Photo-graphies et un peu plus…

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Marchez tout en regardant fixement un point dans le ciel, comme si vous suiviez quelque chose du regard, et vous serez bientôt imité par deux ou trois personnes témoins de votre petit manège. L’effet miroir est quasi instinctif, motivé par notre insatiable curiosité. Le constat semble aussi vrai avec la photographie… Exemple pris parmi d’autres avec cette image. Direction les jardins de la Fondation Miró sur les hauteurs de Barcelone. Quelques personnes se promènent sur la terrasse. Une double porte vitrée empêche le visiteur de s’approcher de cette sculpture dont je ne trouve pas le nom. Il y a un interstice entre les deux parois de verre légèrement bleutées, permettant – malgré la transparence – de voir d’une autre manière ce qui se trame de l’autre côté. A savoir, dans ses couleurs originales.

Cet espace de vérité coincé entre deux frontières à la fois translucides mais matérialisées capte mon attention : j’en fais mon objectif pour cette photographie et m’attèle sérieusement à mes cadrage-réglage. Cela prend quelques secondes, peut-être minutes – pas trop non plus -, laps de temps pendant lequel je vois entrer plusieurs personnes dans mon champ visuel. Je suis certainement restée trop longtemps au même endroit pour passer inaperçue… L’œil sur le viseur et les doigts sur la gâchette, je les vois s’approcher de la double porte… Ma photo en poche, je me recule pour assister au spectacle : trois personnes dégainent leur appareil photo et y font entrer la sculpture, que je n’ai toujours pas identifiée. Mimétisme photographique parfait, à ceci près qu’aucune n’a jugé pertinent de se placer au cœur de l’ouverture. Peut-être se sont-elles dits que ces deux bandes verticales allaient gâcher la photo, alors qu’à mes yeux, elles en sont le sel. Et voici comment trois innocents petits centimètres réussissent à créer une grande différence malgré l’apparente similitude des gestes…

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Et voilà ! Après quelques mois de gestation, le premier numéro de Médyn, le magazine de création contemporaine fait par les artistes, créé en collaboration avec Kristophe Noël, est en ligne ! 28 jeunes artistes à découvrir au fil des pages virtuelles…

La liste ? Alain Delorme, Alain Bernardini, Albert Pema, Alexandre de Cadoudal, Anatoliy Lavrenishyn, Antonella Policastrese, Audrey Lefeuvre, Bobby Chitrakar, CARO-MA, Catherine Duverger, Christophe Sion, Coralie Vincent, Florent Mahoukou, Fred Morin, Grégoire Mähler, Julian Renard, Julien Lombardi, Karine Portal, Le Bouc sur le Toit & Zita Cochet, Line Francillon, Luminitza Liboutet, Mickael Jou, Nicolas Gasco, Paul Vincent, Sergio Albiac, Tilby Vattard, Vincent Ganivet, Kristophe Noël et moi-même. Merci à eux d’avoir accepté de faire partie de cette aventure embryonnaire, et merci à vous tous de le parcourir, de l’aimer, de le partager, de le faire vivre…

Mode d’emploi éventuel : cliquez sur l’image et Médyn s’ouvrira…

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On la connaît tous, cette petite phrase, pour l’avoir soi-même prononcée ou se l’être entendue dire. Une façon diplomatique d’avouer que l’on aime pas spécialement (ce mot est important) ce qu’une personne, que l’on n’a pas envie de froisser, est en train de nous montrer avec un enthousiasme non feint. Ceci dit, la personne en question, qui use du même stratagème de temps à autre, n’est pas dupe et répond souvent par un « Tu n’aimes pas, c’est ça ? ». Deux solutions se présentent alors à nous : assumer effectivement ce que l’on pense vraiment au risque de vexer celle que l’on voulait épargner et qui voudra forcément savoir pourquoi l’on aime pas, ce à quoi vous serez obligé de répondre, tout en étant bien incapable de cacher que vous trouvez cette table basse vitrée montée sur une roue de chariot absolument immonde (cela parlera peut-être à certains fans de Billy Cristal), ou, s’enfoncer dans la parade en tentant de limiter la casse. Le plus sain est qu’après un « à chacun ses goûts », celui qui le reçoit ne poursuive pas.

Ce n’est pas ce qu’ont décidé de faire les habitants de cette place du Bari Gottic barcelonais, qui, à chaque fois qu’ils ouvrent leur fenêtre, tombent nez à nez avec cet artefact immense de grillage fuselé comme un aéronef prêt à s’envoler, ce qu’ils aimeraient probablement… Et ils sont plusieurs à protester via des affiches accrochées… aux grilles de leurs balcons et clamant « No a l’escultura ». La bête a en effet de quoi désarçonner et questionner celui qui s’approche du lieu. Ce qui est aussi le rôle de l’art. Enfin, de l’Art. Et il n’y a pas de faute de goût dans l’Art. Juste des gens qui ne peuvent pas comprendre la portée d’une telle œuvre. Evidemment, tous les matins, tous les soirs devant soi, de façon très pragmatique, c’est autre chose. Voilà donc ce que je suggère aux mécontents : qu’ils fassent pousser des plantes grimpantes le long de ces fils de fer qui feront d’excellents tuteurs, et, ainsi, obtiendront-ils, au bout de quelques mois, une agréable canopée sous laquelle ils auront plaisir à se reposer et où viendront se nicher quelques perruches vertes… Pourquoi pas ? Il en faut pour tous les goûts !

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« En mathématiques et en particulier en analyse fonctionnelle, la transformée de Laplace monolatérale d’une fonction f d’une variable réelle positive t est la fonction F de la variable complexe p, définie par :

F(p)    = \mathcal{L}\{f(t)\}   =\int_0^{+\infty} e^{-pt} f(t)\,dt.

(…) Elle fournit ainsi une méthode générale de résolution des équations différentielles. »

C’est évident ! Mais où avais-je la tête ? Vraisemblablement pas à la place idéale (ah, ah, ah)… C’est-à-dire, le menton solidement ancré sur quelques doigts de la main. De cette main forte qui soutient une tête bien pleine voire bien trop pleine. Ainsi en est-il de cette incarnation de bronze forgée par Robert Delandre de Pierre-Simon de Laplace, mathématicien, astronome, physicien, philosophe à ses heures et même ministre (de l’intérieur, sous Napoléon 1er…) en parallèle. A cette époque – fin 18e, début 19e siècle donc -, on – pas n’importe qui tout de même ! – pouvait en effet être tout cela à la fois sans que cela ne fasse rire qui que ce soit. Les choses sont un peu plus complexes de nos jours même s’il arrive encore que des scientifiques se muent en politiques, ou plutôt politiciens, officiels.

Mais je m’égare… Ce qui m’intéresse, c’est le rôle donné à la main. Cette main en contact avec cette tête, qui ne clament qu’une seule chose l’une sous l’autre : « Je pense. » Un raccourci qui fait instantanément apparaître une autre image en superposition, celle du Penseur d’Auguste Rodin, dont la création est antérieure. Si Laplace, richement vêtu, épaules ouvertes et torse bombé, semble sûr de lui et des lieux où le conduisent sa pensée, l’homme de Rodin, richement musclé, nu comme un ver et recroquevillé sur lui-même, paraît plus laisser la place au doute, à une réflexion sinueuse voire torturée. Etrangement, cette représentation de la pensée par le geste, certes un peu las, mais de fait, humble, me semble bien plus moderne que la version laplacienne, inaugurée en 1932, aujourd’hui un brin caricaturale et artificielle…

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Cela aurait pu être « J’en donne ma main à couper », mais cela ne va pas avec la suite… La main, tendre la main, donner, recevoir, charité, œuvre caritative, associations… Voilà. Comme cela arrive régulièrement à notre époque échangiste, en vous abonnant à tel ou tel magazine, en cadeau de bienvenue, le magazine en question vous vend à ses propres contacts. Comme ça, sans vous demander votre avis. Ou alors, en tout petit, au verso de la feuille que vous avez signée, au milieu d’un dessin très chargé qui vous fait penser à « Où est Charly ? ». De fait, tout d’un coup, de nouvelles enveloppes apparaissent dans votre boite aux lettres. « Tiens, je ne connaissais pas cette association ! » ou « C’est bien ce qu’ils font, eux ! ». Au début, c’est excitant, vous ouvrez les enveloppes, vous lisez les lettres de sollicitation, vous vous amusez d’avoir des autocollants à votre nom même si vous ne les utilisez pas, vous êtes partiellement ému (ce n’est pas que vous êtes sans cœur ou insensible, simplement, vous n’avez pas besoin qu’on sorte le tire-larmes pour vous faire comprendre le tragique d’une situation), vous pensez même donner… A un moment. Puis approchent les fêtes et bizarrement, les enveloppes se multiplient. Dilemme : comment choisir ?

Ne pas choisir peut être une solution. Alors, un matin de grand bonheur, vous sortez votre chéquier et en remplissez quelques-uns. Oh, pas de grandes sommes, mais suffisamment pour « sauver plusieurs vies » qu’elles disent. Hop, direction l’enveloppe pré-affranchie – elles vous facilitent la tâche – et la boite aux lettres. Vous lâchez votre petit paquet en ayant le sentiment d’avoir modestement participé à quelque chose de bien. Et puis, vous oubliez. Mais, les associations, elles, ne vous oublient pas. D’abord, elles vous remercient, ce qui est plutôt poli, et vous envoient un stylo, des enveloppes, des étiquettes, une carte du monde… quelque chose. Bon, un peu kitsch à votre goût mais vous comprenez l’attention. Il y a aussi une lettre retraçant ce que deviennent les dons. Très instructif. Puis, vous oubliez. Mais, les associations, elles, ne vous oublient toujours pas. C’est logique, d’un certain point de vue. Régulièrement (beaucoup ne payent pas l’acheminement), elles vous envoient de super cadeaux qui gonflent les enveloppes, des magnets, des cartes de vœux et leurs enveloppes, des seringues en plastique, des stylos en forme de seringue, des annuaires…

Cela ne s’arrête pas, même si certaines finissent par abandonner. On dirait même qu’elles se coordonnent pour envoyer leur courrier puisque vous recevez parfois trois lettres le même jour… Au bout de quelques mois à ce régime, sans pour autant avoir réitéré votre petit geste, cela commence à vous agacer. Vous n’ouvrez même plus les enveloppes. Après plusieurs années, l’énervement, voire la colère, prend le relais : à cumuler tous les gadgets que vous avez reçus pendant ce laps de temps, on doit bien atteindre la somme que vous avez envoyée ce matin-là. Evidemment, certains doivent être ravis de ces petites récompenses, sinon, elles n’existeraient pas. Mais pas vous. Alors, voilà, vous avez pris votre décision : vous ne donnerez plus et vous chercherez Charly au verso ! Un vrai gâchis !

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