Photo-graphies et un peu plus…
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La chaleur peut-elle être telle qu’elle fait transpirer les ombres ?

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Trop d’informations ! Aucune hiérarchie entre les messages. Les yeux ne savent plus où donner de la tête, essayant de tout gober d’un coup, en dépit de leur incapacité manifeste à tout comprendre. Dans la masse, ils distinguent malgré tout un trio de panneaux, qui déclenche presque l’hilarité du passant. Là, à gauche, bien accrochés au lampadaire. D’abord, une interdiction de se garer à tout moment. Soit. Ensuite, un peu plus haut, pour les plus grands, une interdiction même de s’arrêter là entre 7h et 8h sauf le dimanche. Et puis, enfin, au cas où l’automobiliste se trouverait un peu perdu dans tous ces signaux envoyés simultanément à son cerveau, l’apothéose, que l’on pourrait traduire ainsi : « Ne PENSEZ même pas vous garer ici ! ». Think, en lettres capitales. Autant dire qu’une simple interdiction ne suffit plus dans ce bas-monde. Aujourd’hui, il faut même arrêter de penser que l’on peut braver une interdiction pour, enfin, se garer.

Je n’aurais jamais cru que ces deux actions, ranger sa voiture et connecter ses neurones, puissent être associées de la sorte. Avant d’en arriver là, il a fallu, j’imagine, qu’un certain nombre de conducteurs pensent d’une part puis stationnent leur voiture d’autre part, malgré les deux premières injonctions. Vous êtes dans votre voiture, un peu stressé par la circulation, pressante, puis par les piétons, inconscients. Vous tournez depuis une heure déjà pour une petite course qui n’aurait dû vous prendre que 10 minutes… Vous avez chaud, la colère monte… Et là, vous craquez, tant pis pour l’interdiction, vous vous arrêtez. Vous vous dites que, de toute manière, vous n’en avez que pour quelques minutes et qu’il ne pourra rien arriver en si peu de temps. Vous sortez de votre voiture, bippez votre clé pour la fermer. Et là, soulagé, vous prenez une grande inspiration en levant la tête. Malheureusement, dans l’axe, vous tombez sur ce troisième panneau que vous n’aviez pas vu auparavant car, malheureusement, vous n’avez pas de décapotable. « Don’t even THINK of parking here ! » Des dizaines de paires d’yeux vous matent, attendant de voir ce que vous allez faire. Torture mentale. Vous pensez, vous pensez. Alors qu’il ne faut pas. C’est stipulé sur le panneau. Et puis vous vous dites tant pis : finalement, que peut-il arriver de plus du fait de l’existence même de ce panneau par rapport à l’interdiction liminaire ? Quelqu’un va percer nos pneus parce que vous avez osé penser ? Casser votre pare-brise ? Coller des affiches « don’t think » sur les vitres de votre véhicule ? A priori non ! Intimidation plus autoritarisme, le tout mélangé à notre propre imaginaire, peuvent suffire à stopper net le cheminement de notre pensée. Voie de garage !

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C’est ce que ne cesse de répéter le prof d’aquaphilojogging chaque lundi soir : « Allez plus vite ! Sortez de votre zone de confort ! C’est à partir de là que vous commencez à travailler… » Alors, je pédale, virtuellement, de plus en plus fort, espérant m’extraire de cette fameuse zone de confort, celle-là même qui fait battre mon cœur, mais pas assez vite encore, tout en pensant que l’expression est tout de même très bien trouvée et peut avoir une vie en dehors des bassins d’eau chlorée…

D’abord, la zone de confort. Cette zone que l’on se créé bon an mal an, où l’on vit le plus clair de notre temps, où l’on se cale comme dans un fauteuil suffisamment molletonné pour amortir les coups, cette zone où l’on se sent bien car on sait tout y faire. C’est rassurant, dans ce monde qui n’accepte pas l’échec, que l’on finit soi-même par craindre comme la peste, de croire que l’on sait tout faire. Un leurre évidemment, puisque nous sommes dans notre zone de confort. Celle où l’on transpire, un peu (cela ne se voit pas dans l’eau, de toute manière), mais pas vraiment. Celle où l’on mesure nos efforts.

Donc, sortir de sa zone de confort. Plus vite, plus vite ! Les bras, les jambes ! Repousser ses limites, ses connaissances, ses efforts. Aller vers l’inconnu. Vers son inconnu. Vers ce terrain vague que pourrait être notre vie si l’on ne s’évertuait pas autant à en faire un jardin à la française. Notre société n’accepte plus le risque, entend-on régulièrement. Elle ne l’accepte plus généralement, mais aussi à titre individuel. Parfois, conscient de l’existence de cette frontière imperceptible que l’on aimerait franchir, on se met à la limite de notre zone de confort. A la limite du danger, tout en prenant soin, inconsciemment, de s’en préserver. Comme sur cette photo prise au milieu d’une arène. Aucun taureau à l’horizon. Donc, aucun risque à l’horizon non plus, hormis peut-être une angine blanche. Ciel bleu, palmier solide, soleil brillant, couleurs vives, la vie est belle… Allez, c’est plus simple comme ça !

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Certaines villes et/ou pays ont la chance d’avoir un emblème. Paris et sa Tour Eiffel, le Japon et le Mont Fuji, Londres et Big Ben, New York et… l’Empire State Building, le Kenya et le Kilimandjaro, Sydney et son opéra… A Montréal, il y a le Stade Olympique avec sa tour inclinée reconnaissable entre mille. Il y a aussi le Pont du Havre, rebaptisé Pont Jacques-Cartier en 1934, quatre ans après son ouverture et cela, suite à une pétition des citoyens voulant rendre hommage au découvreur du Canada.

Il en aurait fallu moins encore pour que j’en fasse… le tour.

Après Otages de la nuit, voici un deuxième reportage montréalais, Le tour du Cartier, au cours fort heureusement moins tragique que son aîné.

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Le monde est fait d’interdictions. La vie est faite d’interdictions. Interdiction de tourner à gauche, interdiction de siffler à table, interdiction de fumer dans des lieux publics, interdiction de rêver tout haut, interdiction d’arroser son jardin, interdiction de parler la bouche pleine, interdiction de pêcher la nuit… Au quotidien, nous jonglons avec ces interdits, que nous ingérons puis intégrons, pour la plupart. Au bout de quelques années de pratique, il n’y a même plus d’autocensure. Ne pas faire ci ou ça, et s’offusquer de voir quelqu’un faire ci ou ça, est devenu naturel. Cette question de l’interdiction n’en est pas moins à géométrie variable selon l’endroit où elle est posée.

Exemple léger avec ces deux images prises sur deux plages distantes de très exactement 10 776 km. Pour une même typologie de lieu, on pourrait naïvement imaginer que les interdictions sont similaires. Il n’en est rien. Sur cette plage de station balnéaire touristique de Malte, le seul interdit concerne les femmes. « Sein nus interdit ». Fautes d’orthographe comprises. C’est écrit en six langues, maltais, italien, français, allemand, anglais et même russe (c’est l’occasion d’apprendre que « topless » est un mot quasi universel – petit doute sur le russe cependant…). Un choix vraisemblablement lié à l’origine géographique de la majorité des visiteurs de l’île. La présence récurrente de méduses, annoncée par le panneau du dessous, n’est sûrement pas  la cause de cette interdiction. Les cnidaires se moquent bien des tissus ! C’est donc probablement culturel. A 10 776 km de là donc, sur une plage californienne d’une ville historiquement connue pour sa participation massive au mouvement hippie – Santa Cruz, à ne pas confondre avec Santa Claus -, il y a autant d’inscriptions que sur le panneau maltais, mais réunissant six interdictions différentes. C’est dire si les temps ont changé… Curieusement, le « No topless bathing » n’y figure pas. Et puis, ces sommations lapidaires ne sont pas traduites. Tout le monde sait parler anglais, c’est bien connu. Question d’image de soi probablement !

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C’est en regardant un film d’Amos Gitaï – Devarim – que pour la première fois, le photographe m’est apparu comme une sorte de prédateur, de tireur d’élite. Mon souvenir : un personnage, reclus volontairement chez lui pour cause de bile noire persistante, se met à la fenêtre avec son appareil équipé d’un long zoom et vise, les passants, la vie, dans la rue. L’analogie est flagrante. Le photographe, l’œil rivé derrière son viseur et légèrement en retrait pour ne pas être remarqué, balaye une zone, cherche une proie idéale ; une fois repérée, il la suit du regard, l’observe pour pouvoir anticiper ses mouvements ; une fois prêt, il arme son appareil, prend une bonne respiration et déclenche, parfois en rafale pour être sûr de ne pas manquer sa cible. Tacatacatactac… C’en est presque effrayant. Cette pensée m’est revenue comme un flash en voyant ces deux-là à l’affût…

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Cette nuit-là, il avait neigé. Cela arrive, en hiver. Même à Saint-Malo. Rarement, mais parfois quand même. Une fois dehors, une seule question se pose : la neige est-elle toujours posée sur le sable ? Cristaux d’eau contre cristaux de silice. Blanc contre ocre, sur fond bleu. J’anticipe une jolie rencontre visuelle. En fait, bien plus que cela. La neige a fondu au soleil, matinal. Mais, encore bas, il n’a pas réussi à venir à bout de celle qui s’est nichée dans l’ombre des hautes bâtisses du Sillon. Entre et sur les brises-lames de la cité corsaire, les vrais, les vieux, faits de chêne noueux. Ceux-là même qui tendent à disparaître aujourd’hui. L’image est étonnante. La neige, on la visualise plus facilement au sommet des montagnes. Quelques pieds plus bas, c’est autre chose. Une véritable expérience sensorielle… On ferme les yeux. Les vagues de la mer viennent claquer doucement sur la plage, les mouettes crient juste au dessus, et sous les pas, crisse la neige. Un trio de sonorités qui n’ont, a priori, que peu de chance de se rencontrer naturellement. Et pourtant…

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Vision totalement surréaliste pour la parisienne que je suis ! Des étals entiers de citrouilles de tailles variables – les plus grosses font 100 kilos ! -, aux couleurs multiples – orange, jaune, blanche, grise – ; de cucurbitacées en tous genres – potiron, courge musquée, courge patidou, courge galeuse d’Eysine, allongées, biscornues, boutonneuses… Les Montréalais ne sont pas tant amateur de soupe à la citrouille que ça ! Non, d’autant que toutes ne sont pas comestibles ! En revanche, ce qu’ils prennent très au sérieux, et particulièrement les enfants pour qui c’est LA fête de l’année devant Noël, c’est Halloween !

Dans un mois, lanceront les plus avertis. Certes. Mais le 31 octobre, c’est déjà demain. Donc, les citrouilles commencent à envahir la ville en des lieux stratégiques comme les marchés ; les premières décorations sont accrochées dans les rues, comme ce sera bientôt le cas pour celles de Noël à Paris ; les boutiques de costumes ont lancé leurs promos sur les derniers modèles de squelette phosphorescent ; les places dans les soirées déguisées les plus farfelues se réservent dès aujourd’hui ; les sacs de bonbons acidulés en forme d’araignées, de fantômes et de sorcières se remplissent en prévision du « Trick or treat » à venir…

La tradition a atteint les côtes françaises il y a quelques années (grâce, notamment, au téléphone orange Olaween d’Orange il semblerait (gros, gros esprit créatif sur le nom…). Fin octobre, toute la ville se transformait en orange et noir. Même débauche dans les vitrines. Même frénésie dans les cours d’école. Même folie dans les partys. Mais, la supercherie commerciale ayant retiré son masque – nouvel exemple de la globaméricanisation des cultures -, elle est tombée en désuétude aussi vite qu’elle avait été propulsée au 3e rang des fêtes commerciales à succès dans l’hexagone. Autre raison moins connue, le 31 octobre est la veille du 1er novembre. Toussaint, puis Fête des morts. Une juxtaposition jugée peu heureuse pour certains esprits pieux. Que ces considérations semblent lointaines de ce côté de l’atlantique. Rendez-vous donc dans quelques semaines pour la suite de l’événement !

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Je suis passée sous cet immeuble parisien sans prétention des jours, des mois, des années avant de le photographier enfin. Cette avancée pointue sur le trottoir, légèrement agressive, me fascine. L’idée de vivre dans le vide, d’une certaine manière, tout autant. Même si tout est relatif. Comme à mon habitude, le cadrage me prend un certain temps. Ce qui m’a valu quelques ratés mémorables… Cette fois-ci, aucun problème de ce genre. En revanche, une fois la photo faite et déjà sur mon chemin, une petite phrase arrive lentement mais sûrement à mes oreilles. Très courte.

« T’es moche ! »

Cela vient de l’ombre de l’immeuble, d’une petite fenêtre ouverte que je distingue à peine dans les bas étages. Des jeunes. Qui se marrent de leur coup. Je poursuis ma route, pas vexée pour un sou, et vingt mètres plus loin, une réplique me vient (c’est donc que ça me tracasse quand même un petit peu) : « Tu ne dois pas être très beau toi non plus si tu as besoin de te cacher pour me parler ! » Mais pourquoi n’est-ce pas arrivé deux minutes plus tôt ? Parfois, les phrases que l’on voudrait être capables d’émettre à l’instant t, pour une raison ou pour une autre, face à une personne aimée, méprisée, fraîchement rencontrée…, arrivent avec un métro de retard. Donc, trop tard…

Ces phrases que l’on finit par se répéter à l’envi une fois qu’on les a trouvées – elles commencent toutes par : « j’aurais dû dire » – deviennent totalement obsolètes, inutiles dès lors que le moment est passé. On ne le sait que trop bien, ce qui ne nous empêche pas d’imaginer la suite de chaque scène manquée, avec des changements primordiaux dans le script… Coupez ! On la refait ! Mais non, ça ne marche pas comme ça, dans la vraie vie… Cela s’apprend, la répartie ?

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J’ai visiblement une relation particulière avec les chaussures, étant donné leur fréquence sur ce site (Les miraculées, Après la bataille et Les chaussures électriques récemment). Ou, en tout cas, avec les pieds. Ceux là même qui nous conduisent où notre tête le désire. Bien, plein feux sur ces trois spécimens, l’un étant un piège. Pour tout avouer, je croyais avoir perdu le troisième. Un collector pourtant. Un concept en soi ! Ce ne sont pas des bottines permettant d’avoir les pieds au sec lorsqu’il pleut, non, ce sont des bottines volontairement tronquées comme des chaussures d’été. En voyant ces petits orteils décorés en liberté, on ne s’attend effectivement pas à ce que la cheville soit, au contraire, bien encadrée. Enfin, pas moi. Mais je ne suis pas une référence en la matière. D’un certain point de vue, on dirait des pieds de biche, bien que je ne sois pas certaine que les biches soient des adeptes du rouge à ongles… On y est très bien, m’assure-t-on. C’est l’essentiel.

Et c’est aussi ce que m’assure la propriétaire de la paire amphibie en tête de gondole ! Une chaussure qui épouse non seulement la forme du pied, mais aussi celle des orteils. Des chaussures à orteils séparés en somme. Et ça, c’est plus rare. Enfin, il existe des chaussettes dans cet esprit, mais on ne les porte pas en public, ou alors restreint. La Five fingers s’enfile comme un gant, offre une liberté sans pareille aux pieds et en particulier aux orteils, qui, d’habitude, sont  tranquillement installés au fond de nos chaussures jusqu’à la fin de la journée. Travailler plus pour marcher mieux ! Semelle fine, le sol n’a jamais été autant ressenti ! Ce qui peut avoir ses limites pour les chatouilleux. Passé son propre étonnement (finalement, ce ne sont que des chaussures !), le plus amusant est d’observer celui des autres. Dans la rue, dans leurs voitures, sur leurs vélos. D’un geste brusque, ils baissent la tête et s’y reprennent à deux trois fois pour s’assurer qu’ils ont bien vu. Et, en général, dans la seconde qui suit, ils en parlent à leur voisin(e), qui tourne, se retourne, se contorsionne pour voir les bêtes. Qui marchent, elles, comme si de rien était. Elles sont habituées à être regardées.

Enfin, le piège de la deuxième photo prise sur un étal des Puces du design. Belles couleurs, n’est-ce-pas ? Ces couleurs et cette transparence ont tellement focalisé mon attention que je n’ai pas réalisé, sur le moment, que ces chaussures n’en étaient pas. En tout cas, qu’en l’état, il était impossible de marcher avec, n’étant dotées d’aucun dispositif de fixation aux pieds. Les talons compris, l’anti-fivefingers par excellence !

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