Photo-graphies et un peu plus…

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… je ne lui avais pas attrapé le bras, que se serait-il passé ? Comment savoir quel aurait été le cours des choses si on n’était pas intervenu pour le réorienter ? Et pourquoi se poser des questions auxquelles il est impossible d’avoir de réponses ? Car si un fait n’a pas eu lieu, alors, tout simplement, il n’existe pas. Ce qui n’est pas tout à fait exact car notre intervention a justement été motivée par la potentielle conséquence de ce fait si on le laissait évoluer naturellement et donc, si on n’agissait pas. En d’autres termes, la situation a existé, de façon abstraite et purement intellectuelle, mais elle n’a pas eu lieu.

Maintenant, si j’adopte un raisonnement contrefactuel, souvent invoqué en mécanique quantique, alors, des événements qui auraient dû se produire mais qui ne se sont pas produits influent sur les résultats de l’expérience – l’une des sept merveilles du monde quantique selon le magazine New Scientist -. Evidemment, ce raisonnement ne s’applique pas réellement à l’échelle de notre petit quotidien, mais il n’en est pas à rejeter pour autant. Dans ce cas, quelle serait l’expérience ? D’étudier les réactions spontanées face à un danger imminent auquel est confronté un.e inconnu.e ? Ou les suites de cette réaction ?

Une femme allait traverser la route alors qu’une voiture arrivait à pleine vitesse, je lui ai attrapé le bras très calmement pour la stopper dans son mouvement, le temps qu’elle tourne la tête à droite et réalise qu’elle se mettait inutilement en grand danger. Elle s’est figée. Je me suis excusée – étrangement, cela a en effet été ma première réaction – de l’avoir agrippée ainsi même si ce n’est même pas ma tête qui lui a pris le bras, c’est ma main, c’est mon corps… Ils ont été plus rapides. Elle m’a répondu : « vous aviez raison, j’allais faire une bêtise. » Puis « Merci ! ». Nous avons continué nos routes. Cela a duré 2 secondes. Deux secondes, c’est rien. Un, deux. C’est fini. C’est fou tout ce qui se passe en deux secondes. C’est fou tout ce qui aurait pu se passer en deux secondes. C’est fou toutes les questions que l’on se pose après ces deux secondes. Si je n’avais pas tendu le bras, aurait-elle été renversée ? Si je n’avais pas été là, quelqu’un d’autre l’aurait-il fait ? Si je n’avais pas été là, aurait-elle cherché à traverser aussi imprudemment ?  Si je n’avais pas été là, aurait-elle été là, elle ?

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