Photo-graphies et un peu plus…

La marée a trouvé plusieurs fois écho en ces p(l)ages virtuelles (notamment La marée, Coquillages et juste assez, Salmigondis marin, La photographie est un sport de combat). Un sujet qui va, qui vient, au gré des humeurs, du calendrier lunaire et des heures de la journée. La mer aux deux visages… Inlassablement, la marée recouvre et découvre des étendues, offrant un spectacle en perpétuelle métamorphose à ceux qui la suivent. Pas de demie-mesure, de mer à moitié vide ou à moitié pleine. Elle ne s’arrête jamais en route ! Sable fin ou rochers habités de mollusques, d’anémones et autres algues glissantes sont ce que dévoile la marée descendante la plupart du temps…

De fait, cette marée basse-là est particulièrement étonnante, étrange voire inquiétante. Un labyrinthe de pics acérés, résidu d’une mangrove en décomposition, champ de bataille marin… Un véritable piège et une mauvaise surprise pour le nageur attiré par les eaux chaudes et bleutées très accueillantes à marée haute de cet océan Indien et qui se jetterait, pieds nus, dans ses courants. Quand une peau lisse révèle en fait une hostilité pas si profonde… Les apparences sont parfois bien trompeuses.

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C’est-à-dire, qu’ainsi allongé, on irait bien caresser la crinière et chatouiller le flanc de ce lion nonchalant, offrant la pause à ces êtres étranges se déplaçant uniquement dans des boîtes métalliques sur roulettes et n’en sortant jamais, si ce n’est par le bout du bras afin d’indiquer une direction qui n’a de sens que pour eux, un geste assorti généralement de sons bizarres, parfois incohérents, et de mouvements intempestifs de leurs congénères. « Voilà qu’ils s’émeuvent probablement pour une hyène ! » pense peut-être, désespéré par ce manque de discernement, le roi fainéant. Soi dit en passant, même s’il n’est que celui des animaux, quelle image de la royauté que cette réputation qu’il traîne avec lui. Jusqu’à ce qu’il réalise, enfin, que c’est vers lui que les yeux fous de ces hommes en cage sont tournés, condamnés à se satisfaire d’une image de la liberté…

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Je l’avais annoncé il y a quelques semaines dans La véritable histoire des zébrures, dans mon Top 10 à établir de mes « zanimos » préférés, il y a aussi les éléphants. Une masse sage avançant sereinement et que rien ne peut arrêter. Dans le Top 10, aussi à définir, des sites urbains que j’affectionne particulièrement, il y a le métro. Aujourd’hui, par l’entremise d’un échange sur un très beau et sensible documentaire pédago-dansé, Dancing dreams, une connexion étonnante a pu être établie entre le premier et le second.

Dancing dreams est le dernier film dans lequel apparaît la chorégraphe Pina Bausch, décédée en juin 2009. Il suit une classe d’adolescents de la ville de Wuppertal n’ayant jamais dansé et encore moins fait de scène. Le projet : faire revivre Kontakhof, le spectacle qu’elle a créé en 1978. Une véritable performance physique, intellectuelle et humaine pour ces jeunes de cette cité industrielle du bassin de la Ruhr, que l’on voit évoluer sur une année, lors des répétitions mais aussi à l’extérieur. Dehors. Dans leur ville. Et là, une découverte pour mes yeux : le métro de Wuppertal ! Un monorail suspendu, le plus vieux au monde même. J’imagine déjà la photo renversée, le monde la tête en bas, les immeubles les pieds en l’air, et quelques personnes tombant… Et décide instantanément d’y aller faire un tour un de ces quatre.

Quatre vingt deux heures trente après avoir vu le film et deux minutes après avoir parlé de ce métro retourné, on me conte brièvement un fait divers lié au  Einschienige Hängebahn System Eugen Langen. Une histoire d’éléphant qui se serait jeté par la fenêtre… du métro. Oui, je le concède, cela peut être difficile à croire. Et pourtant, je ne cherche pas à vous tromper !

Flash-back. Nous sommes le 21 juillet 1950. Le cirque Althoff prépare sa tournée de promotion pour ses prochains shows au zoo de Wuppertal. L’idée de génie de Franz Althoff : faire prendre le métro à un petit éléphant de 3 ans, plusieurs tonnes malgré tout, qui fait un arrêt opportun au zoo… Sauf, qu’évidemment, le pauvre ne l’a jamais atteint par les airs… Enfin, si l’on peut dire. Stressé par les photographes présents dans la rame qui se battaient pour prendre la meilleure image (ah, ces photographes !), Tuffi, c’était son petit nom, prise de panique, c’était une femelle, a foncé vers les vitres et s’est jetée dans le vide. Un acte totalement désespéré ! Chute de 9 mètres ! Dans la rivière Wupper au dessus de laquelle, heureusement, filait le monorail à ce moment… Comme quoi, la vie est parfois bien faite. Résultat : pas de photo de la chute par les dits photographes et des blessures légères pour l’animal qui vivra encore 39 ans ! Une plaque indique désormais l’endroit où il a sauté. Inutile de préciser qu’après cet événement extraordinaire,  le cirque a fait piste comble ! Moralité, les éléphants, c’est quand même mieux en liberté !

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