Photo-graphies et un peu plus…

Chacun a dans un coin, rond, de sa tête les fameux dessins alambiqués d’Escher. Maurits Cornelis pour les intimes. Vous savez, ces images très graphiques et d’une grande maîtrise mathématique, de constructions architecturales impossibles et obsédantes car de vrais labyrinthes pour l’esprit. L’analogie paraîtra sûrement un poil tiré par les cheveux à certains, mais, parfois, les distributeurs de papier toilette dans les WC publics me semblent être du même acabit : difficile de savoir où commence et où se termine le rouleau !

Osons… Vous avez bu trois thés coup sur coup, vous ne tenez plus, vous devez « faire vos besoins » comme l’on dit étrangement ou vous rendre dans « un endroit propice » comme le sifflait une ancienne prof de français. Direction le cabinet d’aisance public le plus proche. Le soulagement est total jusqu’à ce que vous n’approchiez la main du distributeur pour lui soutirer quelques feuilles. Malheureusement mais un classique du genre, rien ne pend. Vous faites faire un tour au rouleau, puis deux en quête de la petite feuille libre… Celle sur laquelle vous allez pouvoir tirer, souvent de façon trop énergique, pour récupérer plus de feuilles que nécessaire… mais ce n’est pas grave, vous n’êtes pas chez vous ! Ceci dit, en réalité, vous n’en êtes pas encore là : vous cherchez toujours le début du rouleau à qui vous avez déjà fait faire quatre tours, non sans une pointe d’énervement et un début de crampe dans les cuisses, la position tenue étant proprement inconfortable. Voilà que vous pestez contre les petites économies : si au moins, le papier était plus épais, vous arriveriez sans problème à l’attraper ! N’ayant cependant pas envie de rester plus longtemps dans cet espace communautaire et fatigué de jouer au hamster avec le rouleau de PQ, vous cédez à la facilité : vous agrippez un bout de papier sur le côté et le déchirez, créant ainsi un début de rouleau artificiel. Ce dernier ne ressemble plus à rien, mais vous êtes sauvé ! Quelle aventure !

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C’est en regardant un film d’Amos Gitaï – Devarim – que pour la première fois, le photographe m’est apparu comme une sorte de prédateur, de tireur d’élite. Mon souvenir : un personnage, reclus volontairement chez lui pour cause de bile noire persistante, se met à la fenêtre avec son appareil équipé d’un long zoom et vise, les passants, la vie, dans la rue. L’analogie est flagrante. Le photographe, l’œil rivé derrière son viseur et légèrement en retrait pour ne pas être remarqué, balaye une zone, cherche une proie idéale ; une fois repérée, il la suit du regard, l’observe pour pouvoir anticiper ses mouvements ; une fois prêt, il arme son appareil, prend une bonne respiration et déclenche, parfois en rafale pour être sûr de ne pas manquer sa cible. Tacatacatactac… C’en est presque effrayant. Cette pensée m’est revenue comme un flash en voyant ces deux-là à l’affût…

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