Photo-graphies et un peu plus…

Le trottoir est étroit, ils ne se connaissent pas, il a une sacoche en bandoulière et le regard vitreux, elle, l’âme curieuse et une sardine dotée d’un flash. La combinaison attire l’attention voire la tension. Il s’approche, elle apprivoise une autre boîte à images, il parle, elle le remarque enfin. Ce n’est pas ce qu’il dit vraiment, mais il lui dit en substance, tel un théorème mathématique en guise de bonjour, que, si elle n’a pas de pare-soleil – ce qui est le cas -, alors elle n’est pas une vraie photographe. CQFD. La potence est là, voici la corde ! Non mais, de quel droit se permet-il, ce zouave du mercredi, d’asséner de telles âneries avec une telle arrogance ?

Je n’écris pas cela car je n’utilise jamais de pare-soleil – j’adore pointer volontairement l’astre brillant et découvrir mes images zébrées par des tâches colorées organisées en guirlandes de lumière – mais simplement parce qu’il y a des millions voire des milliards de façons de faire de la photographie, et que je vois difficilement comment on peut se prétendre preneur d’images en s’imposant des règles aussi réductrices pour retranscrire le monde, qui plus est, dans ses atours les plus festifs. Malheureusement, le donneur de leçons, si doué soit-il dans son art, a souvent bien peu de … flair !

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Je lui dis, un peu prétentieuse :

– Ici, ce n’est vraiment pas pratique et instinctif de s’orienter sur les routes quand on n’est pas du coin !

J’argumente ma critique en rappelant – ce qu’il sait déjà puisque c’est son pays – que le nom des villes par lesquelles passent les routes n’est pas indiqué sur les panneaux de signalisation, ce qui est le cas en France notamment. Et qu’il faut donc, un peu comme à la bataille navale, croiser numéros d’autoroutes et spécifications cardinales – nord, est, sud, ouest – pour trouver son chemin. Autant dire, avoir une boussole dans la boîte à gants à défaut d’un douloureux compas dans l’œil ! D’autant que l’approche n’est pas sans faille : il arrive en effet que la route dénommée ouest par exemple, aille, en réalité, vers l’est… Ces pièges sont rares, certes, mais ils existent. Et même sans aller jusqu’à ces extrémités, les villes nord-américaines, puisque c’est d’elles dont il s’agit, même si globalement pensées sous forme d’un parfait quadrillage, ne sont pas toutes alignées les unes aux autres suivant ces quatre pôles emblématiques. Certaines sont plutôt au nord-ouest, d’autres au sud-est… Bref, pas simple quand on ne sait pas où l’on va. Je suis convaincue de la justesse de mon argumentation et m’attends naturellement à un « C’est vrai, tu as raison ! ».

Mais il ne capitule pas. Et me lâche, aussi fier que j’ai pu l’être quelques minutes auparavant :

– Et bien moi, je m’y perds sur les routes françaises car si l’on ne sait pas, par exemple, qu’Angoulême, où l’on se rend, est avant Bordeaux, la ville notée sur les panneaux, et bien, on n’est pas plus avancé !

La parade est fatale. Et il a autant raison que moi ! Chacun de notre côté, nous avons appris, depuis notre toute première auto à pédales, à nous repérer dans l’espace en nous appuyant sur deux systèmes de représentation totalement différents, qui conditionnent notre façon d’appréhender le monde. D’une façon un peu binaire, voire mathématique, sans que ce soit péjoratif, ou, d’une façon plus littéraire, à travers les mots et leurs mystères… Et tout cela à cause, ou grâce à, de banals panneaux directionnels… Heureusement, tous les chemins mènent à Rome !

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Corneille, qui n’y connaissait pourtant rien à Einstein, et pour cause, les deux hommes n’ayant pas vécu à la même époque, ils ne se sont jamais croisés, encore que ?, en a la toque en toc ! Noyée dans un salmigondis de scandales, au choix, politiques, économiques, industriels ou de mœurs, la nouvelle n’en a pas fini de faire vibrer le lanterneau, parfois terre à terre, des scientifiques de tous bords et de ceux qui ont gardé en mémoire de leurs obscurs cours de physique cette petite phrase, irréfutable, aux allures de poème mystique : « rien ne va plus vite que la lumière ». A savoir, 300 000 km/s. Oui, c’est extrêmement rapide.

Une vitesse, évidemment autant inimaginable pour les humains que nous sommes que les parachutes dorés des grands patrons. Mais une certitude depuis des décennies, à force de vérifications, sur laquelle s’est bâtie toute la physique moderne. Autrement dit, le spectre avec lequel « nous » appréhendons le monde, allez, l’univers, dans lequel nous évoluons et avec lequel nous interférons. Et pourtant, un excès de vitesse a été constaté à maintes reprises ces derniers mois par les radars affutés du CERN. Le bolide : des neutrinos, des particules élémentaires au même titre que le sont les électrons, que nous connaissons bien, ou les quarks, que « nous » connaissons moins. Et au compteur, 300 006 km/s. Une broutille, pensez-vous ! Bien moins, en tout cas, que la marge que l’on s’autorise en voiture sur une autoroute limitée à 130 km/h pour éviter l’amende !

Une différence qui pourrait néanmoins tout changer si elle venait à être confirmée ! Une révolution en soi qui rappelle un autre passage de ces mêmes cours, cher à Gaston Bachelard : la science avance par ruptures épistémologiques… Et donc à travers ce type de « démentis » largement documentés qui font abandonner certaines théories au profit d’autres, susceptibles de mieux décrire la réalité. C’est assez excitant d’en vivre potentiellement une, mais cela n’atténue en rien l’angoisse que cette brèche creuse dans nos friables certitudes qu’elle remplace par autant d’inconnues. Malgré la réelle révolution qui se trame en souterrain, cette découverte ne changerait absolument rien à notre vie quotidienne. Et c’est là sans doute le plus fou : nous continuerions, demain, à vivre exactement comme hier et aujourd’hui. Car, à ce niveau-là, il faut bien admettre que tout est relatif !

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Dès que l’épris de cinéma pose les pieds sur le sol de la Cité des Anges, il n’attend presque qu’une chose : le voir. Ce fameux panneau, qui n’en est pas vraiment un, flanqué sur l’une de ses arides collines. Neuf lettres géantes et blanches, fièrement gonflées comme une bulle de chewing-gum. H.O.L.L.Y.W.O.O.D. Ces lettres, symbole d’un monde en soi, des « il était une fois » à rebondissements, il les a vues des centaines de fois sur des écrans de toute taille, des petits, des grands, à tel point qu’elles en sont devenues une image rêvée plus qu’un extrait de la réalité, à en douter même de leur existence. Alors, quand, enfin, au hasard d’un croisement, le mythe apparaît, discrètement, en arrière plan, tel un figurant magnétique, l’émotion est sincère et la rencontre maladroite. La boîte à images immobiles est arrachée à son écrin, comme s’il y avait urgence, comme si les lettres pouvaient filer ou la brume tomber instantanément sur elles, vite, vite, « On », l’objectif sort à son rythme, c’est bon, elles sont toujours là, vite, vite, déclencher en guise de présentation, pour se prouver à soi-même qu’il ne s’agit pas d’un mirage, ni d’une simple image…

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