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Si loin, et pourtant si proches ainsi juxtaposés, comme ils l’étaient déjà, superposés, dans Paradoxe auditif…. Abysse de glace bleue turquoise dont le fond, insondable, nous appelle tel un champ gravitationnel neptunien. A l’aplomb, juste avant la crevasse, une épaisse couche de neige nous sauve de la dégringolade fatale. Elle craque sous les pas, nous prévient. Dans cette atmosphère bleue et blanche qui amortit les sons et donne à chacun l’impression d’être dans une chambre sourde ou un monde déserté par la vie, on n’entend que cela, ce bruit inimitable du crissement des flocons délicatement posés les uns sur les autres, cet air glacial coincé entre les cristaux expulsé brutalement par la pression. Le chant des glaces…
Dans l’autre hémisphère, celui où l’on a la tête en haut, dans le sable, le sans fin, c’est à la fois une autre histoire et la même ritournelle. Il n’est d’ailleurs pas si lointain le temps où l’on m’a appris la nouvelle. Les dunes chantent. A leur manière. Un mythe comme pourrait l’être le tintement induit par l’éclatement de gouttes de rosée à l’heure bleue ? Non, une réalité. Des sons graves, vibrants, d’une puissance assourdissante pouvant atteindre 100 dB selon la taille des grains, provoqués par de grandes avalanches de sable et ressemblant, par moments, à un vol de bourdons. Un pas un peu appuyé sur le rebord d’une dune bien choisie. Elle se fissure. Lentement, la dune se met en branle. Roulement de tambours. Le grondement monte. Tout, autour, s’emplit d’un profond silence, tout s’éteint. Puis les étoiles s’allument, scintillant comme des cristaux de glace. Ce soir, c’est concert à ciel ouvert ! Ou comment le plus insignifiant des grains de sable peut être à l’origine d’un moment dune indicible volupté…