Photo-graphies et un peu plus…

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L’automne s’installe à Wellington. Il a plu une bonne partie de la journée et ça continue. Encore et encore. Le monde tourne à l’envers, dans tous les sens du terme !

D’abord, pour ceux qui me lisent tous les jours, sachez qu’aujourd’hui, le gouvernement néo-zélandais a décidé de suspendre les vols liés aux « rapatriements » – officiels ou pas -, le temps de mettre en place une solution sécurisée pour acheminer les candidats au départ à l’aéroport. C’est louable de leur part. J’imagine que les vols commerciaux de Qatar Airways évoqués hier entrent dans cette catégorie. Je pense à ceux qui, malgré le prix, ont acheté leur billet en pensant tenir là une solution de retour assurée… Et au stress que cette nouvelle donnée doit générer. Parfois, il me semble plus sain et plus simple de ne pas lutter, mais d’accepter pour pouvoir s’adapter au mieux et plus vite, et ainsi rebondir sans secousse. Je crois que nous l’apprenons tous par l’exemple d’une manière ou d’une autre, et à des échelles variées.

Par ailleurs, les deux îles sont désormais coupées l’une de l’autre. Evidemment, elles l’étaient géographiquement. Mais désormais, plus de ferry, plus d’avion entre elles. (Comme nous avons bien fait de rentrer plus tôt !) Tant pis pour ceux qui n’ont pas regagné leur home sweet home dans les temps ! Tant pis pour ceux qui trekkent actuellement en pleine montagne, coupés du monde car sans réseau tout en lui étant intimement connecté – et ces zones sont loin d’être rares en NZ, même sans montagne –, et qui, en en sortant, vont découvrir le confinement et tout ce qui en découle. Un quatuor l’a vécu cette semaine même…

Depuis hier, chacun sur son île ! C’est singulier, une île. Par essence, n’est-ce pas déjà une forme de confinement, une île ? Je suis souvent allée à leur rencontre dans mes voyages, plus peut-être même que de continents. Pourquoi ? J’envisage cette question comme une énigme sérieuse et atemporelle à résoudre, même si, pour l’heure, je n’ai pas vraiment de piste ni d’idée. Enfin, si, j’en ai une, peut-être étais-je matelot sur une caravelle dans une vie antérieure, à l’époque des Grandes Découvertes ?

Mais revenons à des choses plus terre à terre pour l’instant ! Aujourd’hui, nous sommes allées nous ravitailler au Nouveau Monde. A 15-20 minutes de marche de notre appartement. Quasiment aucune voiture sur le trajet, une poignée de bus vides conduits par des chauffeurs masqués, des solos ou duos de piétons ici et là, – mais pas de quoi déclencher une crise d’ochlophobie ! -, allant / rentrant de leurs courses ou se promenant. Car, et c’est là notre salut : nous – le foyer – pouvons marcher, faire du vélo, aller à la plage, sortir le chien sans attestation papier à brandir, sans limite fixe de temps et, dans un rayon, certes local, mais non kilométré… Pour l’heure, le bon sens et la confiance sont de mise, la consigne étant : si vous croisez des gens, conservez une distance de 2 mètres entre vous. Ce qui est scrupuleusement respecté et se traduit par de drôles de ballets, des changements inopinés de trottoir, des arrêts intempestifs aux coins de rues – alaaarrrrmmmmeeee ! un autre être humain, que faire ? -, des changements de rythme, des déviations peu naturelles sur les sentiers… Que restera-t-il de ces stratégies d’évitement après tout cela ? En attendant, c’est surtout le silence qui domine lorsque l’on chemine dehors. A tel point qu’avant-hier, en allant faire notre marche quotidienne en forêt, nous chuchotions. De peur de gêner le silence…

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Des courbes et des lignes

Jamais je n’aurais cru mon moi de 2017 s’il était venu me voir en 2001 pour me dire, alors même que je refusais d’aller nager dans les piscines parisiennes car je trouvais que cela n’avait aucun sens d’enchaîner les longueurs pour enchaîner les longueurs – c’est comme si vous faisiez des allers-retours sur un trottoir pour marcher, sans autre but que de marcher ; d’ailleurs, pourquoi personne ne fait cela alors que des gens font le tour de parcs en courant, qu’ils font des longueurs en piscine ? -…

Oups, mayday, mayday, on a perdu Lou dès la 2e ligne ! Pardon, je reprends… Donc, jamais je n’aurais cru mon moi de 2017 s’il était venu me voir en 2001 pour me dire que seize ans plus tard, non seulement je ferai des longueurs dans des piscines, mais qu’en plus, je ferai le tour de stades en marchant vite… Vous vous dites que mon moi de 2017 n’est pas très charitable et qu’il aurait pu me donner des informations plus utiles, un peu à la Retour vers le futur 2 ? Oui, moi aussi, mais la vie est ce qu’elle est au moment où elle l’est. Ce qui n’est pas aussi fataliste qu’il n’y paraît. Je me remets dans le couloir de ma pensée sinon, je vais encore être rappelée à l’ordre.

Il n’y a que les imbéciles qui ne changent pas d’avis et je change d’avis donc… Bref, une migration désirée peut justement être l’occasion de prendre de nouveaux rythmes, que l’on aurait rejetés dans son cadre habituel de vie. De fait, un jour, en explorant ce campus de la banlieue de Taipei où j’allais passer quelques mois, je suis tombée sur ce terrain de sport, entouré, comme il se doit, d’une piste d’athlétisme. Si je n’ai jamais vu quiconque sur le terrain, en revanche, les couloirs avaient leurs habitués, en tenue de ville, de sport, des jeunes, des vieux, des marcheurs, des coureurs, des silencieux, des chahuteurs, des solitaires ou des groupes… Ils se retrouvaient ainsi en fin de journée pour faire un peu d’exercice. En l’occurrence, quelques tours du stade à des allures variables et, en tout cas, en phase avec l’objectif qu’ils s’étaient fixé. J’avoue avoir trouvé étrange de préférer faire le tour d’un terrain alors que le campus, bien plus grand, était arboré et offrait donc d’agréables balades. Pourtant, un jour, après les avoir observés une énième fois, je me suis lancée et mise sur la piste. Et j’ai commencé à marcher. Sans réfléchir. J’ai alors fait un tour, puis un autre puis un autre… Et c’était plutôt agréable. Alors, j’y suis retournée le lendemain puis le surlendemain, et de couloir en couloir, c’est devenu une habitude post-prandiale quasi quotidienne, une sorte de rendez-vous informel. On pourrait penser qu’il n’y a aucune surprise possible à faire en boucle le même chemin, jour après jour. Et bien, c’est vrai, et c’est aussi ce qui repose… enfin, sauf quand deux étudiantes se présentent en pull rayé sur les bandes de la piste… et quand des étudiants répètent une chorégraphie… et quand un escargot traverse les pistes… et…

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Luminothérapie

 

Lorsque l’on a le moral à zéro, en berne, à plat, en baisse, dans les chaussettes, en flaque, voire dans les talons – que de choix ! -, rien de tel que de s’enfoncer à l’aveuglette dans un bain de lumière puissant et prolongé pour se gonfler à bloc, remonter la pente, repartir du bon pied et se retrouver face à une page blanche où tout est à réinventer.

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Mo.A.

Cette image me fait un peu l’effet d’une étiquette de pull retournée et dépassant du dos de mon interlocuteur… Il a beau me dire des choses passionnantes, je suis absolument incapable de l’écouter vraiment et de prendre part à la discussion tant je suis obnubilée par ce stupide bout de tissu, que je regarde nerveusement sans pouvoir le remettre en place, c’est-à-dire le cacher. Ainsi, face à cette photographie aux entrées pourtant multiples et sources d’autant de récits – le trio formé par le cycliste et les deux passants en arrière plan marchant dans des directions opposées, la vieille dame au passage piéton avec ses lunettes de soleil, le reflet d’un immeuble de verre en plein cœur d’un autre immeuble moderne en toile de fond, la répétition à l’infini d’une même affiche sur le mur, l’abondance de la neige… – , mon regard converge systématiquement vers ce mot peint en blanc sur le mur bleu, comme à coups de sauts de peinture. M. O ?. A. L. ? Je passe en revue toutes les lettres de l’alphabet pour tester des mots compatibles avec ce que je peux voir de la troisième lettre ; je me hisse même sur ma chaise comme si l’image n’était pas figée et que je pouvais voir par dessus le mur… Mais, sans réponse satisfaisante, je ne vois plus rien d’autre que cette énigme parasite. Et obstinément, je continue à chercher.

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Les mots dits

Enfants, sans saisir le sous-texte politique afférant pour autant, il y avait ceux qui étaient plutôt Pif Gadget – mouvance communiste – et ceux qui lui préféraient Picsou Magazine – tendance américano-capitaliste. Dans le même esprit binaire, il y avait les pro-Asterix, les pro-Spirou, les pro-Tintin, les pro-Blake et Mortimer, les pro-Gaston Lagaffe ou encore les pro-Lucky Luke... On pouvait difficilement être tout cela à la fois tant les héros avaient des personnalités différentes et même opposées, même sans être conscient des messages cryptés – politiques à nouveau mais aussi sociétaux – véhiculés par ces bandes-dessinées qui ont peut-être, sans doute même, influencé les adultes que nous sommes devenus à force de les lire et de les relire.

Personnellement, rêvant déjà de grands espaces, de voyages, de mots et d’images, et encore imperméable à la portée colonialiste voire pire des bulles et planches d’aventures vécues par le légendaire reporter à la houppette, j’étais Tintin, sans hésitation. A plusieurs reprises, j’ai donc eu affaire à la fameuse Boucherie Sanzot, qu’une dame cherchait régulièrement à joindre par téléphone, en composant le 421 – notez au passage que les numéros ne comptaient que 3 chiffres à l’époque – qui était le numéro de Moulinsart et non pas celui de la Boucherie Sanzot, au 431. Pendant des années, à la lumière de ma lampe de chevet, j’ai lu Boucherie Sanzot en alignant simplement les syllabes, sans me poser la moindre question. Et puis, un jour, il y a peut-être une dizaine d’années, peut-être plus, peut-être moins, à la faveur de circonstances oubliées depuis, j’ai dit « Boucherie Sanzot » à voix haute. Et là, tout d’un coup, la formidable note d’humour m’a sauté aux yeux, ou plutôt aux oreilles. Evidemment ! 20 ans après avoir dévoré les différents albums, je comprenais enfin la subtilité de la Boucherie « Sans Os ». Une gageure pour un tel lieu assurément !

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Lâche-toi

La photo de dos est-elle une photo lâche, ou plutôt de photographe lâche, ou plutôt de photographe qui ne fait pas véritablement face, qui n’assume pas complètement ce qu’il est en train de faire et qui, à défaut de se cacher pour le faire – derrière un arbre avec un zoom indécent par exemple – préfère le cacher aux autres tout en le faisant ? Bien sûr que non (pouvais-je réellement répondre autrement ?). De prime abord, la photo de dos paraît toutefois plus facile à réaliser que la photo de face(s). Détrompez-vous !

La photo de dos a ses subtilités, ses contraintes et exige de la part de ceux qui la pratiquent une grande réactivité et une maîtrise certaine de la transparence, caractère particulièrement complexe à acquérir pour tout être humain normalement constitué. Car, pour qu’une photo de dos soit réussie, il est primordial de ne capter aucune face de face. En d’autres termes, en plus d’attendre le moment, parfois très court, où tout le monde est retourné, de quart ou de profil, il faut, en outre, ne pas être repéré, ne pas attirer l’attention – une véritable gageure dans un contexte comme celui-ci comme vous l’imaginerez aisément -, ne croiser aucun regard qui trahirait non seulement notre présence mais également l’opération en cours.

Ce n’est certes pas interdit par le règlement intérieur du parfait photographe… Simplement, la photo ainsi faite changerait de nature et un observateur extérieur ne l’aborderait absolument pas de la même manière. Son regard convergerait inéluctablement vers la personne de face, qu’elle percevrait alors comme une sorte d’élu du photographe, comme l’objet de son attention, avant, dans le meilleur des cas, de jeter un œil discret au reste de l’image. A contrario, dans la photo de dos totale, chaque dos, chaque détail, chaque posture, chaque geste, chaque élément de l’image devient important et, en quelque sorte, unique, donc digne d’intérêt, c’est-à-dire, digne d’être regardé. Ainsi la photo de dos s’apparente-t-elle à une photo démocratique mettant chacun sur un pied d’égalité, sur laquelle l’œil se balade librement d’un coin à l’autre sans être fortement guidé par celui du photographe…

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Contre-poids

Comment ne pas penser, en voyant cet homme ainsi chargé, à ces fourmis parfois croisées sur les grands chemins charriant une feuille immense, une longue tige, voire un animal largement plus lourds qu’elles ?

La comparaison s’arrête pourtant là car, alors que les fourmis sont en mesure de porter 60 fois leur poids – et, selon une étude d’ingénieurs en mécanique et aérospatiale américains dont je tairai l’horrible protocole expérimental, de résister à une force de 5000 fois leur poids – l’homme le plus fort du monde, Hafþór Júlíus Björnsson, alias La Montagne pour certains, n’a réussi à soulever « que » 640 kilos, soit seulement 3,37 fois son poids. Cela en fait tout de même un gringalet de 190 kg, ce qui n’est sûrement pas de tout repos.

Il n’empêche, face aux fourmis (et plus encore aux bousiers qui peuvent soulever jusqu’à 1140 fois leur poids : quelles drôles de recherches que de vérifier cela, soit dit en passant !) et à leurs 15 milligrammes de gras pour les plus communes, La Montagne peut aller se rhabiller ! Quelles forces de la nature tout de même !

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Et à la fin de la marche, je touche

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A dos laissant

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Lumineuse transcendance

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