Photo-graphies et un peu plus…

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Nouvelle nuit hachée sans faucheur de choux ni branches d’olivier trop câlines, mais heures heureusement rattrapées au petit matin. Hier, en fin de journée, une fois passée l’émotion ambiguë déclenchée par le mail de l’Ambassade nous apprenant que nous étions inscrites sur le vol du 21 avril et que nous pouvions d’ores et déjà organiser notre trajet jusqu’à Christchurch, la nouvelle était digérée. Ou presque. Un choix est un choix. Inutile de se torturer l’esprit en se demandant, a posteriori, si nous avons fait le bon. A la rigueur, nous pourrons peut-être en savoir plus lundi, lorsque le gouvernement néo-zélandais présentera son plan pour l’après 22 avril. Voire plus tardivement encore, début juin, en approchant de la date de notre retour théorique. Mais, au final, ce ne sera plus important.

Je réalise en écrivant cela à quel point j’ai avancé sur cette question. Il faut avouer que je ne suis pas très douée avec les choix. Aussitôt faits aussitôt remis en question. Et puis, j’ai toujours cru que je pouvais tout embrasser – ce qui n’est pas très réaliste et rejoint mon histoire de temps et de valise métaphorique d’il y a quelques jours. Voilà qui me rappelle en tout cas une petite phrase du philosophe Patrick Viveret, que j’avais mise de côté il y a quelques années, car, il était alors important que je l’assimile : « il faut accepter de ne pas tout vivre mais de vivre intensément » (1). Etant entendu que je me sentais plus concernée par la première partie que la seconde.

Ceci dit, peut-être, un monde parallèle avec une autre moi et une autre Coralie ayant décidé de rester à Wellington le temps de voir a-t-il déjà émergé quelque part dans l’univers. N’est-ce pas, grossièrement, ce que stipule la physique quantique ? Que tous les possibles existent parallèlement ? Et peut-être qu’en empruntant un trou de ver – schématiquement encore, des trous noirs avec une sortie –, je pourrais même aller voir ce qui s’y passe ? Bref, je m’emballe ! Je ne sais même pas où trouver un trou de ver…

Donc, nous rentrons. Mercredi, nous serons à Paris. C’est étrange de se dire cela. C’est étrange d’utiliser le futur et non pas le conditionnel. C’est étrange comme la résolution d’une question appelle, en fait, de nouvelles questions. Comment allons-nous rentrer chez nous ? En RER, en taxi ? On nous a dit : « choisissez bien votre lieu de confinement ! ». Pouvons-nous le finir ailleurs que chez nous ? Et si oui, avons-nous un temps limité pour atteindre ce potentiel autre lieu ou devons-nous nous y rendre dans la foulée de notre arrivée à Roissy ? Et dans ce cas, comment y aller ? Y a-t-il des trains, des avions ? Et puis, pourrions-nous tout de même passer chez nous avant pour récupérer deux trois choses et changer notre « garde-robe » ? Mais surtout, est-ce vraiment une bonne idée ? Ne serait-ce pas mieux, tout de même, d’être chez nous, enfin ? Si le confinement s’arrête réellement le 11 mai, cela ira, même si mon isodistance – de fait, j’ai regardé à quoi elle ressemblait – n’intègre absolument aucun espace vert – enfin, il y a le cimetière mais ce n’est pas le Père Lachaise. Je me dis, tant pis, je ferai le tour du parc, comme ces joggeurs qui courent autour du Jardin du Luxembourg, sur le trottoir extérieur, après sa fermeture. J’ai toujours trouvé cela un peu bizarre. Si le confinement devait se prolonger au-delà, allez savoir… Mais personne ne sait ! Ah ah ah ! Les mêmes interrogations finalement ! Nous avons encore deux jours pour nous décider puisque nous devons remplir, avant l’embarquement, une « Attestation de déplacement international dérogatoire vers la France Métropolitaine » en y inscrivant notre adresse, j’imagine notre lieu de confinement. Celle-là même qui nous permettra de nous déplacer en toute légalité en arrivant, la case « j’étais coincée à l’étranger, je rentre juste, je ne sais pas si j’ai bien fait ! » n’étant pas prévue dans le formulaire classique. Je m’inquiète de  cela comme si j’avais toujours vécu aux portes de la nature alors que non. Je suis une citadine qui traversait Paris à pieds 3-4 fois par semaine. C’est étrange. Et puis, j’ai déjà deux idées de projets artistiques si jamais nous confinons chez nous !

De fait, aujourd’hui, notre balade, tardive et longue, avait une autre saveur. Nous sommes remontées au lookout du Mont Victoria pour voir la ville, d’en haut, encore et encore. Il y avait plus de monde que d’habitude et Wellington elle-même était un peu plus bruyante que les jours précédents : l’absence de nouveaux cas depuis plusieurs jours, l’espoir – voire la certitude – de passer en alerte de niveau 3 lundi, le week-end, le beau temps même si venteux ont sans doute contribué à relâcher un peu la pression… Certainement, l’atmosphère était différente. Ou alors, ai-je voulu la voir différente, car pour moi, cette ascension était différente… Avant de redescendre par la ville et de regagner notre antre temporaire, je me suis tournée à nouveau vers cette sculpture maorie haute perchée qui m’avait accueillie en février. A elle aussi, j’avais envie de dire au-revoir ! C’est la dernière photo que j’ai faite aujourd’hui, ma batterie s’éteignant juste après, et celle, de rechange, que j’avais dans mon sac, étant elle-même vide (ce qui ne m’est pas arrivé de tout le séjour). Clap de fin ! Heureusement, Vénus était dans le ciel ! Ça recharge toutes les batteries !

(1) https://www.lemonde.fr/tant-de-temps/article/2015/06/19/patrick-viveret-il-faut-accepter-de-ne-pas-tout-vivre_4657892_4598196.html#

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Cette nuit, des vents à 120 km/h ont soufflé sur Wellington, pourtant nichée au creux d’une baie. Cela bougeait encore pas mal ce matin, aussi avons-nous préféré différer notre incursion quotidienne en forêt. Les branches craquaient déjà bien hier, ce serait dommage d’échapper au coronavirus mais d’être assommé par un bout de bois. Ceci dit, j’ai appris très récemment que c’est pendant la Grande Peste de Londres en 1655 – qui avait éradiqué un quart de sa population – qu’Isaac Newton, dans l’impossibilité de se rendre à son université à Cambridge, avait dû, durant une année – réjouissons-nous donc, même si ce n’est pas fini ! –, travailler depuis la demeure familiale, notamment dans le jardin. Et c’est ainsi qu’il avait pu être sous le pommier lorsque la fameuse pomme – certainement la plus célèbre de l’histoire des pommiers, qui remonterait à 50 millions d’années ! (ou 65, ou 80 selon les sources) – lui était tombée sur la tête (1). Je pourrais donc faire un effort et accepter une brindille sur la mienne en échange d’une fulgurance intellectuelle aussi brillante que la compréhension de la gravitation…

En réalité, ce changement de programme m’apparaît plutôt être une excuse pour, l’air de rien, étendre notre territoire d’exploration… De fait, aujourd’hui, pour la première fois depuis 18 jours, nous sommes retournées au bord de l’eau, sur la promenade qui longe la baie, celle-là même que je voyais d’en haut, du lookout, au jour 15. Je crois que j’avais envie de revoir « Solace of the wind » sous un autre jour…

Dans les faits, ce n’est pas si loin que cela, peut-être 5 minutes supplémentaires par rapport au supermarché où nous nous ravitaillons. Mais, jusqu’à présent, nous n’avions pas osé y aller. Nous aurions pu ceci dit puisque ce n’est pas interdit et que nous savons que les autres promeneurs auraient respecté la distance de sécurité de 2m recommandée ici. Ce matin, soleil et vent en poche, c’est donc avec une joie toute enfantine que nous nous sommes dirigées vers la mer, pas vraiment la mer car nous ne voyons pas l’horizon depuis Wellington, mais la baie et les montagnes environnantes. Comme si nous nous aventurions sur des terres inconnues, que nous connaissons cependant pour les avoir traversées en février. Sur le trajet, comme toutes les fois où nous avons emprunté cette rue, Smith – je le baptise ainsi, mais au fond, je ne sais pas, c’est simplement le prénom masculin le plus courant en Nouvelle-Zélande depuis des décennies – était sur son échelle à poursuivre avec beaucoup de concentration son ouvrage initié dès le premier jour du confinement : repeindre, au pinceau, la façade de sa maison, après avoir soigneusement retiré la couche précédente au décapeur thermique. Ils sont en fait plusieurs à s’être donné cette mission pour ces 4 semaines un peu spéciales. Matériellement, c’est d’autant plus facile que la grande majorité des maisons néo-zélandaises sont en bois. Smith est d’ailleurs très efficace, il a bientôt fini d’apposer la première couche de son gris Madrid et la peinture semble si épaisse que je ne suis pas sûre qu’une deuxième soit utile. Promis, je suivrai cela avec beaucoup d’intérêt ces jours prochains…

Tout comme je surveillerai les dizaines d’oliviers plantés sur les trottoirs de ce quartier pavillonnaire, dont je suis très heureuse de la présence car, à chaque fois, ils me conduisent mentalement vers mon autre pays de sang, la Tunisie, mais qui reste une énigme pour moi : climatique d’une part car j’ai toujours vu ces arbres dans des pays chauds – c’est le moment de chercher à quoi ressemble l’hiver ici à Wellington – et paysagiste d’autre part, car les arbres sont actuellement plein d’olives qui, faute d’être cueillies – je m’avance peut-être mais j’ai du mal à imaginer que la ville dépêche des agents pour les récolter, les presser pour en faire une cuvée d’huile d’olives de Wellington – vont inévitablement finir sur le trottoir. Ce n’est pas moi qui le dit, c’est la loi de la gravitation ! Bref, pourquoi l’olivier en ville ? Comme vous pouvez le constater, mes questions du jour sont très terre à terre. Il n’y a pas de petite compréhension.

Ce qui nous conduit directement au pied de la sculpture de deux mètres de Max Patté, la raison ultime de cette diversion… Nu comme un ver en fer, les bras en arrière, tendu vers les éléments – l’eau salée, le feu solaire, l’air vif -, l’homme, abîmé, pourtant prêt à tomber, est comme suspendu dans le temps et l’espace dans une posture mélancolique – les yeux clos, calme voire las, paré pour faire face aux événements à venir – mais pourquoi pas joyeuse aussi – ne serait-ce pas les prémisses d’un plongeon, d’un élan, d’un nouveau départ qu’il nous offre là ? Un peu comme nous en ce moment, finalement.

(1) https://www.courrierinternational.com/…/pommier-confine-pen…

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Dvořák m’accompagne. Symphonie n°9 en mi mineur, dite du Nouveau Monde. Je n’ai pas cherché le symbole – d’autant que son Nouveau Monde était l’Amérique de la fin du 19esiècle, New York précisément où il vécut 3 ans pour en diriger le Conservatoire –, juste un air si familier que je le siffle en parallèle. Le fait est qu’elle m’emporte tellement que je peine à me concentrer sur mes propres mots (même si je n’en suis qu’au début). Je découvre à l’occasion d’une vérification chronologique qu’il a composé les thèmes de cette fantastique symphonie en « leur donnant les particularités de la musique des Noirs et des Peaux Rouges » (1), aveu qui avait choqué l’Ancien Monde à l’époque. Dvořák s’est notamment inspiré d’un poème, Le Chant de Hiawatha, de Henry Longfellow, évoquant la vie de Hiawatha, un Indien de la tribu des Ojibwés. Je résiste à creuser plus la piste de ses origines de peur de ne jamais remonter à la surface. A ce propos, Armstrong – Neil pas Louis – en avait emporté un enregistrement lorsqu’il a, pour la première et unique fois, marché sur la Lune (personne, ou plutôt, aucune personne n’y étant allé deux fois).

Quoi qu’il en soit, retour à Wellington dont l’atmosphère n’est pas si éloignée de la Mer de la Tranquillité. Enfin, on se comprend… Dans un autre registre, notre voisin, musicien, plus jazzy a priori, nous disait l’autre jour, de loin rassurez-vous, avoir l’impression d’être dans « Groundhog Day », traduit littéralement par nos amis québécois, qui ne font jamais de réinterprétation en la matière, par « Le jour de la marmotte ». Un titre peu évocateur pour nous autres Français. Je lui préfère « Un jour sans fin », nettement moins énigmatique, beaucoup plus direct. Curieusement, depuis le confinement, alors même que clairement, mes journées se ressemblent, à quelques folies près sur la rue empruntée pour rejoindre la forêt ou le New World (pas celui de Dvořák, celui de mon estomac), je n’ai pas du tout éprouvé ce sentiment.

En fait, la dernière fois que j’ai eu la sensation de glisser dans la peau de Phil Connors, le personnage principal du film magistralement campé par Bill Murray, c’était il y a quelques années, à l’occasion de vacances estivales avec mes neveux et nièce, que j’adore bien sûr et qui ont grandi depuis, et pendant lesquelles j’avais eu l’impression de revivre 23 fois la même journée. Jour après jour, les mêmes événements se produisaient dans le même ordre, aux mêmes heures, pendant la même durée ; jour après jour, la répétition des mêmes sentences que la veille, sans fléchir mais en espérant, comme lui, qu’un jour, prochain, cela finirait par rentrer et que je pourrais enfin passer à une autre journée ! Au lendemain finalement, où, comme sur une page blanche, tout deviendrait à nouveau possible, tout serait à écrire…

Et là, je réalise que, peut-être, je suis malgré tout dans « Un jour sans fin » sans m’en apercevoir. Car même si tout se passe bien pour moi dans le pas-meilleur des mondes, même si je ne manque de rien – hormis de ma famille et de mes amis, dont l’absence réelle est compensée par leur présence numérique –, même si je pourrais rester là des mois sans m’ennuyer une seconde, pour le moment, comme beaucoup, je ne peux toujours pas passer à demain. J’entends, le « vrai » demain. C’est comme s’il avait littéralement disparu, que le temps de l’anticipation, des projections était révolu. De fait, quand j’essaye de penser à demain, le vrai, dans quelques semaines, dans quelques mois, peut-être même dans quelques années, je n’y arrive pas. Il n’y a rien auquel mon esprit se raccroche. Ou si peu. Je l’écris d’autant plus facilement que je traverse ce brouillard parfaitement bien, sans angoisse aucune. Et pouvoir écrire, a fortiori penser cela, me prouve, je le savais déjà, à quel point je suis une personne heureuse (encore plus depuis que je sais que je suis la personne idéale pour partager un confinement, sic). Simplement, c’est inédit, c’est étrange, c’est extra-ordinaire. Et d’une certaine manière, reposant. C’est évidemment très personnel, corrélé à mon propre vécu de cet événement qui nous touche tous différemment. Je me garderais bien de faire des généralités en ce moment, pour lesquelles je confie d’ailleurs une légère aversion…

Bien sûr, la question est posée partout : et après – car cette situation ne va pas durer éternellement –, ce sera comment après ? Qu’aurons-nous appris ? Changer, est-ce devenir quelqu’un d’autre ? Serons-nous toujours libres ? L’avons-nous été un jour ? Reconnaître ses devoirs, est-ce renoncer à sa liberté ? Faut-il vivre comme si nous devions mourir demain ? Choisissons nous notre existence ? L’homme doit-il travailler pour être humain ? Pouvons-nous échapper au temps ? Exister, est-ce vivre au présent ? Est-ce une fonction de l’art que d’embellir la vie ? L’art nous réconcilie-t-il avec le monde ? Que nous apprend l’histoire ? L’étude de l’histoire nous conduit-elle à désespérer de l’homme ? La recherche du profit est-elle le but de tout échange ? Y a-t-il une raison à tout ? Les lois peuvent-elles faire notre bonheur ? Peut-on concevoir une société sans Etat ? Le mensonge est-il une vertu politique ? Une société juste peut-elle s’accommoder d’inégalités ? Qui peut me dire ce que je dois faire ? Faut-il se soucier de l’avenir ? (2) Chaque jour, j’ai l’impression que cette pandémie nous fait repasser notre bac philo ! Pas vous ?

(1)https://www.francemusique.fr/emissions/klassiko-dingo/la-symphonie-ndeg9-dite-du-nouveau-monde-d-antonin-dvorak-la-cornemuse-et-l-actu-dingo-15153
(2) Pour une grande partie, des sujets réels de bac philo de ces dernières années

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Cachez ce sein...

Force est de constater qu’il nous est impossible de ne pas les toucher… Nous ne nous en rendons évidemment pas compte sur le moment mais les effleurements inlassablement répétés par des mains baladeuses toutes différentes les unes des autres finissent par laisser des traces indélébiles sur les sculptures composant cette énième fontaine de Neptune (ce qui n’est pas péjoratif), et, d’une certaine manière, par nous trahir même si ce « nous » est indéfini et collectif.

Le plus amusant est bien sûr de repérer les sites les plus courtisés. Et si l’on peut aisément comprendre – comme le suggère la photographie de cette dame se faisant prendre en photo devant une déesse nonchalante et réchauffée – que les genoux et la main gauche sont manifestement des endroits sur lesquels les gens s’appuient en de telles circonstances, difficile d’imaginer que le sein gauche serve à ce point de béquille… Non, pour ce dernier, la motivation est vraisemblablement différente, un peu plus grivoise assurément, même si l’on ne saurait se satisfaire d’une surface aussi froide.

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Les boites mystère

La première boite mystère croisée dans ce parc était seule, isolée, au pied d’un arbre. Je l’ai remarquée immédiatement, la trouvant étrange instantanément. Il y en avait deux autres un peu plus loin de part et d’autre d’un chemin de terre. C’est sûrement à ce moment là que j’ai commencé à m’interroger sur leur fonction, me demandant en premier lieu ce qu’elles pouvaient bien cacher. Des caisses en bois, grises, toutes, ou presque, de taille identique, sécurisées, souvent disposées de façon symétrique et en tout cas, très ordonnée… Ma lente progression dans le parc s’accompagnait, virage après virage, allées après allées, de nouvelles rencontres avec ces boites intrigantes disposées dans des configurations différentes à chaque fois. Il m’a fallu un temps fou rempli de mille questions pour arriver à la conclusion que ces caisses n’étaient pas si mystérieuses et qu’elles n’étaient là que pour protéger du froid hivernal glacial les classiques sculptures du jardin, fragiles même si au coeur de pierre… C’est incroyable comme certaines évidences peinent, parfois, à trouver leur chemin vers la conscience quand celle-ci n’y est pas préparé et cherche plutôt la complexité…

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J’aime cet exercice de pensée totalement gratuit et invérifiable qui consiste à imaginer ce qui a conduit à l’existence d’un phénomène. Le gang des Prudopunkt a manifestement repris du service après quelques semaines à faire profil bas ! Ce groupuscule rassemblant des personnes âgées de 7 à 77 ans – oui, comme les lecteurs des Tintin – amatrices de land art mais bizarrement étroites d’esprit, s’est en effet mis en tête d’intervenir sur toutes les sculptures de corps dénudés de la ville de Berlin. So schockierend n’est-ce pas ?

Les Prudopunkt agissent essentiellement la nuit pour des raisons évidentes qu’il est inutile de détailler ici, ce qui ne les empêche pas de se faire souvent surprendre, leurs lampes frontales trop fortes alertant les voisins. Les Prudopunkt maîtrisent évidemment tous les noeuds marins, qu’ils sont capables de réaliser les yeux fermés avec des lianes, des tiges… Par principe, ils n’utilisent d’ailleurs que des matériaux végétaux trouvés à proximité de leur futur forfait, qu’ils ne perçoivent bien sûr pas comme tel. Ce soir-là, Birgit est aux commandes. Elle est même particulièrement fière de sa fine ceinture de liane et du noeud coulant qui lui a permis de placer subtilement cette feuille d’érable desséchée devant l’objet du délit. En rentrant chez elle, exténuée, Birgit éprouve pour la première fois de la journée cette douce sensation du devoir accompli. Seulement, Birgit n’a pas anticipé la bise matinale du lendemain, qui, bien en verve ce jour-là, n’a eu qu’à souffler un peu pour faire glisser la feuille vers des latitudes plus basses, exposant à nouveau, non sans une pointe d’humour et de moquerie, ce qu’elle s’était attaché à cacher avec application…

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CQFD

Nous pouvons, sans prendre trop de risque, déduire de l’existence de cette image, que les parents de ce petit gars, qui en est à son troisième tour consécutif de ce double tunnel de métal érigé par le maître en la matière, ne sont pas dans les environs. Car, aujourd’hui, il semblerait que les enfants n’aient plus le droit de se rouler dans le sable – ça incruste des grains dans les vêtements pour plusieurs générations et c’est gênant -, ou de courir dans l’eau – ça mouille les bottes et c’est gênant -, a fortiori, de sauter dans les flaques, qui plus est trois fois de suite ! En fait, aujourd’hui, il semblerait que les enfants n’aient plus le droit d’en être. Ce qui tombe plutôt mal car, devenus grands, ils en ont encore moins l’opportunité… Et ça, c’est vraiment gênant !

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En deux temps

D’abord, s’étonner que, par ce temps hivernal assurément frigorifique, quelqu’un se soit tout de même installé dehors pour lire comme si de rien n’était. Ensuite, remarquer que le buste d’André Le Nôtre a manifestement fait l’objet d’un concours de boules de neige et que l’une d’elles l’a d’ailleurs atteint en pleine tempe…

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En équilibre

La voilà, LA star du désert de Siloli, perchée à plus de 4 000 mètres d’altitude, seule au milieu de rien. On l’approche avec déférence, on lui ferait presque la révérence. En tout cas, on garde ses distances. Croyez-moi ou non mais la légende prétend que c’est le vent, sculpteur à l’âme salée, et ses caresses répétées inlassablement, année après année, décennie après décennie, même siècle après siècle, qui ont transformé ce qui n’était probablement qu’un quelconque bloc volcanique en cet arbre de pierre. Arbol de Piedra… C’est en effet ainsi qu’on le nomme aujourd’hui, sans doute pour marquer encore plus la désertion radicale de la végétation et l’aridité inhospitalière de cet altiplano bolivien au charme pourtant magnétique.

Il se dit même qu’il lui a fallu des millions d’années de patience et de travail acharné pour créer cette délicate et monumentale œuvre de 6 mètres au pied de laquelle les amateurs d’art et de l’extrême font une escale naturellement admirative et empreinte d’humilité. Et bientôt, ils s’interrogent : le miracle grâce auquel cet arbre dépourvu de racines tient encore debout durera-t-il éternellement ? En réalité, et ils le savent pertinemment, temps et vent poursuivent leur ouvrage par petites touches imperceptibles à l’échelle de leurs courtes vies… Et d’un coup d’un seul, ils se sentent chanceux de l’avoir croisé à ce moment-là de son existence, alors qu’il n’était plus un grossier caillou au milieu du désert et pas encore une star déchue, et à terre. Parfois, cela tient à peu de choses…

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