Photo-graphies et un peu plus…

oups

Prise de vue à un instant t, une photographie ne montre ni l’avant ni l’après t. Elle laisse à chacun la liberté de l’inventer ou de l’imaginer. Contentons-nous de l’avant dans ce cas précis…

De deux choses l’une, soit j’ai été témoin d’un malencontreux mais néanmoins terrible accident entre une voiture et un animal à pattes palmées – mettons, un goéland -, que, dans un réflexe à la fois documentaire et morbide, j’ai voulu immortaliser malgré l’absence manifeste d’hémoglobine. Soit le passage de l’oiseau et l’arrivée de la voiture sont déconnectées dans le temps et cette apparente mise en scène n’est que le fruit du hasard. On peut même, en suivant cette double hypothèse, être plus précis encore : l’animal est passé par là en premier et l’utilitaire a croisé sa trajectoire dans un second temps. Dans le cas contraire en effet, c’est-à-dire celui, peu probable où la bête – tête en l’air ou en train de piaftoter – n’aurait pas remarqué la présence de la voiture sur son chemin, il y aurait eu des traces supplémentaires dans la neige. D’abord de piétinement du goéland devant la roue, puis des empreintes chancelantes et désordonnées s’éloignant de la carcasse métallique car la bête aurait été sacrément sonnée.

Heureusement, d’ailleurs, que cette photo a été prise en hiver et que ce dernier fut neigeux car, sans ce marqueur naturel discret, pas de trace, donc pas de preuve et plus globalement, pas de photo non plus car je n’ai pas encore développé de passion particulière pour les pneus Michelin. De fait, nous pouvons déduire de ce simple raisonnement que cette rencontre de signes est bien fortuite et que c’est justement cette juxtaposition heureuse et la fiction qu’elle a fait naître dans mon esprit en un clin d’œil qui a attiré mon regard, et envoyé un puissant coup de coude à mon cerveau pour que je sorte mon appareil et prenne note de cette histoire dans un claquement sec et assuré avant de poursuivre ma route…

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Jeunes pousses

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Alors qu’elles sont péniblement en train de lutter derrière un chalut pour récupérer les quelques bouts de poissons frais jetés à l’eau par les pêcheurs rentrant au port, deux mouettes, à l’âme plus épicurienne que guerrière, battent soudainement en retraite.

– Nous ne sommes pas de sauvages tout de même !

– Venez très chère ! Allons au bistro du Rocher ! C’est l’happy hour : vers et crustacés à volonté !

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J’arrive après le drame. Il en est un qui a en effet dû passer un mauvais moment même si le forfait ne semble pas avoir été sanglant. Une pauvre bête a probablement été attrapée par surprise par l’un des grands corbeaux se chamaillant le ciel canadien. Elle goûtait tranquillement à la poudreuse quand une masse noire aux ailes déployées s’est abattue sur elle, s’approchant si près et si vigoureusement de la surface du sol qu’elle y a laissé l’empreinte de ses plumes.

Et au cœur, une percée dans la neige légère. Une ombre. Presque une tombe. On le voit d’ici, ce sombre volatile arriver en trombe, poussant son cri rauque à l’instant fatal, les serres en avant pour agripper sa proie dès le premier passage. Un corbeau, de mauvaise augure dans certaines parties de l’ancien monde, à la symbolique autrement plus positive pour les peuples des premières nations puisque certains mythes en font le créateur du monde et de l’homme. Autant dire que ce dernier n’a qu’à bien se tenir…

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category: Actus
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Etrange, cette main tendue vers le ciel qui, telle un passe muraille, semble vouloir s’extraire de ce mur avec lequel elle faisait corps jusqu’à présent. Doit-on s’attendre à voir le crépi se fissurer et tomber petit à petit de la paroi, laissant apparaître le reste, le bras, l’épaule, le cou puis la tête, extraction partielle immédiatement ponctuée d’un grand cri puis d’une respiration profonde, primale, tel le ferait un nouveau né ?

En réalité, c’est une illusion d’optique, un tour de passe-passe volumique, de magie négative, troublante de vraisemblance, comme l’était, à sa manière Brève rencontre. Cette main, dont les lignes se démarquent de façon étonnante et à la paume concave du fait de la tension, cette main ne sort pas du mur, elle y entre. Comme un gant retourné, elle n’est pas dirigée vers nous, elle s’en éloigne. Car ceci n’est pas une main pleine, renaissante ; c’est l’empreinte laissée par son absence après s’être abandonnée dans ce mur temporairement floconneux… Le creux de la main.

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