinaison blanche, posté au sol, les deux mains sur les hanches, la tête rivée vers les hauteurs, à observer ses camarades à l’ouvrage fait enfin une pause après une heure de grattage minutieux avec masque et tuba tant le produit utilisé pour le lavement est toxique. Il vient juste de passer le relais au cosmonaute du premier niveau et admire, las, les mains fatiguées reposant sur les hanches, le travail accompli… Dans quelques secondes, il va passer un pot à sa collègue de droite pour lui éviter de descendre. Tout est possible. Et, c’est à la fois la force et la faiblesse de l’image. Le choix se fait alors de façon totalement subjective, selon l’humeur du jour du preneur d’image ou du regardant. Bien entendu, cette humeur étant, par définition, fluctuante, l’autre hypothèse pourra être préférée à un autre moment par la même personne. One point pour la relativité !

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