… enfin, peut-être pas ce morceau quand même ! Certes, les plages du monde sont parsemées de déclarations d’amour polyglottes et éphémères, mais c’est bien la première fois que j’en croise une qui soit adressée à quelque chose d’inanimé, de la viande en l’occurrence… « J’aime la viande » : cette revendication creusée nerveusement en lettres capitales de plus d’un mètre sur cette dune québécoise n’est-elle pas un poil étrange ? J’ai vu son auteur filer tranquillement après avoir commis son forfait, une jeune fille gracile aux cheveux longs et à l’air fier. A qui adresse-t-elle ce cri de carnivore désespéré ? Probablement à son père, pêcheur, qui l’oblige à manger le poisson qu’il extrait chaque jour péniblement du Saint-Laurent depuis qu’elle a des dents et est en mesure de mâcher, et qui devrait passer devant cette tendre masse sablonneuse dans la prochaine demi-heure…