Photo-graphies et un peu plus…

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Je suis en train de filer un mauvais coton : j’écris ces textes la nuit venue et me retrouve à me coucher tard, ou tôt, c’est selon. Et ce n’est pas bon pour mon équilibre physique, a fortiori mental puisque tout est lié (j’y reviendrai). Cela me rappelle les années où j’alimentais quotidiennement mon site de duos photo-texte (si vous avez du temps, allez-y, il y a plusieurs milliers d’histoires, de questionnements, de réflexions, de bagatelles disponibles…). Il faut croire que la nuit est agréable pour écrire… Passons cette information organisationnelle. Je prends mes marques, comme tout le monde. Car ce ne sera pas une épreuve de sprint mais bien d’endurance. Que l’on soit ici ou ailleurs.

Il n’y avait plus de farine au New World. C’est un peu mon hémistiche moliéresque à moi. Donc pas de gâteau maison. Nous nous réjouissions à l’idée qu’une odeur de tarte aux pommes ou de gâteau au chocolat parfume l’appartement. Bref. En attendant, j’ai pris un paquet de sucre. Nous verrons en fin de semaine si la poudre blanche a fait son retour en rayons, mettant ainsi, en extase et sans danger aucun, des centaines de personnes. Dizaines plutôt, compte tenu du flux limité des clients autorisés à être simultanément dans le garde-manger collectif. Un par foyer, un entrant par sortant. J’en ai quand même vu faire la queue trois quart d’heure pour ne sortir qu’avec deux bouteilles de soda et une de limonade… Chacun sa façon d’occuper son temps !

Aujourd’hui (notion en devenir – ici, à cheval entre le 29 et le 30 mars), dans un monde alternatif à jamais disparu, nous aurions dû prendre l’avion pour Buenos Aires où nous devions passer 5 jours avant de rentrer à Paris et reprendre notre vie tranquillement, le cœur et l’âme remplis des merveilles de la nature côtoyées pendant 3 mois et une foule d’histoires qui se terminent bien à raconter. Nous avions déjà réservé un appartement dans un quartier central mais calme, et reçu les recommandations de plusieurs personnes quant aux précautions à observer dans cette ville, certes belle, mais un peu dure depuis la crise économique argentine. Le vol Buenos-Aires / Paris est le premier à avoir été annulé. Si je me remémore ce jour, pas si lointain, où la suite du programme a basculé, alors qu’il s’est passé mille choses depuis, je crois que cette annulation nous a soulagées, n’ayant pas particulièrement envie d’être bloquées à l’aéroport de Buenos Aires en cette période confuse de décisions précipitées et de chaos prévisible… Aujourd’hui encore, nous aurions dû prendre l’alternative trouvée par Air New Zealand à l’époque, un vol retour pour Paris via Singapour. Celui-ci a aussi été annulé quelques jours après et les vols non pris transformés automatiquement en crédit à utiliser dans les 12 mois. Même régime pour notre billet de train entre Wellington et Auckland, ville de départ supposée. Nous avons donc du temps devant nous… même si le gouvernement néo-zélandais a annoncé que les vols commerciaux ne reprendraient pas avant début juillet. Potentiellement trois mois de plus ici donc. Voilà comment la vie prend des chemins inattendus.

Nous sommes parties avec peu de livres, poids limité oblige. Mais il en est un – 716 pages tout de même ; cadeau fraternel, merci, merci ! – qui nous fait des clins d’œil tous les jours avec une certaine ironie mais aussi indéniable complicité : « Le voyage était presque parfait – Essai sur les voyages ratés » de l’anthropologue Jean-Didier Urbain.  Page 42, dernière phrase de l’introduction de la 1repartie : « Bref, ce voyageur néo-moderne, qui préfère la bonne prévision à la bonne surprise, veut vivre et circuler dans un univers sensé : un monde de certitude, qui doit avoir un sens clair, précis, annoncé, par principe assuré ! C’est un mythe, bien sûr, mais il a le vent en poupe, la puissance de la norme, la banalité de l’habitude, la prégnance de l’évidence »… Ouf, nous ne sommes pas des néo-voyageuses !

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