Photo-graphies et un peu plus…
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Tentative de réflexion dans un amphithéâtre parisien squatté par des créateurs reconnus et venus expliquer comment ils pensaient, comment ils vivaient, comment ils réinventaient le monde, et surtout comment ils le voyaient. Foule diffuse et inconnue. Magma humain tout ouï qui phosphore… Le propos, qui en fait vibrer plus d’un, reste obscur à certains, voire flou. Le processus de création peut-il être théorisé ? La création est-elle le fruit d’une recette que chacun pourrait suivre à la lettre ?

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Les rais ardents du soleil assèchent tout, les cours d’eau, les herbes folles, les yeux marrons. Une cascade d’eau sur ces attributs voyeurs résout tout. Enfin, en partie… Si le flot, comme la pomme, file rapidement rafraîchir l’humus, une fine pellicule d’eau fait de la résistance et reste fermement amarrée aux yeux. Rideau.

En un rien de temps, tout ce qui était parfaitement défini et identifiable perd la mémoire. Le flou total, qui fait naître de nouvelles formes. Arbre de Noël aux branches attirées par les hauteurs serties de guirlandes estivales aux boules de ciel bleu, de lumière blanche et de feuilles vertes. Mélange confus et inextricable de billes abstraites impossibles à attraper. Magma magnifique que l’on ne peut toucher qu’avec les yeux. Embués.

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Une image vaguement approximative, nettement floue… C’est un peu ce à quoi ressemblent ces lointains souvenirs que l’on traque parfois, en réalisant qu’ils sont bien peu nombreux à avoir passé les années… Et que finalement, l’on ne se souvient pas de grand chose de cette enfance ou de telle autre période de notre existence passée. Sont-ils malgré tout enfouis quelque part, prêts à jaillir à la moindre madeleine ? Dans des cartons peut-être ? Ceux-là même qui ont été conservés, par bonté, dans un placard du fond, dans un grenier poussiéreux de la maison familiale, et qui couvent lettres, cahiers d’école, dessins, cartes postales, bracelet, tickets de cinéma, peluches, cours, entrées de musée, rêves…

Même si on finit par les oublier, on sait qu’ils sont là, quelque part, à portée de main. Plus que de simples papiers, de simples gadgets, c’est véritablement notre histoire qu’ils abritent. C’est rassurant de savoir qu’il existe un amoncellement de ces petites choses très matérielles qui nous permettent de reconstituer ce que nous avons été. Elles sont l’antisèche de notre mémoire faillible. Tout se complique quand ces cartons sont désignés persona non grata. Deux solutions : soit on les emporte avec soi, pour préserver ces tranches de vie encore quelques années ; soit on décide de s’en séparer, car, objectivement, on se dit que ces « objets » n’ont jamais servi depuis qu’ils ont été placardisés et qu’il n’y a donc aucune raison qu’ils soient plus utiles aujourd’hui. Le premier choix nécessite de trouver, concrètement, de la place ailleurs. Le second nécessite d’en trouver en nous, à moins de nous couper à jamais d’une partie de notre vie. Et c’est une étrange sensation de réaliser qu’alors, cette mémoire partielle voire partiale sera notre unique moyen de nous souvenir de tout ce que nous avons fait et été.

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Il n’est pas évident, de nos jours, de prendre les inconnus en photo tout en ayant l’intention de rendre leur image publique… Le droit à l’image, dont nous sommes tous heureux de pouvoir bénéficier individuellement, a sensiblement changé la donne de la photo « humaniste » ou de l’instant. L’image animée n’est, bien sûr, pas en reste. Rapidement, des parades ont été trouvées pour pouvoir utiliser ces images, malgré ce droit de chacun à disposer de la représentation de lui-même : des zones de flou ou pixelisées sont apparues sur des visages reconnaissables, puis ont été rajoutées sur les logos ou toute évocation de marque pour limiter toute suggestion publicitaire inconsciente aux « regardants »…

La stricte application de la loi a conduit à des images entièrement floutées, donc totalement absurdes car dépouillées de leur signification. A quoi sert l’image si elle ne montre plus rien ? A contrario, pouvoir lire sur certains réseaux sociaux que untel a été identifié sur telle photo, dont il ne connaît peut-être pas l’existence, est tout aussi angoissant. « Identifié », un mot qui relève clairement du vocabulaire policier, comme si un méfait avait été commis, comme si la traque était lancée… Mais la traque de quoi ? De la vie des autres ? Finalement, le droit à l’image a peut-être du bon… Et ce n’est pas ma baigneuse volontairement étêtée pour éviter tout litige qui s’en plaindra !

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