Photo-graphies et un peu plus…

Le chemin semble tout tracé. Des marches de pierre habitées par le temps et l’air iodé. Au sommet, une petite ouverture donnant sur un ciel bleu clair, sans nuage à l’horizon. Et pourtant, à l’issue de cette ascension, de l’autre côté de cette courte fenêtre, une seule vérité s’impose : celle du vide, de l’inconnu et de l’angoisse tétanisante qu’ils font naître avant même de les avoir découverts…

Share on Facebook

category: Actus
tags: , , , , ,

Share on Facebook

« En mathématiques et en particulier en analyse fonctionnelle, la transformée de Laplace monolatérale d’une fonction f d’une variable réelle positive t est la fonction F de la variable complexe p, définie par :

F(p)    = \mathcal{L}\{f(t)\}   =\int_0^{+\infty} e^{-pt} f(t)\,dt.

(…) Elle fournit ainsi une méthode générale de résolution des équations différentielles. »

C’est évident ! Mais où avais-je la tête ? Vraisemblablement pas à la place idéale (ah, ah, ah)… C’est-à-dire, le menton solidement ancré sur quelques doigts de la main. De cette main forte qui soutient une tête bien pleine voire bien trop pleine. Ainsi en est-il de cette incarnation de bronze forgée par Robert Delandre de Pierre-Simon de Laplace, mathématicien, astronome, physicien, philosophe à ses heures et même ministre (de l’intérieur, sous Napoléon 1er…) en parallèle. A cette époque – fin 18e, début 19e siècle donc -, on – pas n’importe qui tout de même ! – pouvait en effet être tout cela à la fois sans que cela ne fasse rire qui que ce soit. Les choses sont un peu plus complexes de nos jours même s’il arrive encore que des scientifiques se muent en politiques, ou plutôt politiciens, officiels.

Mais je m’égare… Ce qui m’intéresse, c’est le rôle donné à la main. Cette main en contact avec cette tête, qui ne clament qu’une seule chose l’une sous l’autre : « Je pense. » Un raccourci qui fait instantanément apparaître une autre image en superposition, celle du Penseur d’Auguste Rodin, dont la création est antérieure. Si Laplace, richement vêtu, épaules ouvertes et torse bombé, semble sûr de lui et des lieux où le conduisent sa pensée, l’homme de Rodin, richement musclé, nu comme un ver et recroquevillé sur lui-même, paraît plus laisser la place au doute, à une réflexion sinueuse voire torturée. Etrangement, cette représentation de la pensée par le geste, certes un peu las, mais de fait, humble, me semble bien plus moderne que la version laplacienne, inaugurée en 1932, aujourd’hui un brin caricaturale et artificielle…

Share on Facebook

Share on Facebook

Il fait petit vu d’ici, mais ce mirador perché au sommet de cette colline compte 104 marches, peut-être 105. Cette précision ne donne pas exactement sa hauteur, mais en donne au moins une idée. Mais avant même d’arriver à ses pieds, il faut vouloir se rendre dans une des zones les plus isolées des Etats-Unis. Cela peut être un objectif de voyageur. Et une fois au coeur de ce no man’s land – quelques maisons au fond d’un canyon, un bar-restaurant-épicerie-pharmacie-droguerie – il faut encore rouler 29 kilomètres à 30 km/h à flanc de montagne, sur une route de graviers où l’on n’espère qu’une chose, qu’aucune voiture n’arrivera en face car la voie n’est pas assez large pour deux, pour en atteindre le bout.

Une heure après s’être engagé sur ce chemin des écoliers, on atteint presque le sommet de la fameuse colline. On ne sait pas trop ce que l’on va y découvrir, mais on nous promet, par temps clair, une vue magnifique sur toute la région. Le ciel est bleu, le soleil radieux, c’est bien engagé. La fin s’effectue à pieds. D’abord dans des herbes hautes, parsemées de jolies fleurs colorées, puis sur un gazon assez ras mais toujours vert. La tour apparaît alors peu à peu, d’abord sa tête, puis la plate-forme, puis ses pieds. Quitte à être au sommet, autant aller le plus haut possible. 1, 2, 3, 4, 5, 6, 7, 8, 9, 10, 11… 74, 75… l’escalier de bois se réduit et se grimpe comme une échelle… 76, 77, 78, … 103, 104, 105… Voilà, impossible d’aller plus haut ! Vue dégagée de part et d’autre. Et une étrange sensation : celle d’un regard inconnu posé sur soi. C’est Bob. Appelons-le Bob. Bob, qui passe plus de 10h par jour au sommet de son mirador dans un espace d’1,50 mètre sur 2 avec vue à 360°. Bob, qui a vu 6 personnes monter jusqu’à son aire ce matin. Bob, arrivé en juin, qui, encore pour quelques jours, aura passé ses journées à guetter les environs, en quête du moindre départ de feu. Bob, qui est un homme heureux. En haut de sa tour, contrairement à ce que l’on pourrait croire, il est connecté au reste du monde. Son mirador, c’est le hub du coin grâce à sa connexion satellite ! Il est au courant de tout, tout en étant au milieu de rien. Bob, c’est la première fois qu’il a la charge de ce mirador. Pendant des années, il était en face… De l’autre côté du canyon, sur les monts glacés, en haut d’un autre mirador…

Share on Facebook

Share on Facebook

Chaque matin, je passe devant l’enfilade d’agences immobilières de la rue voisine quasiment accolées les unes aux autres, à croire que tout le quartier est à vendre. Je jette un regard discret aux annonces en les lisant partiellement – mon œil est plus attiré par les photos et les prix indécents qu’ils affichent que par les descriptifs des biens présentés – et poursuit mon chemin en m’insurgeant contre la surenchère de la pierre parisienne. Ce matin était différent des autres. Dans mon balayage systématique, je tombe sur mon appartement : « grand 3 pièces en duplex au dernier étage, très lumineux, séjour cathédrale, chambre sur cour, cuisine ouverte, dans immeuble très calme. Ascenseur. Prévoir rafraîchissement. » Les photographies choisies pour illustrer le petit texte viennent prouver ce qu’il prétend. Le tout est idéalement mis en valeur dans la vitrine et se détache assez rapidement des autres annonces du moment. Une position qui me satisfait entièrement – j’ai finalement compris que pour se faire remarquer, il fallait se démarquer – et m’incite à croire que les visites seront nombreuses. Un raisonnement sans faille jusqu’à ce que je réalise avec effroi son inanité : je n’ai pas mis mon appartement en vente…

Share on Facebook

Share on Facebook

A l’heure où les températures décroissent et les rhumes se multiplient, cette bizarrerie de fonctionnement du corps humain n’a pas pu vous échapper : en plus d’un brutal mouvement de recul dû à la vitesse du phénomène en question, éternuer s’accompagne quasi systématiquement voire obligatoirement d’une fermeture soudaine des yeux, en fait des paupières même si on dit « ferme tes yeux ! » et non pas « ferme tes paupières ! ». C’est incontrôlable, inné, un geste réflexe en quelque sorte. Vous pouvez essayer de les maintenir ouverts – on le fait forcément lorsque l’on prend conscience de ce pouvoir du corps sur notre volonté -, c’est extrêmement difficile, d’autant que l’éternuement nous prend généralement par surprise, qu’il ne dure qu’une fraction de seconde, et qu’il est donc compliqué de le contrer au moment où il survient.

Reste que pendant un laps de temps infinitésimal, nous fermons les yeux. Quoi que l’on fasse, où que l’on soit : au volant, au milieu de la route, en plein opéra, en salle de cours, à vélo, en forêt, à la piscine, en lisant, au supermarché, dans le bus, à la chasse, au lit, sous la douche, au restaurant, en courant, au sommet d’une montagne, au milieu d’une partie d’échec, en plein cambriolage, en ne faisant rien, en cuisinant, au creux d’un canyon… Pendant ce laps de temps non dénué de danger où l’on ne voit ni n’entend plus rien, où, d’une certaine manière, on est coupé de tout, tout peut radicalement basculer. A un point que l’on ne peut pas imaginer. La première fois que cela vous arrive, vous prenez peur. Je m’en souviens comme si c’était hier : je marchais tranquillement dans une rue parisienne quand j’ai éternué – un serveur m’était passé sous le nez avec une immense poivrière qu’il agitait comme si c’était des maracas – et en rouvrant les yeux, j’étais face à la mer, sur la plage de galets d’Etretat. Je n’ai jamais su comment j’étais arrivée là-bas. Toujours est-il que j’ai pris un train dare dare pour rentrer. Au bout du troisième, quatrième voyage d’éternuement intempestif, tous dans un rayon de 200 km par rapport à l’endroit où le black out se produisait, j’en ai profité pour visiter un peu les environs. Evidemment, ce n’est pas toujours évident de justifier le fait d’être en pyjama au milieu d’une basse-cour, mais, avec l’expérience, on finit par trouver des explications convaincantes. Et puis, j’ai réalisé que j’atterrissais toujours à des endroits où j’avais finalement eu envie d’aller. Là se trouve peut-être l’origine de l’expression : à vos souhaits !

Share on Facebook

category: Actus
tags: , , ,

Share on Facebook