Photo-graphies et un peu plus…

L'énigme

Demain, alors qu’il n’y aura plus de pétrole et qu’il fera 2°C de plus sur la planète, le principal problème des lingots d’eau résidera dans leur conservation.

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La ritournelle

Il est des jours comme ça, où, quoi que vous fassiez, vous ne pouvez vous ôter une pensée de la tête ; où on vous répète, agacé, « Tu m’as écouté ? », à tout bout de champ, parce que non, vous n’avez pas vraiment écouté puisque vous étiez obnubilé par cette pensée ; où votre énergie résiduelle se focalise sur cette unique pensée, comme si le seul fait d’y penser intensément pouvait suffire à la transformer en réalité ; où, finalement, vous n’avez que ces mots à la bouche : « Ah, que j’aimerais être dans un igloo en ce moment ! »

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Certes, la chaleur actuelle donne des envies de Pêche Melba et de Banana Split, mais ce n’est pas elle qui a motivé mon choix iconographique du soir. En tout cas, pas consciemment. Mais laissons cet abîme au fond de son trou pour aujourd’hui. Non, c’est juste une idée, ou plutôt un constat : cette photographie serait impossible à faire en été. J’en entends déjà certains dire qu’il s’agit là d’une lapalissade puisqu’en cette saison, il n’y aurait pas de neige. Il pourrait y avoir de l’herbe et la photographie serait simplement différente. Non, en été, en lieu et place de cette plaine enneigée, il y a de l’eau. A l’état liquide.

Car cet espace n’est autre qu’un lac, présentement gelé, ce que le profane ne réalise pas instantanément. Et en cette qualité de néophyte des hautes latitudes et de leurs conséquences hivernales, il met aussi un temps certain à comprendre que cette saison virginale et figée lui offre une alternative inédite : au lieu de longer et de faire le tour du lac pour rallier le point de bifurcation suivant de sa randonnée, comme lui indique sa carte toutes saisons, il peut marcher sur l’eau. A l’état solide. Moins biblique mais tout aussi épique. Une sorte de CAFAMUFODAVI naturel en quelque sorte.

Comme toute première fois, il y a une petite appréhension une fois la décision sérieusement envisagée : toutes les scènes de films où un personnage traverse un lac gelé et où la glace gronde, craque puis se fissure avant de s’ouvrir sous ses pieds, l’engloutissant dans des eaux si noires et si glaciales qu’elles ont rapidement raison des battements de son cœur remontent à la surface… Un petit frisson rapidement effacé par la raison et l’observation : manifestement, des véhicules apprécient également le raccourci. Rapide calcul : être humain + autre être humain < voiture. Un verdict si réconfortant que l’on se prend à défier la couche de glace en sautillant dessus à plusieurs reprises. Et après des premiers pas hésitants, c’est assez fier que l’on file de l’autre côté du lac, bercé par cette douce et naïve impression d’être un sacré aventurier !

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Comme je m’approche d’une certaine fin – la semaine prochaine, je ne sais plus quel jour exactement, cela fera trois ans que j’ai initié ces duos quotidiens – je me sens d’humeur à passer un gros coup de balai pré-printanier dans la fourmilière !

Par chance, cet été, j’ai pris des fourmis en gros plan… La vie de ces petits insectes est incroyable à observer. Une activité idéale de vacances au soleil… Mais je ne dois pas me perdre en route, car elle va être longue. Donc, le coup de balai pré-printanier…

Les parisiens en conviendront, nous sommes quand même loin des bourgeons… Le coup de balai vraiment très pré-printanier, hivernal donc, dans le dossier hebdomadaire en cours… Vous le savez, ou pas (je l’avais expliqué dans un vieux duo tout ridé aujourd’hui pour justifier l’opération que je suis en train de dérouler sous vos yeux), j’y stocke « quelques » photos susceptibles, pour une raison ou pour une autre, de se retrouver sur ce site. Il contient actuellement 82 photos et, comme chacun sait, il n’y a que 7 jours dans une semaine. Faites le calcul, ça fait 82/7=11,7 semaines. Ce qui nous amène bien plus loin que la semaine prochaine, date anniversaire. Il fallait donc réagir et vite. J’en conviens, en général, le nettoyage par le vide, on s’y jette avec une indicible satisfaction lorsque l’on a achevé un gros projet, une mission importante, mais pas avant. Ce serait prématuré, presque contre-productif : comment, en effet, se concentrer jusqu’au bout si une partie de soi est déjà en train de faire le tri ? Voilà que l’on déchiquette les papiers, les brouillons, les versions intermédiaires entassés dans les chemises depuis des semaines, des mois pour les jeter méchamment (oui méchamment même s’ils ne sont pas responsables) dans la poubelle verte : on recycle quand même ; que notre bureau change de visage (ce qui permet souvent de retrouver un papier hy-per important que l’on croyait perdu à jamais : il était juste en train d’étouffer entre deux piles de bazar) et que l’on se sent, à l’issue, presque libéré. Presque. Dans ces moments-là, on est même heureux de faire le ménage. C’est dire ! Donc, voilà…

Ah, je me sens mieux…

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Au même titre que la décrépitude architecturale a un effet revitalisant sur moi, allant jusqu’à me rendre presque euphorique, tomber, par hasard, sur une casse par 62°27′ Nord, autrement dit, proche du bout du bout du monde, m’a mise particulièrement en émoi. En revanche, ce n’était bien sûr pas par hasard que j’ai atteint ces latitudes polaires : j’étais en chasse… Il faut croire que je suis attirée par la déliquescence des choses, et en particulier, de ces lieux – maison, immeuble, train, voiture… – qui ont accueilli la vie pour un temps et qui l’ont vue se faufiler vers un ailleurs, plus clément ou pas. Même si j’ai bien conscience que ces autos, soumises à des températures extrêmes pendant leur période d’activité – températures qui ont probablement contribué à réduire leur espérance de vie – sont condamnées à rester là, à s’entasser les unes sur les autres, au fil des années, jusqu’à ce l’après-mort s’en suive – qui viendrait dépenser un copec pour les rapatrier vers la civilisation et au moins les démanteler ? – et que cette pollution métallique est un paradoxe dans un endroit où l’air est si pur, je ne peux m’empêcher de trouver ce paysage incroyablement beau et fascinant. Cela tient beaucoup à son immobilisme, à cet aspect figé qu’accentue la neige immaculée, mais aussi à la présence de spécimens ayant disparu de la circulation depuis plusieurs décades – ce qui corrobore l’hypothèse précédente -, à la précarité de l’équilibre de ces carcasses imposée unilatéralement par une main de fer géante férue de Puissance 4 dont les doigts puissants ont fait exploser les vitres ; et enfin à leur état, brisé, plié, déchiqueté, rouillé, stigmate d’un abandon total…

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Une fois n’est pas coutume, je commence par le texte car ce qui suit devrait être un joyeux bazar. Tout comme le sont certains étals de vide-grenier amateur, où l’on trouve tout et souvent, n’importe quoi, parmi lesquels des objets dont nous voudrions nous-même nous débarrasser s’ils nous appartenaient. Et que nous sommes pourtant prêts à acquérir car à 1 €, le « n’importe quoi » prend du galon et peut encore faire des heureux… On se dit : « A ce prix-là, ce n’est pas grave si cela ne fonctionne pas, si cela casse dans dix jours, si je ne le mets pas, si je le perds, si on me le vole, si… Au pire, je le revends au prochain vide-grenier ! ».

Du coup, j’ai loué mon mètre linéaire car, comme avant un déménagement hâtif, j’ai besoin de faire un peu de vide dans mon dossier hebdomadaire où j’accumule les photos envisagées pour ces duos quotidiens. Il y en a quelques unes que je ne peux plus voir en peinture, certaines prennent la poussière, et de nouvelles idées s’accumulent dans les carnets avec d’autres photos… Et puis, ce sont les vacances, cette coupure tant attendue où, comme au 1er janvier de chaque année, nous tentons de prendre de bonnes résolutions (soit dit en passant, c’est simplement car nous avons enfin le temps de nous poser, de sortir la tête hors de l’eau, et donc de penser, que nous essayons de reprendre la main sur notre quotidien pour les mois à venir ; ce que nous appelons communément des résolutions donc). Bref, trêve de bavardage, il est faussement 6h du matin, l’heure de tout déballer sur mon stand et d’essayer de lier ces images, dans l’ordre où elles se présentent à moi alors qu’elles n’ont rien en commun.

C’est parti :

Il faut toujours un point de départ. Une gare aux ombres énigmatiques et un sombre passager fuyant feront amplement l’affaire…

Oublions la gare de la ville où on y danse on y danse et prenons la vedette ! Cet îlot qui, de la crête de Crater Lake, a des allures de vaisseau fantôme (comprenez, on ne le voit pas tout le temps), ressemble, depuis le niveau de l’eau, à un trou noir, une sorte de grotte inversée dans un décor de rêve…

Qui nous ferait ressortir directement dans les ruelles de Kyoto où, un peu avant la tombée de la nuit, les geishas défilent en silence et sous le crépitement des flashs de badauds les attendant au tournant…

Je me suis alors demandé où pouvaient les conduire leurs pensées à cet instant précis où elles n’étaient plus qu’un personnage au visage figé, qu’une icône aux yeux des autres dont ils voulaient rapporter une image à tout prix… Peut-être sur cette plage Quileute de La Push, de l’autre côté de l’océan Pacifique, où reposent ces trois rochers majestueux…

Et où, paradoxalement, on traverse les paysages à vive allure…

Au risque de se heurter à un mur étrangement colonisé par du lichen déshydraté… Heureusement, une manœuvre réflexe permet d’éviter le choc frontal mais elle nous projette directement à l’embouchure de ce nouvel abysse, de cette sombre porte carrée sans fond apparent.

A l’autre bout de laquelle se trouve une plage normande éclairée sporadiquement par des pétards de fête nationale. C’est là que ça se gâte, que je perds le fil et que tout s’enchaîne sans transition ni autre explication que de courtes légendes lapidaires…

Paris, Nuit Blanche… Succès démesuré. Approcher l’installation de Vincent Ganivet relève du parcours du combattant. Lassés, les gens passent à côté sans lui jeter un œil.

Sagrada Familia. La lumière, dont je force volontairement le trait, inonde ce lieu d’une beauté sans pareille provoquant un séisme émotionnel de 9 sur l’échelle de Richter…

Pour le cliché, tout simplement. Impossible de se trouver à un tel endroit sans penser à un calendrier. Cela a quelque chose d’un peu ringard et en même temps, la ringardise a parfois ses avantages…

Sous les poursuites roses, une montagne humaine se lève et fait une hola aussi difficile à saisir que magique à voir… S’ensuit une avalanche d’images non légendées, un mélange de chaud et de froid, d’ici et d’ailleurs, de réalité et de faux-semblant, de proche et de lointain… Des images qui s’enchaînent sans d’autre raison que celle imposée par leurs noms qui s’enchaînent.

Voilà, en un coup d’ailes, c’est fini. Le stand est quasi vide. Je me sens légère tout d’un coup…

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Yellowknife, Territoires du Nord-Ouest, Canada, sur le Grand Lac des Esclaves. « Sur » oui, pas « à côté » ou « près » ou « vers ». Marcher « sur » un lac ne peut, a priori, se faire qu’en hiver, à moins d’être doté de pouvoirs surhumains. Et l’hiver, à Yellowknife, il dure un temps certain. Suffisamment pour que l’eau qui emplit son immense lac se solidifie et qu’une couche de glace d’un mètre se forme. Suffisamment aussi pour que l’étendue d’eau gelée se mue en mythique route de glace de deux fois quatre voies…

A l’entrée de cette autoroute temporaire très spéciale, un panneau rappelle que le poids maximum autorisé est de 40 tonnes… De quoi rassurer durablement les poids plume que constituent les humains qui s’aventurent dessus, pour s’y promener, y faire du vélo, du chien de traîneau ou encore rallier le village situé de l’autre côté de la rive. Pour autant, cette surface n’en est pas moins vivante… Au passage de ce camion éructant sa fumée poisseuse, j’ai en effet senti l’épaisse couche de glace noire translucide déjà fendillée vibrer sous mes pieds et, malgré le vrombissement tonitruant de son moteur aux poumons sclérosés, j’ai entendu la glace craquer dans un grondement sourd inédit à mes oreilles. Un tonnerre glacial faussement effrayant et surtout, furieusement envoûtant…

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J’arrive après le drame. Il en est un qui a en effet dû passer un mauvais moment même si le forfait ne semble pas avoir été sanglant. Une pauvre bête a probablement été attrapée par surprise par l’un des grands corbeaux se chamaillant le ciel canadien. Elle goûtait tranquillement à la poudreuse quand une masse noire aux ailes déployées s’est abattue sur elle, s’approchant si près et si vigoureusement de la surface du sol qu’elle y a laissé l’empreinte de ses plumes.

Et au cœur, une percée dans la neige légère. Une ombre. Presque une tombe. On le voit d’ici, ce sombre volatile arriver en trombe, poussant son cri rauque à l’instant fatal, les serres en avant pour agripper sa proie dès le premier passage. Un corbeau, de mauvaise augure dans certaines parties de l’ancien monde, à la symbolique autrement plus positive pour les peuples des premières nations puisque certains mythes en font le créateur du monde et de l’homme. Autant dire que ce dernier n’a qu’à bien se tenir…

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