Photo-graphies et un peu plus…

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Les gens habillent leurs rebords de fenêtres avec toutes sortes de choses. Généralement, il s’agit plutôt de fleurs, de plantes, de sculptures, de cadres, voire, de rideaux, artifice leur permettant d’être protégés du regard intrusif des badauds. Ces agencements de babioles sont souvent faits pour eux, donc tournés vers l’intérieur. Leur intérieur. Ils n’ont, en effet, que faire de ce qui se trame de l’autre côté. Dehors.

Cette fenêtre californienne fait donc office d’excellent contre-exemple. Ces deux mains, n’appartenant pas à la même personne et n’appartenant d’ailleurs à personne ; ces petites figurines de bois, échappées d’un cours de dessin et d’une vieille malle en carton, ont été sciemment coincées entre la vitre et le double rideau. Elles ne sont pas offertes aux yeux des maîtres des lieux mais bien à ceux des autres, qui traînent à l’extérieur. Un bonjour à l’arrivée, un au-revoir au départ, à cet instant précis où l’on se retourne, espérant un dernier signe de la main de notre hôte. Un clin d’œil amical assurément, qui arrache un sourire au passant, touché par l’attention, quand bien même les habitants de cette demeure sont de parfaits inconnus.

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Le monde est fait d’interdictions. La vie est faite d’interdictions. Interdiction de tourner à gauche, interdiction de siffler à table, interdiction de fumer dans des lieux publics, interdiction de rêver tout haut, interdiction d’arroser son jardin, interdiction de parler la bouche pleine, interdiction de pêcher la nuit… Au quotidien, nous jonglons avec ces interdits, que nous ingérons puis intégrons, pour la plupart. Au bout de quelques années de pratique, il n’y a même plus d’autocensure. Ne pas faire ci ou ça, et s’offusquer de voir quelqu’un faire ci ou ça, est devenu naturel. Cette question de l’interdiction n’en est pas moins à géométrie variable selon l’endroit où elle est posée.

Exemple léger avec ces deux images prises sur deux plages distantes de très exactement 10 776 km. Pour une même typologie de lieu, on pourrait naïvement imaginer que les interdictions sont similaires. Il n’en est rien. Sur cette plage de station balnéaire touristique de Malte, le seul interdit concerne les femmes. « Sein nus interdit ». Fautes d’orthographe comprises. C’est écrit en six langues, maltais, italien, français, allemand, anglais et même russe (c’est l’occasion d’apprendre que « topless » est un mot quasi universel – petit doute sur le russe cependant…). Un choix vraisemblablement lié à l’origine géographique de la majorité des visiteurs de l’île. La présence récurrente de méduses, annoncée par le panneau du dessous, n’est sûrement pas  la cause de cette interdiction. Les cnidaires se moquent bien des tissus ! C’est donc probablement culturel. A 10 776 km de là donc, sur une plage californienne d’une ville historiquement connue pour sa participation massive au mouvement hippie – Santa Cruz, à ne pas confondre avec Santa Claus -, il y a autant d’inscriptions que sur le panneau maltais, mais réunissant six interdictions différentes. C’est dire si les temps ont changé… Curieusement, le « No topless bathing » n’y figure pas. Et puis, ces sommations lapidaires ne sont pas traduites. Tout le monde sait parler anglais, c’est bien connu. Question d’image de soi probablement !

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38°12’42 » N 119°00’46 » O. Ou, plus rapidement, Bodie. Une ville sans vie. Sans corps donc, hormis ceux des visiteurs du temps. Une ville fantôme, érigée à l’heure de la ruée vers l’or et que l’on découvre, un peu perdue, à flancs de collines californiennes. Naissance au milieu du 19ème siècle, quelque chose comme ça. Au plus fort de la ruée, 10 000 âmes vivaient à Bodie. Une vraie mégapole pour l’époque ! Un coupe-gorge aussi, paraît-il… Aujourd’hui, il ne reste pas grand chose de cette cité de western. Deux incendies sont passés par là, dont un fatal dans les années 30, qui marque le départ définitif des derniers habitants.

Aujourd’hui, la vie s’y est presque totalement arrêtée. Seules les herbes folles poussent encore autour des rares bâtisses rescapées religieusement protégées par une équipe de rangers… Des générations de particules de poussière viennent finir leur vie sur les tables en bois, les verres au bord épais, les rocking-chair rognés par la vermine, les matelas déchiquetés, les conserves gonflées, la station service rouillée… On se promène entre les maisons jouant  aux équilibristes en tentant d’imaginer l’agitation d’alors… La diligence arrivant tranquillement devant l’un des 75 saloons de la ville ; le shérif posé sur sa chaise, les santiags reposant sur la balustrade de sa cahute, et regardant les uns et les autres passer ; les chercheurs d’or au visage buriné arrivant là dans l’espoir d’en trouver, de l’or ; puis l’arrivée de la première traction achetée par le magnat de la cité (il y en a toujours un)… Vestiges du passé. De l’histoire même. A la place, une petite croix indiquant, comme une épitaphe, ce qui devait être une grosse artère, Union Street.

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Voilà une boîte aux lettres bien accueillante ! Autant avoir un bon objectif pour venir frapper à la porte de son propriétaire, amateur de photo visiblement. En tout cas, collectionneur de vieux appareils… Les argentiques, comme on dit. Avec des pellicules. Déjà, une antiquité pour un enfant de 5 ans ! Tous les caches ont été retirés des preneurs de vue. Autant d’yeux suivant la trajectoire des passants sur le trottoir…

Un peu comme les araignées qui ont colonisé les lieux auxquels sont accrochées quelques feuilles d’automne (encore)… Lorsqu’une personne, intriguée, s’arrête devant la boîte, le flash se déclenche en plusieurs fois : clac ! Le curieux sursaute ! L’expression affolée est dans la boîte, l’autre ! De l’autre côté de sa fenêtre, le joueur pense déjà au nouveau portrait qu’il va pouvoir afficher sur l’un des murs de sa chambre noire. Il reste encore un peu de place.

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Toute absorbée par l’originalité de la forme de la fenêtre de droite – mais peut-on décemment encore parler de fenêtre dans ce cas ? -, j’ai totalement zappé le vieux monsieur qui était derrière la fenêtre de gauche. Il ne s’est révélé qu’au visionnage des photos du jour. Il me regarde. Le sourire n’y est pas vraiment… Je ne suis certainement pas la première à m’extasier devant cette percée murale, ni la première à la photographier. Il se dit peut-être : « Encore une qui croit avoir découvert quelque chose ! ». Lui, c’est l’éternel voisin, derrière sa banale fenêtre rectangulaire, c’est celui que l’on oublie, ou que l’on ne voit qu’après. A posteriori, je ne sais plus quel regard est le plus intéressant : celui, épieur, du monsieur, ou celui, plus mécanique, de la fenêtre à l’allure d’onomatopée ?

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Vous avez vu Toy Story 3 ? Oui ! Donc, là, on est d’accord, Pandi et Panda font semblant d’être inanimés ! Ces gros yeux ronds fixés vers les branches, ça n’est pas très naturel… Deux secondes plus tôt, ils étaient en train de chahuter dans la voiture. C’est ce qui a attiré mon regard ! Et dès qu’ils m’ont entendue arriver, en un éclair, ils se sont scotchés au siège passager et ont fait les morts. C’est la position qui ne va pas… Le siège passager, comme s’ils étaient copilotes. Le grand donnant les directions et le petit les désignant avec ses pattes grises… Derrière, sur la banquette avec les petites voitures, cela aurait été bien plus crédible…

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J’ai bien cru à un reflet en regardant vite, tout en ayant conscience, aussi rapidement, d’un léger problème d’échelle… Une maison de poupée, évidemment. Une belle bâtisse à colonnade, en bois vraisemblablement, et remplie probablement de ces mini mobiliers et ustensiles de cuisine coûtant parfois aussi cher que les vrais. Un antre qui fait rêver les petites filles depuis des générations et via lequel elles s’imaginent déjà maîtresse de maison (parfait pour le conditionnement…).

Mais, sa présence tout contre la fenêtre intrigue… Une telle maison, en temps normal, c’est au milieu de la chambre, avec un capharnaüm certain autour, sauf pour les futures fées du logis, qu’elle se trouve… Là, c’est comme si elle était rangée, après des années de bons et loyaux services enfantins, entre des cartons de dessins et de cahiers d’exercices. Un grenier peut-être. Et une chambre de luxe pour la retraitée avec vue sur le jardin et la rue pour voir passer la vie en attendant la prochaine génération.

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Va pour une petite promenade dominicale au cœur des clichés californiens… Dans les deux sens du terme. Tout y est, ou presque : le soleil, les palmiers, le casino, la plage que l’on devine proche, la légèreté… Manquent la bimbo aux UV et son pendant, le bodybuilder bien huilé, absents de cette ville de Santa Cruz connue pour avoir marqué l’histoire du surf, la grande, et dont le slogan libertaire mais persistant « Keep Santa Cruz weird » perd un peu de sa superbe face aux velléités locales et à leurs corollaires – un certain nombre d’interdictions – de rendre la station un peu plus proprette qu’elle ne l’était en des temps hippies reculés… Round round get around, I get around…

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